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Les Compagnes Rhapsodie Épi-d'Or Messages : 1275 J'ai : 28 ans Je suis : Compagne en Cibella et Mage de l'Eté (prédiction) Feuille de personnageJ'ai fait allégeance à : La Guilde des Compagnes et à Gaëtane de La VolteMes autres visages: Aubrée & Octave | Sujet: Confessions nocturnes Lun 12 Juin 2017 - 19:59 | |
| Livre II, Chapitre 4 • De Glace et de Sang Abigaïl l’Embrasée & Rhapsodie Epi-d’Or Confessions nocturnes Toi, mon Autre, mon Ame Sœur, aide-moi • Date : 2 juin 1002 • Météo : Temps ensoleillé • Statut du RP : Privé • Résumé : Cela fait presque un mois que Rhapsodie s’est fait violer par un ancien client. Brisée, elle ne s’en remet pas, et appelle Abigaïl à l’aide. • Recensement : - Code:
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• [b]2 juin 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t2281-confessions-nocturnes]Confessions nocturnes[/url] - [i]Abigaïl l’Embrasée & Rhapsodie Epi-d’Or[/i] Cela fait presque un mois que Rhapsodie s’est fait violer par un ancien client. Brisée, elle ne s’en remet pas, et appelle Abigaïl à l’aide. |
| | | Les Compagnes Rhapsodie Épi-d'Or Messages : 1275 J'ai : 28 ans Je suis : Compagne en Cibella et Mage de l'Eté (prédiction) Feuille de personnageJ'ai fait allégeance à : La Guilde des Compagnes et à Gaëtane de La VolteMes autres visages: Aubrée & Octave | Sujet: Re: Confessions nocturnes Lun 12 Juin 2017 - 20:04 | |
| Is this the real life? Is this just fantasy? Caught in a landslide, No escape from reality. Queen Les yeux dans les yeux avec elle-même, Rhapsodie soupire. Elle ne se reconnaît plus. Ce n’est pas elle qui lui fait face dans ce miroir. Ces yeux rougis par les larmes et la fatigue ne lui appartiennent pas ; ces cheveux sales et en bataille ne sont pas les siens. Ce visage fatigué, elle ne le connait pas. Son doux sourire a disparu, laissant la place à une moue triste. Et cet hématome à la tempe qui commence enfin à disparaître lui rappelle douloureusement la cause de ses maux. Elle qui, d’ordinaire, est avenante, souriante, charmante, qui prend soin d’elle comme l’exige son métier de Compagne, toujours joliment maquillée et coiffée, ne ressemble plus qu’à une loque humaine. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle fait de la peine à voir, la jeune Cibellane. Elle se fait de la peine. Lentement, elle fait glisser au sol le châle en laine qui entoure ses épaules, dévoilant sa peau nue. Elle retient son souffle en passant son doigt fin sur le bleu qui la décore. Il a bien diminué, depuis le mois dernier, mais ce n’est toujours pas beau à voir. Minutieusement, elle continue l’inspection de son corps meurtri. Elle se mord la lèvre en passant la main sur sa hanche, puis sur sa cuisse. Ces meurtrissures-là ne sont en rien comparables avec celles causées par sa maladresse et sa fâcheuse tendance à se cogner aux meubles. Elles sont tellement plus sombres, plus grandes, plus douloureuses. Ou bien se fait-elle des idées ? Lentement, elle se lève de la chaise, et s’éloigne de la coiffeuse. Il faut… Il faut qu’elle se prépare, qu’elle s’habille au moins. Elle ne peut pas recevoir Abigaïl dans cet état. Elle ne veut pas renvoyer à la face de son amie à quel point elle est pathétique. Cela fait plus de deux semaines qu’elle n’est pas sortie de chez elle. Personne ne vient la voir; bien sûr, tous la pensent malade et contagieuse, comme elle l'a annoncé à la Dame. Elle ne reçoit plus de nouvelles; elle n'en donne pas non plus. Rhapsodie s’est totalement coupée du monde extérieur, de sa famille… Et d’Abigaïl. Abi, son âme sœur, sa jumelle… Elle lui manque. Et Rhapsodie a longtemps hésité, avant de lui envoyer un message, la priant de venir lui rendre visite. Elle ne voulait pas qu’elle la voie dans son état de choc. Et qu’aurait-elle pu lui dire ? Elle a déjà mis tant de temps à admettre ce qui lui était arrivé, comment aurait-elle pu lui communiquer sa peine et son lourd secret ? Seulement, Noisette, son Familier, lui a clairement fait comprendre qu’il fallait qu’elle aille de l’avant. Et qu’Abigaïl pouvait l’aider et la comprendre. Alors, sous les directives, du petit écureuil, elle a tracé son message sur un bout de parchemin. Un message court et bref. « Abi, s’il te plaît. J’ai besoin de toi. R. » Elle n’a pas précisé pourquoi, mais Abigaïl la connaît par cœur. Elle saura immédiatement que quelque chose ne va pas, et viendra à son secours. Mais d’abord, il faut qu’elle s’habille. Rapidement, elle enfile une longue robe pâle, ramasse son châle et le passe par-dessus ses épaules. Même si elle est son amie, elle ne veut pas qu’elle voie ses hématomes aux épaules. Pas de suite. Rhapsodie, elle arrive. Noisette était en faction devant la porte, à la demande de Rhapsodie. Elle lui a demandé de la prévenir de l’arrivée de son amie. Déjà ? Mince. Combien de temps est-elle restée plantée devant ce miroir ? Rapidement, elle rassemble ses cheveux, les brosse et les arrange afin d’avoir au moins une coiffure convenable. Elle se frotte les yeux. Tant pis pour le maquillage. Rhaps ? Comme pour annoncer son arrivée, son Familier l’appelle. Aussitôt, quelqu’un frappe à la porte. Rhapsodie inspire profondément, et s’avance jusqu’à la porte d’entrée. Quand elle l’ouvre, et qu’elle découvre Abi juste derrière, elle esquisse un pâle sourire. Mais elle n’y parvient plus. Et elle s’effondre dans ses bras, en sanglotant silencieusement. Elle pensait pouvoir contenir ses larmes encore un peu, mais elle a été brisée. Cassée en deux, comme une poupée de porcelaine trop fragile. Elle est brisée, et à l’image de cette poupée, a besoin qu’on la répare, et qu’on l’aide à recoller les morceaux. Big girls cry when their hearts are breaking. Sia |
| | | | Sujet: Re: Confessions nocturnes Jeu 15 Juin 2017 - 11:39 | |
| C'est son lit. C'est la caserne. C'est Cibella. Tout va bien. Évidemment que ça va ! Qu'est-ce que tu espères ? Je... Les battements de son cœur s'apaisent. Son regard balaye la chambre et se pose sur Titou qui s'éveille doucement. Un cri s'échappe de sa bouche et elle se rue sur son familier pour une étreinte aussi bien mentale que physique. Les draps volent à travers la pièce, l'oreille tombe. Abi l'enlace comme si elle vient de le rencontrer. Abi ? Mais... enfin ! Son tatou est certes heureux de cette marque d'affection, mais son esprit lui renvoie une légère stupeur. La présence si familière et agréable de Royale s'impose dans son esprit et Abi s'y raccroche avec une passion presque désespérée. Vous ne devinerez jamais ce qu'il m'est arrivée.*** Tu as vraiment tué des gens ? Abi soupire. C'est la énième fois qu'elle en réfère à Titou et Royale, depuis la veille, et pourtant, ni lui, ni elle ne semblent vraiment le croire. Abi les comprend, même pour elle, c'est encore compliqué. L'instant d'avant, elle se trouvait auprès d'une Maelys fanatique qu'elle venait d'engager en tant qu'apprenti de la Confrérie Noire. Et elle se réveille dans sa chambre, dans sa caserne, avec son familier et son dragon. Elle pourrait croire à un long rêve mais en en discutant la veille, elle se rend compte qu'elle n'est pas la seule à avoir veiller aussi étrangement. Et avec l'Ordre qui fait joujou avec le Temps. Encore eux, qu'Aura les maudisse... Je t'imagine bien jouer avec des Cordes... Royale, s'il te plaît. S'imaginer en parfaite assassine la perturbe plus qu'elle n'ose se l'avouer. Elle a déjà tué dans sa profession mais là, c'est différent. Elle ne tue pas vraiment. Elle assassine. Et si elle en croit Maelys, elle est plutôt douée. L’Étrangleuse Suave... N'importe quoi. C'est vrai qu'il est rare de t’octroyer ce genre de qualificatifs. Elle a passé la veille à profiter de sa dragonne, de Titou, de discuter avec les autres et d'essayer d'écrire une lettre à Mae, mais en vain. Puis, elle a reçu la lettre de Rhaps. Son amie, son âme-sœur. Une lettre écrite précipitamment, concise et... douloureuse. Une lettre inquiétante qui l'a conduite au plus vite vers son amie. Elle n'est plus que à quelques pas de sa destination. L'avantage, c'est que Rhaps est basée à La Volte, comme elle – bon elle l'admet, ce n'est pas anodin – donc le chemin n'est pas spécialement long. Titou a l'air tout aussi concerné qu'elle et marche rapidement à ses côtés, prêt à voir Noisette. Royale reste chez elle, mais son esprit demeure lié au sien et suivra attentivement cette rencontre. Royale apprécie énormément Rhaps et aime converser avec elle lorsqu'ils se retrouvent tous ensembles. Elle toque doucement à la porte de son amie et rentre. Geste habituel de sa part. Elles se connaissent depuis tellement longtemps que les formalités ne sont plus que gouvernées que par une sorte de rituel. Lorsqu'elle pénètre finalement dans la chambre, une tornade blonde se jette sur elle. En pleur. Un poids descend dans son estomac alors que son cœur se contracte. Elle sait. Elle a deviné. Quelque chose de grave est arrivé. Elle se laisse tomber, son amie dans les bras, devant la porte encore légèrement entrebâillée. Titou est allé droit vers Noisette et semble plongé en grande conversation avec. D'un geste doux, alors qu'elle sent les larmes lui monter aux yeux, Abi commence à caresser les cheveux de la Compagne, la serrant contre elle, murmurant des paroles douces qu'elle-même ne comprend pas. Le temps se fige, s'arrête, emportant avec lui les secondes et les minutes. Au bout d'un moment, elle l'écarte un peu d'elle, attrape son visage entre ses mains et plonge son regard dans le sien. Elle y voit toute sa douleur et une souffrance poignante qui lui fait l'effet d'un coup de couteau en plein cœur. -Rhaps, murmure-t-elle. Dis-moi...Dis-moi que ce n'est pas vrai. Parce qu'elle le ressent. Elle la perçoit, sa douleur, sa haine, son désespoir... sa honte. Quelque chose c'est passé. Une chose terrible et un doute immense s’immisce en elle, terrifiée. Elle a l'impression de deviner. De savoir ce qu'il se passe... -Dis-moi que ce n'est pas vrai, reprend-t-elle dans un souffle presque suppliant. - Spoiler:
Bénédiction d’Aïda : de ta bouche ne sort plus que des paroles inspirantes, qui galvanisent les gens à qui tu parles, pendant une semaine.
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| | | Les Compagnes Rhapsodie Épi-d'Or Messages : 1275 J'ai : 28 ans Je suis : Compagne en Cibella et Mage de l'Eté (prédiction) Feuille de personnageJ'ai fait allégeance à : La Guilde des Compagnes et à Gaëtane de La VolteMes autres visages: Aubrée & Octave | Sujet: Re: Confessions nocturnes Ven 16 Juin 2017 - 16:09 | |
| Dans les bras d’Abi, c’est comme si le temps s’était arrêté, que le monde s’était arrêté de bouger, et que plus rien n’existait, mis à part cette étreinte fraternelle et rassurante. Rhapsodie ne sent même pas qu’elles tombent au sol, ou à peine. Elle ne sait pas combien de temps elles sont restées ainsi, dans les bras l’une de l’autre. En tout cas, ses sanglots se sont peu à peu espacés, jusqu’à devenir de simples reniflements. La présence d’Abigaïl l’apaise et la réconforte, et ses paroles douces et rassurantes sont comme un baume sur son cœur meurtri. Noisette avait raison.
Au bout d’un moment, quand elle sent que son amie s’est calmée, Abi met fin à leur étreinte, lui prend le visage entre les mains, et plonge son regard de feu dans les océans de sa Jumelle. Rhapsodie se laisse faire. Elle sait qu’elle est en train de lire en elle, et qu’elle perçoit tout : sa honte, ses remords, sa peine et sa souffrance. Elle a sûrement déjà compris. Elle sait déjà. Et sa voix se meurt en un murmure douloureux. Et Rhaps en devine sans mal la suite. Mais elle ne dit rien, elle ne bouge pas. Et quand son amie la formule en entier, la Compagne sent sa gorge se nouer, et les larmes affluer. Elle ne peut pas. Elle ne peut pas répondre à sa supplique à l’affirmative, parce que ce n’est pas vrai. Mais elle ne veut pas secouer la tête non plus. Elle ne veut pas lui mimer. Elle veut lui écrire. Alors, doucement, sans répondre à la question d’Abi, elle se relève, se détourne, et s’éloigne lentement d’Abigaïl, à la recherche d’une plume, d’un peu d’encre et d’un parchemin vierge. Elle pourrait lui montrer ce qu’elle a écrit à Lucie, son vieux journal, mais elle ne le veut pas. Elle veut qu’Abi le sache, mais doucement. Pas tout d’un coup. C’est plus par pudeur que par envie de suspense. Alors, une fois devant son petit bureau, elle pousse Lucie pour faire de la place et sort ce qu’il lui faut pour écrire. Elle sait que son amie l’a suivie, elle sent sa présence rassurante derrière elle. Elle sait qu’elle lira tout ce qu’elle marquera sur cette page vierge. D’une main tremblante, la jeune femme prend la plume et la trempe dans l’encre, pour ensuite la porter au dessus de la feuille. Elle hésite. Doit-elle tracer le Mot de suite ? Elle ne sait pas. Une goutte d’encre tombe en plein milieu de la feuille. Sans un geste, elle la regarde s’étendre doucement son parchemin. Elle se sent comme lui, en ce moment. Salie, souillée. Abi peut-elle seulement le comprendre ? Il n’y a qu’un moyen de le savoir. Prenant son courage à deux mains, ou elle appose la plume sur le papier, et commence à écrire, faisant en sorte que son amie puisse la lire directement.
Il m’a vio
Mais la boule dans sa gorge est toujours là. Ses yeux la piquent toujours. Et elle ne peut finir sa phrase, avant de s’effondrer à nouveau sur sa petite chaise, les bras croisés sur le bureau, la tête enfouie dedans. Elle renverse au passage le pot d’encre, qui répand son contenu sur le parchemin, l’inondant entièrement de son liquide noir. Ce qui dans d’autres circonstances l’aurait fait rager n’est que secondaire aujourd’hui. Les larmes se remettent à couler, sans qu’elle ne puisse les en empêcher. Finalement, elle relève la tête vers Abi. Elle s’essuie les larmes d’un revers de bras. Mais la détresse est toujours présente au fond de ses prunelles. Détresse qu’Abi doit bien sentir, tant dans sa gestuelle que dans son regard. Abi, aide-moi. |
| | | | Sujet: Re: Confessions nocturnes Ven 23 Juin 2017 - 18:34 | |
| Le silence qui suit est une torture, une véritable souffrance. Abi le ressent au plus profond d'elle-même. Elle sent l'inévitable, devine ce qu'elle n'ose deviner. L'ombre de son amie se traîne tant bien que mal à son bureau où elle écrit. La Chevaucheuse ne se rend même pas compte qu'elle la suit. D'une démarche flageolante, toute aussi mal en point qu'elle. Abigaïl sait que Rhaps tient un journal depuis très longtemps. Depuis qu'elle sait écrire. Elle ne l'a jamais lu. Sauf ce que Rhaps a bien voulu lui montrer. Encore une fois, son amie de longue date empoigne sa plume pour se mettre à rédiger une phrase. Quelques mots. Tremblotant. La main sur l'épaule de Rhapsodie se serre, broyant son épaule si délicate. Elle les contemple, ces trois lettres d'un mot même pas terminé. Elle les contemple comme si elle découvre le sens de ce mot pour la première fois. Ils sont là, noirs et luisant d'une tout juste naissance. A ses côtés, une tâche d'encre noire se répand, parfait reflet de son cœur qui s'assombrit. Un tremblement. Puis la fureur. La rage débordante. La souffrance insoutenable. Alors que Rhaps gît, en larmes. Elle entend l'échos lointain de la rage de Royale, qui déferle en elle pour fusionner avec sa propre fureur. Il n'en faut pas plus pour Abi. Un bruit sec se fait entendre, quelque part dans la pièce. Elle a vaguement conscience d'avoir fait exploser quelque chose. Elle ne sait pas quoi. Peu importe. Son regard se pose sur le corps larmoyant de Rhapsodie. Elle le contemple avec dégoût. Totalement écoeurée. Pas par elle. Par ce... ce... elle ne sait même pas quel nom lui donner. Son propre regard se voile et les contours deviennent flous. La fureur de sa dragonne se répercute dans chaque parcelle de son corps, faisant échos à sa propre colère et elle a beaucoup de mal à la contenir. Elle tremble, Abi. De souffrance. De colère. De... frustration.
C'est une honte.
Il a osé la souiller. Poser ses mains sur elle. Elle a dû se débattre. Il a dû insister. La... la frapper. Un hoquet la remet dans la réalité. Elle a envie de vomir. Elle a la nausée. Rhaps est à ses pieds. Inconsolable. Abi, elle, ne peut que ressentir son propre dégoût, sentiments partagés par un lien très fort qui dure depuis très longtemps. Leur magie, bien que différente, partage le même élément, s'unissent mutuellement pour ébranler leurs propres émotions. En silence, très lentement, Abi se baisse pour récupérer Rhaps. Elle la prend par les épaules, la guide jusqu'à sa coiffeuse pour l'y asseoir. Face au miroir, elle contemple l'horreur des dégâts causés par cette... infamie. Des sillons creusent ses joues, tracés parfait de ses larmes intarissables. Sa jolie chevelure d'ordinaire si magnifique, brillante qui capte les rayons du soleil lui-mêmes, sont ternis par l'ombre de son douloureux souvenirs. Ils sont décoiffés, encadrant un visage blême, autrefois si resplendissant. Toujours en silence, Abigaïl attrape sa brosse à cheveux. Les trucs de filles, ça n'a jamais été son truc. C'est le truc de Rhaps. Rhaps qui s'occupe de ses cheveux, qui s'occupe de son visage, qui lui donne d'un ton taquin des conseils pour se rendre plus féminine. Elle est la voix, les mots délicats et doux alors que Abi est la main, l'épée qui brandit et décime sur son passage. Elles sont Maari et Lida, deux êtres complémentaires mais qui ne peuvent se passer de l'autre. Alors Abi lui brosse les cheveux. Parce qu'elle ne sait pas quoi faire d'autre pour le moment. Parce que Rhaps n'a jamais été comme ça. Parce qu'il faut que ses cheveux brillent et captent de nouveau les rayons du soleil. Alors elle la coiffe.
-Je te jure, Rhaps. Je te jure, je le retrouverai et je le tuerai.
Sa voix ne tremble pas. Elle est rauque. Une promesse murmurée pleine de rage. Une caresse, telle sa brosse qui la coiffe doucement. Amoureusement. Alors que ses premières larmes coulent. |
| | | Les Compagnes Rhapsodie Épi-d'Or Messages : 1275 J'ai : 28 ans Je suis : Compagne en Cibella et Mage de l'Eté (prédiction) Feuille de personnageJ'ai fait allégeance à : La Guilde des Compagnes et à Gaëtane de La VolteMes autres visages: Aubrée & Octave | Sujet: Re: Confessions nocturnes Mer 5 Juil 2017 - 10:17 | |
| Rhapsodie sent à peine la main de son amie lui broyer l’épaule ; la douleur qu’elle aurait ressentie en temps normal est nettement inférieure à celle, intérieure, qui la ronge en ce moment. Douleur que partage à présent Abigaïl, comme en témoigne le vase de porcelaine qui gît au sol, en morceaux, brisé par la colère de la Chevaucheuse. Rhapsodie tourne la tête vers la table de chevet sur laquelle il trône habituellement. En explosant, il a répandu au sol l’eau et les fleurs qu’il contenait. De toute façon, les roses étaient fanées, il fallait qu’elle les change. Elle ne s’en est pas occupée depuis des jours, bien trop occupée à pleurer sur son pauvre sort. Elle ne les aurait jamais laissées dépérir, sinon. C’est à cet instant qu’elle réalise qu’elle s’est vraiment arrêtée de vivre, depuis… Depuis. Elle se serait laissée mourir, sans Noisette. Heureusement que son Familier était là. D’ailleurs, l’écureuil ne fait aucun commentaire. Il préfère sans doute la laisser un peu seule, avec Abigaïl, entre amies, et doit vouloir leur laisser leur intimité. Pourtant, elle sent sa présence discrète, quelque part dans son esprit. Cette présence, doublée de celle d’Abi, a quelque chose de rassurant. Pourtant, la Compagne ne parvient pas à endiguer le flot de ses larmes. Peut-être qu’elle ne le veut pas, après tout. Peut-être qu’elle veut simplement pleurer pour extérioriser sa peine, qu’elle ne peut décrire avec des mots. Et puis, Abigaïl ne la jugera pas. Elle comprend.
Quand la rouquine se penche vers elle pour la relever, Rhapsodie se laisse faire. Marionnette de porcelaine, elle se laisse guider jusqu’à sa coiffeuse, et s’assoit face au miroir. A nouveau, elle affronte son reflet dans la glace. A nouveau, le bleu sur sa tempe, les cheveux mal coiffés, les sillons creusés par les larmes lui renvoient à la figure tout ce qu’elle est en ce moment. Elle ne réagit même pas quand Abigaïl s’empare de la brosse posée devant elles, et qu’elle entreprend de lui démêler les cheveux. Abigaïl, qui n’aime pas ce genre de passe-temps de fille, qui n’a jamais touché à plus de la moitié des produits de beauté qui trônent sur la coiffeuse autrement que sous la contrainte, Abigaïl la coiffe. Un autre jour, dans un autre contexte, elle aurait ri, et lui aurait fait comprendre que la brosse ne se saisit pas ainsi, que la manière dont elle s’en sert n’est pas la plus efficace. Mais aujourd’hui, elle se moque bien de savoir si elle va avoir les pointes bien démêlées. Le geste d’Abi la touche, bien plus profondément qu’elle ne l’aurait cru. Et il l’apaise, aussi. Elle lui rappelle sa mère, quand elle lui brossait les cheveux, des années plus tôt. Elle chantait en même temps des berceuses ou des comptines, et s’arrangeait toujours pour que la petite fille qu’elle était alors sourît, même quand ça n’allait pas.
Seulement, ici, point de comptine enfantine, mais une promesse forte. Intense. Effrayante. La Compagne capte dans le miroir le reflet du regard de son amie. Et elle y lit de la colère, de la détermination. Et les larmes qui commencent à perler. Alors, Rhapsodie renifle et essuie les siennes d’un revers du poignet. Elle se sent pleine d’une énergie, d’une rage nouvelle. Et si son amie partage maintenant sa douleur, Rhapsodie a gagné en échange sa détermination. Regardant à nouveau le reflet des prunelles de la Chevaucheuse, elle hoche la tête, doucement, mais sûre d’elle. Il y a quelques temps, elle aurait sûrement été effrayée par ces paroles si violentes, et elle aurait secoué la tête, paniquée. Elle qui d’ordinaire déteste la violence et la mort, la souhaite pour son violeur. Il l’a mérité, après tout. Et Rhapsodie se sent presque… enthousiaste à cette idée.
Peu à peu, les larmes de Rhapsodie se sont taries, mais celles d’Abi continuent de couler. Doucement, la muette porte la main à sa tête et pose ses doigts sur la brosse pour l’immobiliser. Puis elle s’en dégage et se lève, pour aller serrer à nouveau son amie dans ses bras. Fort. Très fort. Longtemps. Enfin, elle se détache d’elle, et retourne vers son bureau. Elle redresse l’encrier désormais presque vide, empile les parchemins noyés, en récupère un rescapé et de quoi écrire avant de se diriger vers le bord de son lit. D’une main, elle invite la rouquine à venir la rejoindre, avant de griffonner quelques mots sur son bout de parchemin.
Je sais qui Il est.
Elle s’arrête, hésitante, fébrile. Elle ne sait pas par quoi commencer. Se sentirait-elle la force de tout lui raconter ? Le plus simple serait sûrement de lui faire lire Lucie, mais le veut-elle ? Ou alors, doit-elle se concentrer sur l’essentiel, l’identité de l’homme, et taire tout ce qu’elle ne veut pas dire ? Peut-être. Peut-être pas. Elle ne sait pas. Rhapsodie regarde la rouquine, attendant ses questions pour pouvoir continuer d’écrire. |
| | | | Sujet: Re: Confessions nocturnes Lun 10 Juil 2017 - 21:53 | |
| Le geste est machinal, tellement que Abi n'y prête pas d'attention. La Chevaucheuse peine à garder contact avec la réalité tant elle lui paraît trop horrible. Pourtant, si l'on parle de rêve, ce qu'elle perçut vaguement et ce qu'elle a compris de l'autre réalité ne lui paraît guère plus engageante. Elle se demande qu'elle est la vie rêvée de Rhaps. Sûrement pas un lieu où elle a été utilisé pour assouvir les sombres désir d'un homme peu scrupuleux. Une autre réalité qui a dû mieux lui offrir que cette vie. Une autre réalité où, peut-être, elles ne se sont pas connues.
Le toucher délicat de la Compagne la ramène dans cette réalité. Dans ce présent si douloureux. Elle a le toucher aussi léger qu'une plume et Abi sursaute à se contact si froid. Elle qui d'ordinaire porte son cœur dans ses mains. Ses mains qui palpitent de chaleur, de vie. Qui prend parfois la sienne pour la traîner quelque part. Des mains qu'elles ont lié depuis longtemps et qui ne sont plus quittés depuis leur première rencontre. Comme deux flammes qui ne peuvent plus s'éteindre lorsqu'elles sont ensembles. Un seul homme, une seule nuit a suffi à briser cette chaleur, à tarir cette flamme si puissante qui les a uni. Une autre pureté qu'il a sali de sa souillure. Sa tête se pose sur la chevelure d'or de Rhaps, humant un parfum plus aussi épicé qu'auparavant. Elle la sert fort. Lui rend sa propre étreinte, espérant pouvoir échanger de corps avec elle. Que ce soit elle, Abi, qui se retrouve aussi impure, lui rendant ce qu'elle a perdu. Oh si elle pouvait, elle le ferait sans hésiter. Si seulement elle le pouvait. Rendre à Rhapsodie la pureté de son corps. Effacer chacune des cicatrices physiques et morales que cette ordure lui a laissé. Après un temps, la Cibellane finit par se séparer d'elle pour rejoindre sa table. Abi la suit mais ses jambes sont toujours aussi lourde. Chacun de ses pas la rapproche mais lui donne l'impression de s'éloigner plus encore d'elle. Comme si l'ombre de Rhapsodie la fuit. Une sensation frustrante, lui renvoyant sa propre inutilité dans de telle circonstance. De nouveau, les doigts fins et délicats de Rhapsodie s'emparent de sa plume pour y écrire quelques mots. Et de nouveau, elle hésite, ne sachant comment continuer, comment lui narrer l'incident le plus traumatique de son existence. Rhaps en a subi, des brimades. Elle a été cette chose fragile dont certains s'acharnaient à briser. Une forme de cruauté également vécue par Abigaïl. Une chose qui les rapproché. Car si Abi répliquait, imposait le respect aux autres quitte à se faire détester encore plus, Rhaps s'était l'ombre silencieuse et délicate, belle et fragile sous le soleil, qui ne répliquait pas. Deux opposés qui se sont néanmoins trouvés dans une parfaite harmonie.
D'un geste brusque, les mains de la Chevaucheuse arrache la plume de celles de son amie. Elle n'a pas besoin qu'elle continue. Pas maintenant. Pas encore. Elle ne veut pas lui faire revivre ce cauchemar une deuxième fois. Elle n'aura qu'à lui dire son nom. Elle le trouvera, Abi, elle le sait qu'elle le trouvera. Mais pour le moment, l'unique chose qui compte, la seule qui importe, c'est Rhapsodie. Elle se place à sa hauteur, s'accroupissant et prend ses mains dans les siennes pour les serrer fort. Son regard plonge dans le sien et quand elle parle, ce n'est pas d'une voix furieuse ou tremblante de rage. Mais d'une voix ferme et implacable, empreint d'une légère douceur qui lui est inhabituelle. Mais elle veut marquer le coup. Le coup, c'est de réveiller Rhaps. De la faire sortir de la spirale de la nuit, du gouffre sans fin dans lequel elle ne cesse de s'enfoncer.
-Rhaps, non. Non. Tu me le diras mais tout à l'heure. Plus tard. Pas maintenant. Maintenant tu vas m'écouter. Parce que c'est important. Tu sais que je ne suis pas douée avec les mots. J'aurais dû prendre ton mutisme, Rhaps, parce que tu as plus de choses à raconter que moi et que tes verbes sont plus poétiques que les miens. Mais je ne sais pas m'exprimer autrement Rhaps, alors je vais te le dire.
Elle inspire profondément et serre ses mains plus fort, ne la quittant pas un instant des yeux.
-Tu vas te coiffer. Te laver. Te maquiller. Tu vas aller voir ta Dame et tout lui dire. Parce que si tu continues comme ça, Rhaps, c'est lui qui gagne, tu comprends ? Il gagne parce que, même s'il a eu raison de ton corps, ça veut dire qu'il a eu raison de ton esprit. Et ça, il peut pas. Tu vas pas le laisser faire. Et je le laisserai pas faire non plus. Alors tu vas t'habiller, te faire belle comme tu sais bien le faire, sortir et revoir du monde. Te promener avec Noisette. Adoucir les cœurs de ta musique. Tu vas lui montrer qu'un connard, qu'une ordure comme lui n'aura jamais raison de ton esprit ou de ton cœur.
Ces derniers mots se font plus aigus qu'elle ne l'a voulu. Plus pressant aussi. Comme un ordre. Une supplice dissimulée. Elle ne sait pas si elle va toucher Rhaps, ainsi, mais elle espère juste la faire réagir. Car même si elle se doute que Rhaps ne sourira plus comme avant, elle peut montrer au monde entier qu'elle ne se laisse pas intimider par des méthodes si basses. Personne ne l'empêchera de vivre. Personne n'empêchera son feu de s'exprimer. Ses mains viennent encadrer ses joues et elle dépose un baiser sur son front avant de coller le sien dessus. Elle murmure alors :
-C'est toi la meilleure Rhaps. Je l'ai toujours su. |
| | | Les Compagnes Rhapsodie Épi-d'Or Messages : 1275 J'ai : 28 ans Je suis : Compagne en Cibella et Mage de l'Eté (prédiction) Feuille de personnageJ'ai fait allégeance à : La Guilde des Compagnes et à Gaëtane de La VolteMes autres visages: Aubrée & Octave | Sujet: Re: Confessions nocturnes Mer 6 Sep 2017 - 20:58 | |
| Quand Abi lui arrache brusquement la plume des mains, Rhapsodie sursaute, ne s’attendant pas à une réaction aussi soudaine. Elle ne réagit pas, cependant, se contentant de baisser légèrement le menton et de laisser retomber ses mains sur ses genoux. Mains qui finissent rapidement entre celles d’Abigaïl, qui les serre. En réponse, la Compagne les presse, peut-être plus fort qu’elle n’aurait voulu. Elle relève les yeux vers son amie, qui lui parle. Fermement, mais avec douceur. Et Rhapsodie l’écoute attentivement. Parce qu’elle a besoin d’être guidée, parce qu’elle lui fait confiance, et parce qu’elle l’a appelée à l’aide pour cela. Elle agrandit simplement les yeux et secoue la tête. Non, elle n’aurait pas dû prendre son mutisme, parce qu’elle ne le souhaite à personne, et parce que les mots d’Ai, s’ils sont moins poétiques, ont tout de même un impact sur elle, ils résonnent en elle. Comment ferait-elle si Abi n’avait plus de voix ? Enfin, la protestation silencieuse ne semble pas arrêter Abigaïl, qui inspire profondément avant de lui énoncer, point par point, ce que va faire Rhapsodie dans les prochaines heures. Et tout semble si évident, maintenant qu’elle le dit ! Oui, elle va continuer à vivre. Elle va recommencer à se faire belle, à rire, à jouer. Ce n’est pas parce qu’une ordure, un… un connard, comme elle le dit si bien, a abusé d’elle, qu’elle doit tout arrêter. Abigaïl a entièrement raison. Et Rhapsodie sent que son amie la soutient, et qu’en lui donnant presque des ordres, elle cherche à lui donner l’impulsion nécessaire pour aller de l’avant. Finalement, elle lui donne peut-être les clés qui lui permettront de lui ressembler, et à ne plus jamais se laisser marcher sur les pieds. Alors, oui, elle va faire tout ce qu’elle lui dit. Et plus Abi parle, et plus elle en a l’envie et la motivation, qu’elle croyait ne jamais retrouver. Alors, elle hoche la tête, doucement. Les mains d’Abi quittent les siennes pour se poser sur son visage, et alors qu’elle lui embrasse le front avant d’y coller le sien, la jeune muette ferme les yeux. Et elle sent sa gorge se serrer alors qu’Abigaïl prononce ces quelques mots. La meilleure… Quelqu’un, Abi, trouve qu’elle est la meilleure. Qu’elle vaut d’exister. Et ces quelques mots sont l’impulsion qu’elle attendait depuis tout ce temps. Oui, elle va lui montrer qu’elle peut le faire. Qu’elle va s’en sortir. Elle se dégage doucement de son amie, et se relève, assurée, avant de faire quelques pas dans sa chambre, en direction de sa grande armoire. Seulement, en un battement de cil, tout change. Ce n’est pas normal. Cette motivation soudaine n’est pas normale. Et alors, toutes ses pensées noires reprennent le dessus. Quand elle sortira, il l’attendra au coin de la rue. La voisine se moquera d’elle. Le prochain client fera pareil. Elle aura tout le temps peur… Non, elle ne peut pas y arriver. Pas toute seule. Elle a besoin d’Abi, elle s’en rend compte. Et jusqu’au bout. Maintenant qu’elle sait ce qu’elle doit faire, elle veut qu’elle l’accompagne, au moins au début. Parce qu’elle sait que seule, elle n’y parviendra pas. Elle finira par replonger dans la déprime, irrémédiablement. Non, la présence d’Abi lui est nécessaire. Alors, elle revient vers son amie et lui attrape à nouveau la main pour la conduire vers son armoire. Elle l’ouvre, dévoilant à la vue de la rouquine quantité de robes de toutes les couleurs, les lui montre d’un geste vague de la main. Laquelle ? Aide-moi. Une robe à choisir. C’est sans doute un geste anodin pour beaucoup de monde, mais pas pour Rhapsodie. Elle qui ne s’occupe plus d’elle depuis des jours, elle a besoin d’aide pour se relancer. Quitte à ce que ce soit Abigaïl qui l’aide à choisir sa robe et à se coiffer. |
| | | | Sujet: Re: Confessions nocturnes Jeu 14 Sep 2017 - 23:04 | |
| Les mots ont l'effet escompté et Abi se surprend elle-même de se voir si bien écoutée. Elle arrive rarement à parler, ce n'est pas son domaine d'expertise. Pourtant, les mots coulent si naturellement de sa bouche qu'elle soupçonne les dieux être derrière tout ça. Mais l'effet est de courte durée. A peine éloignée de la Chevaucheuse, que cette dernière sent la motivation quitter son amie, laissant place à sa peur, à sa souffrance. Alors, Rhaps revient vers elle, lui prend les mains et l'amène doucement à son armoire. Nul besoin de mots pour comprendre où son amie de toujours veut en venir et la jolie rouquine la contemple avec un air profondément ébahi. Elle ? Choisir les vêtements ? Abigaïl n'a jamais choisi les vêtements de personne. Encore moins les siens. La dernière fois qu'elle a revêtu une robe, elle a fini par s'enfuir loin d'un mariage arrangé avec et, depuis, ne porte que des tuniques sur pantalon avec des bottes. Des tenues pratiques et qui ont le mérite de ne pas gêner les mouvements, surtout en vol. Abigaïl n'a plus eu l'occasion de mettre en avant sa féminité depuis longtemps. Elle n'en a ni le temps, ni l'envie. Ce n'est pas non plus une nécessité. Entre les deux amies, c'est Rhapsodie, la femme. La belle, la délicate, celle qui se pomponne et prend soin de son image. Alors que la Compagne la désigne pour choisir une de ses robes démontre une grande marque de confiance à son égard. Malgré leur histoire, Abi ne peut que se sentir émue. Alors elle plonge son regard parmi les nombreuses robes, proprement rangées, réfléchissant à celle qui conviendrait le mieux.
Rhapsodie est belle. Elle ressemble à une poupée de porcelaine, fragile et délicate. On a l'impression qu'un seul faux mouvement peut la briser en mille morceaux. Heureusement, elle est plus forte qu'il n'y paraît. Les meilleurs couleurs, pour elle, sont les couleurs pastels. Les couleurs clairs qui souligne sa douceur et sa légèreté. Le blanc lui va le mieux. Mais le blanc, dans ces circonstances, n'est pas la robe idéale. Il ne faut pas non plus une robe qui souligne trop ses courbes ou qui dévoile trop de parcelles de sa peau. Elle ne se sentira pas bien et ce n'est pas le but de cette journée. Finalement, elle opte pour une robe classique, rose pâle, qui couvrent les bras. Une robe de tous les jours. Pas trop affriolante mais pas non plus un sac à patate. De toute façon, même avec un sac à patate elle serait resplendissante. Pour compléter, elle choisit des chaussures plates et un petit foulard blanc assez opaque, si jamais Rhaps ne se sent vraiment pas bien. Abigaïl lui laisse le temps pour s'habiller et, finalement, la ramène devant sa coiffeuse. Elle l'a coiffé, aidé à choisir la robe et maintenant... maintenant il faut la maquiller. La dernière fois qu'Abigaïl a fait une telle chose remonte à un temps tellement lointain qu'elle doute presque de son existence. Pourtant, elle se souvient très amèrement des « leçons » octroyées par sa mère adoptive lorsqu'elle était plus jeune. Le temps où elle essayait de faire d'Abi une parfaite petite Outreventoise bien élevée. Au final, ça n'a pas marché. Rien n'a jamais marché, avec eux. Elle a tout essayé. Mais jamais elle n'a pu tiré une quelconque remarque un tant soit peu fière de ses parents adoptifs.
La Chevaucheuse se gifle mentalement. Ce n'est pas le moment de pleurer sur son sort. Elle est là, ressassant un passé qu'elle essaye d'oublier alors que sa meilleure amie souffre. Une souffrance bien au-delà de ses petits soucis du passé. Combien de fois Rhaps est restée là, à l'écouter radoter ses plaintes, sur ses parents et sa quête désespérée de les rendre fier ? Elle ne les compte plus. Rhapsodie a toujours été là pour elle. A son tour d'en faire autant. Alors, pour la première fois depuis très longtemps, elle entreprend la lourde tâche de maquiller légèrement son visage. C'est laborieux. Laborieux et long. Très long. Elle se souvient maintenant pourquoi elle n'a jamais aimé ça. Après un temps qui lui paraît infini, elle parvient finalement à mettre la dernière touche et recule pour mieux contempler son travail. Le résultat est moins catastrophique qu'elle a pu penser au départ. Elle n'a pas osé poser des teintes trop foncées de peur que ses erreurs ne se voient trop. Certes, Rhapsodie n'a jamais été, sans doute, aussi mal maquillée de toute sa vie, mais pour Abigaïl, c'est certainement le meilleur qu'elle ait jamais réussi. Au moins, il n'y a pas de bavure ou de surplus. Elle la regarde alors en souriant. Un vrai sourire. C'est un peu comme si elle la retrouve.
-Voilà, murmure-t-elle, d'un ton affectueux. C'est bien ma Rhaps.
Elle lui prend une main pour la redresser et la fait tournoyer un coup, avant de rattraper son autre main et de planter, à nouveau, ses yeux dans les siens. Elle lui tend alors le foulard.
-Maintenant on va sortir, Rhaps, d'accord ?
Ce n'est pas vraiment une question. Elle ne le lui laisse pas le choix. Elle est habillée et maquillée. Maintenant il faut sortir. Pour qu'elle voit que le regard des gens n'a pas changé. Qu'elle reste cette belle Rhaps sur qui tout le monde se retourne pour l'admirer. Et non pour colporter des rumeurs et ricaner.
-On va faire une petite promenade. Toutes les deux. Avec Titou et Noisette. Pas longtemps.
Elle lui presse doucement la main en signe d'encouragement.
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| | | Les Compagnes Rhapsodie Épi-d'Or Messages : 1275 J'ai : 28 ans Je suis : Compagne en Cibella et Mage de l'Eté (prédiction) Feuille de personnageJ'ai fait allégeance à : La Guilde des Compagnes et à Gaëtane de La VolteMes autres visages: Aubrée & Octave | Sujet: Re: Confessions nocturnes Dim 24 Sep 2017 - 10:17 | |
| Aussi loin que Rhapsodie se souvienne, elle n’a jamais vu Abi mettre de robe volontairement. Les seules fois où elle a mis un vêtement plus long qu’une tunique, c’est toujours à cause de Rhaps, qui s’amusait parfois à l’habiller, la coiffer et la maquiller. Abi détestait ça, mais ces moments étaient généralement source de fous rires. Et aujourd’hui, elles inversent les rôles. Ça lui fait bizarre, à la jeune Compagne, de voir Abigaïl fouiner dans sa garde-robe à la recherche de quoi l’habiller, même si c’est elle qui lui a demandé. En même temps, elle ne se sentait pas capable de le faire elle-même.
Rapidement, son amie se décide pour une robe simple, rose pastel, aux manches longues. Une de ses plus anciennes robes. Peut-être n’était-elle-même pas Compagne encore, quand elle l’a achetée. Ou peut-être l’a-t-elle reçue en cadeau, elle ne sait plus… En tout cas, elle pense qu’elle n’aurait pas mieux choisi. Et il faut avouer qu’Abi ne se débrouille pas trop mal, en choisissant des chaussures blanches et un foulard blanc. La jeune femme s’empare de toutes les affaires, remerciant la rouquine d’un regard, avant de se glisser derrière le paravent.
Elle laisse tomber le châle et la longue robe au sol. Nue, elle s’inspecte une dernière fois du regard. Tous ces bleus, ces hématomes... Tous ces souvenirs de Lui. Elle serre les dents, avant de remarquer ce qui aurait dû la choquer plus tôt. Comme elle a maigri ! Déjà mince, elle pouvait maintenant deviner la forme de ses os sous sa peau claire. Grands dieux. Elle s’en rend compte maintenant, elle se laissait mourir à petit feu depuis. Et sans Noisette, sans sa présence, sans son soutien, peut-être que ce serait le cas. Qu’elle serait morte de faim, là, sur son lit. Alors, elle lance son esprit à la rencontre du sien. Merci. Le Familier ne répond pas de suite. Finalement, il semble comprendre. De rien. Et c’est avec une énergie nouvelle que la jeune femme enfile la robe et les chaussures, et retrouve Abigaïl de l’autre côté du paravent.
Rhapsodie se laisse conduire vers la coiffeuse. Et Abigaïl entreprend de la maquiller. Elle a compris, son amie, qu’elle voudrait de l’aide jusqu’au bout. Et qu’Abi le fasse, sans qu’elle lui demande, alors qu’elle a absolument horreur de ça… Elle lui en est reconnaissante, Rhaps, qu’elle prenne sur elle pour la rendre belle. Parce qu’elle en est sûre, le résultat sera là. Et même si Abigaïl est longue pour lui poser fond de teint et différents fards, ce n’est pas grave. Ce n’est pas important. Abi est là, elle s’occupe d’elle. C’est ça qui compte.
Finalement, la chevaucheuse se recule, et lui sourit, satisfaite de son travail. Un grand sourire, un sourire sincère, comme Rhaps n’en a pas fait depuis longtemps. Sourire qu’elle lui rend, après avoir vu dans la glace qu’Abi l’avait rendue belle à nouveau ; même l’hématome sur sa tempe semble avoir presque disparu. Son sourire n’est pas grand, immense et rieur. Mais au moins, il est vrai, et il est là. Elle qui pleure depuis si longtemps, elle sourit enfin, grâce à Abi. Abi, un rayon de soleil qui traverse la pluie. Jamais une métaphore n’a semblé aussi réaliste pour Rhaps. Et c’est aussi pour ça qu’elle sourit, peut-être.
Mais son sourire disparaît vite, quand Abi lui annonce qu’elles vont sortir. Là ? Maintenant ? C’est trop tôt, bien trop tôt. Elle n’est pas prête. Ils vont la voir. Peut-être qu’Il sera là, lui aussi, à la guetter… Sentant son trouble, Abi tente de la rassurer. Elles ne vont pas sortir longtemps. Et elle ne sera pas seule. Et surtout, elle n’a pas le choix. Et ça aurait été donner à faire à Abi tout ce qu’elle n’aime pas, pour rien, même si c’est déjà beaucoup. Alors, elle consent. Elle prend le voile et hoche tout doucement la tête. Et lui tenant la main, elle l’entraîne vers l’entrée de sa demeure, en saisissant au passage le sac dans lequel tout son nécessaire à écrire est glissé.
Titou et Noisette les attendent. Quand elle croise le regard de son Familier, le petit écureuil bondit du buffet sur lequel il était perché pour courir vers elle. Rhapsodie se penche et lui tend les mains, et l’animal grimpe agilement sur son épaule en remontant son bras pour se lover contre son cou. Ça fait du bien de te retrouver. Il a raison. Elle n’était pas elle-même, ces derniers jours. Et il est temps que ça change. Alors, elle regarde Abi dans les yeux, y puise l’inspiration et le courage nécessaire, et ouvre la porte d’entrée, direction l’extérieur.
Dernière édition par Rhapsodie Épi-d'Or le Sam 14 Oct 2017 - 10:36, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: Confessions nocturnes Ven 6 Oct 2017 - 14:52 | |
| La proposition, ou plutôt la décision, de la Chevaucheuse paraît plus accepté qu'elle ne le croyait. C'iest plutôt bon signe. Abigaïl est fière de son amie de toujours. Elle a l'impression de la revoir, de retrouver celle avec qui elle a partagé bien des souvenirs. Elle est frémissante, Abigaïl, alors qu'elle glisse son bras sous celui de Rhaps et ses yeux manquent de s'humidifier lorsqu'elle prend la décision d'ouvrir la porte d'elle-même. Un peu comme si elle prend la décision d'aller de l'avant, de regarder vers l'avenir. Elle va traîner son passé avec elle mais maintenant, il n'aura plus d'emprise sur elle. Il sera un traumatisme avec lequel elle va vivre, mais la Chevaucheuse a la conviction que à partir de maintenant, la situation évoluera positivement. Doucement, certes, mais positivement. Elle a confiance en son amie. Et surtout, elle ne compte pas la laisser tomber. Elle viendra tous les jours s'il le faut.
L'air est frais, le temps se prépare à une nuit douce. Le vent est plutôt agréable sur le visage et elles avancent lentement, prenant le temps, savourant le fait d'être ensemble toutes les deux. La nuit va bientôt tomber, déjà le soleil a quitté le ciel même si le jour continue de pointer doucement. Il fait assez clair pour qu'elles continuent d'y voir et les rues sont encore animées en cette fin d'après-midi. Les badauds rentrent chez eux, certains commerçant négocient leur dernière vente et d'autres profitent d'un moment autour d'une chopine dans les tavernes. Elle ne dit rien de spécial Abigaïl. L'heure est au silence et à la méditation. Les rues de La Volte sont propres et l'odeur du soir flotte dans l'air. Un moment agréable, presque enchanteur. Dans ce berceau de la magie, la rousse a l'impression de sentir son corps vibrer, un peu comme ses premiers jours à l'Académie. Ce souvenir lui arrache un sourire nostalgique.
-Tu te souviens de l'Académie, Rhaps ? murmure-t-elle au bout d'un moment, alors qu'elles continuent de marcher. On y a passé des bons moments. Une fois tu m'as dit que tu t'es déguisée en fantôme au début, tu te rappelles ?
Elle a beaucoup ri en s'imaginant la scène. Un drap blanc sur elle essayant de faire peur à la galerie. C'est l'époque où on l'embêtait à cause de son mutisme. Comme Abi, quand on l'embêtait parce qu'elle était différente. C'est sûrement cette solitude qui les a rapproché. Elle ne se souvient même plus qui à aborder qui en premier où les circonstances de leur rencontre. Un peu comme si elle n'avait pas besoin de s'en rappeler. Elle n'en a pas spécialement besoin, en effet. Le principal, c'est ce qu'elles ont maintenant.
-Et lorsque j'ai mis le feu aux rideaux de la salle de classe par inadvertance ?
Cette fois, elle n'a vraiment pas fait exprès. Elle a dû viser une cible mais elle a été distraite par le début d'une dispute entre deux de ses camarades et c'est finalement le rideau qui a pris. Puis il y a eu cette fois mémorable où elle a brûlé la robe et les cheveux de cette peste de Cielsombroise mais Rhaps n'était pas là. En revanche, elle en a entendu parlé et son professeur lui a fait une telle leçon de morale que la Chevaucheuse a bien cru s'endormir debout. Mais elle l'a mérité cette saleté de vipère.
-C'était un bon moment, soupire-t-elle.
Elle a pu s'échapper de chez elle et rencontrer Rhaps. Elles ont fait leur vie et les bizutages de leur passé sont devenus de lointains souvenirs. Et un jour, c'est ainsi que son amie percevra son accident. En tout cas, c'est ce qu'elle souhaite de tout son cœur. Ne dit-on pas que le temps efface les blessures ? Ça prendra le temps qu'il faudra, mais elle finira par y arriver. Elle lui fait confiance. |
| | | Les Compagnes Rhapsodie Épi-d'Or Messages : 1275 J'ai : 28 ans Je suis : Compagne en Cibella et Mage de l'Eté (prédiction) Feuille de personnageJ'ai fait allégeance à : La Guilde des Compagnes et à Gaëtane de La VolteMes autres visages: Aubrée & Octave | Sujet: Re: Confessions nocturnes Sam 14 Oct 2017 - 10:43 | |
| L’air frais sur sa peau, les derniers rayons de soleil, la calme agitation des rues le soir… Autant de choses qui lui ont manqué pendant des jours. Et ça lui fait du bien. Abi avait raison. Ni l’une, ni l’autre ne souhaite entamer la conversation – n’en ressent pas le besoin. Elles profitent simplement de la présence de l’autre. Rhapsodie en oublierait presque ce qui s’est passé, quelques jours plus tôt. Presque. Rien que de remuer légèrement ce souvenir lui fiche une boule dans la gorge, et une furieuse envie de faire demi-tour en courant pour retourner s’enfermer chez elle. Rhaps, tout va bien. Encore une fois, c’est son Familier qui la ramène à la réalité. Il a raison. Il n’y a aucune menace. Il ne l’attendait pas au coin de sa rue, Il ne la suit pas, Il ne se montre pas. Et les gens autour d’elle ne se retournent pas sur son passage, continuant leur vie tranquille, sans se soucier d’elle. Peut-être qu’ils ont raison, après tout. Peut-être que tout est terminé.
Finalement, au bout de quelques minutes de marche, Abi rompt leur silence par un murmure. Elle acquiesce. Oui, elle se souvient de l’Académie. Elle se souvient des bons et des moins bons moments, de ses cours, de Liry, des pestes, de Lancelot. De Melbren. Elle se rappelle les fous rires plus ou moins discrets en classe, elle se souvient des félicitations des professeurs, de sa chambre, des tours étincelantes de l’Académie, de sa joie la première fois qu’elle a invoqué toute seule un élémentaire de Feu. L’Académie a été sa vie pendant cinq années, et l’ont aidée à passer du statut de jeune adolescente insignifiante à adulte accomplie. Alors, elle se souvient des bons moments. Un mince sourire transparaît sur ses lèvres quand Abigaïl évoque son déguisement de fantôme.
Elle hoche doucement la tête. Elle s’en rappelle. C’est un moyen que Liry et elle ont trouvé pour pouvoir faire face aux demoiselles qui leur voulaient du mal. Elle se souvient avoir découpé un drap, rien que pour ça, et de la manière dont elle s’est fait sa première amie. Par contre, elle ne se souvient plus si c’était elle qui s’était cachée sous le drap. Peut-être. J’aurais bien aimé voir ça. Oh, crois-moi, ce n’était pas grand-chose. Tu pourras me montrer ça, un jour ? Toi déguisée en fantôme. Non. Sa réponse est teintée d’un léger amusement. Visiblement fier d’avoir suscité un sentiment pareil chez sa Mage, le petit écureuil se détache de son épaule et bondit au sol, pour aller retrouver Titou et jouer avec lui.
A l’évocation du deuxième souvenir, la tête de Rhapsodie se penche. Oui, ça aussi, ça lui parle. De toute façon, Abi était une catastrophe ambulante. Et fière, avec ça. Elle se remémore aisément le récit qu’elle lui a fait de son altercation avec la brune Séverine, et de la leçon de morale qui a suivi avec ça. C’est vrai que la rouquine avait dépassé les bornes. En même temps, la jeune fille l’avait bien mérité. Rhapsodie se souvient de sa tendance à se sentir supérieure à tout. Elle l’avait même approchée, pensant qu’elle pourrait se faire de Rhapsodie une alliée. Mais dès qu’elle s’est rendue compte qu’elle ne parlait pas, elle s’est éloignée dégoûtée. Et apparemment, elle aurait été à l’origine de quelques rumeurs visant à ternir la réputation de la Cibellane, donc l’intervention d’Abigaïl, quoique radicale, n’aurait été que justice.
Elle soupire doucement, se rappelant ces années plus ou moins douces. Quand il n’y avait pas la guerre, quand elle était encore un peu une enfant innocente. Décidément, le passé est un lieu réconfortant, pour elle. Mais le futur… En tant que Mage de la Prédiction, elle le sait. Le futur est incertain, et il se modifie en fonction de chaque événement. Rien n’est sûr, dans l’avenir. Et ce qu’elle fera dans les prochains jours lui est totalement inconnu. Parce que maintenant, que va-t-elle devoir faire ? Rien que par rapport à son métier. Elle aime ce qu’il lui apporte, et l’idée qu’elle peut se rendre utile à d’autres. Et elle ne veut pas tout abandonner, et tout recommencer à zéro, elle n’en aura pas le courage. Mais sera-t-elle capable de laisser à nouveau des hommes la toucher, maintenant ? Elle ne le sait pas. Et que devra-t-elle dire, à la Dame de Cibella ? Quoi qu’en dise Abigaïl, elle ne veut pas tout lui dévoiler. Elle ne veut pas fondre en larmes devant quelqu’un d’autre qu’Abi ou sa mère. Sa mère… Elle ne sait même pas où elle se trouve en se moment. Est-elle à La Volte, ou ailleurs, à chanter pour de grands nobles ? Elle ne lui a pas donné de nouvelles. Peut-être s’inquiète-t-elle, même… Un soupir lui échappe, plus las que le précédent. Elle entraîne Abi vers un banc, avant de sortir son carnet de son sac et de quoi écrire.
Que dois-je faire maintenant ? Je ne veux pas en parler à personne d’autre que toi. Les rumeurs vont vite, et Il serait rapidement mis au courant. Il me retrouverait. Je ne veux pas Abi. Je ne veux pas. Je ne sait pas quoi faire. Je ne peux pas retourner à la Maison comme ça. Ma Dame me croit malade. Et c’est vrai, dans un sens. Je souffre Abi, mais je ne sais pas quoi faire.
Les mots sont là, couchés sur la papier. Elle les a laissés filer, comme ils venaient, et tant pis si tout parait surfait ou décousu. Il faut qu’Abi le sache, tout ça. Il faut qu’elle l’aide. |
| | | | Sujet: Re: Confessions nocturnes Dim 22 Oct 2017 - 15:26 | |
| Elle est bien là, Abigaïl. Elle est bien avec Rhapsodie. Se promenant dans les ruelles de la Volte, goûtant à cette odeur si particulière du soir, savourant cette petite bise fraîche qui vient de temps à autre faire danser ses cheveux. Le temps peut s'arrêter, elle est juste bien là, avec Rhaps, à ressasser leurs souvenirs. On peut presque oublier les véritables raisons de leur présence ici. Et ce qui les a conduit ici. Presque. Abi le sait. Même si Rhaps s'est habillée, pomponnée et sortie de nouveau, l'ombre de son traumatisme la suit pas à pas. Une ombre qui restera encore un moment, que seul le temps parviendra à estomper. Abi, elle, ne peut rien faire pour ça. Et ça la rend folle. Elle prendra toutes les blessures de Rhapsodie si elle le pouvait. Mais elle ne peut pas. Il n'y a que Rhaps qui peut se sauver. Tout ce qu'elle peut faire, c'est l'aider, l'épauler, la seconder.
Et sûrement en a-t-elle besoin, la Cibellane, car elle ne met guère longtemps à l'attirer vers un banc. La nuit s'allonge, les passants désertent les rues. Les souvenirs refluent, la réalité se mue en songe. Et, une fois encore, alors qu'elles sont seules sur l'un des beaux bancs blancs des rues de La Volte, capitale aux milles merveilles, Rhapsodie lui ouvre de nouveau son cœur. Ses doigts fins et agiles esquissent fébrilement des lettres sur ce carnet qu'elle ne quitte jamais, où la jeune femme soumet toutes les hantises qui l'habitent. Abigaïl ne peut que la comprendre, que sentir les tourments de son âme. Peut-être partagera-elle les mêmes si quelqu'un ose un jour s'en prendre à elle de cette façon. Et peut-être qu'elle aura aussi besoin de Rhapsodie à ses côtés pour s'en sortir. Elle a la gorge serrée, la Chevaucheuse, alors que ses yeux lisent les lignes douloureuses de la vie de sa meilleure amie. Incapable de dire quoique ce soit, elle se contente de passer un bras autour de ses épaules et de la presser un peu contre elle, comme si elle espère chasser quelques-unes de ses peurs. Elle souffre aussi, Abigaïl. Pleure pour son amie, compatit à sa douleur et sent la rage gronder dans chaque fibre de son être. Elle ne sait pas si ce qu'elle dira rassurera son cœur tourmenté, mais en tout cas, Abi est sûre que ses mots apaiseront le sien. Peut-être est-ce égoïste mais tout comme Rhaps a longtemps été l'âme, les mots et le cœur, Abi sera sa force, son épaule et l'épée. C'est en pensant à Rhaps, en espérant qu'elle y assiste à travers ses yeux qu'elle accomplira ce qui doit être accompli.
-Je te l'ai dit Rhaps, murmure-t-elle d'une voix ferme et inébranlable, je vais le tuer. Tu vas me dire qui il est, je le traquerai, je le trouverai et je le tuerai. Ce sera mon présent pour Sithis et je t'offre la liberté de ne plus jamais avoir peur de son ombre.
Elle s'étrangle à moitié en disant ces derniers mots. Elle n'a jamais tué de sang-froid, Abigaïl. Oh, ça lui est déjà arrivé, en voulant se défendre notamment. Mais poursuivre quelqu'un dans l'unique but de lui donner la mort... non, elle ne l'a jamais fait. Y parviendra-t-elle ? Elle n'a qu'à regarder Rhapsodie pour en être sûre. Tu es sûre de toi là ? Oui. Elle sent l'inquiétude grandissante de Titou mais il n'insiste pas et elle lui en est reconnaissante. Elle ne veut pas s'étendre sur le sujet maintenant, où seul Rhapsodie compte vraiment. De nouveau, elle se défait de l'étreinte, la prend par les épaules et la tourne doucement vers elle pour lui faire face :
-Toi, tu vas aller voir ta Dame et lui révéler la vérité. Ce sera pas évident mais elle ne se moquera pas de toi, ne te critiquera pas et ne sera pas dégoûtée. Elle veillera plus sur toi et te protégera s'il le faut. Mais si tu lui dis rien Rhaps, si tu te tais, tu vas te faire renvoyer non ? Et comment pourra-t-elle s'occuper de toi si tu t'enfermes ?
Cela lui va bien de dire ça, elle qui ne dit jamais rien à personne. Enfin si, à quelqu'un. Et chaque fois qu'elle parle à Rhaps, c'est comme un fardeau qui s'ôte de ses épaules. Elle ne comprend pas grand chose à ce que Rhapsodie traverse, mais au moins, elle comprend ce sentiment. Elle s'y connaît un peu avec le métier de Compagne parce que Rhaps lui en a beaucoup dit. Comme Abi avec sa profession de Chevaucheuse. Elle l'a même faite monter sur Royale. Plusieurs fois. Et elle sait que si son amie de toujours doit aussi perdre son travail... par Aura, elle préfère ne pas y penser.
-Il n'y a que toi pour te sortir de là. Les seules choses que je sais c'est que je serai toujours, mais vraiment toujours, à tes côtés. Et que si tu te laisses aller, alors il aura vraiment gagner.
Sa main vient caresser doucement sa joue, alors qu'un doux sourire bienveillant vient éclaire son visage, l'espace de quelques instants :
-Tu n'es pas toute seule. |
| | | Les Compagnes Rhapsodie Épi-d'Or Messages : 1275 J'ai : 28 ans Je suis : Compagne en Cibella et Mage de l'Eté (prédiction) Feuille de personnageJ'ai fait allégeance à : La Guilde des Compagnes et à Gaëtane de La VolteMes autres visages: Aubrée & Octave | Sujet: Re: Confessions nocturnes Mar 24 Oct 2017 - 12:50 | |
| Abi lui promet à nouveau qu’elle le tuera. Pour la deuxième fois. Ce n’étaient pas des paroles en l’air, la première fois, c’est certain. Elle y croit vraiment. Elle est en colère, Abigaïl, et elle est bien décidée à lui faire payer son crime. Et Rhapsodie hoche la tête. Elle approuve ses paroles. Oh, c’est bien égoïste de sa part, que d’envoyer son amie le tuer pour elle. Oter la vie de quelqu’un. Qui lui a fait du mal, certes, et qui ne la touchera plus jamais. Finalement, ce n’est pas qu’il meure, qui inquiète la jolie Cibellane. C’est qu’elle enverrait son amie l’affronter, à lui. Son amie qui n’est pas un assassin, qui ne tue pas par plaisir non plus. Elle sera peut-être hantée par son geste pendant des jours. Peut-elle lui infliger cela ? Ne ferait-elle pas mieux de déposer un contrat sur la tête de ce Théophile, et laisser des assassins expérimentés s’en charger, quitte à dépenser un millier de fleurons ? Non, non. La rouquine a l’air sûre d’elle. Elle veut sa vengeance, par elle-même. Et Rhapsodie a envie de la croire, quand elle lui dit qu’elle n’aura plus jamais peur de lui. Alors elle se blottit contre elle, profitant de son étreinte, s’efforçant de ne pas fondre en larmes de nouveau, pour ne pas se donner en spectacle dans la rue, et ruiner le travail de maquilleuse d’Abi au passage.
Elle se laisse faire, quand Abi se détache de l’étreinte pour la faire pivoter légèrement vers elle. Rhapsodie la regarde bien en face, mais dès les premiers mots, elle s’agite légèrement, mal à l’aise, et laisse fuir son regard vers un point imaginaire, quelque part par terre. Non. Ça elle ne veut pas. Elle ne veut pas en parler à la Dame. Elle l’a écrit, pourtant, qu’elle ne voulait en parler à personne. Mais Abi touche du doigt un point particulièrement important, auquel Rhapsodie s’est interdit de penser. Son métier de Compagne. Elle a bien envoyé un mot à Madame de Cibella, lui expliquant qu’elle était malade. Mais ce n’est qu’une solution provisoire, un sursis qu’elle s’est accordée. Mais elle sait qu’elle devra faire un choix, bientôt. D’autant plus qu’elle ignore si elle sera capable de continuer. Continuer de voir des hommes, déjà connus ou non, continuer de leur fournir une compagnie agréable, de sourire, de jouer, de prédire pour eux. De possiblement coucher avec eux. Tout le problème est là. Elle ne sait pas si elle veut continuer, de faire comme si de rien n’était, comme si personne n’avait jamais forcé son intimité. Et pourtant, Rhapsodie aime son métier. Elle aime la liberté qu’il lui offre, les rencontres qu’il lui permet de faire, la passion de la musique qu’il lui permet de partager. Et elle ne se voit pas tout laisser, tout abandonner. Pour quoi faire, ensuite ? Elle ne sait rien faire, à part de la musique. Et une ménestrelle muette, cela ne s’est jamais vu. Non, elle doit continuer. Il existe peut-être des solutions. Elle peut demander à ne voir que des clients en qui elle a entièrement confiance. Refuser tout service charnel. Mais pour cela, elle devra se justifier. Donc en parler avec la Dame. Et tout le monde pourra deviner son malheur. Cruel dilemme.
Elle ne répond rien à Abi. Elle devinera qu’elle a compris ce qu’elle voulait dire, et qu’elle réfléchit aux conséquences de ses actes. Et que dans un sens, elle admet que la Chevaucheuse a raison. Elle doit s’en sortir seule. Avec de l’aide, elle n’est pas isolée, mais seule. Et il faut qu’elle prenne une décision. Pour ne pas qu’elle se laisse mourir, pour ne pas qu’il gagne. Il faut qu’il perde. Elle a raison. Il faut qu’elle agisse. Il faut qu’Abi le tue. Elle s’est décidée. Elle écrit encore, à la suite, dans son carnet.
Tu as raison. J’irai voir ma Dame. Mais je voudrais que tu sois avec moi. Je ne veux pas le lui dire seule. Je n’en serais pas capable seule.
C’est sûr. Elle se voit déjà, devant la Maison, tremblante, indécise, puis tourner les talons et rentrer chez elle en courant, sans aide. Et moi alors ? Elle baisse les yeux vers Noisette, qui la regarde, l’air boudeur. C’est vrai ; il y a Noisette, et elle a tendance à un peu trop le laisser de côté en ce moment. Mais s’il partage son esprit, il n’a pas la force physique nécessaire pour l’empêcher de rebrousser chemin. Alors qu’elle imagine parfaitement Abi la traîner jusqu’au bureau, l’assoir de force sur la chaise, et même parler pour elle, si jamais elle venait à vouloir se défiler.
S’il te plaît. Mais je voudrais qu’il soit mort avant que je n’y retourne, tu vois ?
Elle veut être certaine qu’elle ne risque plus rien du tout, de sa part, du moins. Ce n’est pas un ordre, une manière de lui dire de se dépêcher d’aller le tuer, parce que ce serait tout de même un peu rude de sa part. |
| | | | Sujet: Re: Confessions nocturnes Jeu 9 Nov 2017 - 22:46 | |
| Elle l'a su dès qu'elle a commencé à mettre le doigt dessus, que cela ne plairait pas à son amie. Elle a très bien vu, Abi, le voile de tristesse qui a envahi un instant son regard et une vague de panique submerger un court instant les doux traits de son visage si gracieux. Oh si seulement elle peut alléger sa peine, prendre le poids de ce fardeau sur ses épaules et rendre elle-même des comptes à sa Dame. Mais il n'en est pas ainsi. Abigaïl doit rendre des comptes à son capitaine et elle ne pourra jamais la laisser dans l'ignorance. Elle voudra savoir ce qui arrive à sa Chevaucheuse, ce qui est bien normal. Il en est de même pour Rhapsodie. Sa Dame doit connaître la vérité pour l'aider ensuite au mieux et peut-être mettre en place quelques mesures de sécurité jusqu'à ce que sa Compagne reprenne de l'assurance. Mais les propos de la Chevaucheuse font leur petit bout de chemin dans la tête de la Cibellane. Elle sait déjà qu'elle médite sur les propositions d'Abigaïl qui, au fond, ne sont pas vraiment des propositions. Titou, lui aussi, semble attentif, comme hypnotisé sur la réponse de Rhaps. D'ailleurs, c'est comme si le temps lui même s'est arrêté, retenant son souffle. Il ne reste que peu de mondes, dans le coin où elles se sont isolés et seuls quelques bruits lointains se perçoivent dans le silence, plus comme un murmure, un souffle dans l'air paraît presque inexistant.
Puis, alors que le monde semble sur le point d'exploser par cette attente, Rhapsodie sort son cahier. Et Abigaïl pousse un petit soupir. Elle-même ne s'est pas rendue compte qu'elle s'est arrêtée de respirer. Elle a redouté l'effrayer, l'enfermer plus encore dans la terreur abyssale de son traumatisme. Mais Rhaps est forte. Sa Rhapsodie. Elle ne se laisse pas aller et elle se montrera plus maligne et plus forte. La Chevaucheuse n'a aucun doute là-dessus. Rhaps a cette apparence fragile qui cache une force qui surpasse de loin la sienne. Elle est la preuve même qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Lorsqu'elle lit les lignes si joliment tracées de sa main experte, Abigaïl pousse un réel soupire de soulagement et lui dédie un large sourire. Elle lui prend les mains dans les siennes et les presse très fort.
-Avec plaisir Rhaps. Je t'accompagnerai partout où tu le voudras.
Elle n'est pas sûre de savoir quoi dire exactement à la Dame de Rhapsodie mais si son amie a besoin d'elle, alors elle sera présente. Aussi souvent et longtemps qu'elle en aura besoin. Les dernières lignes écrites la plongent néanmoins dans une paralysie glacée. Son corps semble se refroidir sur place alors que son cœur tombe dans sa poitrine. Ses traits se crispent, sa posture se raidit et son sourire se transforme malgré elle en grimace. Avec tout ça, elle l'a oubliée. Mais elle l'a promis à Rhaps. Et Abigaïl ne peut s'imaginer la voir vivre dans le même monde que le monstre qui lui a fait ça. Non. Il est hors de question de le laisser vivre. Il lui suffit de s'imaginer ce gueux poser ses mains sur le corps de Rhaps... oh qu'elle le hait. Mais qu'elle le hait ! Alors elle hoche sa tête et presse ses mains plus fort encore, lui faisant la promesse silencieuse mais solennelle qu'elle y veillera. Elle partira dès qu'elle peut, le cherchera et le tuera. Pour apaiser sa rage, pour promettre à Rhaps que plus personne ne posera jamais les mains sur elle contre son gré. Pour mettre un point final à cette histoire en espérant qu'il clôt définitivement ce chapitre de sa vie. Abi tu es sûre que... Mais Abigaïl balaye les inquiétudes de Titou d'un geste. Elle ressent très bien son hésitation, son anxiété et une certaine panique. Abigaïl le comprend, elle partage un peu la même chose. Elle a déjà tué, mais dans le cadre de la légitime défense. Là c'est autre chose. C'est une traque, une chasse, une mise à mort. Elle ne lui laissera aucune chance de survie et cet acte risque de la transformer à vie. Surtout après... après... elle n'ose même pas y songer... cette trame alternée. Où elle était membre de la Confrérie Noire. Non. C'est une autre réalité. Inutile de commencer à s'imaginer que cette assassin et elle sont la même personne. Abigaïl ne compte pas réitérer ce geste. Mais c'est un acte de vengeance, pas un travail. Du moins, c'est ce que sa voix intérieure tente de la convaincre. Mais la voix de Titou... ou plutôt son esprit... elle y voit le reflet de sa propre inquiétude. Enfin, le moment n'est pas de penser à ça. Elle y pensera une fois seule. Ce moment, c'est pour Rhaps. Elle lui sourit. Plus franchement cette fois.
-Tu veux qu'on rentre ?
Le soleil est couché. La nuit tombe. Les lueurs de torches des devantures des façades sont allumées pour éclairer les quelques passants encore dans la rue. La journée a été riche en émotion. Pour elle surtout, mais pour Abigaïl aussi. Elle reviendra sûrement demain la voir. Mais après, elle va devoir la quitter. Elle a des choses à faire. Un homme à retrouver entre autre.
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| | | Les Compagnes Rhapsodie Épi-d'Or Messages : 1275 J'ai : 28 ans Je suis : Compagne en Cibella et Mage de l'Eté (prédiction) Feuille de personnageJ'ai fait allégeance à : La Guilde des Compagnes et à Gaëtane de La VolteMes autres visages: Aubrée & Octave | Sujet: Re: Confessions nocturnes Mer 13 Déc 2017 - 19:21 | |
| La présence d’Abi est rassurante. Presque galvanisante, même. Rhapsodie ne sait pas si c’est parce que c’est sa moitié, son double, qu’elle ressent cela, mais elle a l’impression de puiser en son amie toute l’énergie dont elle a besoin. Est-ce parce qu’elle est là qu’elle se sent mieux, presque… apaisée ? Presque. Elle s’efforce de ne plus penser à la manière dont il l’a touchée et violentée, cherchant à se débarrasser de ce souvenir douloureux. Mais l’après, la sensation qu’elle porte sur elle depuis des jours, cette impression de se sentir trahie, salie et idiote, elle ne passe pas. Elle est simplement mise en sourdine pour le moment, par Abigaïl et ses mots, comme à chaque fois qu’elle vient la récupérer en miettes. Qu’elle approuve ses écrits en lui disant qu’elle la suivra n’importe où la rassure. Peut-être ne voit-elle pas bien ce que Rhapsodie attend d’elle. Peut-être s’imagine-t-elle qu’elle veut lui donner un rôle particulier, dans ses explications. Mais Rhapsodie ne veut rien de compliqué d’elle : juste qu’elle l’empêche de s’enfuir, et qu’elle l’aide à s’exprimer, simplement par sa présence. Elle se rend compte qu’elle lui demande peut-être beaucoup ; qu’avec la guerre, elle n’a peut-être pas beaucoup de liberté de mouvement, et qu’elle la contraint plus qu’autre chose avec ses histoires. Peut-être même qu’elle se force pour elle… Et si elle devait apprendre ça, elle s’en voudrait beaucoup trop. Elle préférerait encore tout garder pour elle, et peut-être même… Mettre fin à ses jours, pour être certaine de ne plus poser de problèmes à personne. Rhaps, tu penses n’importe quoi, arrête. Le cœur de la Cibellane se serre. Elle se rend compte qu’elle va trop loin. Et puis, si elle se tue, si elle choisit cet acte si égoïste, au final… Elle tuera Noisette aussi, et ce n’est absolument pas envisageable. Elle ne peut pas imaginer de scénario plus triste. Non, résolument, elle ne fera jamais ça. Et puis, peut-être que cela peinerait encore plus ses amis ? Peut-être. Elle ne veut pas connaître la réponse à cette question. Par contre, l’attitude d’Abigaïl change, quand la jolie Cibellane évoque sa proposition de tout à l’heure. Comme si elle avait oublié, et que cette phrase couchée sur le papier lui rappelait un souvenir fort désagréable. Rhapsodie se demande si elle n’a pas fait une bêtise. Peut-être qu’Abi n’était pas sérieuse, tout à l’heure. Ou qu’elle l’était sur le moment, mais qu’elle a changé d’avis entre temps. Elle lève un regard inquiet vers elle. Elle ne voudrait pas la fâcher, ou lui imposer quelque chose d’aussi grave. Mais elle semble retrouver sa rage et sa colère contre lui, et hoche la tête en lui serrant les mains, doucement, pour lui promettre silencieusement qu’elle sera toujours là. Amies, à la vie, à la mort. La nuit tombe, et bientôt, elles n’y verront plus rien. Abigaïl lui propose de rentrer. Rhapsodie hoche la tête. Oui, rentrer. Elle est fatiguée. Et pourtant, elle n’a pas envie de dormir. Elle aimerait bien rester dehors, à sentir l’air frais lui caresser la peau et la lumière des deux lunes lui faire briller les cheveux. Mais en même temps, elle a tant de choses à faire. Aiguiller Abi, entre autres, vers le pire homme de tout Arven. Ecrire à Lucie, pour tout lui expliquer. Ranger un peu son chez-elle, pour essayer de vivre à nouveau. Mais avant, elle a quelque chose à lui demander. Alors, avant de se lever du petit banc, elle griffonne quelques lettres pour former une jolie phrase. J’aimerais que tu restes dormir avec moi, ce soir. Si ça ne te dérange pas. Comme quand elles étaient plus jeunes, et qu’elles déménageaient un matelas d’une chambre à l’autre, à l’Académie. Elle ne sait pas si elles avaient vraiment le droit de faire une telle chose, mais Rhapsodie se revoit étaler de nombreuses fois des couvertures et coussins au sol pour dormir près de la rouquine. Elle aimerait, ce soir, revivre quelque chose de similaire. Et cela faisait si longtemps qu’elles ne s’étaient pas vues. Et puis, Rhapsodie ne se leurre pas. Elle sait bien que si Abi s’en va trop tôt, sitôt la porte refermée derrière elle, la Cibellane fondra à nouveau en larmes, inconsolable. Autant retarder le plus possible ce moment. Lui prenant à nouveau la main, elle l’aide à se relever, pour l’entraîner vers sa maison. |
| | | | Sujet: Re: Confessions nocturnes Jeu 4 Jan 2018 - 20:57 | |
| La nuit continue d'éteindre son voile alors que, dans le ciel, les premiers enfants de Valda commencent à apparaître ici et là. L'air est frais, apportant la douceur nocturne, le calme apaisant et laissant places aux êtres nocturnes. L'heure est maintenant à la nuit douce et paisible, si mystérieuse et parfois roublarde. Abigaïl aime cette tournure, ce changement et l'ambiance qui naît dans le crépuscule. L'obscurité de la nuit rend la pâleur de Rhapsodie encore plus lumineuse, rendant son visage si semblable aux lunes. Peut-être en est-ce une. Cette douceur, ce mystère... la Cibellane pourrait passer pour une enfant de Valda sans soucis, tellement sa peau opaline et délicate, presque insaisissable. Mais rien de paisible ne transparaît sur ce beau visage. Si autrefois il l'était sans mal, aujourd'hui il n'est que troubles et effarements. De quoi fendre le cœur d'Abigaïl, si sensible aux états d'âme de son amie d'enfance. L'arrivée de cette nuit ne la plonge pas dans le même état que la Chevaucheuse, comme sil elle ouvrait de nouveau la porte à ses pires cauchemars. L'Outreventoise peut le comprendre. Elle lui paraît cependant plus apaisée que lorsqu'elle est arrivée plus tôt. Un point qui réconforte tout de même la Chevaucheuse. Rhaps utilise alors une fois encore son éternel carnet pour y griffonner rapidement quelques mots. Mots qui arrachent un large sourire à Abi, très franc cette fois. Elle ébouriffe les cheveux de Rhaps d'un geste affectueux.
-J'allais te le proposer ! Comme au bon vieux temps ?
Elle lui adresse un clin d’œil complice et rit joyeusement. Comme au temps de l'Académie, où l'une ou l'autre s'échappait de la chambre pour venir se faufiler dans le lit et raconter des histoires jusqu'à ce que le Niobé finisse par avoir raison d'elles. Des nuits bercées par les chuchotements d'Abi et du doux grattement de la plume sur les carnets de Rhaps. Des nuits de fous rires, de confidences et de secrets. Des nuits qui continuent d'accompagner ses souvenirs dans une mélodie nostalgique qui lui arrache parfois de doux sourires avant de s'endormir. Et des nuits qu'elle est heureuse de retrouver. Plus tard dans la nuit, peut-être qu'elle lui rédigera ce qu'elle sait de l'Autre. Mais en attendant, elles sont toutes les deux, la nuit est belle et Abi veut profiter de son amie jusqu'au bout. C'est Rhapsodie qui, cette fois, l'entraîne dans les rues, comme pressée de revivre également ces moments. La jolie rouquine la suit, l’œil brillant d'excitation, le cœur basculant de nouveau dans cette adolescence si chère à son cœur. Demain est un autre jour. Ce soir, elles seront de nouveau ensembles. Unies comme elles le sont depuis toujours. |
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