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 La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille

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Mélusine de Séverac
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Message Sujet: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptySam 7 Oct 2017 - 16:20


Livre II, Chapitre 6 • La Chasse Sauvage
Mélusine de Sylvamir & Hiémain de Sylvamir & Agathe Martel & Arsène Albe

La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille

Et quelle famille que celle de Sylvamir !





• Date : 21 novembre 1002
• Météo (optionnel) : L'hiver est là, il fait froid ce soir !
• Statut du RP : Privé
• Résumé : L'anniversaire d'Agathe réunit la famille de Sylvamir autour d'un bon dîner pour fêter ses dix-huit ans.
• Recensement :
Code:
• [b]21 novembre 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t2721-la-tendresse-et-le-ridicule-ont-parfois-un-air-de-famille#83166]La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille[/url] - [i]Mélusine de Sylvamir & Hiémain de Sylvamir & Agathe Martel & Arsène Albe[/i]
L'anniversaire d'Agathe réunit la famille de Sylvamir autour d'un bon dîner pour fêter ses dix-huit ans.

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Mélusine de Séverac
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptySam 7 Oct 2017 - 16:22

Il est rentré !
Enfin, après ces semaines de chagrin, la tour de Sylvamir a vu son maître revenir auprès des siens. Que dire de l’allégresse de Mélusine lorsque la silhouette de Hiémain s’est encadrée au seuil de la porte ? Que dire du soulagement intense, de l’émotion si violente qu’elle lui en a fauché les jambes, du flot d’angoisse enfin levé qui lui a coupé le souffle ? Comment décrire ce puissant sentiment d’appartenance, lorsqu’elle a reconnu ses traits familiers et s’est à nouveau sentie en sécurité aux côtés de son époux ? Il n’existe pas de mots pour qualifier l’intensité des sentiments qui ont secoué la part cielsombroise de son être, ni pour exprimer la profondeur de la passion toute erebienne qui s’est embrasée ensuite. Elle n’a donc pas tenté de parler ; et les quelques jours qui ont suivi ont vu le seigneur et la dame de Sylvamir très, vraiment très reclus dans leurs appartements. Oh, ils ont bien rendu quelques visites à bébé Meldred laissé aux bons soins d’Agathe – réunie avec son précieux Hallebarde – et veillé à ce qu’Arsène rentre chaque soir, correctement nourri et relativement propre, mais pour le reste, Mélusine et Hiémain ont mis tout leur cœur à honorer leurs retrouvailles avec tout le sérieux requis.

Il faut bien dire que l’absence du baron a lourdement pesé à la baronne – certes, le retour de Rhéa et Fantasme dans un coin de son esprit a calmé ses angoisses, et rassuré Mélusine par le biais de Stellaire sur la bonne santé de son mari. Brave Stellaire, qui a indiqué avec une extrême précision l’emplacement exact de Hiémain, pour que l’impatiente Cielsombroise lui expédie son mage des portails, avec cette très explicite consigne de faire ses valises dans la minute, et de surtout penser à emporter le hérisson. Oh, comme elle a attendu, impatiemment, le retour de son employé avec l’homme qu’elle l’a envoyé chercher ! Elle pensait devoir patienter des jours, le temps que Hiémain mette en ordre ses affaires et s’acquitte de ses responsabilités auprès de la couronne kyréenne – damnée Astrid, maudite soit-elle. Elle pensait devoir attendre encore, au moins une semaine – mais l’arrivée bien plus rapide de son mari l’a prise par surprise, et positivement enchantée. Une fois son corps rassasié, après ces mois sevré d’amour, et son âme réconfortée d’avoir retrouvé ce parfait époux qui sait si bien la tempérer, Mélusine a retrouvé sa flamboyance tapageuse coutumière.

Et la vie a repris son cours à Lorgol. La Cour des Miracles a reçu les rapports dus, quelques coups ont été montés ; l’entraînement d’Agathe a repris plus intensivement. Il y a eu des sorties également, des dîners et des bals et du théâtre et des promenades ; tandis que la famille réapprenait la vie ensemble. Et ce soir – ce soir, c’est une occasion particulière : Agathe a dix-huit ans ! Les deux époux en ont longuement discuté, reprenant au retour de Hiémain des débats entamés il y a déjà un moment. Quoi offrir, à la jeune apprentie de Mélusine, qui lui dise à quel point ils sont heureux de l’avoir avec eux, qui puisse lui exprimer combien elle est à sa place parmi leur famille ? Devant sa commode, la Voleuse met la touche finale à sa tenue – pour Agathe, elle a organisé un dîner tranquille avant le bal de la semaine suivante, planifié à la tour de Sinsarelle et pour lequel des invitations ont été envoyées à l’insu de la principale concernée, depuis des semaines déjà. Ce soir, il y aura juste la famille : bébé Meldred est couché, sous la vigilance de sa nourrice, mais Agathe et Arsène ont reçu consigne de s’apprêter pour célébrer ensemble la nouvelle année de la jeune fille.

Dans le haut miroir, le regard de Mélusine croise celui de Hiémain – sur une impulsion, elle se lève de son siège, abandonnant toute idée de rajouter des colifichets à sa coiffure, préférant enlacer son époux pour poser la tête sur son épaule. « Crois-tu qu’elle sera contente, dis ? »
De la fête tranquille entre eux, d’abord ; et du cadeau qu’ils ont préparé, ensuite.

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Hiémain de Sylvamir
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyMar 17 Oct 2017 - 0:07

Il n’a guère tardé, le baron de Sylvamir, lorsque le mage des portails de son épouse avait fait irruption au cœur de sa demeure kyréenne tout en apportant avec lui un message de Mélusine : reviens vite. Plus de deux mois qu’il attendait dans une terrible solitude un moyen de revenir à Lorgol auprès de son épouse et des enfants. L’épidémie qui avait ravagé Arven avait finalement pris fin, permettant aux mages de reprendre leurs activités et, de cette manière, permettre au baron de retourner auprès de son épouse. Le risque restait grand en Valkyrion, mais peu lui importait de quitter expressément les terres de sa naissance. Ses devoirs de Sénéchal, il ne les avait que trop accomplis au cours de ces mois passés, ruminants sa rage de voir tant d’injustice détruire des vies entières. Ni une ni deux, il avait préparé ses bagages et affaires en moins de deux jours et avait rejoins Mélusine à leur tour de Lorgol.

Oh comme ils avaient pris leur temps, les deux époux, pour consommer agréablement ces retrouvailles tant attendues. Des jours durant, ils s’étaient montrés absents et secrets, enfermés au cœur de leurs appartements pour profiter d’étreintes qui avaient fait languir leurs corps si longtemps, de bavardages et discussions importantes qui n’avaient pu être conclues avant leur terrible séparation à la fin du mois de juillet, et autres plaisirs qui les avaient maintenus loin des regards pendant un certain temps.

Puis la folle euphorie qui avait embrasé leurs cœurs au moment de leurs retrouvailles avait laissé place, après quelques jours, à la vie normale. Elle reprend son cours, comme le fleuve qui s’écoule tout en douceur. Oh comme cette existence là lui avait manqué. Comme il était heureux, le baron de Sylvamir, de retrouver son épouse et sa lumière solaire, son fils, petit trésor de sa vie, et Arsène et Agathe, tous deux membres de leur famille par le cœur. Même le retour tardif d’Obéron et Stellaire au creux de son esprit n’avait pu entacher le bonheur qui le caressait à chaque instant, maintenant qu’il était de retour à Lorgol en compagnie de ceux qui lui était le plus cher.

Et pourtant, entre les bals et les sorties, les allées et venues à la Cour des Miracles ou les instants partagés avec son épouse dans l’intimité, il a remarqué la tristesse de cette dernière, cachée sous un habile masque de bonheur. Mais il connaissait bien trop sa femme pour ne pas voir ce détail changé en elle. Il y avait comme une forme de résignation, sous l’amour qu’elle lui donnait, et si au début il s’était dit que ses perceptions s’étaient émoussées, Hiémain avait vite noté la persistance de cette ombre dans le regard de Mélusine. Une ombre qui ne cessait de croitre, formant un jumeau miroir dans son propre cœur. Il était inquiet. Inquiet de ne pas savoir d’où venait ce sentiment qu’il ne pouvait expliquer. Il s’était certainement passé bien des choses en son absence, mais par des sourires, sa chère épouse avait balayé le sujet et éclipsé les discussions pour aborder bien d’autres choses. Et même si elle brille, ce soir encore, belle et flamboyante dans cette tenue préparée pour l’occasion, il ne peut manquer de voir, toujours dans ce regard, la marque d’une résignation étrange. Pour autant, il n’en touche pas un mot et se prend à l’observer, sa chère Mélusine, dans un silence secret jusqu’à ce qu’elle le remarque dans le coin de son miroir. L’enlaçant amoureusement, il songe une seconde à toutes ces semaines où ils ont été séparé, espérant déceler un jour le mystère qui se cache dans ces jours qu’il n’avait pu partager avec elle. En l’instant néanmoins, les pensées sont éclipsées par la question de Mélusine, et un sourire - ce sourire qui n’est qu’à elle - vient ourler ses lèvres.

« J’en suis certain. Cette seule intention la touchera, crois moi. » Puis prenant les mains de son épouse, il enlaça doucement ses doigts avant de reprendre. « Elle a bien changé cette petite. Tout comme Arsène. »

Arsène, ce petit qui ressemblait tant à un enfant des Séverac, et à raison. Cet enfant qui depuis plus d’un an aujourd’hui faisait parti à part entière de cette famille, sans pouvoir hélas porter leur nom. Il l’aimait sincèrement, Hiémain, ce gamin téméraire et joueur, menteur et taquin, mais sensible malgré tout et incapable de lui cacher quelque chose. Et Agathe. Petite et timide Agathe qui n’était à l’origine que l’élève et la protégée de Mélusine, et qui en chemin avait conquis elle aussi le cœur de cette famille, s’y trouvant une place sans mal. Il ne le montrait que peu avec elle, moins familier avec cette petite venue de Bellifère qui avait cette manie, comme lui, de garder certaines distances, mais il l’aimait tout autant et il était heureux, ce soir, de fêter avec tous l’anniversaire de la jeune fille. Elle méritait bien un peu de joie et de bonheur dans un environnement chaleureux.

« On y va ? Ils vont nous attendre. » Dit-il en guidant son épouse vers l’entrée de la pièce, puis, juste avant qu’ils ne passent la porte, il lui prit les lèvres dans un baiser, murmurant dans un souffle un doux compliment débordant d’amour. « Tu es superbe. »
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Agathe de Vigdir
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyMar 17 Oct 2017 - 4:24


21 novembre 1002


Mon cher Arnaut,

Je sais que tu peineras à lire ce que je t’écris, que tu jureras quelques gros mots et que c’est la voisine qui finira par te faire la lecture. Je suis désolée d’exposer des voeux bien intimes aux oreilles indiscrètes, mais je sais que Madame Honorée ne répétera pas ce qu’elle aura lu pour toi.

Je te souhaite une année de paix. Non pas cette paix que tu n’affectionnes pas et qui t’éloignes de tes prouesses martiales si spectaculaires. Non, mon Arnaut. Pour cette année, pour l’année de tes dix-huit ans, je te souhaite d’être en paix avec toi-même, mais également avec ce qu’il reste des Martel. De la haine, je n’en ressens aucune pour Anthelme et toi. J’aimerais que tu arrives à accepter le choix d’Aubrée et celui de Grâce, de m’avoir déracinée bien sauvagement et de m’avoir éloignée de toi.

J’ai appris à être heureuse, même sans ta présence. J’ai appris tant de choses, tant d’histoires, tant de sentiments nouveaux, aussi, qu’il m’aurait été impossible de connaître en Bellifère! J’ai appris à te garder avec moi, dans un coin de ma mémoire et de mon coeur, et à ne pas t’oublier. Si j’ai appris toutes ces choses, Arnaut, tu y arriveras aussi, et bien mieux que moi.

Joyeux anniversaire.
Je t’aime, je t’aime.

Agathe

N.B. Madame Honorée, merci de votre discrétion.
Et pourriez-vous lui rappeler de ne pas tenter de m’enlever, s’il vous plaît.


Elle était prête depuis un siècle, Agathe, au moins! Quand on lui avait dit qu’il y aurait un repas pour son anniversaire, pour elle, pour fêter sa venue en Arven -rien de moins- avec son petit Arsène, Hiémain qu’elle adorait et Mélusine qu’elle adulait, s’en était trop. Elle avait demandé l’aide de Melbren, sitôt qu’elle en avait eu l’occasion, afin de courir les boutiques et choisir sa couturière favorite. La mignonne avait sélectionné elle-même la couleur du tissu. C’était une robe délicate et sobre, dans une jolie teinte de crème aux discrètes broderies roses en forme de fleurs. Le comble : elle avait déniché des rubans de cette même teinte de rose perlé deux ou trois boutiques plus loin. Elle avait fait boucler le bas de sa chevelure, coquette comme tout, pour retenir quelques mèches de ses petites merveilles de soie. Hallebarde en était serti, prêt lui aussi pour ce repas en famille. Elle n’était pas tout à fait certaine qu’un hérisson soit le bienvenu à table, mais comme il s’agissait de son anniversaire, Agathe avait décrété qu’il serait le bienvenu. Sur ses genoux. Loin de la table et des plats qui lui faisaient déjà envie.

Dans la terrible attente de cette soirée, la blondinette avait écrit une quantité non négligeable de brouillons jusqu’à être pleinement satisfaite du choix de ses mots. Elle avait écrit une lettre à son jumeau, qui lui aussi, elle l’espérait, vivait un joyeux événement pour marquer son anniversaire. Peut-être mangerait-il un repas copieux en compagnie d’Anthelme, à se remémorer d’anciennes histoires? Ou bien serait-il reçu chez une tante ou une cousine, à faire la fête avec la famille élargie? En cachetant la lettre qu’elle n’était pas certaine de vouloir envoyer, Agathe ferma les yeux fermement.

- Faites qu’il me revienne, Destin gentil, par la force de votre hasard. Faites qu’il me retrouve et qu’il me voit toujours aussi pure, douce Idril.

Elle avait retiré le sceau vierge d’empreinte pour observer la tache de cire rouge et lisse intacte, sur le papier plié. Si elle trouvait le courage de la lui envoyer, Agathe espérait que la lettre le retrouve heureux, bien loin des anniversaires qu’ils avaient déjà connu. Oh… Elle en avait vécu, des matinées plutôt agréables, pour son anniversaire. Une année, sa voisine, la vieille Honorée, l’avait reçue pour un déjeuner des plus gourmands. Agathe avait mangé tant de pâtisseries qu’elle en avait eu la nausée pendant deux journées. Mais ça en avait valu la peine! Les plats étaient délicieux : elle s’était donnée bien du mal, cette gentille femme. Il y avait aussi la tradition des pâtisseries à la noisette, avec son aînée, le matin de leur anniversaire respectif. Elles avaient même réussi à en trouver en Sombreciel, peu après leur enlèvement, pour souligner la naissance d’Aubrée. Arnaut ne l’oubliait jamais, et chaque nouvelle année, jusqu’à ce qu’elle commence à saigner, débutait par une longue étreinte entre les jumeaux. Mais un repas en son honneur, à elle seule, de la part de ces gens qu’elle estimait autant qu’elle aimait, c’était beaucoup. Elle était embarrassée de tant d’attention, autant qu’elle était reconnaissante et heureuse d’être la vedette, pour cette fois.

Hallebarde entre les mains, Agathe avait tendu l’oreille afin de s’assurer que Mélusine et Hiémain soient les premiers à descendre dans la grande pièce. Ça ne se faisait pas, d’être la première arrivée à son propre anniversaire. Alors elle traînait un peu les pieds, dans les escaliers, s’arrêtant régulièrement pour observer Lorgol et tenter d’analyser ce sentiment prenant de bonheur. La blondinette souhaitait s’en souvenir pour toute sa vie, de cette impression de plénitude. Elle avait dix-huit ans. Elle avait trouvé une place auprès de la Cour des Miracles. Elle était entourée de gens qu’elle aimait et qui l’aimaient. Elle était en vie, avec, dans le creux de ses mains et au fond de son âme, des projets merveilleux.

Sa frimousse exaltait la joie et la fébrilité, lorsqu’elle passa les portes ouvertes de la vaste pièce. Si heureuse, qu’elle affichait un sourire croqué à pleines dents. Si gênée de son émotion, qu’elle relevait son hérisson soigneusement paré pour distraire le couple de son excès de bonheur.
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Je suis : Le fils adoptif de Mélusine et Hiémain, protecteur auto-désigné de ses frères et soeurs.

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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyMar 17 Oct 2017 - 20:56

Peut-être qu'ils avaient oublié de fêter son anniversaire, mais il ne peut réellement leur en vouloir, pas vrai ? Pas après ce qu'il s'est passé, la mort de l'impératrice, la maladie des mages, la longue, longue absence de Hiémain. Et en ce jour de fête, celui des dix-huit ans d'Agathe, il est heureux pour elle Arsène, réellement. Un repas en famille, avec Mélusine qui a retrouvé son Hiémain, Agathe si heureuse d'avoir un jour à elle, il ne peut pas bouder et être jaloux, non ? Et puis, l'excitation d'Agathe est contagieuse, même si Arsène trouve ça stupide de rêver robes, paillettes et autres trucs de filles.

Alors il s'est éclipsé, ces derniers jours, malgré le froid mordant de Lorgol. Chaudement habillé, il n'a pas hésité à sortir tous les jours l'adolescent, renouant avec ses habitudes sur les pavés de la ville, retrouvant ses copains de la Cour des Miracles. Mais ce n'est pas pareil, et il le sait Arsène. Quelque chose à changer depuis qu'il n'est plus l'enfant des rues d'autrefois, et s'il ne sait pas exactement quoi, il sait que quelque chose a changé. Parce qu'il a grandi ? Parce qu'il est devenu le protégé de Mélusine, le grand admirateur de Hiémain ? Est-ce qu'on le considère différemment à cause de ça ? Il l'ignore Arsène, et la question implique trop de choses pour qu'il ne se montre réellement curieux. De toute façon, ce sont des pensées bien trop sombres à avoir en ce jour de fête. Il a même acheté un cadeau à Agathe, quelques uns de ces rubans qu'elle met dans les cheveux et qui la rende tellement jolie – même si Arsène refuse bien de le lui avouer.

Il les a entendu descendre, tous, et il a laissé le temps à la jeune fille du jour de faire son entrée. Vêtu d'une nouvelle chemise, apprêté tel un prince, Arsène attend aussi patiemment qu'il le peut, lissant ses cheveux dans le miroir, les disciplinant de son mieux. Ses cheveux ont poussé, et il hésite encore sur le look à adopter. Pas que ça soit important, hein… mais… peut-être un peu. Il a bien vu les regards des filles lors des bals auquel il a assisté, les joues rosies et les yeux brillants, qui balbutient quand il leur adresse la parole. Il devient grand, Arsène, et s'apprêter devient un tout petit peu plus important. Surtout que ce soir, il veut être beau. Pour Agathe.

Dernier regard dans le miroir, et l'enfant qui n'en est plus tout à fait un rejoint sa famille pour le dîner de ce soir. Sa famille, c'est bien ce qu'ils sont, non ? Tous réunis, sous le même toit. Mélusine est belle, ainsi habillée, et Agathe l'est tout autant. Ignorant la rougeur de ses joues du mieux qu'il le peut, Arsène enfile son sourire le plus espiègle pour s'adresser au hérisson d'Agathe. "Ca ne dure qu'un jour, son anniversaire. Elle te laissera tranquille après, tu verras." C'est ainsi que font les frères et sœurs, non ? ils se taquinent, mais s'aiment fort quand même.
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Mélusine de Séverac
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyMer 18 Oct 2017 - 16:51

Elle se sent belle, la baronne, dans le regard de son mari posé sur elle, et c’est avec un amour profond qu’elle lui rend son baiser. C’est bien parce que les enfants attendant qu’elle ne le retient pas là, juste pour elle – et puis, il faut bien l’admettre, elle a hâte de constater l’effet produit par les différents cadeaux que son époux l’a aidée à préparer. Qu’ils ont comploté, tous les deux, cherchant ce qui ferait le plus plaisir ! Comme ils se sont réjouis, de rassembler tout cela. Ravie, pleine d’une allégresse toute guillerette mais également d’un zeste d’appréhension, Mélusine descend l’escalier au bras de Hiémain, savourant sa présence qui comble presque pleinement les élans douloureux de son cœur. La salle de réception est apprêtée comme elle l’a demandé – oh, elle a passé des heures cat après-midi, à agencer la décoration et le moindre détail. La lumière est partout : des globes enchantés loués pour l’occasion flottent sous le plafond et répandent une chaude lueur éclairant les recoins de la pièce. Il y a des bougies, des chandeliers ; des fleurs et des vases et des guirlandes de pétales.

Agathe arrive ensuite, Hallebarde tout aussi apprêté qu’elle ; lâchant le bras de Hiémain sur un baiser tendre, Mélusine distribue une caresse au mignon petit animal, et une étreinte à Agathe – dans laquelle elle a tôt fait d’inclure Arsène lorsque l’adolescent passe à portée de son bras. Affectueusement, elle lisse une mèche rebelle sur le front du garçon, replace une boucle échappée des rubans de la jeune femme, son cœur débordant d’un excès de bonheur maternel quelque peu déplacé.

Le dîner est succulent.
Pour l’occasion, Mélusine a loué les services d’un chef réputé, venu de Bellifère avec sa famille il y a des années. Les plats sont savoureux, et à chaque nouvelle arrivée d’un mets, le couple offre un nouveau présent à la jeune fille. Arsène a été invité à offrir le sien en premier dès l’apéritif où tous ont bu à la santé de la reine du jour ; puis lorsque les amuses-bouche ont été servis, la jeunette a reçu un paquet « transmis par Melbren », contenant un exemplaire de poche du Petit Mirta Illustré, dédicacé par ses soins – « du coup, j’ai ajouté l’édition intégrale, si tu as besoin d’approfondir la question », précise la baronne d’un air taquin en déposant un paquet volumineux à côté de celui envoyé par son frère. Puis à l’entrée, Hiémain a déposé un parchemin roulé contenant une invitation « Pour le bal d’entrée dans le monde de la demoiselle Agathe, pupille de la marquise de Sinsarelle et de son époux, en leur Tour de Lorgol », pour la semaine suivante. Ensuite, le plat principal a vu l’arrivée d’un colis monumental aussi haut que la jeune femme – une fois déballé, il s’est avéré contenir trois robes de bal élégantes, taillées dans des tissus qui avaient attiré l’œil d’Agathe lors de ses sorties de magasinage avec Mélusine au cours du mois écoulé, cousues sur des patrons allant du très sage au très osé. Au fromage, un ensemble de quatre écrins a été disposé autour de l’assiette d’Agathe : la merveilleuse Astarté des Sables s’est montrée à la hauteur de son exceptionnelle réputation et a livré une parure discrète pour une jeune fille réservée, mais magnifique de délicatesse, composée d’un collier, de boucles d’oreilles, d’un bracelet et d’un anneau assortis, susceptibles de compléter tout aussi bien n’importe laquelle des trois tenues.

Pour le dessert, Mélusine a emprunté aux amis pirates de la Cour des Miracles la redoutable Touillette, qui a investi les cuisines de la Tour de Sylvamir avec son autorité coutumière et livré un magnifique gâteau à la noisette. Avec ce gâteau vient le dernier cadeau : une pochette de velours toute simple, nouée d’un ruban de soie. C’est le cadeau le plus significatif, aussi le couple l’a-t-il conservé pour la fin. « Ouvre-le ! » conseille Mélusine, d’un sourire, observant avec attention son apprentie en extirper ce qui ressemble à un tampon de bois.

C’est un sceau, en vérité – le sceau seigneurial aux armes de Vigdir, petit domaine frontalier de Sylvamir. Vigdir-des-Sorbets, dont la framboise est la spécialité, et où Mélusine a souvent mené sa troupe pour des excès sucrés lors de leurs séjours kyréens. Vigdir, tombé en déshérence l’année passée, et qu’elle a finalement réussi à racheter le mois dernier. À une heure de chevauchée à peine de Sylvamir – un domaine prospère et surtout, indépendant. Idéal pour une jeune évadée de Bellifère, non ? Et une façon d’offrir à Agathe un refuge près d’eux pour le moment où son apprentissage sera officiellement terminé, tant ils se sont attachés à elle.

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Hiémain de Sylvamir
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyLun 23 Oct 2017 - 23:59

L’événement pouvait paraître bien anodin, mais il n’en est pourtant rien dans la famille de Sylvamir. A peine descendent-ils rejoindre Agathe et Arsène que le baron note combien cette sensation lui avait manqué : une famille aimante et réunie. Ce qu’il n’avait jamais eu réellement, à l’exception de ses années merveilleuses vécues à Brenwyr et qui ne s’étaient jamais reproduites jusqu’à ce qu’il retrouve Mélusine. Comme ils ont l’air rayonnants, ces deux enfants qui ne sont pas les leurs, mais qu’importe, ils les aiment comme si c’était le cas. Ce soir, Agathe était à l’honneur, comme Arsène l’avait été l’année passée, lorsqu’ils lui avaient offert la petite Clochette, cette ponette qui faisait désormais son bonheur. Avait-il idée, le petit Arsène, combien il était désormais important dans cette famille ? Que sa présence enjouée et son caractère taquin rendaient le sourire à tous ceux qui l’aimaient ? Agathe n’était en fin de compte pas si différente et c’était pour la remercier d’être avec eux que lui et Mélusine avaient organisé ce moment rien que pour elle.

Le repas commence, et à chaque moment de celui-ci, un nouveau présent arrive entre les mains de la petite belliférienne. Les leurs comme ceux de la famille. En voyant défiler certains, il se souvient, Hiémain, des hésitations de Mélusine, et il sourit intérieurement à cela. A ton avis, que devrais-je lui prendre ? Les bijoux ou les robes ? -Et pourquoi pas les deux ? Avait-il répondu dans un sourire amusé, conscient qu’avec de telles recommandations, son épouse n’hésiterait pas à obéir immédiatement. Ce qu’elle avait fait, sans surprise.

Puis vint certainement le plus beau et le plus important des cadeaux qu’ils avaient tous deux convenus de lui offrir. Un sceau seigneurial caché dans un écrin de soie, qui portait bien plus de significations et qu’elle ne s’attendait surement pas à recevoir. Là où Mélusine insiste, fébrile et impatiente pour que sa petite protégée l’ouvre, Hiémain lui observa sereinement, guettant la réaction de la demoiselle qui ne serait pas sans les émouvoir tous un peu à leur manière. Et quand enfin la surprise fut passée (ou presque), le baron offrit quelques recommandations bienvenue qui sauraient peut-être calmer le cœur emballé de la jeune femme et rassurer ses doutes et craintes.

« Te voilà maîtresse de Vigdir. C’est un cadeau précieux Agathe, mais surtout un don qui appel à des devoirs. Ce document fait de toi la propriétaire terrienne de Vigdir, ce qui implique certes des privilèges, mais aussi des tâches qui t’incombent. Des gens attendront beaucoup de toi, pour gérer les terres et les aider si nécessaire. » Ce n’était certainement pas la partie la plus rassurante de ce cadeau. Ca ne l’était même pas du tout et Hiémain le savait pertinemment. Mais il tenait avant tout à mettre en garde la jeune Agathe sur ce qu’impliquait un titre et des terres. Il n’était pas question de créer une petite privilégiée qui extorquerait ses gens pour son bon plaisir. Bien sûr, pas une seule seconde il n’avait imaginé la petite belliférienne ainsi. D’un léger sourire, il continua d’un ton plus rassurant. « Bien entendu, nous n’allons pas te laisser seule dans cette affaire. Tu vas apprendre à gérer un domaine, Agathe, avec Mélusine. Elle restera à tes côtés jusqu’à ce qu’elle t’estime prête, en attendant, elle sera régente du domaine à ta place. Tu peux aussi, si tu le souhaites, déjà prendre le nom du domaine. » Il eut un regard pour son épouse. Ils avaient convenu qu’elle même était bien mieux placée pour s’occuper d’Agathe comme elle le faisait déjà dans la formation de voleur. Sa chère et tendre savait comment expliquer à la petite belliférienne les choses, et c’était là une bonne façon de donner à celle-ci une occasion de grandir et s’émanciper de son passé.
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyDim 29 Oct 2017 - 6:23

Elle aurait aimé lui ébouriffer ses cheveux soigneusement coiffés et couvrir sa tête de bisous volés, tant il lui était adorable et charmant, ce soir, Arsène. Plutôt que de se laisser aller à une pulsion toute maternelle pour ce petit homme en devenir qui lui servait de famille, elle avait roulé les yeux et avait fait claquer sa langue sur son palais. Dépitée mais amusée. Tss! Hallebarde avait l’habitude de souffrir des caprices de sa maîtresse. Et puis, même s’il était soigneusement emmêlé dans un nid de rubans délicats, il avait réussi à s’en extirper dès le repas commencé. Roulé en boule non loin des jupons de sa maîtresse, il rêvassait de prairies ou de paysages enneigés de Valkyrion. Les éclats de voix, là, en haut de cette table gigantesque, le tirait de temps à autre de son sommeil, mais jamais assez pour le faire fuir dans la pièce voisine.

Il y avait tant de choses à voir, à goûter, à sentir et apprécier, à cette soirée! Les avait-elle remercié de lui avoir préparé une salle de réception aussi remarquable? Au moins deux fois. Elle ne voulait pas insister, elle ne voulait pas leur dévoiler si brusquement combien elle était heureuse par une simple décoration. Mais… Mais les orbes lumineux! C’était l’une des choses les plus merveilleuses qu’elle n’ait jamais vu depuis sa naissance, Agathe en était environ certaine. Alors qu’ils se posèrent à table, l’apprentie cherchait le regard d’Arsène, en douce. Était-il aussi fasciné par ces sphères délicates qui dégageaient une lumière douce et feutrée? Et toutes ces fleurs! Alors qu’elle était née au creux de l’automne. Mélusine et Hiémain avaient trouvé des fleurs jolies en quantité pour parfumer la pièce entière. Et les guirlandes! Par trois fois, elle avait souligné à Mélusine combien les guirlandes de pétales étaient jolies, avant d’enfin consentir à prendre place à table. C’était la plus jolie journée de sa vie.

Elle qui ne s’attendait pas à tant, en voyant une salle décorée rien que pour elle, était émue devant le présent d’Arsène. Des rubans! Les sourcils froncés, la blondinette avait demandé la permission de se lever de table avant d’enlacer -probablement contre son gré- Arsène. Elle en profita pour distribuer enfin un baiser sur son front. Je savais bien que tu les aimais, mes rubans!, qu’elle lui avait murmuré à l’oreille au cœur de son étreinte. Qu’importe les joues rouges, qu’importe les regard amusés. Son petit Arsène, son adorable enfant perdu, avait pensé à elle pour son anniversaire. Il avait choisi des rubans en sachant qu’elle les appréciait…

Le repas qui suivit promettait quantité de bellifériennetés. Agathe en était à déguster l’un des amuses-bouche chargé de saveurs de son ancien chez-elle lorsque Mélusine fit glisser un petit paquet emballé d’un papier vif. Elle s’attendait à tout, réellement, sauf ça. La jeune femme avait ouvert la bouche sans comprendre, dans un premier temps, puis son expression interrogatif s’était mué en stupeur étranglée. Que.. Hein? Pourquoi? Qui?! Qui a osé? “Pour t’exercer à manier l’épée. -Melbren” Elle était cramoisie lorsque Mélusine déposa le tome intégral près d’elle, si et tant embarrassée qu’elle n’osait plus regarder sa tutrice et son époux, jusqu’au prochain service. Pour cette fois, la Belliférienne s’était contentée de murmurer un merci timide, du bout des lèvres, et de feinter un intérêt pour la demi-reliure luxueuse et les nerfs bien saillants au dos. Après tout… Elle avait elle-même demandé à sa tutrice de l’aider dans ce domaine. Agathe n’avait seulement pas imaginé qu’elle lui offrirait un ouvrage complet à table.

Elle se dérida à l’arrivée de l’entrée, intéressée par les nouvelles saveurs, mais aussi, il faut l’avouer, par les nouveaux présents. Ils n’allaient pas la laisser sur deux exemplaires du Petit Mirta illustré, tout de même! Sa mine avait changé du tout au tout : joyeuse et légère, elle avait accueilli l’idée d’un bal d’un petit applaudissement particulièrement enthousiaste. Un bal! Elle avait tenté de ne pas noyer la conversation, lors du repas principal, de ses innombrables questions quant à ce fameux bal.

- Les invitations sont déjà lancées? Et ils ont accepté? Pour moi? Est-ce qu’il y aura Melbren? Dois-je me trouver un cavalier? Oh… Mélusine… Que vais-je donc mettre? Il n’y a qu’une semaine, pour me trouver une robe.

Elle en était environ à ces questions lorsque la marquise, amusée, lui fit remarquer l’arrivée bien peu subtile d’un colis aussi grand qu’elle. Hallebarde avait couiné, lorsque sa maîtresse s’était redressée, les yeux ronds et les joues rouges de plaisir coupable, pour accueillir cette boîte immense. Les robes l’avaient laissée sans voix. Tant de beauté… Tant de cachotteries, tant d’attention, rien que pour elle! C’est aux parures discrètes et scintillantes qu’Agathe avait cru cette avalanche de présents terminés. Elle avait protesté que c’était beaucoup trop, écrasée par tous ce luxe et ces dépenses, tout cet amour, en quelque sorte, mais une main néanmoins posée sur le boîtier contenant la bague ciselée. Juste au cas où sa tutrice la prendrait au moins.

Les émotions étaient passées, et le gâteau à la noisette avait considérablement aidé. Pour la pochette de velours déposée devant elle, Agathe avait cru qu’un autre bijou s’y trouverait, ou encore quelques friandises. La blondinette avait lancé un regard interrogatif à la tablée en voyant l’objet, dans la paume de sa main.

Qu’est-ce que ça voulait dire? Un sceau..? Qu’est-ce que ça voulait dire? Elle le tournait, le retournait, observait les symboles qui s’y trouvaient sans toutefois en deviner l’origine. Qu’est-ce que ça voulait dire?

- ...Qu’est-ce que ça veut dire?

Sa voix tremblait, rien qu’un peu, comme si elle aussi hésitait devant la symbolique d’un pareil objet. Elle avait patienté que ce soit bien ce dont elle pensait, avant de renifler et d’offrir un spectacle d’un pathétisme des plus émouvants. Gênée par son émotion et par un cadeau aussi immense et fort de symboles, Agathe s’était empressée de rejoindre les bras de Mélusine pour pleurer son bonheur dans le creux de son épaule et la couvrir de plusieurs Merci, de quelques C’est trop..! Il fallut bien des câlins et des blagues sur le Petit Mirta pour la calmer et reprendre la suite du repas.

- Te voilà maîtresse de Vigdir. C’est un cadeau précieux Agathe, mais surtout un don qui appel à des devoirs. Ce document fait de toi la propriétaire terrienne de Vigdir, ce qui implique certes des privilèges, mais aussi des tâches qui t’incombent. Des gens attendront beaucoup de toi, pour gérer les terres et les aider si nécessaire.
- Je… Je comprends, oui.

Elle n’était pas prête à ça. Agathe Martel qui collectionnait les rubans. Agathe Martel qui écoutait aux portes. Il lui fallait être responsable, ou du moins, apprendre à l’être. La blondinette acquiescait encore les paroles de Hiémain, la bouille bien sérieuse, désormais. Depuis qu’elle était avec eux, depuis que Mélusine l’avait acceptée comme apprentie, Agathe avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour ne pas les décevoir. Il y avait quelque chose d’immensément bon et chaud à y être parvenue suffisamment pour mériter une telle considération, mais il était tout autant intimidant d’être devant pareilles responsabilités.

- Bien entendu, nous n’allons pas te laisser seule dans cette affaire. Tu vas apprendre à gérer un domaine, Agathe, avec Mélusine. Elle restera à tes côtés jusqu’à ce qu’elle t’estime prête, en attendant, elle sera régente du domaine à ta place. Tu peux aussi, si tu le souhaites, déjà prendre le nom du domaine.
- ..Vous m’avez fait peur, Hiémain. Je.. Je me voyais déjà dépassée.

Un rire petit et soulagé s’était échappé de ses lèvres, mêlé à une vague émotion qui était demeurée dans son coeur. Son enthousiasme lui était revenu, enfin, et c’est avec un sourire nouveau qu’elle avait acquiescé. Son museau s’était plissé sous un questionnement qui semblait la tarauder :

- J’aimerais avoir appris d’aussi jolis mots que vous, pour vous dire combien je suis heureuse. Au-delà d’un… D’un domaine, vous m’offrez un chez-moi. Elle s’était arrêtée quelques secondes. Ses yeux, humides, menaçaient une nouvelle vague d’émotions. Quand je suis arrivée ici, je disais à Aubrée combien j’avais peur. Ne pas être à la hauteur, puis me retrouver sans toît. Et désormais… Maintenant, jusqu’à ce soir, je m’inquiétais sur le après. J’avais peur de ne plus trouver d’endroit comme ici. Vous m’offrez d’être toujours près de vous… C’est…

Un haussement d’épaules définissait ce que ça pouvait représenter, pour Agathe. Elle secouait la tête, sans mot à offrir, sans qualificatif assez fort. D’une voix petite, elle reprit parole sur cet épineux problème de nom.

- Croyez-vous… Arsène, Mélusine.. Et vous aussi, Hiémain, croyez-vous qu’il soit préférable que je demande à Grâce? Elle ne s’est jamais.. Elle ne porte plus ce nom elle-même. ...Je crois que j’aimerais prendre le nom de Vigdir, oui. Je pourrai fermer le livre Martel pour en ouvrir un autre. Seriez-vous d’accord, vous, pour que je change mon nom?

Elle avait consulté chacun d’eux, du bout des yeux, en débutant par Arsène, puis Hiémain, pour terminer par Mélusine. Sa Mélusine. Oh… Agathe s’en voulait de parler de Grâce, de ramener un peu de ses origines douloureuses dans une soirée aussi parfaite. Mais au fond d’elle, la blondinette trouvait qu’il y avait déjà eu trop de douleur et des remords en quantité pour en ajouter un peu plus d’une maladresse de sa part.

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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyDim 29 Oct 2017 - 22:03

La salle de réception est magnifique, lumineuse, si chaude et si… Mélusine qu'Arsène n'a pas assez de ses deux yeux pour tout voir et tout appréhender. Son regard se promène sur les détails, si bien pensé, qui font de la salle et de la soirée quelque chose d'exceptionnel. Et tout l'est, en vérité : ils sont enfin réunis, Agathe fête son entrée dans le grand monde, oui, c'est autant d'occasions spéciales. Chacun des mets servis et des plus savoureux et à l'instar d'Agathe, Arsène s'émerveille des présents qu'elle reçoit. Oh, il fait semblant de rien, parce que des robes et des bijoux, ce n'est pas pour lui. Il est un garçon, un adolescent même, et ces fanfreluches ne l'intéressent guère, mais… c'est beau, quand même. Et si plein d'amour pour la jeune fille que le cœur d'Arsène se serre à chaque nouveau présent, tellement il est heureux pour la jeune fille. Pour Mélusine qui semble rayonner encore davantage que d'habitude ce soir, pour Hiémain si heureux et détendu, et pour Agathe, surtout Agathe. Parce qu'elle sait qu'elle est aimé, qu'elle fait partie de la famille. Comme lui. Parce que les époux Sylvamir ont fait tout ça pour elle, sans arrière-pensée, sans autre motivation que de lui montrer à quel point il l'aime.

Et il en est tout ému Arsène, parce qu'il sait ce que c'est. L'année dernière, quand il a reçu Clochette en cadeau, ce n'était pas le cadeau en lui-même qu'il a préféré – même s'il voue une admiration et un amour solide pour sa ponette depuis. Il s'est senti aimé, désiré, important. Entouré. Et Agathe mérite de le ressentir, ça aussi. Arsène a eu une famille, même si la Cour des Miracles reste un curieux concept de famille. Une maman adoptive pour veiller sur lui. Agathe, elle n'a jamais rien eu de tout ça. Elle mérite de l'avoir, et il est heureux, Arsène, de faire partie de ceux qui lui offre de se sentir aimé et entouré.

Et des preuves d'amour, elle en reçoit Agathe, des cadeaux aussi. Ses rubans à lui, tout d'abord, qui lui valent une étreinte joyeuse et un décoiffage en règle, qu'il supporte avec moult soupirs censé dissimulés la rougeur de ses joues devant l'attention d'Agathe. Le Petit Mirta, qui fait rougir Arsène d'autant plus. Peut-être pourra-t-il lui emprunter ? Pour savoir, un peu mieux, comment ça se passe : il a déjà été témoin – il a vécu à Lorgol après tout, et n'était pas un enfant très sage – mais le livre recèle surement des informations importantes. Une invitation à un bal, qu'Arsène espère pouvoir intégrer lui aussi. Il a déjà des admiratrices, il ne peut pas les décevoir non ? Des robes, des bijoux, des pâtisseries succulentes, auxquelles Arsène fait honneur. Il a rarement aussi bien mangé l'adolescent, et il étouffe un bâillement de contentement.

Le dernier cadeau pourtant le sort de sa torpeur et si Agathe se fait muette de ravissement avant de se confondre en remerciements, lui imagine déjà les chevauchées dans la neige pour aller visiter Agathe, les moments privilégiés qu'il pourra passer avec celle qu'il s'est mis, tout doucement, à considérer comme une grande sœur. Les responsabilités de la jeune femme, son implication, tout ça lui passe un peu au-dessus de la tête en vérité. Le petit discours d'Agathe le fait sourire et battre son cœur un peu plus fort : peut-on mourir d'un cœur qui déborde de tout l'amour qu'il constate, qu'il reçoit ? Il aimerait les enlacer, tous, mais refrène cet élan : c'est le jour d'Agathe. Sa soirée, à elle, et il ne veut pas que ce soit lui qu'on remarque. Il leur dira, plus tard, sans doute. Pour l'instant, c'est la jeune femme qui a des questionnements dans lesquels elle l'englobe, bien qu'il n'en sache strictement rien. Il connaît Grâce la Voltigeuse, pas la Grâce Maman d'Agathe qui a abandonné sa fille.

"Agathe de Vigdir, d'ici à ce que bébé Meldred arrive à le prononcer correctement, on se sera sans doute habitué." Plaisante Arsène, ne pouvant s'empêcher d'inclure bébé Meldred dans la conversation. Il est trop petit pour prendre une décision, mais il fait partie de la famille, bien plus qu'eux. Même si aux yeux de Hiémain et Mélusine, enfant recueilli ou non, cela ne semble guère avoir d'importance.
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyMar 31 Oct 2017 - 1:25

Le plaisir d’Agathe ravit le cœur de Mélusine, et la fantasque marquise observe avec une attention avide chacune des expressions qui défilent sur le délicat minois de sa protégée. Pour cet anniversaire si important, pour cette étape cruciale dans la vie de sa jeune apprentie, la baronne a voulu une fête grandiose, mais juste pour elle et ce noyau familial saugrenu mais étrangement fonctionnel qui s’est noué autour d’elle. Une petit fête de presque-famille, oui, dans un de ces très rares moments où Mélusine et Hiémain ne sont pas appelés par leurs charges respectives, et où Arsène ne court pas les rues, le nez à l’aventure. Un moment juste pour Agathe, une soirée pour lui faire plaisir, et lui montrer combien elle est aimée. La mine émerveillée de la petite valait bien l’affront de faire venir des fleurs importées de Lagrance – à un tarif prohibitif mais assurant la fraîcheur des délicats bouquets parfumés. Cela valait le coup de mobiliser un bataillon de porteurs, messagers, livreurs et cuisiniers ces derniers jours, dans la plus grande discrétion pour ne pas éveiller les soupçons de la reine du jour.

Le dîner avance, et la stupeur qui grandit sur les traits d’Agathe de plat en plat provoque régulièrement le rire de la baronne. Une vague de chaleur et de tendresse, aussi, lorsque son regard croise celui de Hiémain à l’autre bout de la table, tant leur amour passionnel s’est enrichi de celui très filial qu’ils vouent à ces oisillons tombés dans leur nid. Elle lui laisse librement cours, d’ailleurs, Agathe blottie dans ses bras avec le sceau de Vigdir lové au creux de sa paume, qui trempe de quelques larmes choquées son épaule. Doucement, Mélusine resserre les bras autour de la frêle silhouette toute chamboulée, berçant un instant la jeunette pantoise tandis que Hiémain explique paisiblement les tenants et les aboutissants de la nouvelle situation d’Agathe. Un sourire attendri ourle ses lèvres, tandis que la petite Belliférienne tente de trouver les mots pour déverser le trop-plein de son cœur éperdu ; et à sa question, Mélusine a une réponse toute trouvée. « Tu n’es pas obligée d’abandonner ton nom, Agathe, s’il est important pour toi d’être Martel. Sache simplement que, si tu préfères être de Vigdir, tu en as la possibilité. Tu peux sûrement en discuter avec ta mère ? Grâce sera certainement de bon conseil. » D’une main apaisante, la Voleuse caresse la joue de sa protégée, heureuse de lui montrer que la mère absente a tout de même sa place à la tablée.

Le dîner se termine ; et la famille prend place près de l’âtre, sur les confortables canapés du petit salon de réception, tandis qu’un délicat vin fruité léger est servi, accompagné de quelques sucreries. La conversation tourne autour du bal de la semaine prochaine, des potentiels cavaliers, une visite à Vigdir est planifiée ; puis, lorsque la minuit sonne, Mélusine toussote pour interrompre la discussion. « Agathe, chérie, maintenant que ta journée est finie, j’espère que ne nous en voudras pas de te voler un instant la vedette – nous avons un autre présent à remettre, qui a déjà trop attendu. » Elle adresse un clin d’œil à son apprentie, la baronne malicieuse, et tend une main impérieuse vers Arsène pour qu’il avance vers le canapé où elle est installée près de Hiémain. D’un geste plein d’affection, le cœur serré soudain, elle ébouriffe les cheveux du petit, avant de caresser sa joue avec une tendresse timide. « Est-ce que tu as vraiment cru, Arsène, que nous t’avions oublié… ? » Délicatement, elle exerce une légère poussée sur la petite main soudain crispée dans la sienne, lisant un abîme de questions dans le regard si clair que l’enfant pose sur elle.

Un instant, les yeux du baron croisent ceux de sa femme ; et dans le silence tombé d’un coup, un signal muet semble résonner entre eux.

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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyMer 13 Déc 2017 - 16:21

Il le voit bien, dans le regard de la petite Agathe, que ses mots ne sonnent pas dans le vent et que leur sens frappe durement la jeune fille devenue adulte. C’était ce que le baron espérait, générer cette crainte, faire prendre conscience que le cadeau fait n’était pas anodin, que ce n’était pas un jouet ou quelque chose de périssable. Que derrière cet objet, ce sceau à l’apparence trompeuse se cachait un véritable devoir et des vies qui dépendaient de bonnes décisions. Oui, cela avait pour but de la faire grandir, sans le moindre doute. Mais c’était aussi un précieux don qui donnait à cette petite Belliférienne émancipée un avenir et des espoirs, une liberté. C’était une reconnaissance que lui et Mélusine lui donnait, croyant en elle et désireux de la voir un jour s’envoler de ses propres ailes, comme ils l’espéreraient avec leurs propres enfants. Elle était un peu de cette famille, Agathe, plus qu’elle ne le croyait certainement, et elle méritait qu’on l’aime et qu’on lui fasse confiance avec grande sincérité.

« ..Vous m’avez fait peur, Hiémain. Je.. Je me voyais déjà dépassée.
C’est le but Agathe. Mais je ne doute pas que tu y arriveras. »

Après tout, s’il n’avait pas cru en elle à ce moment, il aurait depuis longtemps exprimé à sa chère et tendre épouse ses réticences à l’encontre de la demoiselle. Mais elle était vive, sous sa timidité. Et le manque de confiance qu’elle avait sur ses propres capacités et talents saurait être tôt ou tard amenuisée, voire éclipsée. L’émotion visible sur le visage d’Agathe adoucit plus encore l’air de Hiémain, toujours si sérieux et digne même dans ces moments si doux et en famille. Elle était si heureuse, cette petite demoiselle venue de loin, et de ça, le baron de Sylvamir en était tout aussi heureux. Et même si elle doutait encore et toujours, elle pouvait compter sur eux.

« Tu as le temps d’y songer de toute façon. »

Mélusine avait raison. Si Agathe désirait s’en entretenir avec sa mère, quand bien même n’avait-elle pas été là durant toute la vie de cette jeune fille, elle saurait au moins la rassurer et mettre les choses au clair à propos de cette affaire. Quel que soit son choix, du moment qu’il plaisait à Agathe, cela allait au baron.

Sur ces mots, le repas se termina doucement et la petite famille put quitter la table pour se rassembler devant la cheminée et continuer à bavarder en toute simplicité de choses et d’autre. L’heure avançait, avec le babillage sur le bal et ce qu’il conviendrait de faire pour Agathe, de quelle manière toute cette affaire allait s’organiser. Une simplicité qui réchauffait grandement le cœur de Hiémain qui avait pendant plus de deux mois été si seul, sans cette joie de vivre qui pulsait au plus profond de cette petite assemblée familiale. Et s’il écoutait plus qu’il ne conversait réellement, son regard bienveillant se portait sur chacun des membres de cette adorable famille. Sa famille qui lui avait tant manqué.

Minuit sonne et comme il en avait convenu avec Mélusine, la discussion s’arrête un instant, se décentre d’Agathe pour se tourner d’un coup d’un seul sur le jeune Arsène, assit au côté de Hiémain, et qui est loin… oh très loin de s’attendre au cadeau que le couple avait prévu pour lui. Il sait, le noble baron de Sylvamir, que c’est lui qui aurait à annoncer la nouvelle, et dans sa poche, le « cadeau » demeurait caché, mais prêt à sortir. Comme elle le rassure, sa chère Mélusine, si maternelle avec ce petit qu’ils aiment tous deux tendrement. Et quand enfin le signal est lancé d’un regard entendu, Hiémain se racla la gorge pour attirer l’attention d’Arsène vers lui, et se redressa un peu sur le canapé. Il fouilla alors dans sa poche intérieure et sortit un papier. Si précieux papier.

« J’espère que tu t’es bien entrainé à la lecture en mon absence. » Il taquina l’enfant d’un sourire en coin, avant de lui tendre le document. Il laissa un instant Arsène contempler et lire les mots sur le papier, peut-être un peu complexes, puis quand il jugea nécessaire de reprendre après une poignée de seconde, sa voix résonna. « Tu sais, Mélusine et moi te considérons comme un membre entier de notre famille, Arsène. Nous tenons beaucoup à toi et… ça fait longtemps que nous pensons à t’adopter. Alors voilà, nous officialisons les choses, même si tu es déjà un fils pour nous. »

Il ne le dirait ni ne le montrerait vraiment, mais Hiémain était ému de ses propres paroles et de la signification de ce présent qu’ils faisaient, lui et Mélusine, à Arsène. Bien sûr qu’il n’y avait pas besoin d’un papier pour considérer ce petit comme leur enfant, c’était d’ores et déjà le cas. Mais ils avaient voulu faire plus, ils voulaient promettre à ce petit un avenir, un nom, lui donner une chance et l’aimer plus férocement que jamais. « Ah ! Et j’ai autre chose pour toi aussi. » Il prit dans sa poche une fois encore un nouvel objet, qui ressemblait à cette petite pochette qu’Agathe avait reçu plus tôt et qui contenait aussi un sceau. « C’est pour toi. Si tu acceptes d’être notre fils, tu ne pourras pas hériter de Sylvamir, même si tu en portes le nom. Alors nous avons décidé de t’offrir Brimir, un petit domaine accolé à Sylvamir et juste à côté de Vigdir. Comme ça, tu ne seras jamais loin de chez nous, quoiqu’il arrive. » Un léger sourire ourla plus encore les lèvres du baron, et il déposa dans les mains de l’enfant la pochette de velours.

« Bon anniversaire Arsène. »
Dit-il en posant une main sur la tête du petit plus si petit que ça, jeune garçon entrant dans l’adolescence, mais qui restait ce gamin que Hiémain avait vu grandir sur les pavés de la Cour des Miracles.
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyMer 13 Déc 2017 - 23:18

Il y en avait, des mystères et de surprises, ce soir! Agathe luttait contre le sommeil, pelotonnée contre Mélusine, bien au chaud sous une couverture. Le foyer avait quelque chose de réconfortant, avec sa chaleur diffuse et sa lumière orangée. Elle baillait un peu, étouffant sa fatigue sur le revers de sa main, pour mieux relever le museau vers sa tutrice et la questionner, encore et encore, sur les invités ou bien sur la tenue la meilleure. La toute blonde était enchantée, repue de ravissement et de bons sentiments, le coeur si plein de bonnes choses que sa poitrine peinait à le contenir. Elle allait pouvoir inviter qui elle désirait. Et les bijoux, c’était bien la Sertie de Merveilles? C’était fabuleux, la jolie pluie de perles. Dans le creux de l'oreille de Mélusine, Agathe avait vaguement amené l'idée d'un cavalier. Oh... Elles avaient amplement le temps d'en discuter, d'ici là.

Minuit arrivait. Agathe avait offert avec un sourire doux son consentement. Elle acceptait de ne plus être la grande fêtée; ses présents la gênaient déjà suffisamment, tant par leur richesse que leur symbolique. Avec une pointe de soulagement, elle écouta le sujet dévier d’elle pour couvrir le petit Arsène.

- C’est pour toi. Si tu acceptes d’être notre fils, tu ne pourras pas hériter de Sylvamir, même si tu en portes le nom. Alors nous avons décidé de t’offrir Brimir, un petit domaine accolé à Sylvamir et juste à côté de Vigdir. Comme ça, tu ne seras jamais loin de chez nous, quoiqu’il arrive.
- Oh! Oh…!

Ses mains plaquées sur ses lèvres purpurines, tant la surprise était grande et son bonheur radieux. Comme elle était heureuse pour Arsène! Il lui semblait qu’il était là, auprès de Mélusine, depuis toujours. Lorsqu’elle était arrivée dans cette étrange famille, sous le titre de suivante, il était là, le petit Arsène, pour lui tirer la langue et la faire sourire malgré sa timidité et cette peur qui l’enveloppait comme une maladie. Puis ils avaient appris à se connaître et à s’apprécier, à force de se côtoyer comme un frère et une soeur. Il avait mérité sa place dans son coeur avec son intelligence et sa gentillesse, tant et tant qu’elle en était venue à ne plus pleurer Arnaut. Arsène était là. Depuis toujours.

Elle gigotait un peu, aux côtés de Mélusine, tentant de ne pas se lever tout de suite pour aller embrasser l’adolescent. Agathe se doutait bien qu’il allait remercier ses parents avant toutes choses, et qu’après, elle pourrait le couvrir de toute la tendresse qu’elle souhaitait. C’était un jour heureux, si unique, pour Arsène, qu’elle se doutait bien qu’il accepterait sans trop rechigner. Un peu anxieuse et désormais bien réveillée, elle patientait son tour tout en songeant à son propre présent. Il était bien petit, en comparaison à une place de choix dans la famille de Hiémain et Mélusine. Pour Agathe, toutefois, il symbolisait tellement de choses… C’était une nécessité pour un petit homme de treize ans, un rite de passage, et ce serait elle, la Belliférienne déracinée, qui allait le lui offrir.

- Arsène! Tu es un Sylvamir, à présent. Oooh… Je suis si contente pour toi.

Ses bras fins s’étaient refermés sur lui en la plus douce des étreintes et la blondinette s’était inclinée pour lui murmurer quelques mots secrets. C’est la meilleure famille qui soit, et tu la mérites plus que n’importe qui. Ses lèvres s’étaient plantées sur sa joue en un baiser de papillon, léger comme tout. Seulement après, elle  consentit à relâcher son étreinte.

- Oh..! Et mon cadeau. Je t’ai acheté un petit quelque chose, moi aussi, sais-tu, Arsène? Ce n’est pas un domaine, mais je crois qu’il serait possible de faire graver les armes de Brimir sur la garde. ..C’est possible, n’est-ce pas, Hiémain? Ainsi, Arsène aura son arme, sa monture et un domaine, comme un vrai prince.

Elle avait priorisé les armes sur la monture, évidemment. Ce n’était pas une hache de guerre, ni une corsèque et encore moins un fléau d’arme - Mélusine avait formellement refusé. Mais une dague était tout à fait acceptable pour un adolescent de treize ans. Agathe avait particulièrement hâte de le voir apprendre à la manier convenablement, comme elle-même apprenait à le faire, dans son apprentissage à la Cour des Miracles.

- Nous serons voisins…? C’est vrai?

Agathe avait laissé son sourire répondre à sa propre question. Un sourire empreint d’excitation pour cette vie nouvelle qui s’offrait à eux deux. Un sourire qui voulait dire, en quelque sort, que jamais elle n’aurait pu espérer mieux, comme voisinage.
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Arsène de Sylvamir
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyVen 15 Déc 2017 - 22:38

Le dîner terminé, ils se sont repliés dans le salon de réception pour continuer à parler du bal qui aurait lieu bientôt. Pelotonné sur le canapé confortable, Arsène suit la conversation avec curiosité, interrompant parfois la discussion par des questions enthousiasmes. La minuit sonne et Mélusine prend la parole, se détournant quelques instants d'Agathe. Lui ? Lui, Arsène ? Il ne sait pas vraiment comment répondre l'enfant, et s'approche de la jeune femme qui ébouriffe ses cheveux. Non, il n'a pas cru qu'on l'avait oublié, mais il ne demande rien de plus Arsène. Il aime avoir de l'attention et des cadeaux, évidemment, mais il n'a jamais pensé, réellement, que Mélusine et Hiémain penseraient à lui. Ils avaient tant à faire, tant de choses à décider, de retrouvailles à fêter. Ses yeux trahissent sa confusion et une montagne de questions qu'Arsène ne formule pas, pourtant. La chaleur de la main de Mélusine sur sa joue l'hypnotise presque, et son regard se pose sur Hiémain, tandis que les époux partagent silencieusement leur accord mutuel.

Arsène tend la main pour se saisir du papier que Hiémain lui tend, ses yeux bleus emplis de curiosité. Il ne se défile pas devant le défi que la lecture représente, déchiffrant silencieusement les premiers mots, sans même être conscient qu'il articule silencieusement les mots. Le tableau est sans doute comique, mais l'enfant est tellement focalisé sur le papier qu'il s'efforce de le déchiffrer aussi vite que possible. Mais malgré les leçons, il reste un piètre lecteur le petit Arsène, et son soulagement quand le baron reprend le document est presque évident.

Et quand Hiémain lui révèle le contenu de la lettre, il reste sans voix le petit garçon. A peine enregistre-t-il les détails sur Brimir, qui est désormais à lui. Hiémain et Mélusine veulent l'adopter. Lui. Lui donner un nom, un vrai. Une maison. Mais surtout, surtout, un père et une mère. Un petit frère, en la personne de bébé Meldred. Ils veulent… l'aimer, lui. Le choisir, lui qui n'a été choisi par personne, rejeté par une mère qu'il ne connaît pas. Le petit sent les larmes lui monter aux yeux, et il ne fait rien pour les réfréner cette fois. Sanglotant, il se jette dans les bras du baron, avant de se blottir de toutes ses forces contre Mélusine. Les larmes sèchent vite, parce qu'il est courageux et presque un homme, à présent, mais sa voix déraille un peu lorsqu'il prend la parole. Les hormones, la puberté, la voix qui mue, tout ça… et sûrement pas l'émotion. Si peu. "Je serais le plus gentil petit garçon du monde, je vous le promets ! Je serais un frère parfait, je vous écouterais tout le temps, je ne vous décevrai pas, jamais !" Parce qu'ils pourraient revenir sur leurs décisions, peut-être. Juger qu'il n'est pas digne de porter leur nom, pas digne d'être un Sylvamir. La voix un peu étouffée par les étoffes de Mélusine, il promet encore. "Je n'aurais pas pris la place de bébé Meldred, jamais, jamais !"

Il n'a pas besoin d'un domaine, en vérité. Etre un Sylvamir, c'est un cadeau plus merveilleux qu'il ne peut le concevoir. Jamais il n'aurait envisagé de pouvoir un jour concurrencer Bébé Meldred, parce que tout ça, c'est à lui en réalité. C'est un peu ses parents qu'Arsène lui vole, et Arsène en est conscient. Mais il sera un bon grand frère, un merveilleux petit garçon, pour que jamais Hiémain et Mélusine n'aient à regretter leur décision.

Arsène finit par reculer, essuyant le reste de ces larmes d'un geste malhabile, uniquement pour être enlacé par l'étreinte d'Agathe. Il ne peut que hocher la tête à ses paroles le petit garçon, peinant quelque peu à réaliser ce qui lui arrive. Le cadeau d'Agathe est merveilleux, et la perspective qu'ils soient voisins, un jour, le remplit d'allégresse. Mais il doit s'assurer de quelque chose, avant. "Je suis votre fils, pour de vrai ?" Demande-t-il à Mélusine et Hiémain, sa main serrant celle d'Agathe, cherchant du réconfort dans ce geste fraternel. Il finit par la lâcher pourtant, s'approchant de Mélusine avec un air résolu. Il ne flanchera pas.

"Je t'aime Maman."
Sa voix tremble et défaille, et il se serre dans les bras de la jeune femme. Maman. Pour de vrai. Il veut juste voir comment c'est, de prononcer ce mot qui a, jusqu'à présent, toujours été exclus de son vocabulaire.
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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyMer 10 Jan 2018 - 15:47

Mélusine n’a pas perdu un seul mot du discours tranquille de son époux, sans quitter des yeux le visage d’Arsène, guettant attentivement ses réactions, analysant le moindre froncement de sourcils, chaque clignement de ses yeux, les variations du pli de ses lèvres, cherchant à deviner si le cadeau qu’ils lui ont préparé, Hiémain et elle, lui plaît. Il se concentre sur la lecture, le petit qui ne l’est plus vraiment, articulant silencieusement les mots qu’il déchiffre un à un, avant qu’un résumé des lignes inscrites sur le papier ne lui soit fait. Elle en retiendrait presque son souffle, la baronne attentive, tant l’instant est lourd de ses attentes, de ses espoirs, de ses rêves de famille heureuse ; tant elle l’aime, ce petit que le Destin a remis entre ses mains, et qu’elle chérit tout autant que si elle l’avait porté, elle. Que la réalité des choses en ait fait son neveu ne change rien au fait qu’elle l’aime comme un fils – et si sa sœur n’a pas manifesté l’envie de le reprendre, après toutes ces années, elle s’estime autorisée à revendiquer l’enfant pour elle. Un jour, elle en parlera avec Mélisende, lorsque sa sœur exprimera l’envie de le faire, qu’elle s’y sentira prête ; pour le moment, le plus important c’est l’avenir d’Arsène, et la stabilité qu’ils souhaitent lui offrir.

Lorsque le petit se blottit contre elle, elle referme les bras autour de lui, le serrant contre son cœur avec une émotion qui fait luire les yeux qu’elle pose sur Hiémain. La voix lui manque pour répondre aux promesses d’Arsène, et le bonheur qui menace de noyer son cœur vaut bien la longue épopée nécessaire à compléter la démarche d’adoption auprès de la Cour des Miracles. Oui, ce fut long, et ardu, et parfois le découragement saisissait les deux époux ; mais finalement, avec l’appui de Merle et quelques bons mots de leurs amis au Conseil des Ombres, permission a été donnée, et la décision entérinée par le Fils des Ombres en personne : le petit est à eux, désormais. Pour toujours. « Pour de vrai, Arsène. » chuchote la baronne, la voix brisée par l’émotion ; et la déclaration du petit achève de l’émouvoir. Les larmes coulent sur ses joues tandis qu’Arsène se blottit contre elle à nouveau, et c’est farouchement qu’elle le serre dans ses bras, profondément touchée de constater combien l’attachement que le couple porte à l’enfant est réciproque. D’une main, elle caresse les mèches brunes du petit, berçant doucement l’adolescent contre elle. « Et si la femme qui t’a donné le jour vient un jour te réclamer, tu auras le choix, Arsène ; et même si tu la suis, tu resteras toujours notre fils. Tu seras un grand frère merveilleux, j’en suis persuadée. Je t’aime tout autant que Meldred et que ceux qui viendront après, rappelle-t-en toujours – mon fils. » Un instant, elle le garde contre elle, profondément heureuse de la tournure prise par les événements de la soirée ; puis elle relâche le petit, pour qu’il s’en aille recevoir sa part de câlins du côté de Hiémain.

C’est vers Agathe que Mélusine porte enfin son attention, attirant la jeunette contre elle dans un câlin plein d’affection et de tendresse. « Si nous l’avions pu, Agathe, » chuchote-t-elle au creux de son oreille, « nous t’aurions adoptée aussi, sans l’ombre d’une hésitation. Mais tu as une mère qui se préoccupe de toi. Cela dit, tu es comme ma fille, à mes yeux, j’espère que tu ne l’oublieras jamais – et tu seras une sœur aînée merveilleuse pour les filles que j’aurai un jour, si tu le veux bien. » Une grande famille, de cœur sinon de faits, voilà le plus important pour Mélusine ; et c’est ce que le Destin lui a donné.

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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptyDim 4 Fév 2018 - 22:02

C’est avec une consciencieuse attention que Hiémain guette la moindre réaction dans le regard d’Arsène. Doucement, il rit l’espace d’une seconde de le voir peiner dans sa lecture, mais bien vite, le baron met fin à ce supplice qui les tiraille tous pour révéler le contenu de cette lettre. Ce cadeau qui leur est si cher, à lui et Mélusine. Combien de temps ont-ils attendu pour obtenir les autorisations ? Combien de fois ont-ils songé à abandonner ? Combien de fois ont-ils gardé le courage en observant ce petit garçon plein de vie évoluer et grandir à leur côté, réchauffant de ses rires leurs cœurs et apportant un rayon de soleil dans les coins les plus sombres. Cela faisait des années que Hiémain connaissait le petit Arsène, à l’époque où Cassandre veillait encore sur lui. Et déjà depuis ce temps, le voleur qu’il était appréciait cette petite frimousse joueuse, curieuse et courageuse évoluant au cœur de la Ville Basse. Il avait été fort surpris, le baron, lorsqu’il l’avait revu aux côtés de Mélusine, mais heureux aussi. Et voilà qu’aujourd’hui, lui et sa tendre épouse adoptaient officiellement ce petit garçon qui avait depuis longtemps le statut de fils dans leur cœur.

Tout kyréen est-il que Hiémain ne peut empêcher un voile humide d’obscurcir sa vision lorsque le jeune Arsène se colle contre lui, d’une étreinte pleine d’émotion qui fait fondre la carapace glacée qui est sienne. Et s’il reprend bien vite contenance lorsque le petit s’en va plonger dans les bras de Mélusine, son regard bienveillant ne dévie pas de ces deux silhouettes tremblantes de mille sentiments. C’est la voix d’Agathe, toute pleine d’émotion aussi, qui rappelle au baron que le temps n’a pas cessé de s’écouler. Elle aussi à un cadeau à faire pour Arsène et il se souvient que Mélusine lui en a parlé. Il n’a pas été là pour conseiller la jeune fille sur son achat, et s’il n’approuve pas totalement celui-ci, il trouve le geste touchant et empli de sens pour la petite Belliférienne émancipée. Il devra simplement apprendre à son fils à manier les lames plus tôt que prévu. Le baron acquiesça à la question que lui posa la petite demoiselle, avant qu’Arsène ne revienne à la charge.

C’est à Mélusine qu’il laisse l’occasion de répondre au jeune garçon, captant dans chacune de ses paroles la même émotion qu’il gardait lui au fond de son cœur, seulement visible dans la profondeur de ses prunelles claires. Et pourtant, quand son fils vient le serrer à nouveau contre lui, de cette étreinte si forte qu’elle pourrait lui couper la respiration, le baron se prend à serrer tout autant, murmurant à Arsène une promesse qu’il se promit de toujours tenir.

« Tu es mon fils Arsène. Et sache que quoiqu’il arrive, quoiqu’il advient, je serais toujours là pour veiller sur toi. »

Comme il le ferait pour ses autres enfants. Pour sa chère Mélusine qu’il aimait tendrement. Pour cette petite Agathe timide qui n’en était pas moins chère à ses yeux et à ceux de cette famille. A tous ceux qu’il aimait.

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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptySam 17 Fév 2018 - 14:49

Elle s’était concentrée sur le bonheur d’Arsène et les témoignages d’amour afin d’oublier sa propre mère. Ce n’était pas juste, pour Arsène, qu’Agathe soit chagrine et boude son heureux événement. Alors, le regard brillant, elle avait suivi toutes les émotions sur son visage encore enfantin, toutes les nuances dans sa voix qui se cassait par moment. Il était adorable, et ce soir plus que jamais, Agathe regardait ce garçon comme il l’était, en réalité. Un petit frère. C’est lorsqu’il prononça un “Je t’aime maman” d’une voix tremblante que son coeur trembla aussi. Une pensée comme une morsure. Pourquoi mettre au monde des enfants et les abandonner par la suite? Pourquoi s’imaginer que leur quotidien serait heureux à la suite de cette désertion? Toute leur vie, comme un vilain rêve qui les poursuivrait, ils se demanderont ce qu’ils ont fait de mal, ce jour-là, et aucune réponse ne serait satisfaisante.

Elle avait enfoui son museau dans les cheveux de sa tutrice, en entendant son murmure. Les lèvres scellées, Agathe n’avait pas eu le courage de la confronter à ce sujet, de souligner que Grâce ne s’était pas souciée d’elle pendant plus de quinze ans, qu’elle n’était pas une mère mais tout au plus la Voltigeuse qui lui avait fait quitter Bellifère. Sa mère l’avait abandonnée au berceau sans explication qui puisse faire sens, à son esprit et à son coeur. Le silence était favorable à une vague dramatique, ce soir, et l’apprentie était suffisamment intelligente pour le deviner.

Un sourire, comme une promesse, pour sa tutrice : Agathe ne délaisserait jamais ses enfants. Ni devant la violence d’un époux, ni devant un enlèvement forcé, ni suite à un retour en Bellifère. Elle serait forte comme Mélusine, d’un amour débordant et d’une générosité infinie pour ses petits.

L’aînée réclama un câlin à son cadet, un dernier - elle avait promis - avant de prendre congé à son tour. Il n’y avait eu qu’un tremblement dans son coeur, cette nuit. Qu’une petite faille, dans un océan de bonheur qui lui avait fait perdre ses repères. Allongée sur sa couche, apprêtée pour la nuit, Agathe songeait à la nouvelle saveur que prenait la vie, pour elle. Un soupirant qui faisait battre son coeur le jour et qui habitait ses nuits jusque dans ses rêves les plus secrets. Une amitié de plus en plus solide qui la liait à sa soeur. Des présents incroyables pour son entrée dans le monde des grands. Un domaine afin qu’elle ait une identité propre, un avenir et un refuge. Et surtout, surtout, une place de choix dans cette famille qu’elle considérait sienne, ce soir plus qu’un autre soir.

Des étoiles dans les yeux, de jolis sentiments fleurissant en sourire, la blondinette avait rejoint des rêves délicieux. Cette vie était belle.

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Message Sujet: Re: La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille   La tendresse et le ridicule ont parfois un air de famille EmptySam 10 Mar 2018 - 23:20

Il ignore par quelles embûches sont passés les époux Sylvamir, tout comme il ignore quelles ficelles ils ont dû tirer pour réussir à l'adopter. A vrai dire, les difficultés de la démarche sont bien le dernier souci d'Arsène, qui ne sait plus vraiment quoi dire ou que croire. Il est un Sylvamir, pour de vrai ? Il promet de ne pas les décevoir, d'être un bon grand frère, un bon garçon. Il ne leur parle pas, pas encore, de son projet de se présenter aux épreuves de la Cour pour devenir voleur de plein droit. Parce qu'il est jeune, encore, et qu'il craint qu'on ne le laisse pas tenter sa chance. Est-ce que cela change quelque chose, maintenant qu'il est un Sylvamir ?

Les larmes brillent dans les yeux du petit lorsque Mélusine lui chuchote tout son amour, et il ne fait rien pour les retenir, se contentant de savourer l'étreinte de la jeune femme. Sa maman. Le mot roule et roule dans son esprit alors qu'il cherche à s'y faire, mais il ne craint pas de ne pas réussir à s'y habituer. Quant à sa mère… comme il l'avait confié à Hiémain, Arsène n'était pas sur de l'attitude à adopter, et il l'est encore moins maintenant. Mais peu importe, il se refuse à y penser pour le moment, pas alors qu'il goûte, pour la première fois, à la joie d'avoir un papa et une maman à lui. A bébé Meldred, aussi, à Agathe un peu, mais à lui, aussi, et cela fait une différence énorme.

Quittant les bras doux de Mélusine pour ceux de Hiémain – son père, à lui ! – Arsène savoure l'étreinte avant de la quitter pour enlacer Agathe. Il n'a pas eu totalement le temps de la remercier pour son somptueux cadeau, mais elle comprend, il en est sûr. Agathe finit par prendre congé et l'adolescent se rend compte à quel point il est tard, en réalité. Alors il remercie ses parents, encore, avec une ferveur quine se dément pas avant de prendre congé à son tour, laissant les époux Sylvamir se retrouver en tête à tête, sans la petite tribu que, petit à petit, se construit autour d'eux.

Il est encore plus tard quand les pieds nus d'Arsène frôlent les dalles de la tour. Plus silencieux qu'une souris, le petit garçon n'hésite pas une seconde sur sa destination. Une lueur frêle sous une porte : la chambre d'Agathe, et elle ne dort pas plus que lui visiblement. Mais c'est sa sœur, alors c'est peut-être normal. Les doigts légers d'Arsène frappent à la porte pour prévenir de son arrivée, avant qu'il ne se glisse dans la pièce. Ses grands yeux bleus se baissent un instant avant qu'il ne parvienne à vaincre son hésitation. "Je n'arriverai pas à dormir. Je peux venir dormir avec toi, dis ?" Parce qu'elle est sa sœur, Agathe, bien plus qu'un nom sur le papier ne le dira jamais. Ils sont une famille, tous les cinq. Et les petits frères s'invitent chez leurs grandes sœurs, non ? Arsène en est presque sûr. Il accueillera Meldred, lui, quand il voudra dormir à ses côtés.

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