Je suis fille d’Aliénor et Ezéchiel Sombreplume. Père poète, mère barde, sa muse.
Je suis née un jour blanc, sous la protection d’Aïon, bien entendu. Le ciel, comme délavé, faisait tomber lentement, nonchalamment, de gros flocons sur nos chaumières. Blancs, comme le lait de ma mère qui me réchauffait le corps, au coin du feu. Mes yeux s’ouvrirent tardivement, pareils à ceux d’un louveteau. Et je ne faisais pas le moindre bruit, pas le moindre geste plus vif que l’autre. Mon cœur battait au ralentit. L’on ne m’entendait même pas respirer… C’était comme si je ne voulais pas naître, pas encore. Prendre le temps de savourer sa chaleur, un peu plus longtemps, au cœur de l’hiver. Je suis apparue le 5, mes yeux s’ouvrirent le 8, et je naquis le 9. Bien sûr, mère s'inquiétait, elle pensait tout d'abord que je ne passerai pas l'hiver. Mais les quelques impulsions de mon cœur et mon petit sourire amoureux, lorsque j'attrapais son doigt et qu'elle me regardait dans les yeux, l'avaient rassurée.
Le jour où, poussé par le vent, un flocon se glissa sans s’annoncer par la fenêtre entrebâillée. Il voleta longuement, tourbillonnant entre les poutres du plafond. Ondulant comme s’il obéissait à une force inconnue. Pour finalement venir se poser sur le bout de mon nez. Ce fut l’électrochoc. J’éternuai bruyamment, mes yeux s’écarquillèrent et mon corps fut pris de violents spasmes. Je me mis à hurler, à geindre, pleurer. Comme si l’air, pour la première fois, soulevait mes poumons. Comme si mon sang venait de commencer à circuler, à irriguer mon cerveau, à faire palpiter mon myocarde. À partir de cet instant,ma curiosité avide s’éveilla. Je n'allais pas très vite à quatre pattes, mais rien ne m’arrêtait. Quelques mois plus tard, ma mère passait son temps à éloigner de moi le moindre objet, à fermer les portes et même les fenêtres, par excès de méfiance, à freiner mes tétées acharnées qui devenaient douloureuses, et qu’elle avait fini pas appréhender.
J’étais vivante, et je n’avais pas une seconde à perdre. Et mon père, assis à son pupitre, s’amusait de ma fougue et ne manquait pas de sujets d’écriture. Il répétait souvent, même lorsque je devins une enfant.
« Quel joli petit démon nous avions là. Elle aurait effrayé un dragon avec cette vivacité. » Au grand soulagement de ma mère, je devenais plus calme en grandissant. Bien que ma curiosité ne faiblissait jamais. Les questions jaillissaient de ma bouche comme d’une source intarissable. Nous avions des murs recouverts de livres et de croquis, que je ne tardai pas à dévorer, à recommencer, à potasser en long en large et en travers.
Je me mis à écrire, à mon tour, frénétiquement. J’écrivais mes pensées, mes observations, mes remises en question. Mais surtout, mes émotions. À vrai dire ; celles-ci me subjuguaient souvent. Mais je compliquais et j’intellectualisais trop mes rapports aux autres pour pouvoir les exprimer avec justesse. Et je faisais tout avec justesse, ou je ne faisais pas. Aussi sur le parchemin avais-je trouvé mon exutoire. Lorsque adolescente je me rebellais contre mes parents, mes colères étaient silencieuses. Je m’enfermais dans ma chambre et me mettais à écrire.
Cela les rendait heureux, en quelques sortes, car ils voyaient se profiler des générations d’écrivains et d’artistes et pensaient que leur nom deviendrait peut-être célèbre. Mais j’étais si frustrée, dans tous les domaines… Je ne savais exprimer mes émotions, et ma curiosité n’était jamais satisfaite. J’avais tenté d'apprendre à coudre, à danser, à chanter, à réparer les choses et les personnes, à m’approprier les effets d’une vaste liste de plantes, à parler, à créer, à me comporter (les conventions étaient pour moi un savoir comme un autre). J'expérimentais ce qui passait à ma portée dès qu'un instant libre me le permettait, en essayant de ne pas négliger mes taches pour autant. Mais... Ce n’était pas assez.
Une matinée d’Automne, alors que je rédigeais mon journal, je fus confrontée à un souci épineux. J'étais penchée sur mon carnet, concentrée sur le déchargement émotionnel que je jetais sur les pages. Cela se concluait ainsi:
« Que l’encre coule en un torrent et emporte sur son passage les balafres de mon cœur, qu’elle devienne plus légère encor que l’air et danse, danse, sous mes yeux, pour me faire oublier mon ennui et ma solitude. » Puis, lorsque de colère je jetai le livre sur mon lit, la fenêtre s'ouvrit et une bourrasque glaciale et impressionnante s'y engouffra tout à coup. Mes feuilles s'envolèrent toutes aussitôt, et allèrent s'éparpiller aux quatre coins de la pièce. Surprise dans ma colère, je restai un moment là, à essayer de m'expliquer ce qu'il venait de se passer.
Je finis par en parler à mon père. Il m’expliqua que mon défunt grand-père savait, lui aussi, contorsionner notre vision des choses à son gré et créer, aux yeux de tous, toutes sortes de mirages. Il me parla aussi de l’Académie où se forment les mages, dans lequel il avait appris à contrôler ce pouvoir. Grâce à cela, il était devenu un grand illusionniste, renommé dans les petits hameaux de Sombreciel. L’éclat qui brillait alors dans mes yeux suffit à lui faire comprendre que je souhaitais m’y inscrire. Il ne me restait qu’une année à attendre, je me sentais prête, et ma curiosité me dévorait déjà.
Et le temps passa…Et mes étranges sautes d'humeur, ponctuées de bourrasques incontrôlables, avec lui.
En ce début de l'an 981, je n’avais que 14 ans alors, mais dès lors que je gagnais un peu en liberté, les choses que j’expérimentais, si bien les substances que les pratiques (après tout, nous étions à Euphoria), se diversifiaient. Mes parents prirent l’initiative de me donner une direction à suivre.
Ils m’accompagnèrent à l’Académie et je jubilais, sentant mes horizons s’élargir un peu plus. Avec ce pouvoir, je sentais que j’allais encore trouver tant de questions à me poser et d’usage à imaginer. Je me préparais déjà à rédiger un ouvrage à ce sujet. Alors que mon pied n’avait encore jamais foulé le seuil de cette grande école. Mais je ne fus pas déçue.
Mon cœur se serrait, quand avec mon sac en toile sur l’épaule et vêtue d’une robe que j’avais confectionnée pour l’occasion, je m’arrêtais le nez en l’air devant l’impressionnante architecture. Cela ne faisait pas partie de mes habitudes, mais je regardai une dernière fois en arrière.
Mon père, son regard doux et érudit. Ma mère glissant nerveusement ses mains dans la toison dorée et ondulée de ses cheveux. Elle m’envoya un baiser que je déposai sur mon cœur. Poussant un long soupir nerveux, je fis un pas en avant et entra résolument sans me retourner de nouveau.
Les examens d’entrée se déroulèrent si vite que le souvenir qu’il m’en reste est presque effacé. Je me souviens nettement en revanche du visage de l’académicien à ma droite, qui souhaitait me faire comprendre que les élèves farouches et décidés tels que moi, à plus forte raison ceux originaires de Sombreciel, seraient tenus à l’œil. Je lui fis mon plus beau sourire alors. Auquel il avait finalement répondu. Je me souviens de lui. Pas seulement de son visage. De son odeur aussi, et de ses longs cheveux fins et argentés, qui glissaient sur son épaule.
Chaque jour que je passais à l’académie me rendait plus férue de toutes ces connaissances. Je passais une grande partie de mes soirées à étudier, l’autre plus discrète à boire, créer et danser. Quand je ne m'asseyais dans les couloirs pour écouter les fantômes conter leurs histoires.
Au bout de trois ou quatre mois, je me fis un ami. Non pas un camarade, mais un violoniste venu distraire le beau monde sur la place qui se trouvait presque en dessous de ma fenêtre. Bien entendu, après avoir passé une, puis deux nuits à l’écouter jouer en étudiant, je désirais apprendre. Je descendis donc dans la rue me présenter, et lui demander de but en blanc.
« Monsieur, je vous prie, voulez-vous bien m’apprendre ? »D’abord méfiant, puis étonné, il se mit à rire et continua à jouer.
« Bien sûr. Regarde, et apprends ! » Freinée dans mon élan, je fis la moue quelques secondes avant de me concentrer calmement sur ses faits et gestes, m’asseyant par terre. Lui qui pensait me déstabiliser suffisamment pour que j’abandonne, finit par céder après avoir été fixé obstinément pendant trois nuit entières. Et nous devînmes amis, en quelques sortes. Je ne connaissais que son nom de scène : Pathos. Car il m’avait assuré maintes fois que le reste importait peu. Je perdis la notion du temps, dans cette musique et ces danses hypnotiques. Je voulais faire corps avec cet instrument qui me fascinait. Je couplais ma magie à la danse pour tournoyer au milieu d’envolées d’oiseaux bleus ou sous une pluie de fleurs de coton. Ma seule limite était mon imagination.
Je ne sortais plus pour boire la nuit, mais je ne pouvais me retenir de sortir tout de même. Je m’échappais au son du violon.
Je continuais à perfectionner mes savoirs. Les possibilités de cette magie semblaient inépuisables. Et mon entrain, dans ces longues journées qui s’enchaînaient, l’était tout autant. Mais quelque chose me perturbait, et commençait fâcheusement à m’empêcher de me concentrer. Je ne pouvais pas jouer de cet instrument, qui ne m’appartenait pas, éternellement. Il me fallait trouver un travail pour m’acheter le mien.
Aussi me rendis-je ce soir-là, et pour la première fois depuis longtemps, dans la taverne la plus proche. Cherchant du regard le tenancier pour lui proposer ma candidature en tant que serveuse. Il accepta en haussant les épaules et plaqua un torchon contre mon torse en tournant les talons. Je n’eus pas vraiment le temps d’ouvrir la bouche pour lui demander quoi que ce soit. Et bien vite des mains se levèrent à plusieurs tables, et des gobelets vides furent déposés dans mes mains tandis que je me hâtais en tous sens. Mon salaire n’était pas exceptionnel mais je ne dépensais que très peu, et réservais assidûment l’argent qu’il me fallait pour obtenir mon violon. Le patron ‘’entretenais mon gosier, et m’apprenais à résister à la gueule de bois’’, comme il disait si bien, même si j'avais appris à me raisonner pour rester efficace. Je finissais souvent par danser sur le comptoir avec des sabots, à la demande des clients, quand la soirée battait son plein, faisant galoper des palefrois de vapeur dans la taverne ou sortir des phénix des bouteilles de gniole. Cet établissement ne désemplissait pas, et j'étais souvent sur les rotules à la fin de ma journée. Nous avions construit une relation de confiance avec le rustique mais affectueux personnage qu'était mon patron. A vrai dire, je lui dois beaucoup, sur de nombreux points.
Et lorsque tout le monde avait regagné ses pénates, il me laissait fermer la boutique. J’en profitais pour ouvrir mon journal et y décrire mes dernières expérimentations, mes dernières idées saugrenues, les derniers mirages que j’avais réussi à produire, ou bien même les paroles d’une nouvelle chanson.
C’était un de ces soirs, plutôt tranquille, où nous avions fermé boutique tôt dans la matinée, que je sentis de longs doigts fins descendre de ma nuque à mes épaules. Une voix suave, chaleureuse, glissa jusqu’à mon oreille.
« Bonsoir, jeune fille. Cela fait quelques fois que je t’aperçois ici, je te trouve très… intéressante. Nous recherchons des personnes telles que toi. Que dirais-tu de rejoindre la guilde des compagnes ? » J’humais longuement cette odeur de lys blanc et de primevère, inclinant timidement la tête sur mon épaule. Cette femme était magnifique. Je crois que je ne pouvais la décrire autrement en cet instant. Je crois…que je suis tombée amoureuse d’elle lorsque nos regards se sont croisés. Qui n’en serait tombé amoureux ? De beaux cheveux noirs tombants en boule sur sa nuque, une cambrure de reine, des yeux de crystal, si purs. Et que dire de ce visage, à la forme si singulière. J’aurais pu l’embrasser, tout de suite, sur ses fines lèvres maquillées de carmin. Mais au lieu de cela j’ai embrassé la profession de Compagne, une fois mon diplôme obtenu à l'Académie. Et j’ai pu connaître le privilège de la contempler durant toute ma formation. Mon mentor, Dame Amaryllis.
Ma Dame…
Lorsque ce jour, où j’ai reçu mon diplôme, est arrivé. Ce jour, où j’allais faire mes adieux, saluer mes parents avec nostalgie et rejoindre l’antenne d’Euphoria pour y devenir une compagne, je me sentais à la fois inquiète et dévorée par l'ambition.
J'aurais voulu poursuivre plus loin mes études mais je sentais qu'une opportunité allait filer entre mes doigts si je ne décidais pas rapidement de rejoindre la guilde. Alors, en l'an de grâce 984, je commençais doucement ma formation.
Je n’avais besoin de rien de plus que son regard posé sur moi, lorsque je dansais au bras de la noblesse.
Les autres tutrices semblaient inquiètes de me voir toujours foncer tête baissée. Si jeune mais aventureuse. Je me savais suffisamment adroite et diplomate pour faire correctement ce que l’on attendait de moi. Et puis…ne dit-on pas que les habitants de Sombreciel sont uniques pour leur vision de ce qui est ou n’est pas moralement acceptable. Ma Dame, elle le comprenait. Quand on veut savoir, il faut aller au-devant de tout cela. Les tabous ne servent qu’à freiner la curiosité. Je priais de nouvelles entités avec ferveur, consignant dans mes archives leur place et leur utilité dans mon univers. Je m’entrainais à créer de beaux élémentaires de foudre, à faire souffler le vent dans les branches et bien entendu à composer de nouvelles illusions de plus en plus spectaculaires. Il faut croire que cela les amusait bien, de me voir ainsi me donner en spectacle. Je me sentais pousser des ailes, et je dansais chaque soir, quand je n’accompagnais pas un gentilhomme et ma tutrice à une réception.
Elles avaient habilement fait traîner ma formation pour calmer mes ardeurs. C'est ainsi qu'à la fin de cette année, peu après mon dix-septième anniversaire. Je devins une vraie compagne. Enfin...novice. C'est alors qu'étrangement, et pour la première fois dans ma courte vie bousculée, je me suis laissé du temps. Le monde autour de moi se métamorphosait. Sans vraiment le subir de plein front, j'avais besoin d'assimiler tous ces changements.
C’est ici que je t’ai rencontré, Lysandre. Mon magnifique Corvus Corax. Tes plumes de jais se teintent d’un bleu irisé au soleil. Tu es majestueux, grand et fort. Je ne t’aurais mieux choisi si je l’avais fait moi-même. Cela fait quinze ans que nous nous connaissons, et parfois, je l'avoue, tu es insupportable. Mais je t'adore, car alors que dans tant de contrées ma magie devenait taboue, fermant tant de portes au voyage et à la poésie, tu arrivais dans ma vie comme pour assoir mon statut. Cette force qui coule dans mes veines et qu'ils redoutent. Pauvres âmes, si vous pouviez voir mes mirages, abandonner vos sens dans mon piège de velours. Vous pourriez croire que le noir est une couleur chaude...
Il fallait que je me dévoile un peu, après l'épisode de l'été dernier. J'ai cru que plus jamais je ne pourrais te confier mes secrets, lorsque la maladie s'est installée en moi. Heureusement que je suis de bonne constitution. Cela ressemblait à une bête fièvre due à ce maudit soleil estival. Mais tous les mages aux alentours qui attrapent la fièvre les uns après les autres...cela met la puce à l'oreille. Mais il était déjà trop tard, n'est-ce pas. Tu me voyais décliner, me traîner comme un vers, incapable de t'ouvrir la porte pour que tu ailles chercher de l'aide. Jusqu'à ce que, au bout de quelques jours, nous n'arrivions même plus à communiquer.
C'était le 9 Août, il me semble, que tout a commencé. Heureusement que tout le monde a commencé à s'agiter peu de temps après, sinon ils ne nous auraient même pas trouvés. Nous serions de beaux squelettes, tu ne crois pas ?
Si je te raconte tout cela aujourd’hui, c’est parce que cet évènement m'avait déjà un peu chamboulée, et la Chasse Sauvage qui lui a succédé à l'Académie n'a rien arrangé. J'y aurais été présente, si une lady n'avait pas fait des pieds et des mains pour que je l'accompagne à cette réception. Je t'avoue que cet évènement m'intrigue encore...et je ne crois pas non plus aux coïncidences. Oui, ces deniers temps j’ai eu peur. C’était la première fois, je crois, que mon effroi fut de cette ampleur. Peur de te perdre, toi, de me perdre, de tout perdre. Car j'ai vécu une chose indescriptible... Je me suis réveillée, devant la maison, dans un état de panique le plus total. Je ne sais pourquoi, je ne sais comment. Je ne me rappelle de rien, si ce n’est de cette douleur dans ma poitrine. Comme si j’avais perdu, l’espace d’un instant, toutes ces choses qui me sont si chères et que ma fierté me pousse à ne pas trop reconnaître. Comme si j’avais perdu cette partie de ma vie, ces gens que j’aime, sans pouvoir leur dire à quel point. Toi aussi je t’avais perdu, je le crois, mais je ne saurais te dire si ce n’était qu’un affreux cauchemar, que j’ai préféré oublier à mon réveil, ou bien la mémoire d’une autre vie.
Je commence à me demander, malgré ma chance inouie, s'il est encore recommandé pour nous d'être si peu entourés. Rends toi compte, cela fait 18 ans que je suis compagne. Que je m'attelle à exercer avec rigueur et à me perfectionner chaque jours. Ma concentration et ce maudit caractère, une fois le beau sourire franchit, me pousse à m'isoler souvent. Mais y aura-t-il quelqu'un à mes vieux jours ? Comment pourrais-je devenir plus aimable ? Ne le suis-je pas déjà ? Il faudrait renoncer au fantasque, encré dans mes gènes...
Je sais que j’ai attendu longtemps avant de t’en parler, et aussi de te raconter mon histoire. Mais ce n’étais pas chose facile… Garde bien tout cela pour toi, tu seras le gardien de ma mémoire. Toi le plus beau et le plus intelligent des oiseaux.
L'intrigue 2.3 :Edwige ne s'est pas éveillée durant la trame, mais elle a été en proie à de nombreux délires et cauchemars.
Démunie de sa volonté d'acier, elle n'a su se hisser au rang de compagne. Roturière dévouée à sa famille, elle dut tout de même apprendre à contrôler une magie bien trop encombrante au quotidien. Elle intégra l'Académie et s'attela assidûment à ses études, qu'elle prolongea autant que possible. Mais éperdument éprise d'un professeur de quinze ans son aîné, qui mourut avant qu'elle ne puisse lui avouer, terrassé d'un mal que tous les mages redoutèrent, elle regagna Euphoria, brisée.
Elle-même bien secouée pendant trois jours qu'elles redoutaient comme les derniers de sa vie.
Par la suite, sa vie fut bien morne et solitaire.