Abigaïl ᐃ Feu de Bengale

Si on lui demandait aujourd'hui, Abigaïl jurerait que ses parents n'existent pas, qu'elle est la fille d'Osir, ce Dieux qui l'a protégée, guidée, la suit encore et qu'elle considère comme celui qui lui a tout appris. La Fatalité a jugé bon de faire d'Abi une orpheline, la condamnant à une enfance sans amour malgré cette famille qui l'a élevée. Enfant dissipée, à poser trop de questions, elle fut bien souvent mise au silence ou ignorée tandis qu'on lui offrait tout ce qu'un être humain nécessitait : souper chaud et lit douillet. Mais la jeune fille avait besoin de plus, d'affection et de soutien. Elle s'enferma alors dans son éducation, rêvant aux herbes plus vertes qu'elle souhaitait découvrir quand elle serait grande et priant le panthéon entier d'Arven pour l'aider à se libérer de ce destin tracé.

Car Abi a ce petit côté pieux, sans pour autant en dépendre, bien trop attachée à son libre-arbitre. N'ayant pas reçu d'amour à proprement parler, elle n'a pas non plus été guidée d'une quelconque façon par son entourage. Les connaissances qu'elle s'est forgée lui ont permis de découvrir les choses, et c'est avec l'aide des Dieux qu'elle réussit à avancer comme il se doit. Cependant, ses prières ne furent entendues qu'à ses seize ans, âge auquel elle avait commencé à tenir tête d'elle-même à ceux qui l'entouraient, persuadée qu'elle allait devoir se débrouiller seule. La puberté commençait ses folies sur ce petit corps frêle, et tandis qu'elle commençait à avoir ses premières pulsions et envies qui lui sont propres, elle fut secourue par son preux chevalier à elle, la magie de l'été. Et ce secours fut une libération. Ce mal intense qui la rongeait, ce doute constant, fut balayé en un instant par un souffle brûlant. Les flammes qui jaillirent vinrent détruire ce qui l'oppressait, la perfection de la maisonnette familiale, les placards bien rangés et le reflet dans le miroir d'une adolescente soumise au bon vouloir d'une famille imposée.

Devenant une gêne, un danger, elle fut envoyée à l'Académie qui devint pour elle un sanctuaire. Une nouvelle vie. Une nouvelle Abigaïl. Plus forte mais surtout plus sûre d'elle. Elle apprenait enfin les choses en sautant à pieds joints dans le grand bain de la vie réelle. Nombreux étaient ceux qui se moquaient de la jeune fille qui savait tout avant tout le monde, le petit génie qui voulait toujours avoir raison, car ici elle pouvait enfin exprimer le savoir qu'elle avait accumulé. Ces moqueries commencèrent à être de trop, insupportables gamins auxquels elle ne pouvait s'empêcher de se comparer, se rabaisser. Mais dans élan de volonté qu'elle ignorait avoir, elle décida de se donner corps et âme à la magie, mettant de côté cette science qui avait fini par la dégoûter, elle qui pourtant rêvait d'Ibélène étant enfant. Elle termina son cursus en trois ans seulement, se vengeant de ceux qui n'avaient pas cru en elle et permettant ainsi de se faire connaître des professeurs et quelques autres intéressés. Abigaïl n'était plus une enfant douée, elle était devenue une bonne femme à marier.

Ses parents, chez qui elle finit par rentrer par dépit et nécessité, saisirent cette occasion pour la fiancer à Flavien Harpelige. Elle ne connaissait aucunement le garçon, il était comme un pion qui venait lui barrer la route, sortant de nulle part. A dix-neuf ans, face à cette nouvelle, elle ne savait pas quel sentiment dominait chez elle : la peur, la rage ou l'incompréhension. Elle se sentait toujours comme une enfant, elle qui avait découvert sa valeur, sa force et un avant-goût de cette liberté qui l'intriguait depuis toujours. Or ce savant mélange la fit crépiter d'envie de fuir, de tout quitter. Dans les grimoires qu'elle avait dévorés pendant des années, elle avait tout appris du duché de Cibella, cet endroit qui respirait tout ce qu'elle aimait, jusqu'au miel et aux odeurs de l'herbe le matin... Elle aurait voulu y vivre, y offrir son allégeance la plus pure. Là-haut, dans l'abysse infinie du temps qui passe et qui l'observe, Abigaïl pense que Aura et Trelor se sont mis d'accord pour lui offrir ce que la rousse attendait : une opportunité, un choix, et une conviction plus forte encore. Une chance. Encore de blanc vêtue, elle abandonna l'autel, ce pauvre Flavien désemparé dont elle se souciait guère et Outrevent à leur sort pour aller briller à sa juste valeur à Lorgol, dans la Caserne de Flamme. La seule punition qu'elle reçut depuis et qui l'atteint toujours sont ces rumeurs que Flavien fait courir à son sujet, celles d'une Abi bien plus volage qu'il n'y paraît. Mais elle essaya de se moque de tout ça. Elle deviendrait chevaucheuse pour pouvoir jouir de cette liberté qu'offre le ciel, cette volonté destructrice qu'offre la magie et ce rêve éveillé qu'est le duché de Cibella.

Abi ne connaissait toujours pas son Familier, mais Royale serait à présent là pour l'aider dans cette quête. L'une des Reines du Vol de Rubis, aussi étincelante que sa chevaucheuse, l'avait réclamée. Elle. Abigaïl, était fière et d'autant plus persuadée de devenir une mage puissante maintenant qu'elle avait son dragon à ses côtés. Les cinq ans de sa formation se firent sans encombre ni réels morceaux dignes d'intérêt. L'histoire avec Flavien lui laissa un goût amer envers la gent masculine qu'elle pend plaisir à fuir encore aujourd'hui ; elle a à ce sujet de longues conversations avec Royale qui est elle aussi une dragonne indépendante et forte, quoi que follement amoureuse de son roi. Mirta et Erelf la tentent, lui font de l’œil, et la rousse commence à être tentée, en simple être humain qu'elle est, par les péchés sifflés par les dieux qu'elle ne reconnaît pas. Mais elle n'est pas encore tombée dans ses abysses, trop farouche pour oser s'y aventurer réellement.

Elle prit plaisir à découvrir les engagements d'un chevaucheur et décida par la même occasion de changer son nom. L'Embrasée. Elle réussit à intégrer la division de Cibella après que ses parents l'aient déshéritée, reniée, et qu'elle fasse comprendre à ces supérieurs qu'elle voulait voler au nom de Gaëtane de la Volte. Leurs idéaux se ressemblent, Abi soutient cette femme forte qui ne croit pas réellement en Chimène et qui souhaite mettre en avant la domination de la magie sur le savoir. Depuis deux ans qu'elle est réellement chevaucheuse, la jeune fille peut découvrir les merveilles qui se trouvent en Arven, maintenant qu'elle est libre.

A moins qu'elle n'ait fait que fermer petit à petit la porte d'un nouveau carcan, plus doux et agréable, mais tout aussi restrictif qu'une famille et ses valeurs...

L'impératrice Chimène a été couronnée suite à l'Ordalie de Diamant. Penses-tu qu'elle est légitime sur le trône de Faërie, ou défendrais-tu plutôt les droits de Gustave de la Rive ?
• Elle ne saurait dire si elle défend Gustave, mais Abi pense qu'il manque à Chimène ce petit quelque chose qui ferait d'elle une bonne impératrice... La légitimité n'a pour elle que trop peu d'importance, et elle est d'ailleurs plutôt heureuse que ce soit une femme qui gouverne. Seulement, Chimène est jeune, elles ont presque le même âge, et Abigaïl est donc bien placée pour dire qu'elle n'aurait pas dû monter sur le trône. Pas maintenant, du moins. Quant à savoir si ce Gustave serait plus compétent... Il serait après tout possible de tomber sur bien pire que Chimène.

Envisages-tu de prendre part au conflit si une guerre entre Ibélène et Faërie devait se déclarer ? Quel parti prendrais-tu, et pourquoi ? Comment participerais-tu à la lutte ?
• Elle prendrait parti pour les Faës, c'est sûr. Si guerre il devait y avoir, Abigaïl ne pourrait décemment pas rester les bras croisés. D'une part, elle garde comme une rancœur envers certain Ibéens, mauvais souvenirs de sa période à l'Académie... Mais surtout, Gaëtane se battrait, et elle est sa duchesse. La question ne se pose donc pas, elle la suivrait les yeux fermés.

Que penses-tu de Lorgol, la ville aux Mille Tours ? Est-ce que tu t'y promènes sereinement ou est-ce que la capitale des peuples libres t'oppresse ?
• Lorgol l'a en un certain sens libérée, mais aujourd'hui, elle ne sait pas quoi en penser. On y croise trop de gens différents, des idéologies qui se contredisent, et la contredisent. La liberté à beau être l'idéal d'Abigaïl, certains en jouissent trop et elle préfère ne pas trop se frotter à ces derniers... Mais Lorgol reste un endroit appréciable pour changer ses idées.