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 Ce soir, la mer dansera sans moi ...

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Message Sujet: Ce soir, la mer dansera sans moi ...    Ce soir, la mer dansera sans moi ...  EmptyMer 29 Juin 2016 - 10:25


Le « Perroquet Unijambiste », blotti entre les docks du port de Lorgol, n'a rien d'un salon littéraire. On n'y écrit pas, on ne vient pas là pour ça. Et tout ce qu'on peut y lire, du moins ceux qui en sont capables, ce sont quelques rares affichettes grisâtres épinglées derrière le comptoir, laborieusement rédigées par le patron, et précisant par exemple que « L'établiceman ne fé pa crédi », que « Les bagarres dwavent se déroulées dans l'impace », et que « Les cabinès son dans la courre mais le papied n'est pa fourni ».

Si bien que dix à douze paires de quinquets étonnés, plus l'œil unique d'un borgne, que nous appelons tous « le cyclope », se tournent vers moi lorsque je pose sur un coin du comptoir plume d'oie, encrier, et quelques feuillets vierges qui, un jour, furent d'un blanc immaculé, avant de traînailler durant des semaines sur le plancher vermoulu et poussiéreux de ma bicoque. Un attroupement se forme illico autour de moi, si bien que je me vois dans l'obligation d'expliquer non seulement le comment du pourquoi, mais aussi le pourquoi du comment de ma décision de quitter l'Audacia. Aussitôt, les commentaires vont bon train, même si les habitués du bistrot ne sont guère surpris. Je proviens d'une région où les gens changent aussi facilement d'avis que de caleçon, et ils le savent. Bref, je laisse tranquillement passer l'orage, tout en sirotant un grand verre de ce que le patron appelle du pipi de canari, c'est-à-dire un jus d'ananas allongé d'une eau à peu près claire. Car je tiens bon, qu'on se le dise ! Je n'ai plus touché à un seul verre d'alcool depuis ma cuite phénoménale sur l'île des Amoureux du vent.

Bien ! Les curieux s'éloignent un brin, et me voici en tête-à-tête avec ma plume. Je lui noircis le bout du nez, et vas-y, roule ! Je ne vaux sans doute pas tripette en tant que scribouillard, mais j'vais faire avec les moyens du bord. Juste quelques lignes ...

       


  Capitaine,



Je sais tout ce que je dois aux Jedidiah, et je vous en remercie, mais notre dernière aventure, excessivement fertile en dangers et en incidents de toutes sortes, m'a ouvert les yeux. J'ai bien failli y laisser ma peau à plusieurs reprises, et j'ai même été trahi par une soi-disant alliée, une mage nommée Maelys, sans que personne ne réagisse à une telle infamie, ni ne réclame justice en ma faveur. Bref, je déplore plus que jamais un manque de considération énorme à mon égard. Si j'ai certes commis des erreurs, j'ai aussi loyalement servi pendant des années !

Dès lors, ainsi que les us et coutumes qui régissent la vie des pirates m'y autorisent, je n'embarquerai plus sur l'Audacia. J'abandonne définitivement cette existence. Je quitte Lorgol pour une destination lointaine où l'on m'offre un travail bien rétribué et l'avenir tranquille et sûr auquel j'aspire désormais.

Adieu donc, Capitaine, et que le vent gonfle votre voilure et vous mène à bon port.

Ismaïl de l'Ancre
Lorgol, le 4 juin 1001.



Et d'une ! Je me relis rapidement. Ma prose contient certes quelques carabistouilles, mais, dans l'ensemble, je suis plutôt satisfait de mon œuvre. Je me suis dit, de bon matin, que je pourrais écrire également quelques mots à Freyja, mais, à présent, j'en suis moins convaincu. Nous ne nous sommes plus guère adressé la parole depuis longtemps, mais bon, j'éprouve énormément d'affection pour ses fillettes, tout particulièrement pour Lena, la crevette aux dents de lapin, et j'apprécierais que cette-dernière, au moins, conserve un souvenir affectueux de mes années passées non loin d'elle, sur le rafiot ou à la Rose. Allez, Isma, courage, encore quelques lignes ...
     

 Freyja,


Je viens à l'instant d'annoncer mon départ définitif à Philippe, votre époux. Je tourne la page. Cependant, en dépit du peu de sympathie que nous ressentons l'un pour l'autre, je tiens à vous faire part de l'immense joie que j'ai éprouvée en constatant que vos adorables fillettes ont été retrouvées indemnes après leur brutal enlèvement à l'occasion du carnaval et les événements qui y ont succédé.

Je n'ai jamais été un exemple à suivre. J'admets volontiers avoir commis énormément d'erreurs, mais à présent que j'ai l'occasion de prendre un nouveau départ et que j'ai renoncé à l'alcool, je souhaiterais ne pas laisser derrière moi l'image d'un gaillard violent et détestable. Je me permets donc de vous transmettre mes sentiments les plus sincères et cordiaux, ainsi qu'à vos enfants.

Ismaïl de l'Ancre
Lorgol, le 4 juin 1001.



Voilà. J'attrape par l'épaule un morveux trottinant près du comptoir, je lui glisse deux piécettes, et le voici qui galope vers le port pour remettre mes plis au bosco et à sa femme. Une page se tourne définitivement. Depuis que j'ai arrêté la bibine, j'ai réussi à amasser quelques économies, et, en outre, grâce aux précieux conseils de Siméane, j'ai prudemment conservé dans mon gourbi une partie du butin qui me revenait suite aux différentes missions réalisées par l'Audacia et son équipage. J'ai donc de quoi vivoter durant quelques semaines. Après ça, ma foi, on verra. Je caresse mille projets, ce serait vraiment pas de bol si aucun d'entre eux ne se concrétisait.

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