Elliott Ross, pirate et musicien

L’Ancre-Fleurie n’est pas un comté lagran depuis très longtemps : à peine deux cents ans. Tout cela à cause des nombreuses années d’échange entre Ansemer et Lagrance. C’est ce qui fait que ses habitants partagent aussi bien leur amour pour les jardins que celui pour l’océan. Pour Elliott Rossignol, l’un de ses natifs, c’est l’amour de la mer qui prédomina.

La famille Rossignol porte très bien son nom. Tous ses membres chantent, et Elliott ne fait pas exception. On chante à la maison, on chante dans les champs, sur les routes, et même quand l’heure n’y était pas. Il est né et a grandi dans ces vastes paysages fleuris, au sein d’une grande famille heureuse et prospère. Ses parents étaient paysans et il est le troisième enfant d’une fratrie de cinq, avec un frère et trois sœurs. Son père avait pour passion le travail manuel, plus particulièrement l’art de travailler le bois. Il aimait donc fabriquer toute sortes de choses, comme des instruments de musique, qu’il offrait ensuite à ses enfants. Le jeune garçon, doté d’une voix puissante et d’une oreille juste, adopte très vite le violon comme instrument de prédilection. Son violon, il le considère comme un membre de sa famille. Il le suit dans chacun de ses déplacements, et il y tient à la prunelle de ses yeux. Le jour où son père lui a tendu l’instrument, tout juste sorti de l’atelier, Elliott s’était senti comme un privilégié tant il était beau. Et il n’a pas perdu de temps, dès le lendemain, il demanda à sa mère de lui apprendre à jouer et à chanter comme le ferait un ménestrel expérimenté. Sa mère, le jeune garçon l’idolâtrait. Elle avait une voix merveilleuse et savait manier n’importe quel instrument. Le talent et la curiosité de sa mère, qu’elle avait transmis au jeune Elliott, suffisaient à compenser le fait qu’ils ne soient pas doués de magie, contrairement au reste de la famille. Au début, Elliott vivait cette « absence » comme une malédiction. Pourquoi ne serait-il pas comme son frère et ses sœurs ? Pourquoi ne pouvait-il pas être tout simplement normal ? Mais plus les années passèrent, et plus Elliott comprit qu’il ne devait pas se montrer jaloux. Chacun avait son propre talent, le sien étant sa belle voix et il ne tenait qu’à lui de le faire grandir.

C’est donc baignant dans cet amour de la musique que le futur pirate a grandi. Mais il n’y avait pas qu’elle qui le passionnait. Il y avait aussi la mer. Elliott s’est toujours senti attirée par elle. Le bruit des vagues, l’horizon infini, cette sensation de liberté, tout cela faisait battre le cœur du jeune homme, en même temps que le son de son violon. Son violon, d’ailleurs, faisait partie de ses bagages quand il embarqua sur le navire marchand où son oncle travaillait. L’homme était le second du capitaine et avait insisté pour que son neveu suive un apprentissage à ses côtés. Elliott, en montant sur ce bateau pour la toute première fois, était loin d'imaginer que devenir un marin aguerri serait aussi difficile. Il enchaîna les corvées, les travaux manuels et les gardes, et, plus il avançait, et plus il se demandait si cet environnement était vraiment pour lui. Il serra les dents, s'accrocha du mieux qu'il put, et, lorsqu'il termina sa formation, il retourna chez lui. Il du faire un choix : retourner en mer, ou arpenter les routes pour faire entendre sa voix. Les deux s’affrontèrent et c’est la musique qui l’emporta. A l’aube de ses vingt ans, il quitta donc la mer pour partir sur les routes d’Arven, en tant que ménestrel itinérant.

Ces voyages lui ont beaucoup apportés. Egalement Ansemarien dans l'âme, il a beaucoup apprécié de parcourir les chemins, seul ou accompagné de quelques autres ménestrels comme lui. C'était certes très different de la mer, peut être même moins grisant, mais cela avait sa part d'avantages et cela restait une très bonne expérience à vivre. Voyager, découvrir de nouveaux horizons, rencontrer des nouvelles personnes qui avaient toutes des histoires à raconter. Il a donc pu voir du pays et faire entendre sa voix mélodieuse aussi bien dans les tavernes que sur les routes, aux côtés de la Caravanes des Plaisirs, qu’il put accompagner dans ses déplacements. Ses voyages au sein de la Caravane des Plaisirs, Elliott ne les oublierait jamais. Il se rappelait encore sa rencontre avec Bethsabée Ivresens, la maitresse de la Caravane, et, après avoir discuté avec quelques Compagnes, il avait demandé à faire partie du prochain voyage. Il admirait les membres de la Caravane, autant pour leur intelligence que pour leur gout pour les arts. Il apprit beaucoup à leurs côtés et les quitta presque à contrecœur, tout en sachant qu'il avait encore beaucoup à voir et à découvrir.
Il aurait pu aller encore plus loin, comme par exemple se rendre dans les vastes terres enneigées de Valkyrion, chanter au sein d’une cour ducale, ou juste s’arrêter dans une ville pour fonder une famille. Il a déjà beaucoup parcouru, allant jusqu'aux frontières de Bellifère, chantant pour les cielsombrois, rencontrant des Cibellans, des paysans, des guerriers, des chevaucheurs et même quelques nobles. Sa plus mauvaise expérience reste tout de même Erebor. Ces terres si désertiques, si dénuées de vie, sans parler de cette chaleur ! Elliott en garde un très mauvais souvenir et ne souhaite pour rien au monde y retourner. Malgré ses voyages, l’appel de la mer résonnait encore à ses oreilles. Il se fit encore plus fort lors d’un de ses voyages à Lorgol. Il s’était aventuré jusqu’aux quais de la Ville Basse, et avait observé les nombreux bateaux et les pirates avec une certaine nostalgie quand il avait croisé le regard de la dame de bois. Des vivenefs, il en avait déjà vu, notamment la Botania avec Azalée à sa proue, mais celle-ci était… différente. Il y avait quelque chose chez elle qui avait fait battre le cœur du jeune musicien. Cela venait peut-être de son sourire, ou de la noblesse qui émanait d’elle. Quoiqu’il en soit, cela suffit pour chambouler tous ses projets. Cette figure de proue, c’était Rhéa, et Elliott demanda aussitôt à se faire engager comme matelot sur son navire.

Il embarqua donc pour la première fois sur l’Audacia le 24 octobre 993, il était alors âgé de 25 ans. Il troqua son nom d’oiseau chanteur pour un simple Ross qui sonnait tout aussi plaisamment à son oreille. Simple, facile à retenir, et peu susceptible de faire l’objet de moqueries, le nom parfait. Pirate jovial, sans prétention ni ambition particulière, il se fit rapidement une place au sein de l’équipage.  Ce ne fut pas facile, au début. Un bateau pirate, c'est très different d'un bateau marchand. Les pirates attaquent les marchants, et leur vole leur marchandise, alors que le marchand lui... Et bien... Il fait son travail, tout en fuyant les pirates. La vie de pirate était beaucoup plus excitante, même si elle était beaucoup plus périlleuse.  Surtout qu'à son arrivée, Elliott savait à peine tenir un sabre entre ses mains. Fier lagran qu'il était en montant sur le pont, il l'était beaucoup moins quand il a fallu manier la lame devant les autres pirates. Mais tout s'apprend, comme on dit. Si Elliott n'apprécie pas tellement d'avoir à se servir de son arme, il a bien appris ses leçons, histoire de ne pas finir embroché un de ces jours. Sa nouvelle famille fut notamment conquise par son grand répertoire de chansons et par son violon, qui, bien entendu, faisait partie du voyage. Elliott sait remonter le moral de ses compagnons, les accompagner lors des moments difficiles, deuils ou pertes. Il sait les faire rire, les faire chanter en cœur, et les occuper lors des longues soirées en mer. Le fait qu’il soit beau parleur, et d’allure plus civilisée que ses compagnons lui ont permis plusieurs fois de servir d’émissaire quand le temps était venu de jouer la diplomatie, de parlementer, ou de mentir sans aucun scrupule. Mentir, il le faisait très bien. Et l’aplomb qu’il laissait apparaitre quand il le faisait laissait souvent présager la vérité aux yeux de ses interlocuteurs. Ce genre de petites missions lui plaisait beaucoup, cela lui permettait d’exercer son art de la voix et du maniement des mots sans avoir à tirer la lame de son fourreau. Ce qui lui plait par dessus tout, dans le métier de pirate, c'est le fait qu'il n'y avait toujours quelque chose à apprendre, à découvrir. Le voyage n'était jamais le même, donc il ne savait jamais à quoi s'attendre réellement. C'était vraiment une vie trépidante, mais aussi pleine de dangers. Dangers qui rapportaient quand même leur part de fleurons. Ross est un homme qui préfère accumuler, économiser, et ne dépense que pour ce qui est strictement nécessaire. Il n'allait quand même pas liquider tous ces fleurons si durement gagnés dans le jeu ou dans l'alcool ou les filles ! Cela serait un tel gâchis.
Ross ne pensait pas tellement à l’avenir. Ce qui lui importait, pour le moment, c’était l’instant présent, et profiter de l’océan. Il compte quand même faire encore quelques voyages sur l’Audacia, travailler encore quelques années avant de retourner sur la terre ferme. Il pourrait surement recommencer à parcourir les routes, ou se faire engager à la cour ducale de Lagrance, pourquoi pas. Il ne songe cependant pas à aller s'engager sur une autre vivenef ou sur un autre bateau pirate. Il avait décidé depuis longtemps qu'il voyagerais uniquement sur l'Audacia et que, en quelque sorte, son coeur lui appartenait.

Livre I : Ross faisait bien entendu partie de l'équipage lorsque l'Audacia s'est rendue sur l'île des Amoureux du Vent. Il a observé les évènements, se rendant utile par la même occasion. Tous ces gens enlevés, tout ça pour réveiller des vivenefs ? C'était quand même quelque chose d'assez intéressant à voir. Une vivenef qui s'éveille, c'était tellement poétique, Ross est reparti l'esprit plein d'histoires et de chansons et n'hésite pas à chanter ses aventures a qui veut bien l'entendre.
Il était là lors du Tournoi des Trois Opales, aussi excité comme une puce que les autres pirates, et avait encouragé la championne de l’Audacia, Ilse, mettant ainsi de côté leurs réserves. Quel événement fabuleux, toutes ces chansons à écrire, à chanter ! La gloire des champions ou leurs échecs à raconter au coin du feu. Tout cela inspira le pirate qui ne perdit en rien de sa bonne humeur. Il la garda même quand un coup de canon décapita une vivenef par accident, même si cela restait du menu fretin comparé aux événements de la fin. Ça, pour sûr, l’Audacia s’était faite remarquée pendant le Tournoi. Tout l’équipage avait maintenant une rançon sur sa tête, mise en place par Bellifère. C’était peut-être ennuyeux et source de problèmes, mais cela restait amusant.

Trame alternée : Elliott Rossignol serait resté un ménestrel, mais n’aurait jamais croisé le regard de Rhéa. Il aurait parcouru les routes encore de nombreuses années avant de s’installer à Edenia pour ouvrir un commerce d’instruments de musique en tout genre.

• Pendant le livre II : Ross faisait également partie de ceux qui ont été à terre pour aider à piller et à voler lors de l’attaque de Bohémont. Malheureusement, rien ne s’était passé comme prévu, et beaucoup de pirates avaient été blessés. Il s’était donc retrouvé à aider à évacuer ses camarades pirates, et les avait suivis sans broncher. Ross a donc du mettre de côté son violon et ses bouclettes pour saisir le sabre. Malgré le fait qu'il tienne la violence en horreur, cela ne l'a pas empêché de sourire et de plaisanter pour rassurer ses camarades blessés et maintenir le moral au plus haut. Ensuite il a continué à servir sur l'Audacia, suivant les événements de loin et craignant pour la suite.
Et il eu raison. Lorsque l'épidémie frappa les mages d'Arven et, par la même occasion, Rhéa, tous les pirates furent consignés à terre. Il ne fallut que peu de temps avant que d'autres pirates, comme la petite Lena, soient eux même atteints par la maladie. Ross, ému et touché par leur sort, se montra très présent et se chargea aussi bien d'aider les malades que de les réconforter par ses chansons.

La Chasse Sauvage est libérée et arpente librement le continent. Qu'est-ce que cela t'inspire ?
• La Chasse Sauvage... Quand il a appris qu'elle avait été libérée, Ross était sur le chemin pour rentrer auprès de sa famille, dans une auberge. Les gens ne parlaient que de ça. Il a espéré que sa famille soit à l'abri de leurs attaques et qu'il n'ait jamais à croiser le chemin de l'une de ces créatures. Il a entendu les autres ménestrels chanter à leur sujet, et cela lui en a donné des frissons. Il s'était alors dit qu'il ne risquait pas grand chose s'il continuait à servir sur l'Audacia. Ce n'est pas en mer qu'elles viendraient le chercher après tout.Pour ce qui est des routes... Il allait devoir se montrer très prudent, et éviter de voyager seul. Qu'est ce que l'Homme avait fait pour mériter un pareil fléau ?

Une trêve hivernale a été déclarée entre Ibélène et Faërie. Comment ton personnage voit-il la guerre entre les deux empires ?
• Une trêve ! Enfin ! Ross en avait plus qu'assez de ces mauvaises nouvelles revenant du front, des conséquences que provoquaient la guerre. Une trêve, c'était parfois symbole de paix, alors pourquoi ne pas aller dans ce chemin pour aller serrer des mains et faire cesser ces folies ?! Ross, en bon lagran, n'aimait pas la violence, et ne comprenait pas pourquoi il fallait passer par la guerre pour faire avancer les choses en Arven. Une chanson pouvait suffire, parfois. Mais bon, même si cela le répugnait de le reconnaître, la violence faisait partie de l'Homme, et personne ne pouvait y échapper. La piraterie par exemple, c'était une expérience hors du commun, mais cela restait un univers empreint de violence. Ross faisait avec, et évitait, pour une fois, d'exprimer son avis là dessus.

Que penses-tu de Lorgol, la ville aux Mille Tours ? Est-ce que tu t'y promènes sereinement ou est-ce que la capitale des peuples libres t'oppresse ?
•  Lorgol, il s'y sent comme chez lui. Après tout, c'est là qu'il a trouvé sa vocation. Il s'y est déjà rendu plusieurs fois avant d'embarquer sur l'Audacia, et prends toujours un grand plaisir à en parcourir les rues lors des hivernages. Les tavernes ne manquent pas de curieux prêt à écouter ses histoires et ses chansons, et de jolies demoiselles à séduire. Et puis, c'est toujours l'occasion d'apprendre de nouvelles choses, de prendre des nouvelles de l'extérieur et surtout d'écrire à sa famille.

Question Livre II: