RP Express • Un phare dans la nuit

L'obscurité tombe peu à peu tandis qu'Aaron longe les côtes d'Outrevent. Il savoure ce bonheur simple de chevaucher à nouveau Héritage, après des mois de convalescence. Et tandis qu'ils volent silencieusement, intimement liés, un fracas de pierre résonne à leurs oreilles. « Tu as entendu ? Allons-voir ! ». Lentement, le grand dragon grenat vire de bord pour se diriger vers l'origine du bruit. Quelle n'est pas leur surprise quand ils avisent une dragonne aux écailles citrines affalée sur le sol.

Tandis qu'Héritage se pose, Aaron met pied à terre, et s'approche lentement : « Est-ce que ça va ? » D'un coup d'oeil rapide, il remarque l'état du phare, et comprend à peu près ce qu'il s'est passé. Des pierres jonchent le sol ça et là, rendant la structure instable et fragile. Si l'état de la dragonne primait, il allait tout de même falloir trouver une solution, car ce phare était essentiel aux bateaux naviguant le long des côtes d'Outrevent Comme la dragonne ne semble pas blessé, il ajouta d'une voix calme : « Ton chevaucheur est-il en mission ? Peut-il nous rejoindre ? »

Si la dragonne se meut sans trop de soucis, son aile ne semble cependant pas en très bon état. Si les écailles font une remarquable armure, les ailes des dragons représentent leurs points faibles de part leur fragilité. « J'ai un peu mal, mais ça passera... Je crois... ». Plus de mal que de peur, Aaron se sentit rassuré ; il n'aurait pas aimé avoir à faire à un dragon blessé. Pourtant, la réponse qu'elle lui donna en grognant par la suite le laissa perplexe : « En mission ? Cet idiot ? Non. Juste trop occupé pour passer du temps avec moi... » C'était donc ça. Le chevaucheur jeta un coup d’œil à héritage, conscient qu'il n'était pas le mieux placé pour répondre à la dragonne. « Tu n'avais pas le choix, c'était différent. » Le grand dragon n'avait pas tort, mais le jeune homme se sentait tout de même coupable ; après tout c'était lui qui avait fait appel à sa magie. « Il est en route. », ajouta la dragonne. Aaron acquiesça d'un hochement de tête : « Parfait. As-tu besoin de ... quelque chose ? » Au fond, il ne pouvait pas faire grand chose, mais il détestait se sentir inutile.

A la question d'Aaron, la dragonne répondit d'une voix neutre : « J'ai faim... Mais je vais embêter Bertin avec ça. C'est à lui de veiller sur moi. ». De toute manière, le chevaucheur n'avait rien sur lui, et il n'était pas sur que la dragonne apprécie qu'Héritage se mette en quête d'un repas pour elle. Autant attendre son chevaucheur. Qui ne tarda guère, d'ailleurs. Sa silhouette se découpait peu à peu dans l'obscurité tandis qu'il avançait pour se présenter : « Bonsoir. Bertin d'Ansemer, chevaucheur de la dragonne Ambroisie. Que se passe-t-il ? » D'un oeil, l'aîné des Sombreval observa rapidement son égal, avant de se présenter à son tour : « Bonsoir, je suis Aaron. De Sombreval »

Laissant planer quelques instants de silence pour laisser à son homologue le temps d'intégrer l'information, il ajouta quelques secondes plus tard : « Il semblerait que votre dragonne ait mal calculé son atterrissage. Le phare en a fait les frais, malheureusement. » Il n'ajouta rien de plus, conscient qu'il mettait le chevaucheur dans une situation légèrement plus délicate. Après tout, autant le laisser appréhender lui-même les dégâts avant d'aller plus loin. D'un bref signe de la main, le mage désigna la tour en parti effondré au nouveau venu.

Son homologue observa les décombres , analysant sans doute ce qui s'était passé. A dire vrai, Aaron ne pouvait guère lui expliquer, puisque lui-même ne l'avait pas vu. « Elle a dû être distraite par autre chose. Les femelles ont l'esprit qui vagabonde » Le chevaucheur pouffa en entendant la réplique d'Héritage. Il était presque certain que son dragon n'aurait pas osé le répéter à voix haute. Revenant à la situation, l'aîné des Sombreval vit Bertin s'approcher de sa dragonne pour enlever quelques morceaux de roches coincés dans l'aile. « Comme vous je ne peux rien faire pour la tour ce soir... Mais je reconnais la responsabilité de ma dragonne et contribuerez en tout ou en partie aux frais liés à sa remise en état. » Aaron acquiesça, conscient qu'il fallait mieux laisser passer la nuit pour réfléchir posément à la situation. Cette mésaventure était loin d'être une catastrophe, et il faudrait songer à trouver une issue convenable, mais pas ce soir. S'avançant légèrement, il proposa : « Il est certain que le problème ne se règlera pas ce soir. Si vous le souhaitez, il y a de la place pour vous à Sombreval, avec un repas chaud et de quoi vous laver et dormir. Nous pourrons reparler de tout ça demain ; la nuit porte conseil. » Un sourire sympathique sur le visage, Aaron entendit intérieurement Héritage commenter ses propos : « Je te pari mon prochain dîner qu'elle ne voudra pas, petit homme. »

Son homologue acquiesça pour signifier qu'il avait entendu la proposition. Sans doute en discutait-il avec sa dragonne. Durant les quelques instants que leur échange dura, Aaron senti le léger agacement de son dragon. Ce dernier n'était pourtant pas sujet à ce genre de réaction, mais le mage se doutait que le comportement de la dragonne l'irritait. « Pardon, Ambroisie s’insurge du fait qu’elle ne connait pas l’identité de votre partenaire de vol [...] » Aaron sentit la frustration de son dragon grandir tandis que Bertin s'avançait de quelques pas. Posant une main sur son épaule, il répondit donc à voix haute pour lui : « Il est vrai que nous ne nous sommes pas ouvertement présentés à notre arrivée. Vous connaissez mon identité, voici Héritage. » Lorsque son homologue lui déclara que la caserne serait sans doute plus adaptée, Aaron acquiesça : « La caserne la plus proche se trouve non loin d'ici, à un peu moins d'une dizaine de kilomètres d'ici. Il y aura toute la place qu'il faut, et un guérisseur qui pourra examiner l'aile de votre dragonne. Se sent-elle capable de voler jusque là bas ? » La caserne n'était pas bien loin, encore fallait-il pouvoir voler. Aaron, lui était loin de chez lui, mais cela n'avait que peu d'importance ; il était affecté pour quelques jours à la caserne se trouvant dans le sud d'Outrevent, il aurait donc le temps de régler la situation avec Bertin.

L'ansemerien se tourna vers sa dragonne et la fixa pendant quelques instants. A n'en pas douter, ils échangeaient entre eux. Il était courant de voir les chevaucheurs agir de la sorte, et cela ne surprenait plus personne. « Elle volera jusqu'à la caserne. Par chance, arriviez-vous à la fin de votre patrouille ? Héritage saurait-il nous porter tous les deux jusqu'à la caserne ? Je ne voudrais pas vous détourner de votre ronde et je peux aisément marcher. Assument, bien sûr, que la Chasse n'ait pas été vue dans les environs ces derniers jours ? Remarquez, patrouiller serait une folie si elle l'avait été. » A son tour, l'aîné des Sombreval se tourna vers son dragon pour savoir s'il acceptait, car il ne doutait pas qu'Héritage soit assez fort pour supporter un cavalier supplémentaire. « Ça ira. »

Reposant son attention sur Bertin, Aaron acquiesça donc : « Héritage est d'accord, il vous portera avec moi jusqu'à la caserne. » Certes, ils n'avaient pas tout à fait terminer leur patrouille, mais il s'en fallait de peu, et il n'était pas correcte de laisser une dragonne blessée et son chevaucheur à pied alors que l'obscurité était tombée. Le mage ajouta donc d'une voix calme mais sérieuse : « Il ne vaut mieux pas traîner dehors la nuit ces temps-ci. Je vous en prie » D'un signe, il invita son homologue à s'approcher pour qu'ils puissent partir sans tarder.

Bertin les remercia chaleureusement, avant de s'approcher. Comme il indiquait à Aaron qu'Ambroisie les suivrait, ce dernier se mit en selle, rapidement suivi par son homologue. La situation sortait quelque peu de l'ordinaire, mais le chevaucheur et son dragon avaient déjà transporté d'autres passagers. Le vol est calme, et l'aîné des Sombreval apprécie la sérénité qui s'installe tandis qu'ils volent au cœur de l'obscurité. Il se sent à sa place, ici. Bientôt, ils arrivèrent non loin de la caserne, et Héritage entama sa descente, suivi par la dragonne. Une fois à terre, Aaron descendit de sa selle, égalé par Bertin, qui déclara d'une voix sincère : « Je vous remercie, Aaron. Et Héritage. Je n'oublierai pas cette aide que vous venez de nous apporter. » L'Outreventois acquiesça de la tête, et s'apprêtait à répondre lorsque qu'une autre voix - encore inconnue jusque là - se fit entendre : « Merci... et je suis désolée.. » Aaron se fendit d'un sourire tandis qu'il entendait Héritage commenter ces quelques mots intérieurement, mais n'en laissa rien paraître. D'un signe de tête, il montra à la dragonne qu'il avait entendu ses propos, et répondit d'une voix sereine : « Je suis heureux de t'avoir rencontré, Bertin, et toi aussi Ambroisie. J'espère que nous aurons l'occasion de nous croiser à nouveau. »