[ANIMATION • En Attendant la MàJ #1] Ça va être tout noir...

Ça va être tout noir

En attendant la MàJ #1
Tristan & Quitterie • 20 janvier 1001

Cidre.

Cidre, cidre, cidre ! De ce délicieux breuvage lagran que j'affectionne plus que toute autre boisson, ma taverne préférée a reçu une pleine livraison. Hélas ; lorsque je m'y suis présentée, on m'a informée que le cidre n'était jamais arrivé. Alors, guidée par les yeux de Sayam et les indications vagues des passants, je me suis enfoncée sur le port, avant de trouver une auberge mal éclairée, mais bien achalandée. Installée à l'une des tables, je sirote ma coupette, profitant du calme relatif de cette fin d'après-midi, lorsqu'un grognement à proximité attire mon attention. A ta droite, Quittou. C'est le Chevaucheur que tu as percuté au-dessus du palais d'Outrevent le mois dernier.

Ah. Tristan. Marquis de... quelque part. Suivant les indications de Sayam, je me dirige vers lui – il n'a pas l'air d'aller bien, à en juger par la manière dont il se tient la tête entre les mains. « Tristan ? C'est Louison. Aubenacre. Du Vol d'Ansemer. Vous... vous allez bien, marquis... ? » Je suis là, toute gênée et mal à l'aise devant ce noble, tellement plus compétent que moi. Sayam, vole vers la caserne : avertis-les que le marquis est souffrant. Tu as besoin de moi ! Il a plus besoin de nous. Va, mon bel ami : je vais me débrouiller.

Je n'ose pas le toucher. Je suis guérisseuse, c'est vrai, mais je ne sais pas de quoi il souffre. S'il m'en dit plus, peut-être pourrai-je atténuer son mal ?

Spoiler:

Qu’est-ce qui m’amenait dans cette taverne ? J’étais venu voir mon homologue d’Ansemer, pour discuter des célébrations à venir, mais il avait été retenu. Je n’avais pas souhaité rester dans la morosité de la caserne presque vide – allez savoir pourquoi. Toujours était-il que j’étais attablé, rhum en main, prêt à me lever pour demander à être resservi, que je me retrouve soudainement affalé contre la table, un voile blanc devant les yeux, comme s’ils avaient été exposés à une forte lumière aveuglante, et des millions d’ongles plantés dans le crâne.

Obstiné, je manque de m’écrouler, sans rien comprendre. Que m’arrive t-il ? Qu’y avait-il dans ma boisson ? Soudain, j’entends une voix. Mais je ne vois rien. Ai-je rêvé ? Je l’aurai cru, si elle n’avait insisté.

« Louison ? La Louison de Neve ? Ou celle que j’ai vu à Outrevent il n’y a pas si longtemps ? J’aurai du reconnaître sa voix, mais j’étais bien trop dérouté. Je… Je n’en suis pas sûr. J’ai l’impression qu’un oiseau me broie la tête. Et que l’on m’a volé mes yeux. Les ai-je encore ? Pensez-vous que l’on puisse voler, sans voir ? Ferveur me manquerait, si ça n’était pas le cas. »

Je n’avais pas vraiment conscience de ce que je disais. J’avais à peine bu, pourtant.

Spoiler:

Ça va être tout noir

En attendant la MàJ #1
Tristan & Quitterie • 20 janvier 1001

Bon d'accord. Je suis pas équipée pour ça. Mes talents de guérisseuse ne peuvent absolument rien contre l'ivresse qui n'a fondamentalement rien d'une maladie ni d'une blessure... Il sent un peu l'alcool, mais pas tant que ça : pourquoi est-il si affecté ? Aurait-il consommé quelque substance cielsombroise peu recommandée ? Ce qu'il dit n'a pas de sens. La... La « Louison de Neve » ? Je connais Neve évidemment, mais en quoi suis-je sa Louison ? Je suis celle de l'escadron, c'est bien, déjà. « Je connais Neve l'Embrun, oui, et je suis aussi la Louison d'Outrevent. Je suis les deux, en fait. » Il a pas l'air très très frais, ce pauvre Tristan, décidément...

« Vos yeux sont bien là, oui, marquis... Vous devriez peut-être retourner à la Caserne vous reposer ? » J'essaie de réprimer le frisson d'angoisse qui m'a saisie lorsqu'il a parlé de voler sans voir. Est-ce que Neve aurait trahi ma confiance et révélé mon secret... ? Me serais-je à ce point fourvoyée ? Ah, peu importe pour le moment. L'urgent, c'est de ramener le marquis – d'Amar, il est seigneur d'Amar ! – en sécurité au sein du Vol. Posant la main sur son avant-bras, je me penche prudemment vers lui. Si ce qu'il a est contagieux, je ne tiens pas à l'attraper...

« Votre dragon est-il à proximité ? Il pourrait vous ramener à la caserne plus rapidement. »

Spoiler:

Il fallait que je parte. Que je me trouve dehors. Peut-être que la pièce a été plongée dans le noir. Oui, voilà, c’est surement ça. Dehors, il y a de la lumière. Il devait y avoir de la lumière. Il me fallait de la lumière. Je me levais encore, et si je ne tombais pas, je me cognais contre des tabourets qui avaient eu l’outrecuidance de se mettre sur mon chemin. Je trébuchais sur le pied de l’un d’eux, et me rattrapais à Louison, comme je pouvais. À sa robe en fait, en posant ma main sur sa poitrine, de manière peu délicate.

« Oh, par les écailles de dragon ! Excuse moi, Louison. »

Je retirais ma main promptement, reculant de trois pas, heurtant la table, jurant à mi-voix. Le Destin était cruel avec moi. Grimaçant, serrant les dents, je retenais l’exclamation de douleur que j’avais envie de laisser échapper. Je me donnais déjà bien assez en spectacle, par tous les Dieux !

« Tu peux me tutoyer, tu sais. Je n’étais pas marquis avant, je ne le suis que par hasard, presque. Es-tu sûre, je ne vois rien, rien du tout. Et je ne sens que ce martellement dans ma tête, oh, ce douloureux martellement. Je n’entends plus Ferveur. JE N’ENTENDS PLUS FERVEUR ! »

Je me relevais, marchant rapidement, courant vers la porte – où l’endroit où je pensais la trouver. Heurtant les gens, je fus rudement poussé dehors, heurtant les pavés.

« FERVEUR, RÉPONDS MOI ! »

Spoiler:

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En attendant la MàJ #1
Tristan & Quitterie • 20 janvier 1001

On dirait moi. Non mais, vraiment, hein ! Cette grâce titubante, cette maladresse destructrice, cette hésistation fébrile, c’est du pur Quitterie. Tout y est : les chutes d’objets, les destructions de biens, voire même le renversement sommaire de mobilier. Pantoise, je l’observe bousculer les alentours – jusqu’à ce qu’il ne finisse par trébucher et n’en vienne à se rattraper… à mon corsage. La rougeur de mes joues, immédiate et intense, provoque un concert de bégaiements affolés tandis que je bredouille mille excuses désordonnées aux tenanciers de l’endroit, accourus voir la source de tout ce raffût.

Avant que je n’aie vraiment le temps de reprendre mon calme, le marquis se dirige dans la direction approximative de la sortie, bousculant allègrement les individus se trouvant sur son passage. Évidemment, c’est avec une certaine rudesse qu’ils finissent par le pousser dehors, m’englobant dans cette éjection fort inélégante – et une fois à genoux dans la poussière des pavés, je sens la moutarde me monter au nez.

« Silence ! Je m’entends même plus PENSER ! »

Bon, certes, se faire admonester par un p’tit brin de femme qui lui arrive à l’épaule ne doit pas vraiment aider, mais, bon. Serment, Ferveur se trouve-t-il près de toi ? Son mage ne se sent pas bien. Je ne l’ai pas vu depuis ce matin. Veux-tu que je le cherche ? Je veux bien. Je perçois l’envol de mon dragon, au loin, et je me reconcentre sur Tristan.

« Marquis, de grâce ! Calmez-vous. Je vais vous aider. »

Spoiler:

Je deviens fou, je ne vois aucune autre explication. Mais ça ne m’importe peu. Comment puis-je ne plus voir ? Comment est-ce possible, que je n’arrive pas à entendre Ferveur ? Comment ? Je ne prête pas attention à ma tenue, déchirée, au sang qui coule de mes genoux que je ne vois de toute façon pas. Je ne pense qu’à la panique qui m’habite. Tout est oublié, autour de moi, sinon Ferveur. Jusqu’à ce que j’entende crier, ce qui me calme instantanément. Je ne comptais pas tant que ça Louison, mais elle ne m’a pas vraiment semblée si… autoritaire ? Agressive ? auparavant. En tout cas, ça fait son effet. Je me tais, me relève, et m’assois là, au milieu de nulle part.

« Excuse moi, Louison. »

J’essaye bien de la distinguer, mais je ne vois rien. Rien du tout. J’ai envie de porter mes mains, sales et égratignées, à mes yeux, pour enlever ce qui m’empêche de voir. Il y a forcément quelque chose. Il ne peut qu’y avoir quelque chose. Je m’apprête à le faire, quand je sens sous ma main un pelage doux. Qu’est-ce donc ? Je fronce les sourcils, perdu. Je n’ai pas fait fuir tous les animaux du coin ?

« Je… Qu’est-ce ? Peux-tu nous ramener à la taverne, Louison ? Peut-être que l’animal comprend, et sait où on est ? Et peut nous aider ? »

Bien sûr que je comprends. Je peux te guider. Et elle aussi. Il fait noir.

Spoiler:

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En attendant la MàJ #1
Tristan & Quitterie • 20 janvier 1001

Croisant les bras, je considère pensivement le traquenard dans lequel je me suis fourrée. J’aurais dû rester sagement à la Caserne et demander à Neve de me sortir une bouteille du cellier, plutôt que de m’aventurer au hasard dans les rues pour échouer dans une gargote sordide avec un Chevaucheur hystérique. Enfin – il a plutôt l’air paniqué que vraiment fébrile, même s’il se calme un peu après mon éclat de voix. Ma foi, je ne me savais pas capable d’une telle autorité. Il a l’air un peu chamboulé, et j’hésite à déployer ma magie de la guérison sur lui. Me laissera-t-il faire ? Et surtout, suis-je compétente pour ce genre de mal ? Je suis formée à guérir les traumatismes physiques, les blessures, les fractures, les bleus et les bosses ; pas pour agir sur le siège de la pensée, ni pour atténuer les migraines qu’il est capable d’infliger…

Il s’excuse, et je lui souris, même s’il ne peut pas me voir. « Ce n’est pas grave. On va s’en sortir. » Je serai bien en peine de le ramener à la caserne, mais entre Sayam, Serment et Ferveur, on va bien trouver une solution ! Par réflexe, mes mains agrippent la fourrure qui vient de les frôler… et je lâche l’animal, avec un hoquet horrifié. Tabou suprême, ultime interdit, impardonnable affront, oh, par Varda !

J’ai touché son Familier ! « Oh pardon, marquis ! Je ne voulais pas, je-je-je suis désolée ! »

Spoiler:

On va s’en sortir ? Oh par tous les Dieux d’Arven et d’ailleurs – s’il y en a -, je l’espère. Je ne sais pas si c’est l’éclat de la jeune femme ou le pelage sous mes doigts d’un animal que je ne vois pas et dont je ressens fortement la présence mais barrée par… quelque chose, mais je suis plus calme. Je sens la magie, sans comprendre. Je fronce les sourcils, en entendant Louison paniquée et frissonne en ressentant comme une intrusion. D’où vient-elle ? Je ne comprends pas bien. Et je ne comprends pas non plus pourquoi ma compagne de la nuit s’excuse. Que se passe-t-il ?

Tristan, tu as étudié la magie. Les familiers. Réfléchis. Et arrête de te focaliser sur ce martellement dans ta tête. Écoute moi, suis moi. Si tu ne vois plus, je serai tes yeux. Et calme un peu ton hystérie, et celle que tu fais naître chez Louison.

J’écarquillais les yeux, ou j’en avais l’impression du moins mais je n’aurai su l’affirmer comme ils ne me répondaient plus.

« Mais quel est ton nom ? Pas toi, Louison, l’animal tout doux. Il ressemble à quoi ? Il me dit de le suivre. Et ne t’excuse pas. Et en plus, je sens presque rien… Et je sens toujours pas Ferveur. Tu… Quelle est ta magie, Louison ? En tout cas, je crois qu’on peut suivre… Kumquat. Kumquat. Il s’appelle Kumquat. On y va ? »

J’essaye de me lever, trébuche, et m’accroche au mur.

Spoiler:

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Tristan & Quitterie • 20 janvier 1001

Kumquat.

Bon.

Soit.

Je ne suis pas certaine de parvenir à le prononcer sans me trancher net la langue, aussi vais-je m’abstenir ; ce qui compte, pour le moment, c’est de calmer le marquis déboussolé, et surtout, surtout – surtout, ne pas toucher la petite créature dans ses bras. D’une pensée, je rassure Serment – tout va bien, pas de danger immédiat, et ma panique ne résulte que de ma propre maladresse. Un peu perdue, je réponds au flot de parole de Tristan, rassemblant mes idées de mon mieux. « Heu… Il est roux. Je crois – on dirait un renard. Il a le poil tout doux… » Oui, bon. Ca, tu n’étais pas forcément obligée de le préciser, ma fille. « Je suis – je suis guérisseuse, moi. Mais je m’y connais pas vraiment en migraines et céphalées, plutôt en fractures, plaies ouvertes et hémorragies… Si vous vous coupez un doigt, là, je pourrai vous aider sans problème. » Oui, c’est tout à fait le genre de chose à dire à un camarade en difficulté, ça… Vas-y, tranche-toi un doigt, tu auras toujours mal à la tête, mais au moins je serai utile dans ce cas de figure ! Tu es ridicule, ma fille.

Bon, allez. Faisons confiance à Kumquat.

« On y va. A la Caserne, vous pourrez être soigné. Il sait où il va, votre Familier ? »

Spoiler:

Je ne me calmais pas de suite. Pas réellement. Mais petit à petit, sentir le petit animal… non, mon familier, s’adresser à moi finissait pas m’apaiser. Je n’y voyais toujours pas, mais j’avais comme l’impression que ce martellement qui envahissait ma tête se calmait, ou était comme étouffé, relégué loin dans mon esprit. Je ne sais pas si c’était parce que je tentais de me concentrer sur le petit être à fourrure ou pas, mais peu importait. J’allais un peu mieux. Pas très bien, mais un peu mieux. Je souriais même un peu, je crois. J’en avais l’impression en tout cas, mais j’y voyais rien, je n’y voyais toujours rien.

Je dirigeais mes yeux vers la voix de Louison, comme si je pouvais la voir. C’était un peu ridicule. Je souriais plus franchement, en l’entendant me le décrire. Roux ? Comme moi. Les familiers partageaient-ils des caractéristiques communes avec les mages auxquels ils étaient liés ? Je n’en savais rien, mais la question méritait d’être creusée. Je riais légèrement, en l’entendant. Allons bon, étais-je drogué, maintenant ? « Je peux, si tu veux, m’égratigner. Mais ça va mieux, un peu. Même si je sens encore la douleur planquée derrière la présence réconfortante de Kumquat. Merci pour la description… Et il m’affirme pouvoir nous guider. Si on l’écoute. Je te répèterai ce qu’il dit. Et je me répète, mais tu peux me tutoyer. »

Je me levais, doucement, et tâtonnais pour sentir les murs. Si j’avais une canne, cela m’aiderait peut-être…

Spoiler: