Histoire
La Violence est devenue une compagne de vie. Elle t'a accueilli à la naissance, t'a bercé pendant de longs mois et t'a nourri tout ce qu'elle pouvait. Tu l'as vue tant de fois en action sans que personne ne s'en offusque. Tu l'as vu déchirer des individus, des familles, des bourgades. Tu l'as vue se révéler au grand jour, parmi tes proches, sournoisement. Elle était déjà présente mais attendait patiemment que tu le réalises. Elle te lorgnait, se léchait les babines et frémissait d'impatience. Elle ne gênait personne. Elle était invisible mais pourtant tout autour de toi.
Tu aurais dû l'accueillir à ton tour, l'inviter à ta table et prier Kern avec elle, comme ta famille, tes voisins. Tu aurais dû la regarder dans les yeux en lui souriant et lui prendre la main, doucement, avec confiance et sans te poser de question. Tu aurais dû faire comme elle suggérait, comme elle conseillait de sa voix mielleuse. Tu aurais dû la suivre sur ce chemin sans embûche, là où la lâcheté est reine et l'impensable roi. Tu aurais dû lui vendre ton âme sans retour en arrière possible.
A la place, tu as pleuré quand elle a posé ses yeux sur toi la première fois. Tu chouinais à chacun de ses "shhh" lorsqu'elle te bordait. Tu la méprisais quand elle s'emparait de ton père et qu'elle battait ta mère jusqu'à l'immobiliser. Tu lui crachais au visage quand elle rendait la vie de Désirée plus cruelle. Tu l'as maudite 100 fois quand elle s'est infiltrée jusque dans les couches de tes frères et de leurs compagnes maltraitées. Tu t'es débattu contre elle, en vain, quand elle a décidé que Gédéon n'était pas digne d'elle et qu'il devait en payer le prix. Elle t'a plaqué au sol quand tu as refusé d'agir, de parler, de
penser comme les autres, comme elle. Tu l'as fait fuir quand elle se reflétait dans le regard vicieux que Guérin posait sur ta douce Quitterie. Tu bloquais son bras quand elle s'abattait sur Désirée par la main haïe de Géraud. Elle t'a empli de désespoir quand tu as soupçonné que sa violence poussait ton père à aller plus loin que les coups.
Tu l'as combattue de toutes tes forces, elle qui se voulait anodine et justifiée par tant de Bellifériens. Tu lui as préféré le vague souvenir de ta mère quand elle te félicitait pour un rien ou la douce voix de Désirée quand elle te racontait une histoire les soirs où Père n'était pas là. Tu lui as préféré l'amour que te portaient tes sœurs et que tu leur rendais sans une once d'hésitation. Tu as transformé toute cette rage qui bouillonnait en toi en un serment solide, celui de protéger les femmes de ta vie, quoiqu'il en coûte, de n'obéir qu'à ton propre code d'honneur. Tu as élevé ton esprit par les livres, par les légendes, par les récits de duchés étrangers, à propos de personnes tellement différentes des Bellifériens qu'elles sont parfois devenues des modèles pour toi, même passagers.
Au final, la Violence a tout tenté. Elle est restée en marge, à guetter le moment idéal pour t'entraîner dans une chute sans fin, à t'appâter de mille et une viles façons. Tu as manqué de perdre le combat face à elle, à plusieurs reprises, pour la punir, pour te battre à armes égales contre elle ; jamais à l'encontre de tes principes, mais elle était là, dans tes veines, faisant battre ton cœur gonflé de rage, de colère, de frustration et en manque de justice. Elle a même cru gagner durant ces nombreuses années où tu as appris l'art du combat ou quand, parfois, la haine et le dégoût prenaient le dessus.
Jusqu'au jour où tu as aidé Quitterie à fuir Riven, jusqu'au jour où tu as choisi la voie de la médecine, à l'opposé de celle de tes frères.
A partir de ce jour-là, elle s'est méfiée de toi. Elle était là, non loin, mais à distance raisonnable, sans plus respirer dans ton cou de manière angoissante. Plus tu grandissais, plus tu mûrissais, et plus son emprise sur ta vie, sur toi, s'amoindrissait. Elle est restée présente dans ton entourage, dans ta vie, mais, petit à petit, elle a perdu de sa consistance, de son aura primitive, jusqu'à se taire complètement, trop faible face à tes convictions et conceptions mûrement réfléchies.
A partir de là, tu as célébré son exil jour après jour, te construisant à ta manière, grâce à Désirée, grâce à tes rencontres.
***Tu avais toujours aidé à l'exploitation perlière, faisant ta part du travail, comme les autres enfants de la maisonnée. Cependant, tu grandissais et les attentes à ton égard également. Tu as vite fait le choix de ne pas emprunter le même chemin que tes frères et, sous les conseils avisés de ton aînée, tu as tenté d'intégrer l'Académie l'été après tes 16 ans. Le cursus médecine t'a semblé le choix le plus logique : pour tenir la Violence à distance, pour aller à l'encontre de ce qui faisait l'essence même de Bellifère.
Désirée voulait également que tu prennes ton envol, que tu quittes vos terres pour avoir la chance de te construire ailleurs. Cependant, le cœur n'y était pas. Tes pensées ne cessaient de retourner vers elle, Quitterie, Eponine et Gédéon, seuls face à Géraud, face à tes frères, et l'idée te paraissait insupportable. Tu as presque été soulagé d'apprendre que tu avais été recalé à l'examen.
Tu es retourné en Bellifère sans regret, aussi étrange que cela puisse paraître.
Tu n'as pas tardé à intégrer la caserne de Riven en tant qu'apprenti chirurgien, auprès d'un homme à l'allure vieillissante qui ne rêvait que d'une chose : couler des jours paisibles sur la côte, avec un petit élevage pour subvenir à ses besoins.
Tes années d'apprentissages t’ont fait grandir, moralement et physiquement. La vie à la caserne n'était pas forcément facile mais tu as réalisé que la chirurgie était faite pour toi ou, du moins, que tu étais fait pour elle. Sa réalité n'est pas belle ni faite pour les petites natures, mais tu t'es endurci à son contact et tu as tenu bon. Tu as appris de tes erreurs comme de tes réussites.
Au bout d'un an, le Vieux t'a laissé l'assister dans certaines interventions, te laissant la main occasionnellement pour des chirurgies mineures, sous sa supervision. Tu as même sauvé la vie d'une personne, un jour où ton maître était en déplacement dans une autre ville : tu as cru mourir trois fois et tuer le patient tout autant, mais l'affaire s'est bien terminée. Cela t'a valu une considération et un respect nouveau de la part de ton maître, qui t'a impliqué de plus en plus à la vie de caserne à partir de ce moment-là.
Tu as continué de te démarquer de l'esprit familiale, ouvrant toujours plus ton esprit au monde qui t'entourait. Sûrement beaucoup trop au goût de ton père ou de la majorité de tes frères. Ton attitude et certaines de tes prises de position t'ont valu de gros ennuis, des bagarres, des coups, mais jamais tu n'as fait marche arrière dans ces moments-là, alors que tu savais d'avance que tu allais perdre.
Tu es même allé jusqu'à partager la couche d'un homme, un soir de 994, celle d'un Voltigeur à Hacheclair, alors que tu suivais ton maître dans ses déplacements. Autant dire que cette prise de position-là, tu l'as gardée pour toi, craignant pour ta vie. Cela ne t'a pourtant pas empêché de recommencer quelques mois plus tard, avec le même enthousiasme et la même peur au ventre.
Cela t'a permis de constater que, non seulement, les affaires de la chair avec les hommes te plaisaient mais qu'en plus, elles t'exaltaient davantage que celles féminines.
Plus de quatre ans après le début de ton apprentissage, ton vieux maître a décidé qu'il était temps pour toi de reprendre les rênes et pour lui de finir ses vieux jours loin de l'agitation de la caserne et du port. Vous gériez côte à côte le pôle chirurgie depuis un an déjà, mais la nouvelle t'a quand même bouleversé. Ton quotidien a changé et la chirurgie a pris davantage de place dans ta vie.
Les débuts ont été compliqués et quelques faux pas les ont entachés, mais tu as fini par te faire au rythme et à tes nouvelles responsabilités. Les soldats de la caserne ont fini par t'accepter. Après une nuit de beuverie qui a tourné au carnage dans l'une des tavernes de Riven, tu as su géré le flot de blessés avec brio et cela t'a valu la reconnaissance pleine de ton autorité.
C'est à cette période que ton père a commencé à te pousser, sans subtilité aucune, à prendre femme – traduction : aller faire comme tout Belliférien qui se respecte et forcer une jeune femme à partager ton lit en l'enlevant à sa famille. Il avait toujours exprimé par intermittence la déception que tu représentais à ses yeux depuis trop longtemps déjà. Il s'était également attendu à ce que tu enlèves femme plus tôt, de ta propre initiative. Voyant que tu n'étais pas suffisamment « dégourdi pour le faire », il s'est donné pour mission de te le rappeler à chacune de vos rencontres, plus fermement qu'autre chose.
Tes refus successifs ne l'ont pas décontenancé. Tu étais l'un de ses fils, tu restais sauvable malgré tes choix et comportements passés. Il a même tenté d'organiser un enlèvement, un jour – qui n'a jamais donné suite, Callia merci.
Tes frères s'y sont mis également, plus subtilement pour la plupart. Cela allait de la pique gentillette, empreinte d'humour, à la réflexion désagréable et vulgaire à propos de la dernière cousine Martel, selon les jours. Les soldats de la caserne te charriaient gentiment à ce propos mais ne se gênaient pas pour te proposer tel ou tel partis. Et toutes ces tentatives glissaient sur toi ; tu ne cédais jamais. A tous, tu leur répondais, serein, que tu avais le temps, que les marmots Aubenacre étaient déjà là et que ton travail était suffisamment prenant sans que tu n'aies à t'encombrer d'une Belliférienne qui dépendrait de toi.
En effet, tu ne te faisais aucune illusion : rares étaient les natives qui auraient accepté d'être traitées différemment des autres. Quand bien même, tu ne te sentais pas l'âme de gérer une maisonnée et des enfants. Tu ressentais un tel besoin de liberté, une telle envie d'autre chose, que la mariage équivalait à te condamner à vivre à jamais dans ce duché de malheur – courir les jupons et les pantalons te satisfaisait pleinement, au demeurant, merci bien. Puis, au fond de toi, tu gardais l'espoir que ta vie serait bouleversée, qu'un jour tu pourrais assouvir cette soif d'ailleurs qui brûlait en toi.
Ce jour n'était pas encore venu car le Destin avait fort à faire ailleurs.
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Pendant le livre I :
→ Des nouvelles te parviennent à Riven et racontent des événements incroyables mais qui, pourtant, chamboulent Arven chacun à leur manière. Les changements de têtes couronnées en Faërie, l'apparition de L'Ordre du Jugement, les enlèvements de personnes et la folie des vivenefs. Tu es loin d'avoir vent de tout, bien sûr, coincé dans ta ville portuaire et ta caserne où le monde te semble si limité. Tu relaies même certaines informations au rang de fantasmes, tellement elles paraissent incongrues.
→ Tu assistes au Tournoi des Trois Opales, à la mi-septembre, qui rassemble tout Arven. Tu t'y rends avec l'unité de soldats de la caserne. Guérin est là également, mais tu n'as pas cherché à le trouver. Tu découvres avec fierté que Marianne d'Orsang est la représentante de votre duché. Son histoire et le fait qu'elle soit une femme t'emplit d'une satisfaction sans borne. Tu assistes exceptionnellement à la deuxième épreuve et, quand Louison Aubenacre est désignée comme remplaçante du champion d'Ansemer, tu déchantes.Tu as peur pour elle mais ressens une fierté tellement immense à la voir si adulte, si majestueuse – et un peu paniquée – quand elle entre dans l'arène. Tu tentes de la voir après pour t'enquérir de sa santé, mais impossible de l'approcher ou d'avoir autre chose comme information que : «
elle se remet doucement ». Cela te frustre, mais tu te résous à quitter la ville en même temps que les soldats de Riven.
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Pendant le livre II :
→ La guerre est déclarée par Faërie, à la fin janvier. La frontière belliférienne est attaquée et tu es envoyé au front. La bataille fait rage, à découvert, sans la sécurité de la caserne ou l'organisation méthodique de ton infirmerie. Tu passes d'un soldat à un autre alors que les dragons semblent revenir sans cesse à la charge. Le Chaos et la Mort règnent jusque dans le camp à l'écart qui abrite les blessés. Tu restes quelques semaines avant d'être affecté à l'un des convois ramenant les blessés de long terme. Retourner à Riven est comme sortir d'un cauchemar avec l'impression dérangeante d'y être encore. Tu es heureux de retrouver tes frère, sœur et nièce, mais apprends que la magie s'est réveillée chez cette dernière. Au vu des implications, tu accèdes à la demande de Désirée : accompagner la petite à Lorgol pour y être formée et la placer en sécurité auprès de Quitterie. Vous prenez la route au plus vite et tu désertes l'armée. A dos de cheval, vous rejoignez la frontière des Terres du Nord, où un mage des chemins engagé par Désirée vous attend contre paiement et cheval.
→ Face à Lorgol la Majestueuse, tu réalises pleinement qu'aucun retour en arrière n'est possible. Géralt le petit Belliférien, avec sa petite caserne, dans son petit port, avec ses petites préoccupations et sa petite vie n'existe plus ; il ne reste plus que ta soif de liberté et d'aventures. Les retrouvailles avec Quitterie sont fortes en émotions. Vous êtes logés à la Taverne de la Rose dès votre arrivée et, très vite, une occasion en or s'offre à toi : un poste vacant de médecin/chirurgien sur une vivenef pirate, l'Audacia. Tu t'y présentes et te sens de suite à l'aise. Après avoir trouvé le capitaine, tu es testé, interrogé et… engagé. Quelques jours plus tard, tu embarques pour la fin de l'hivernage.
→ Tu es présent lors du raid de Bohémont, en Ansemer, ton premier grand 'événement' pirate. Tu restes à bord, prêt à accueillir les blessés éventuels. La rapine ne tourne pas comme prévu et vous repartez sans Mère Fortune ni Freyja, avec comme supplément une enfant des Miracles.
→ Dans la
trame alternée (intrigue 2.3), ta mère a fui Aubenacre avec tes sœurs et toi sous le bras quand tu étais bébé. Tu as grandi à Lorgol et y as mené une vie difficile et pauvre, jonglant entre vol, mendicité et travails peu reluisants, mais le noyau familial est resté soudé. Dès que tu as été en âge, tu t'es fait pirate, comme tes deux sœurs, et as atterri sur l'Audacia, que tu n'as plus quitté depuis. Le 30 avril 1002, tu décides d'aider Lionel, recherché par les Voleurs, à fuir la ville. Vous rejoignez le campement près de l'Académie pour vous y cacher. Dans
la nuit du 1er mai, tu t'éveilles en train d'écrire dans ton carnet. Tu ne comprends pas ce que tu fais là et fuis la tente non sans laisser un mot à Lionel, même si tu ne le reconnais pas. Une fois ce cauchemar terminé,
tu fais le choix de te souvenir. Non pas que revoir ta sœur mourante t'enchante, mais choisir d'oublier serait synonyme de lâcheté. De plus, tu y as vécu des événements, rencontré des gens qui t'ont marqué et influencé ; tu ne dois pas les oublier. Jamais.
→ Dès ton retour, l'Audacia met le cap sur Aubenacre : Quitterie est retenue prisonnière par ta famille. Chevaucheurs, Voltigeuse et Pirates se jettent dans la bataille pour délivrer tes deux sœurs et Gédéon. Rackham massacre Guérin, Lionel achève Gontrand et tu tues Géraud de sang-froid. L'Outreventois découvre ton affiliation au Pavillon Noir – oups. Marianne te demande en mariage à votre retour à Lorgol et tu acceptes après quelques confidences et révélations. Après des débuts houleux entre eux, Rackham et Quitterie organisent une cérémonie de mariage sur l'Audacia, où Red et toi êtes leurs témoins. Pour ponctuer cette période étrange, début juillet, le Roi Noir et le Pion Blanc viennent proposer une alliance aux pirates, qui sera acceptée.
→ Lughnasadh et sa foire merveilleuse, ses stands à perte de vue et… ses incendies criminels, ses Sentinelles qui envahissent brusquement Svaljärd. Tu ne l'oublieras pas de si tôt, ce voyage. Tu aides à éteindre le feu, tu combats vaillamment contre ces monstres de métal comme tu peux et tu te jures de ne plus y remettre les pieds tant que les glaciers n'auront pas fondu et que l'Audacia ne pourra pas mouiller au large. Le trajet retour jusqu'à Lorgol est compliqué par la blessure de Solveig, mais vous atteignez sans encombre le mage des portails qui vous attend en Lagrance. A Lorgol, Vira et toi devez faire vos adieux à Solveig, obligée de prendre la direction du front.
→ Vous arrivez en pleine épidémie magique : la presque majorité de ta famille commence à montrer des symptômes, Rhéa semble atteinte à manière et une partie de l'équipage est mal en point. Tu te joins aux forces soignantes, la culpabilité de ne pas avoir été là à temps en fond. Tu apprends pour l'appel de la Rose, les convois et tu vas te renseigner régulièrement sur l'avancée de tout ça. Les choses empirent, tu te sens impuissant. Tu échanges avec Marianne pour la tenir au courant et reporter votre mariage. Tu rends visite à Lionel pour… par courtoisie. L'antidote arrive quand tu penses que tu vas tous les perdre, Callia et le Pic soit loués.
→ Quitterie est enceinte et tu félicites chaudement les futurs parents. En attendant, tu mets les pieds sur l'Archipel pour la première fois, Red joue les guides et tu n'as jamais rien vu de tel. De retour, le 24 novembre, l'enlèvement peut enfin avoir lieu ; il se passe à Lorgol le lendemain et une poule y laisse la vie pour finir dans vos assiettes.
→ Vient le Jour des Anciens. Tu n'es pas convié, pourtant, comme tu aurais aimé être là pour les tiens. Tu es réveillé en pleine nuit parce que le mot est vite passé. L'absence de mage des portails à la Taverne est la seule raison pour laquelle tu ne te rends pas là-bas. Heureusement, au final, ta famille est saine et sauve. Tu serres dans tes bras ceux qui reviennent à la Taverne et apprends que les autres vont bien. On te raconte les événements de cette nuit et tu es horrifié. Autant dire que la discussion avec Marianne est longue, dans la journée qui suit, tant vous avez de sujets à aborder. Tu apprends également de la bouche d'Eponine et grâce aux chuchotements que Lionel est passé au stade largement supérieur avec la princesse cibellane ; il va être temps de se reprendre.
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Pendant le livre III :
→ La trêve est déclarée début décembre lors du décès de l'empereur ibéen ; cela permet à Marianne de rester un temps sur Lorgol. Vous apprenez à vous connaître et elle t'enseigne en même temps tes futurs devoirs de baron. Tu te prends à apprécier vos séances. En parallèle, tu apprends également à connaître à Lionel via courriers et… cadeaux. Tu es perplexe, mais tu ne peux t'empêcher de glisser ça et là faibles tentatives de séduction. Tu entends dire que la princesse de Cibella s'est fiancée au prince de Faërie et tu es doublement perplexe. En janvier, tu vas rendre visite à Quitterie aux Deux-Ancres, avant de passer voir Rackham à Port-Liberté, où Lionel se trouve déjà. Tu lui parleras des cadeaux à l'origine inconnue.
→ A la fin janvier, après avoir pris une potion de sommeil, tu te retrouves embarqué dans une suite de rêves aux côtés de têtes couronnées, de gens plus ou moins connus. Vous traversez différentes épreuves et finissez par être poursuivis par la Chasse. Jusqu'au dernier rêve où toi et d'autres aidez à libérer une magie oubliée : l'Accord. Ayant l'apparence d'une femme, personne sauf ta sœur aînée ne saura que tu étais là. A ton réveil, alors que tu tentes de noter les restes de ces rêves étranges, l'un des Cavaliers, Mort, vient te cueillir d'un regard et tu rejoins la Chasse sous sa coupe. Te voilà Chasseur.
→ Tu tues plusieurs personnes entre temps et, en cette fin de mois de mars, c'est Quintille qui se retrouve la cible de la Chasse. Vous ne parvenez heureusement pas à la tuer, bloqués sur le port de la Ville Basse par les pouvoirs magiques de la Symphonie. Teagan fera usage de la magie de l'Accord pour te sortir de l'envoûtement dans lequel tu étais. Tu t'éveilles au milieu de la Chasse et cours pour sauver ta vie. Tu atteindras la vivenef non sans écoper d'une griffure dans le dos par l'un des molosses.
→ Tu ne retournes pas de suite sur l'Audacia, qui vogue vers l'Archipel. Red les prévient de la situation et tu recevras de leurs nouvelles plus tard. Tu envoies quelques courriers pour prévenir que tu es en vie, tu apprends les dernières nouvelles – nouveau duc belliférien, la mort momentané d'Octave, la disparation de l'ancien maréchal, Lionel et sa fiancée – et un voyage s'organise pour aller rendre visite à Quitterie, Rackham et ton neveu.
→ Tu retournes à bord de la vivenef début mai, après un passage rapide par Outrevent. Cela te fait du bien, même si tu te sens étrange par moments. Tu laisses ta cabine à la cousine d'Olivier et t'installes dans la bordée des hommes jusqu'au prochain passage à Lorgol. Le pillage du Ponant, peu après, te fait entrer bien vite dans le rythme du navire. Celui de Vivécume, en juin, est plus mouvementé, mais il permet de faire un arrêt aux Deux-Ancres, à ton plus grand plaisir. Vous continuez vers le sud et tu découvres pour la première fois l'Archipel du Vent en août. L'Audacia s'invite aux noces du duc d'Ansemer fin septembre et y met l'ambiance à sa façon. L'équipage remonte ensuite la côté et, après quelques pillages, parvient à Lorgol en novembre pour entamer l'hivernage. L'année complète te permet d'accumuler un pécule d'argent pas mal conséquent. Tu t'enquiers des événements qui ont eu lieu durant votre absence et les nouvelles ne sont pas particulièrement bonnes.
Chronologie
25 janvier 961 Naissance de Quintille.
Juin 975 Naissance de Gédéon.
12 mars 976 Naissance de Géralt.
16 avril 977 Naissance de Quitterie
Novembre 982 Géralt commence sa formation au combat auprès de ses frères et de son père.
08 Décembre 990 Naissance de Eponine.
Juin 992 Il tente les examens d'entrée à l'Académie pour le cursus médecine et est recalé.
Juillet 992 Il entame un apprentissage auprès du chirurgien de Riven.
Mai 993 Désirée et Géralt permettent à Quitterie de fuir Bellifère.
Juin 994 Il découvre les joies de la couche avec un homme.
Novembre 996 Géralt devient le chirurgien attitré de la Caserne.
14 septembre 1001 Il est présent au Tournoi des Trois Opales.
Fin janvier 1002 Géralt est dépêché au front belliférien.
Mi-février 1002 Il accompagne un convoi qui rapatrie les blessés graves sur Riven. Il retourne à Aubenacre et apprend qu'Eponine est mage.
20 février 1002 Il quitte Aubenacre avec Eponine, déserte l'armée et abandonne son poste de chirurgien.
01 mars 1002 Ils arrivent à Lorgol. Retrouvailles avec Quitterie.
04 mars 1002 L'Audacia quitte Lorgol, Géralt à son bord en tant que chirurgien.
26-27 mars 1002 L'Audacia échoue à s'emparer d'une relique durant le festival de Mère Fortune, à Bohémont.
01 mai 1002 Il s'éveille dans la trame alternée auprès de Lionel.
01 juin 1002 Il est de retour dans la trame réelle. Départ pour Aubenacre pour secourir Quitterie.
10 juin 1002 Géralt tue son père, avant de rejoindre l'Audacia, sa famille à présent en sécurité.
29 juin 1002 Cérémonie officielle du mariage entre Quitterie et Rackham.
29-31 juillet 1002 Festivités de Lughnasadh auxquelles il participe et qui tournent au drame.
20 août 1002 Retour à Lorgol où il découvre la maladie et se met à soigner les patients comme il peut.
25 novembre 1002 Il enlève Marianne et devient son époux et baron.
31 janvier 1003 Suite à des rêves étranges, il se retrouve enrôlé dans la Chasse Sauvage.
28 mars 1003 Il en sort grâce à la magie de l'Accord de Teagan. Naissance de Vasco, son neveu.
03 mai 1003 Géralt retourne à bord de l'Audacia.
12 juin 1003 Pillage de Vivécume.
30 septembre 1003 Passage lors du mariage ducal d'Ansemer en mer.
Poutre, nom féminin : instrument du Destin
Astarté des Sables & Géralt d'Orsang
03 mars 1002
Au fond de toi, tu frétillais d'impatience à l'idée de bientôt prendre la mer avec le reste de l'équipage de l'Audacia. C'était à l'opposé de ce que tu avais toujours connu. C'était une multitude de risques qu'en temps normal, tu aurais pris en considération. Pourtant, tu sentais que tu avais pris la bonne décision en demandant de rejoindre l'Audacia. Aucune décision dans ta vie ne t'avait paraît plus juste, plus adéquate, plus sensée que celle que tu prenais actuellement.
Certes, les contreparties te serraient le cœur rien qu'en y pensant : si vite quitter ta benjamine, ne pas rester auprès d'Eponine durant cette épreuve, abandonner Désirée et Gédéon à leur sort dans l'immédiat.
Égoïste, te soufflait ton esprit, et tu ne pouvais qu'acquiescer. Cependant, tes instincts te chuchotaient que tel était le chemin que tu devais suivre. Tu étais persuadé que le Destin lui-même était impliqué dans l'affaire, qu'il guidait tes pas depuis bien plus longtemps que tu ne le pensais.
La partie fantasque de ton esprit ne pouvait s'empêcher de penser que tu étais resté en Bellifère pour être celui qui aiderait Eponine à fuir la mort certaine qui l'aurait attendue en Bellifère. Qui d'autres aurait pu l'escorter jusqu'à Lorgol, sinon toi ? Désirée avait perdu la vue et devait s'occuper de Gédéon ; tes autres frères n'aurait fait montre d'aucune pitié à l'égard de votre nièce ; ton père l'aurait certainement tuée de ses propres mains.
Alors, pour toutes ces raisons, malgré tes obligations, contre toute logique, tu prenais la décision d'être libre à ton tour. C'était exaltant, grisant et prometteur, malgré la peur qui tiraillait ton ventre dès que tu laissais la part lucide de ton esprit prendre le dessus. C'était une promesse d'un futur incertain, de nouvelles possibilités, mais surtout d'un avenir concret, réel pour ta personne. Dans ton cœur, tu savais avec pertinence que ce fait valait tous les risques, tous les dangers du monde.
Dans cette optique, pour apaiser la partie sensée de ton esprit, tu t'étais rendu dans quelques échoppes de la Ville Basse pour ne pas embarquer dans ta nouvelle vie les mains vides. Eponine s'était jointe à toi, vous permettant ainsi de profiter d'un dernier moment ensemble avant le grand départ qui aurait lieu le lendemain. Fort heureusement, tu n'avais pas quitté Bellifère sans rien. Il t'aurait été impossible de laisser derrière toi tes propres outils, achetés à la sueur de ton front après des mois et des mois d'économies ; ton carnet, qui renfermait tes pensées, les événements t'ayant marqué et divers souvenirs ; tes fioles, précieuses et fragiles, ainsi que les maigres économies que tu avais faites jusque-là. Il va s'en dire que tu es parti affublé de tes vêtements en cuir, dont ton manteau pour te protéger des nuits froides à l'extérieure.
Ainsi, tu t'étais concentré sur l'essentiel : quelques pantalons et chemises en lin et coton de rechange, un cadeau pour ta sœur et ta nièce, ainsi qu'un ruban d'une étoffe aussi douce que la soie qui ravirait assurément le toucher de Désirée.
Tu en étais justement à ramener ton butin à bord, après avoir raccompagné ta nièce à la Taverne de la Rose, lorsque les couleurs d'une robe n'ont pas manqué d'attirer ton attention. Aussi vives que celles du soleil couchant, elles te rappelèrent immédiatement ces affublements portés par les fames d'Erebor. Un coup d’œil plus appuyé te confirma leur appartenance : les détails, la confection criaient ce duché sans le moindre doute.
Tu allais te contenter d'en admirer le raffinement et de passer ton chemin quand tu remarquas le groupe d'hommes qui arrivait plus loin, supportant plusieurs poutres en bois de longueur conséquente. Ils semblaient absorbés par leur conversation et ne prêtaient aucune attention à ce qui se trouvait sur leur droite. La femme aux couleurs irradiantes ne semblait pas les voir non plus, perdue dans une quelconque réflexion qui l'accaparait bien trop.
Ce fut donc sans hésitation que tu changeas de cap et te dirigeas vers elle. Tu accéléras le pas, suffisamment pour l'atteindre rapidement, un instant avant que la poutre ne cogne sa tête. Sans grand ménagement, tu agrippas son bras et la força à s'accroupir ; tu fis bien entendu la même chose. La poutre vous passa au-dessus et tu la suivis du regard durant ce laps de temps. Ce n'est qu'en baissant les yeux vers l'Erebienne que tu eus le réflexe de relâcher ta prise sûrement peu bienvenue à ses yeux.
D'un air contrit, tu t'expliquas immédiatement : «
Pardonnez ma rudesse, mais je n'imaginais pas laisser cette poutre heurter votre tête. » Tu lui offris un sourire que tu voulais rassurant avant de froncer légèrement les sourcils. «
Détrompez-moi si je fais fausse route, mais nous nous sommes déjà rencontrés, non ? » Tout en lui posant la question, tu lui offrais ton bras pour l'aider à se relever en même temps que toi.