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 Il suffit de trouver chaussure à son pied

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Séverine de Bellifère
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Je suis : duchesse de Bellifère, autrefois astronome à l'Observatoire de Val-du-Ciel, mon observatoire.

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Message Sujet: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyMar 10 Oct 2017 - 4:52


Livre II, Chapitre 6 • La Chasse Sauvage
Freyja de Brunante & Séverine de Bellifère

Il suffit de trouver chaussure à son pied

Besoin d'un chaperon pour la duchesse!



• Date : 12 novembre 1002
• Météo (optionnel) : Le temps est doux et si les nuages gris annoncent la pluie, celle-ci n'est pas encore tombée.
• Statut du RP : Privé
• Résumé : On cherche un chaperon pour la toute nouvelle duchesse de Bellifère afin de calmer ses ardeurs de Cielsombroises.  La dame de Riven, vieille fille, semble tout à fait indiquée pour le poste.
• Recensement :
Code:
• [b]12 novembre 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t2749-il-suffit-de-trouver-chaussure-a-son-pied#83780]Il suffit de trouver chaussure à son pied[/url] - [i]Freyja de Brunante & Séverine de Bellifère[/i]
On cherche un chaperon pour la toute nouvelle duchesse de Bellifère afin de calmer ses ardeurs de Cielsombroises.  La dame de Riven, vieille fille, semble tout à fait indiquée pour le poste.



Dernière édition par Séverine de Bellifère le Mar 10 Oct 2017 - 5:27, édité 2 fois
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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyMar 10 Oct 2017 - 5:26

Le pli envoyé est couvert d'une écriture régulière et très entassée.
 Dicté par une aînée, c'est la dame de parage de la duchesse qui s'est chargé de coucher ce message sur ce simple bout de papier scellé avec les armoiries de Bellifère.


10 octobre 1002

Dame de Riven,

il est attendu que vos terres et domaine soient prêts à recevoir la visite de la duchesse Séverine de Bellifère en date du 12 novembre de l'an 1002.  La duchesse et son équipage arriveront pour l'heure du déjeuner.

Nos cordiales salutations,

Prudence de Rougeheaume
Dame de parage de la duchesse


Ils étaient partis quelques joues plus tôt, à dos de cheval pour gagner du temps.  Séverine avait soulevé quelques molles protestations en arguant qu'elle serait beaucoup plus confortable en carriole et que c'était plus digne d'une dame de son rang.  Néanmoins, personne n'avait voulu rien entendre de sa propre opinion, or le plan fut maintenu : l'on emmènerait la duchesse sur un destrier faire sa visite à la dame de Riven.  On lui avait raconté qu'il s'agissait d'une vieille fille, et que bien qu'il fut scandaleux que ses terres lui appartiennent, elle pourrait convenir au poste de chaperon.  L'idée ne l'enchantait guère, il ne fallait pas chercher à le cacher.  Séverine prenait très mal cette atteinte à sa liberté personnelle, mais elle était plutôt forcée à faire profil bas depuis que son très cher et bien aimé époux s'était mis en tête de la confronter au sujet de l'absence d'héritier poussant dans ses entrailles.  Entretien plutôt difficile pour la jeune femme qui ne comptait pas ruiner sa silhouette pour pondre des horreurs qui ne savaient rien faire d'autre qu'hurler et salir leurs vêtements avec toutes sortes de matières dégoûtantes.  Le mariage n'avait pas du tout éveillé sa fièvre maternelle et elle était très bien à garder son sein stérile.  En bonne santé et dépourvu de maladie.  Parce que la grossesse, c'était la pire affliction dont on pouvait l'affliger.  Elle espérait que sur ce point Maari continuerait d'éviter de poser son regard sur elle.  Elle se contentait très bien de Mirta.

L'autre raison pour laquelle elle aurait voulu partir en carrosse, ce n'était pas seulement pour s'éviter les fatigues du voyage, mais aussi pour s'éloigner rapidement d'Hacheclair.  Oh, n'importe où en Bellifère, elle serait misérable, mais au moins elle pourrait fuir un instant la colère de son duc de mari – qui ne goûtait pas très bien l'absence de sa progéniture – mais  aussi ses attentions – destinées à régler ce petit problème de ventre vide de vie.  Si Séverine disait rarement non à une partie de jambes en l'air, si c'était dans l'unique but de procréer, elle n'y voyait aucun intérêt.  Elle ne voulait pas honorer Mirta par devoir.  Seulement par envie et plaisir.  Pouvait-on dire qu'il lui forçait la main?  Non, pas comme cette fois à Svaljärd lorsqu'il avait voulu lui donner une leçon.  Elle ne lui refusait jamais sa couche, mais elle n'éprouvait aucun plaisir à ses visites du soir.  Si elle se pliait sans protester, c'était plutôt par instinct de survie.  Il pouvait faire ce qu'il désirait d'elle et se montrer entêtée ne jouerait point en sa faveur.  Peut-être devrait-elle simplement accepter le fait qu'elle devrait un jour laisser sa taille si fine se déformer.  Expulser d'elle-même une vie de plus.  Pourtant, elle ne voulait pas être la mère que Fantine avait été.  À négliger son enfant parce qu'elle avait de plus grands objectifs – en l'occurence, se venger de tout ce que Castiel lui avait fait subir.  En premier lieu, ce mariage maudit.  Elle n'aimait pas Martial et doutait pouvoir un jour éprouver ce genre de sentiment à son égard.  C'était à peine si elle le respectait.

Elle s'abandonnait à ce genre de réflexion quand ils arrivèrent enfin aux abords des terres de Riven.  Il était temps, elle commençait à avoir faim.  Il ne restait qu'à espérer qu'on mangeait aussi bien chez la vieille qu'au palais ducal, cela compenserait la conversation probablement fort ennuyante qu'elle devrait entretenir avec son hôte.  On envoya un cavalier de son escorte à l'avant annoncer l'arrivée de la duchesse.  Et même si elle tenait le rang le plus élevé de toute la compagnie, elle n'y avait pas son mot à dire.  Et elle ne pouvait même pas confier son ennui à Prudence qui voyait d'un extrêmement bon œil cette visite et son motif.
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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptySam 14 Oct 2017 - 0:50

On s’est drôlement bien fendu la poire, à la Taverne de la Rose, lorsque le pli est arrivé et que lecture publique en a été faite. Juste à temps, d’ailleurs – livré au manoir de Riven plus de trois semaines auparavant, il a voyagé à bord d’un navire commercial qui a pris tout son temps pour s’en venir mouiller à Lorgol et livrer la missive à l’auberge, en pleine Ville Basse. Freyja, restée à terre pour superviser la gestion des trois bébés et profiter un peu de sa couvée, n’a eu que le temps de confier aux bons soins de Félicie sa jolie filleule Ariane, mieux connue sous le nom de code de « Bébé Boum », ainsi que Lucy et Leo. Le lendemain soir, une fois quelques bagages empaquetés à la va-vite avec l’aide diligente de Touillette, Freyja a confié Leia aux bras de Lena, chargé Luke dans les siens, et pris le premier portail pour Riven avec ses trois enfants et leurs paquets.

Bien sûr, sur place, le branle-bas de combat a été déclaré à l’arrivée de la dame – et de ses enfants, par Kern. Dans la confidence depuis près de deux décennies, les serviteurs entre deux âges composant la domesticité réduite du domaine n’ont pas bronché, et simplement préparé des chambres pour la progéniture de dame Freyja, officiellement vieille fille recluse à Riven depuis si longtemps qu’on ne se souvient plus quand exactement. Oh, elle a bien mûri sa décision, la pirate flamboyante – si elle a bien conscience qu’elle doit impérativement ne rien laisser deviner concernant l’Audacia, elle a choisi de justifier son exil loin du monde en exhibant quelques naissances bâtardes, expliquant sa réclusion et dissuadant la duchesse de renouveler toute tentative de visite qui mettrait à mal sa couverture. Et puis, de toute manière, les jumeaux ont besoin de leur mère – et la Lena sera si contente de voir une vraie duchesse ! Son visage s’est tant éclairé lorsque sa mère le lui a proposé.

Il faut bien reconnaître que la maisonnée est impeccable – l’endroit lui de propreté, les jardins sont visiblement entretenus avec beaucoup d’amour, et Freyja n’a pas lésiné sur les compliments et les largesses pour remercier sa domesticité de la couvrir avec dévouement et de mettre tant de cœur à l’ouvrage. Personne ne sait ce que la duchesse vient faire sur ce petit coin de littoral, Riven est une bourgade relativement modeste, et la curiosité agite les pensées de la dame des lieux qui ne s’est pas trouvée aussi bien vêtue et parée depuis des années.

Avec grande diligence, elle a mis à profit les trois jours les séparant de la visite de la nouvelle duchesse pour rafraîchir ses connaissances sur les us et coutumes de Bellifère avec sa gouvernante, fait le point sur la noblesse des alentours avec son majordome, consulté attentivement le récapitulatif des rumeurs adroits que les domestiques font courir sur elle dans la ville, et soigneusement instruit Lena de tenir étroitement sa langue, car personne de l’entourage de la duchesse ne doit avoir le moindre doute concernant leur vie de piraterie éhontée. Personne, Lena – personne ! La petite mage a semblé bien le comprendre, et Freyja a enchaîné en la sommant de bien tenir sa magie sous contrôle. Après tout, deux mois auparavant, on les tuait, les mages ibéens… La mine sérieuse, une expression que la dame de Riven a bien peu l’habitude de voir sur le minois délicat de sa princesse, Lena a promis de bien se tenir – et quand au juste est-ce qu’elle arrive, la duchesse Séverine ?

Trop vite.
Freyja réfrène un brin de panique lorsque le cavalier annonçant l’arrivée du cortège ducal débarque. Crispée, elle fait avancer les domestiques et les quelques gardes du domaine en rang devant le bâtiment pour accueillir dignement la souveraine. Un peu en retrait, Lena porte sa sœur et la gouvernante Frédégonde berce le petit Luke. Les chevaux finissent par arriver, et l’œil de Freyja repère rapidement la silhouette fine de la duchesse – oh, comme elle porte Sombreciel sur ses traits ! Droite comme Levor en personne, Freyja exécute une révérence de cour impeccable, étalant dignement le tissu épais de sa lourde robe à la mode d’il y a quinze ans, qui lui va encore pas si mal après cinq accouchements – et quelques retouches exécutées en urgence par une couturière Passefil mandée à la ville la veille.

« Votre Grâce, » énonce-t-elle d’une voix claire en se redressant, tandis qu’un serviteur apporte un marchepied pour faciliter le retour de la duchesse au sol, « soyez la bienvenue sur les terres de Riven. Je suis Freyja, dame de ces lieux, et très honorée de votre venue. Considérez ce toit comme le vôtre tant qu’il vous plaira. Souhaitez-vous prendre quelque repos avant de m'entretenir des motifs de votre venue ? »

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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyLun 16 Oct 2017 - 18:55

Tout d'abord, il y a évidemment la surprise.  On lui avait rapporté que la Dame de Riven était une vieille fille qui vivait sa vie en recluse.  Pas si recluse que ça finalement hein, quand on posait les yeux sur la marmaille qui débordait des bras de tous les membres du comité d'accueil.  Puis, il y eut l'amusement.  Alors, c'était vraiment le comble de la perfection.  L'on avait décidé d'entretenir la Dame de Riven afin d'en faire la chaperonne de la duchesse qui avait ses quelques écarts de comportement et là on tombait plutôt sur une femme qui semblait très mal donner l'exemple en la matière.  À moins que cette armée d'enfants ne soit celle d'une cousine qui l'aurait laissé à la charge de la bonne vieille dame.  Cela aurait pu être une excuse plausible si, malgré le changement de vêtements et de coiffure, Séverine n'avait point reconnu la femme avec qui elle avait échangé quelques mots sur le pont de l'Audacia, quand il était encore question pour elle d'y être passagère afin d'observer le ciel.  Elle-même l'avait-elle reconnue?  Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire amusé en imaginant la tête de Prudence si elle savait ce fort charmant petit détail à propos de cette… comment avait-on dit déjà? « Dame de vertu et bonnes manières ».  Elle devait déjà tiré une de ces mines fort peu réjouit devant le spectacle qui se dressait sous leurs yeux.  Elle l'entendait presque murmurer à propos de toute la honte du monde qu'il y avait à accueillir ainsi la duchesse.  Si on excluait les producteurs de bave, finalement ce cours séjour pourrait être plus amusant qu'elle ne l'avait espéré à la base.  Elle qui s'attendait à vivre un moment pénible.  Au moins, elle pourrait se rappeler le fait d'être accueillie par une pirate pour se distraire quand cela se dévoilerait être trop barbant.

Elle se laissa donc glisser en bas de sa selle, fourbue par cette longue chevauchée, contemplant l'idée de prendre un peu de repos avant de commencer les pourparlers.  Qui risquaient d'être fort amusants.  Elle laissa la bride de sa monture à un des membres de son convoi pour exécuter la révérence de mise.  Le marche pied avait été fort utile.

« Dame de Riven, » lâcha-t-elle avant toute chose.  Ce n'était pas sous ce nom-là qu'elle l'avait connue. En fait, c'était le même prénom, mais elle n'était pas certaine en ce qui concernait le patronyme.  Elle n'y avait pas vraiment porté attention.  Si la situation ne lui avait pas apporté autant d'ennui et qu'elle n'avait pas été en quête d'un petit remontant, elle ne l'aurait en fait probablement pas reconnue.  Elle n'avait pas vraiment eu un impact très marquant dans son existence.  C'était probablement un retour de mémoire inopiné.  Après tant de mois confinée à se morfondre sur son sort, les tentatives de gagner un peu de terrain vers Martial toutes ratées, un peu de plaisir n'était pas de refus.

« Nous nous reposerons plus tard, je vous remercie.  Mais peut-être pourriez-vous nous accorder quelques instants, le temps de rafraîchir nos tenues couvertes par la poussière de la route de ce matin. »  Elle était certes fatiguée, mais elle pressentait que cette entrevue serait fort amusante et ne souhaitait en aucun cas la retarder plus que possible.  Changer de tenue suffirait.  Au besoin, elle pourrait demander un petit massage pour la revigorer, mais elle ne l'envisageait pas vraiment.  Elle ne désirait que se débarbouiller un peu.

« J'ose espérer qu'une fois nos choses réglées, vous m'accorderez le plaisir de faire le tour du propriétaire en votre compagnie.  Il s'agit de la première demeure où je séjourne en Bellifère depuis que j'y suis arrivée. »  Elle décrocha un sourire à son hôte.  Elle pouvait enfin commander un peu, maintenant que l'entourage était exempt d'hommes.  On ne s'attendait toujours pas qu'elle obéisse au cocher, non?
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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyMer 18 Oct 2017 - 2:39

Elle l’a déjà vue.
Cette certitude tourne en boucle dans l’esprit de Freyja, depuis que la toute nouvelle duchesse de Bellifère a ôté son royal séant de son canasson pour s’en venir poser pied à terre devant le perron de son manoir. Impression vague, mais Freyja en est convaincue : cette femme-là, elle l’a déjà vue. Certainement pas dans le duché c’est sûr : elle sait que la noble gourgandine vient de Sombreciel et qu’elle n’est arrivée que récemment. Et du coup, pas vraiment en Sombreciel non plus : ces fous furieux font honte à toutes les lois nautiques dignes de ce nom et s’obstinent à arborer sur leur littoral les absurdités sans nom que le reste du continent est apparemment censé admettre au rang de « port ». Comme si l’assemblage branlant de deux bouts de bois bringuebalants sur des galets moussus pouvait être jugé acceptable de recevoir l’insigne honneur d’amarrer une vivenef aussi reconnue que l’Audacia !
Allons donc.

Mais où, alors ?
À Lorgol, peut-être ?
C’est que la dame de Riven ne fréquente pas vraiment les hauts cercles de la bonne société – elle a bien trop peur qu’un hurluberlu belliférien aux capacités cognitives inversement proportionnelles à l’ampleur de sa crétinerie congénitale ne tente de l’enlever pour faire main basse sur sa ville, son domaine, et ses lucratives landes aux perles.

Mais où donc, par toutes les catins des ports ?
Les interrogations se bousculent dans l’esprit de Freyja, qui déteste plus que tout reconnaître un visage sans parvenir à se souvenir du nom auquel l’associer. Est-ce une ennemie, cette femme ? Connaît-elle la pirate tapie sous les dehors de la vieille fille endurcie ? Est-elle venue la menacer ? S’en prendre à sa famille, à son compagnon de lit et de liberté, à leurs six enfants ? À leur équipage, à leur rêve d’infini, à leur amour de l’horizon ? Les résidents de la Taverne de la Rose sont-ils en danger, à Lorgol qui lui semble soudain bien éloignée, presque hors de sa portée ? Est-ce un piège, la noble dame est-elle venue la confronter, l’arrêter, l’emprisonner pour la torturer et l’exécuter ?

À peines quelques secondes ont passé. Freyja s’incline à nouveau, donne quelques ordres pour que l’on obéisse aux désirs de Son Altesse, conservant sa façade de respect poli tandis que son esprit fébrile envisage des possibilités de plus en plus absurdes. Une ancienne conquête du Louis ? Une amie de la Marianne, de la Solange ou de l’Ilse ? Une poivrote venant s’enivrer de temps en temps sous une fausse identité ? Allons. C’est ridicule. « Mes servants vont vous conduire, ainsi que votre suite, aux appartements préparés pour vous. Une fois notre entretien terminé, je vous montrerai mes terres avec plaisir, Votre Grâce ; bien qu’elles soient fort modestes et ne recèlent guère de merveille à contempler. »

Ensuite, elle envoie Lena avec son frère et sa sœur s’installer hors de vue dans l’un des petits salons de l’étage, patientant pour sa part dans le grand salon de réception où elle fait nerveusement les cent pas.

Mais où a-t-elle déjà vu cette femme, par les tentacules vicieux du Kraken ?
Lorsque la duchesse entre dans la pièce à son tour, accompagnée de la duègne sévère qui est sûrement une sorte de chaperon, Freyja s’incline à nouveau, désignant d’un geste à l’élégance ampoulée terriblement peu naturelle les fauteuils disposés autour d’une table portant de quoi se restaurer. Elle ouvre la bouche pour convier ses visiteuses à s’asseoir ; mais la nature impulsive de la fille de Messaïon s’y oppose, et c’est une toute autre question qui franchit ses lèvres.

« Nous nous sommes déjà rencontrées, Votre Grâce, n’est-ce pas ? Pardonnez-moi, mais je crois que ma mémoire ne le resitue pas avec suffisamment de précision. »

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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyVen 20 Oct 2017 - 10:04

Se débarrasser de la crasse du voyage fut une bénédiction pour Séverine.  Elle quitta avec grand plaisir ses vêtements poussiéreux et laissa Prudence l'aider à enfiler de nouveaux.  Propres.  Elle maugréait entre ses dents, plutôt étonnée.  On lui avait assuré que la dame de Riven était fort convenable et vivait une vie de recluse.  Et là, elle découvrait une horde d'enfants.  Pour une femme célibataire, c'était plutôt curieux songeait la dame de parage, l'air assombri.  Elle qui espérait recevoir un peu de soutien dans l'éducation de leur duchesse beaucoup trop sauvage et indécente, elle n'y comptait plus trop avec le comité d'accueil qui les avait reçu.  Elle se répandait en doléances sans presqu'aucune retenue, fortement indignée de la situation et de la méprise.  On ne pouvait laisser la duchesse en telle compagnie plus longtemps que nécessaire, si cela se savait!

« Cessez de geindre Prudence, vous me donnez la migraine! la tança la Cielsombroise agacée par le bourdonnement incessant de la Belliférienne, Attendez au moins d'entendre les explications de la dame avant de vous répandre ainsi en jérémiades.  C'est fort inconvenant.  Maintenant, vous me nouez ce corset ou pas? »

Tout aussi déçue qu'elle l'était de voir son séjour, qui finalement pourrait être amusant, probablement écourté et de devoir retourner plus rapidement auprès de Martial et de ses insistances dans son lit qu'elle accueillait particulièrement peu volontiers, elle se préoccupait tout de même de la finesse de sa taille.  Justement parce que le besoin d'un héritier l'oppressait encore plus et qu'elle désirait plus que jamais l'éviter.  Rien que pour contrarier tout le monde. Puisse Maari continuer à l'ignorer aussi plaisamment.

Vêtue, elle fit appeler pour qu'on la guide auprès de son hôte. Elle s'était préparée rapidement, impatiente à l'idée de cette rencontre.  Introduite dans le salon où l'attendait la quadragénaire – c'était ce q'il lui semblait – Séverine répondit à son salut avec élégance.  Plus naturelle.  Cela la fit sourire, amusée.

Elle fut toutefois surprise, alors qu'elle se dirigeait vers un fauteuil – le plus élégant – et s'arrêta dans son élan.  Elle contempla la femme et lui adressa un sourire où on pouvait déceler un réel plaisir pour quiconque y prêtait un peu attention.

« C'est étrange que vous me posiez cette question.  En toute vérité, vous ressemblez vivement à une femme que j'ai rencontré en février dernier, c'est ce que j'ai songé en vous voyant pour la première fois à l'entrée de votre demeure.  Néanmoins, ce ne pouvait être vous, l'on m'a dit que vous vivez en recluse sur vos terres.  J'étais alors à Lorgol pour affaires.  Mon navire voguait sur des flots fort tumultueux et il serait possible que ma mémoire me fasse défaut.  Peut-être qu'elle ne vous ressemblait pas  tant que ça finalement, » répondit après un léger moment de silence la duchesse.  Elle appuya légèrement sur les mots bateau et flots.  Je vous ai reconnue semblait-elle claironner en le cachant au reste de l'assemblée.  Oui, elle savait que c'était elle et elle se demandait si elle mordrait à l'hameçon.  Craindrait-elle qu'elle la dénonce à son époux?  Non, Séverine n'y comptait pas.  Mais si elle pouvait tirer parti de la situation… elle ne s'en priverait pas.

« Ces enfants plus tôt, ce sont ceux d'un parent? » demanda-t-elle pour changer le sujet de la conversation.  Pour le moment.  Elle prit place dans un fauteuil et s'y appuya confortablement.
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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyDim 12 Nov 2017 - 14:08

C’est à la réponse de la duchesse que Freyja comprend qu’elle ne s’était pas trompée. Cette femme-là, elle la connaît – pas bien, assurément, mais assez pour l’avoir déjà vue dans un environnement qui n’était pas celui d’une demeure policée. Elle a beau chercher, pourtant, elle ne voit pas Séverine de Bellifère mettre les pieds à la Taverne de la Rose, alors où ? Certainement pas à Brunante non plus, la donzelle est trop jeune pour s’y être rendue lorsque Freyja y vivant encore. On prétend la souveraine princesse de Sombreciel, et la pirate n’en a jamais fréquenté la cour… Alors, quoi ? Où ? Le petit air entendu de Séverine ne fait qu’irriter davantage son intuition, et Freyja se retient à grand-peine de ne pas l’apostropher avec véhémence dans le parler fleuri qui a cours sur le pont de l’Audacia.

Non, pour le moment elle doit ronger son frein, sous le regard inquisiteur de la suivante qui semble trouver tout ce qu’elle voit fort peu à son goût. S’il y a bien quelque chose qui irrite la prétendue vieille fille, c’est bien que l’on se permette de la juger sans la connaître ; et elle en conçoit instantanément une profonde antipathie pour cette femme sévère aux lèvres pincées et aux sourcils froncés, narines frémissantes comme si une odeur nauséabonde flottait dans l’air. Rien qu’à voir la désapprobation dans chaque geste de l’importune, chaque critique muette dans les regards qu’elle échange avec sa duchesse, laquelle semble plus amusée qu’autre chose – le sang de Freyja bout dans ses veines, et le tempérament farouche de la pirate le cède à grand peine à la raison qui lui souffle de rester polie en présence de Séverine.

Elle ne peut résister, toutefois, à piquer au vif la dignité toute roide du vilain chaperon, répondant avec une absolue franchise à la question de sa royale visiteuse. « Ces enfants sont miens, Votre Grâce. La grande que vous avez aperçue est ma seconde fille, Lena-Galiote. Les bébés sont mes jumeaux nés en mai – le garçon s’appelle Luke, et sa sœur Leia-Ondine. » Tout en parlant, Freyja adresse un sourire outrancier à la suivante qui semble encore sous le choc de ces informations scandaleuses. C’est avec une bonhommie toute tranquille qu’elle poursuit son petit discours assassin, sans quitter la femme des yeux. « J’ai deux autres filles, Lou-Ann et Lucy-Fauvette, et un autre fils, Leo. Six enfants en tout, je dois bien avouer que Maari m’a gâtée, et qu’ils font le bonheur de mes journées. » Hochant doctement la tête à ce mensonge éhonté, la pirate garde un instant la duègne sous son regard tranquille, espérant presque que la commère en avalera son bonnet arriéré bien pensant ; mais elle ne peut continuer sans friser le lèse-majesté, et reporte donc prestement son attention sur la duchesse. « Ils sont élevés à ma résidence secondaire de Lorgol. En ces temps troublés, un territoire neutre me semble moins dangereux pour la sécurité de mes enfants. »

Joignant gracieusement les mains dans son giron, retenant la multitude de petites piques assassines destinées à la femme-chaperon qui s’étrangle sûrement silencieusement dans son coin, Freyja fait face à sa souveraine, attendant les questions qu’elle suppose voir venir prochainement.
Autant en finir rapidement… !

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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyVen 17 Nov 2017 - 14:33

Séverine n'osa pas se tourner vers Prudence à l'aveu de leur hôte : rien qu'à imaginer la déconfiture et l'air pincé qui s'imposerait rapidement sur son visage, la duchesse avait peine à ne point éclater de rire.  Si elle se décidait à lui jeter le moindre coup d'oeil, elle ne pourrait maintenir son air digne et elle se ferait très vraisemblablement réprimandée par la suite par sa chère dame de parage dont le rôle était entre autre de la ramener à l'ordre.  Elle se mordit discrètement l'intérieur de la joue pour s'empêcher de s'esclaffer tandis que la dame de Riven rajoutait couche sur couche.  On croirait presqu'elle faisait exprès de se moquer de la vieille fille si prude et sévère.  La Cielsombroise la plaignit quelques instants, avant de repenser au plaisir que lui provoquait cette rencontre pour le moins originale.  Dire qu'elle était venue en quête d'un chaperon pour lui apprendre les bonnes manières et à se tenir en société.  Qui aurait cru qu'elle se retrouverait dans l'antre d'une pirate mère d'une aussi grande marée d'enfants?  C'était bien dommage, car elle aurait eu beaucoup plus d'intérêt à avoir une telle femme dans son entourage : ses journées seraient probablement moins grises.  Les piques de la quadragénaire l'amusaient de plus en plus et il était vraiment regrettable qu'il soit impossible de la ramener à Hacheclair afin de scandaliser un peu la cour – qui manquait cruellement d'amusements, Castiel était un monstre certes, mais elle était certaine qu'il tenait ses gens amusés.  Malheureusement, l'idée si séduisante leur serait forcément funeste et il ne serait donc pas question de la proposer.  C'était vraiment dommage.

« Ce sont de beaux enfants, je puis concevoir qu'ils vous réjouissent.  Moi-même, je ne connais point encore les joies de la maternité, » répondit-elle d'abord.  Ce qui était très hypocrite, car Séverine était loin d'avoir envie de connaître les-dites joies et elle se réjouissait de voir son ventre toujours aussi plat tant qu'elle le pourrait.  Bientôt, il lui faudrait bien céder.  Ou bien peut-être qu'un de ces jours, ses potions lui feraient faux bond et le malheur s'abattrait sur elle.  Elle trouverait alors un moyen de s'en débarrasser.  Les plans de secours étaient déjà tout prêts dans son esprit.  L'enfant ne naîtrait que lorsqu'elle l'aurait décidé.

« Il est sage de s'éloigner du conflit, certes, avec des enfants en si bas âge, mais j'ose espérer que vous ne croyez pas à la défaite des troupes bellifériennes.  Riven est plutôt éloigné de la ligne des combats, » ajouta-t-elle en haussant un sourcil.  Elle scruta un instant le visage de la femme, puis haussa rapidement les épaules.  Elle n'était pas là pour lui faire commettre une erreur.  L'idée qu'une famille de flibustiers possède un domaine juste sous le nez de Martial l'amusait follement.  Elle garderait ce souvenir de sa visite comme un petit secret personnel.  Une vengeance pour la perquisition sauvage qu'il avait faite dans ses appartements.

« Je suis lasse d'entendre parler de cette guerre, lâcha-t-elle après un très court silence, Et je ne suis point venue pour disserter à ce sujet.  Nous espérions trouver chez vous une dame plutôt respectable et menant une vie retirée afin de devenir mon chaperon.  Toutefois, je crois que je ne pourrai vous faire cette offre connaissant désormais la charge qui vous incombe de prendre soin d'une aussi large progéniture. »

Un sourire se dessina sur ses lèvres et sans attendre d'y être invitée pigea dans les victuailles déposées devant elles.  Elle avait faim et si elles étaient là, c'était bien parce qu'on escomptait qu'elle s'en nourrisse, non?  Et des deux, c'était elle qui avait le plus haut rang.
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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyMar 26 Déc 2017 - 16:20

Toute concentrée qu’elle est sur son petit discours malicieux, Freyja n’en observe pas moins attentivement les réactions de Séverine, confortablement installée face à elle. La duchesse ne semble pas si choquée qu’elle ne l’aurait redouté – la fille de Sombreciel, vraisemblablement, n’a pas le cœur fragile des Bellifériennes traditionnelles – et la pirate pourrait presque jurer que son regard… pétille, au fil du discours soigneusement débité par sa scandaleuse hôtesse. Le pari est très risqué, c’est vrai ; mais Freyja a appris à vivre dangereusement, et le jeu en vaut la chandelle. Que risque-t-elle au pire ? Un exil, le bannissement ? Elle est attachée aux terres de Riven dont les revenus, bien que modestes, suffisent à donner un vernis de légitimité à la Taverne de la Rose à Lorgol ; mais si jamais elles devaient lui être retirées, elle pourrait vivre sans. Non, le plus risqué serait que la couronne n’ordonne un mariage prompt avec un Belliférien respectable, pour cacher la honte d’avoir une femme libre dotée d’une couvée de bâtards en liberté sur le territoire ducal. Philippe n’était pas particulièrement adepte de la notion de mariage, tout comme Freyja elle-même, les chances de la voir porter un jour le nom Jedidiah restent relativement hypothétiques…

Alors Freyja raconte ce qui devrait rester inavouable, avec délicatesse et élégance, prenant fortement plaisir à horrifier le digne chaperon mortifié, tirant grande joie de l’étincelle d’amusement qui pétille au fond des yeux de sa souveraine. Complice, cette duchesse venue de Sombreciel : compréhensive, amusée. Bienveillante, peut-être, si Messaïon est avec elle. Attend-elle vraiment les joies de la maternité, comme elle le prétend ? Le choc a dû être grand, pour une femme née aussi libre, de se voir recluse du jour au lendemain dans un rôle aussi… terne. Rien dans la femme qu’elle découvre n’est terne, son caractère est vraisemblablement haut en couleurs, plein de cette passion débordante typique des enfants de Mirta. D’un sourire, la pirate répond aux objections de sa souveraine. « Riven est éloigné de la ligne de front, mais c’est un domaine côtier fréquemment visité en temps de paix par les vivenefs commerciales. En temps de guerre, il suffirait d’un ou deux vaisseaux de la marine militaire pour dévaster le port et la ville… » Elle passe sous silence le fait que la petite seigneurie est également fort étrangement épargnée par les pirates qui ravagent le littoral de leurs pillages – le fin sourire de Séverine et son air entendu montrent qu’elle n’est pas dupe.

Puis vient la délivrance – ô indicible soulagement ! Elle ne sera pas convoquée comme chaperon de la duchesse ! Un soupir rassuré lui échappe, et c’est d’une main un peu tremblante qu’elle imite le geste de son invitée pour piocher dans le plat de victuailles posé sur la table entre elles. Elle grignote un instant pour se donner contenance, méditant sur les mots qu’elle va prononcer, choisissant soigneusement le sens qu’elle veut leur donner. « J’ai bien conscience de l’insigne honneur dont vous envisagiez de me gratifier, Votre Grâce. », commence-t-elle d’un ton compassé, « Et j’admire votre délicate prévenance de ne point me soustraire aux tâches qui m’incombent auprès des miens. », la première étant de soutenir son pirate de compagnon dans la gestion d’un équipage de flibustiers et de forbans. Pour le seul bénéfice de la duègne aussi raide que Levor descendu sur terre, elle poursuit en hochant gravement la tête. « Votre générosité me laisse sans mots pour vous exprimer ma gratitude, douce dame. » Par-devers elle toutefois, Freyja émet quelques réserves sur la douceur de cette âme qu’elle devine d’acier – et c’est du respect, sans aucune forme de jugement, qui vibre un instant dans l’air autour d’elles.

C’est à mi-voix qu’elle reprend, les yeux rivés à ceux de son invitée, mue par une impulsion subite. « Je pense, ma dame, que Bellifère gagnera beaucoup sous le règne d’une duchesse telle que vous. » Les femmes, notamment.

Si tant est que cela soit possible dans ce duché si terriblement rétrograde…

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Séverine de Bellifère
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Je suis : duchesse de Bellifère, autrefois astronome à l'Observatoire de Val-du-Ciel, mon observatoire.

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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptySam 30 Déc 2017 - 9:29

Les propos de la dame rendirent Séverine plutôt songeuse.  Elle avait une connaissance beaucoup trop négligeable de l'influence de la géographie sur le continent.  Elle n'avait pas tort de prendre en considération la proximité avec la mer de son domaine.  Honteuse, elle préféra ne pas relever la remarque, même en hochant avec approbation la tête.  Devenir duchesse n'avait jamais réellement fait partie de ses plans, mais elle commençait à réaliser qu'en vérité, elle qui cherchait à s'allier à Martial réalisait qu'elle n'avait en effet rien à lui offrir en échange de son aide à lui.  Cette ombre plâna cependant de courte durée sur son âme, la duchesse de Bellifère n'étant pas du genre à se laisser abattre.  Son esprit combattant refusait de s'avouer vaincue.  Elle se montrerait à la hauteur et ce qu'elle ne savait pas, elle l'apprendrait, tout simplement.  Ce ne serait pas une tâche facile, elle avait accès à si peu de choses là où elle était désormais, elle avait aussi très peu d'inclinaison naturelle pour de tels savoirs, mais elle ferait ce qu'elle devait pour être celle qu'elle devait être.  Elle se demanda si le port était protégé.  Sûrement.  Elle n'aimait pas à reconnaître des qualités à son mari, mais elle ne pouvait pas croire qu'il n'aie pas ordonné pareille chose.  Et de toute façon, si elle posait la question, elle se ferait sûrement rabrouer et remettre à sa place : la guerre n'était pas chose de femme, encore moins une chose qui concernait Séverine en particulier.

« Vous êtes beaucoup trop aimable.  N'est-il pas du devoir d'une femme de prendre soin des siens? » répondit-elle en souriant d'un air entendu.  Elle n'en pensait rien du tout, mais c'était une pensée de Bellifère.  La femme doit s'occuper de ses enfants, n'est-ce pas?  Il n'était pas spécifié dans le cas où ces enfants étaient nés hors-mariage qu'il fallait changer la position de la femme.  Enfin, il n'était pas désirable qu'une femme enfante sans avoir de mari, mais cela ne préoccupait pas Séverine.

Elle se tourna alors vers Prudence, un air malicieux illuminant subitement son visage et ses yeux brillèrent.

« Et je dois penser à ma dame de parage ci-présente.  Je crois qu'elle n'approuverait que très peu votre compagnie sur une longue période, bien malheureusement.  Allons Prudence, cessez de froncer ainsi vos sourcils, cet air sérieux ne vous sied guère.  Vous qui êtes encore si jolie malgré votre âge, vous risqueriez d'avoir des rides horribles et je ne pourrais plus supporter votre vue, » tança-t-elle la pauvre vieille fille qui désapprouvait décidément tout dans cette maison.  Si Séverine et Freyja mangeaient tranquillement, elle n'avait touché à rien, ses lèvres bien pincées, un air sévère.

« Vos mots me touchent beaucoup, bien que je doute pouvoir faire beaucoup pour le bien de Bellifère, sauf peut-être contribuer à alimenter les ragots du peuple.  Une duchesse née sous Mirta au duché de la guerre, c'était impensable, » ajouta-t-elle plutôt amusée.  Elle picora à nouveau parmi les victuailles.  Décidément, il y avait tout de même un bon côté à vivre en Bellifère : ses cuisiniers étaient capables de réveiller toutes les sensations du palais.  « Ceci est fort délicieux, » commenta-t-elle.  La cuisine était un sujet plus intéressants que toutes ces histoires ennuyantes de Belliférien.
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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyJeu 11 Jan 2018 - 12:50

La duchesse semble parfaitement détendue, et peu à peu Freyja sent ses craintes s’apaiser. La seule hostilité qu’elle perçoit émane du chaperon aux lèvres si pincées qu’elles en disparaissent presque, et un brin d’amusement vient tempérer les appréhensions de la pirate. Finalement, cette entrevue qu’elle redoutait fortement ne se déroule pas si mal qu’elle le redoutait de prime abord. Peut-être est-ce parce Séverine est cielsombroise et n’éprouve pas la même défiance que les Bellifériennes devant une femme indépendante ? Freyja n’en sait rien, mais l’ouverture d’esprit de la jeune femme lui plaît, et une part d’elle nourrit quelques espoirs quant à l’avenir de ce duché fortement rétrograde, sous sa tutelle éclairée.

« Une duchesse née sous Mirta apportera peut-être un vent de changement bienvenu. Je sais qu’une dame comme moi est une honte pour Bellifère – or, même si je n’ai pas épousé le père de mes enfants, je n’ai connu que lui et tous mes petits sont les siens. Notre engagement n’est sanctionné par aucun contrat, mais nous sommes bien plus fidèles qu’une majorité de couples mariés. Je m’émerveille, d’ailleurs, que vous soyez capable de l’entendre sans vous indigner. » ajoute-t-elle avec un sourire mi-amusé, mi-penaud. Oui, elle en avait, des préjugés sur la couronne belliférienne ! Mais elle ne détaillera pas la totalité de ses craintes à Séverine, préférant garder pour elle ses doutes qui lui semblent bien excessifs à présent. Comment avouer à cette femme placide et calme qu’elle craignait de se voir ordonner un mariage rapide à un voisin cupide pour faire cesser le scandale ? Qu’elle redoutait qu’on ne lui retire ses enfants les plus jeunes, afin qu’ils soient élevés dans une famille traditionnelle et respectable, pour en faire de bons petits Bellifériens respectueux des traditions ? Qu’elle appréhendait de se voir destituée de sa terre, ce Riven hérité de sa mère, auquel elle tient plus qu’elle ne veut bien l’admettre ? Tout cela a défilé dans son esprit depuis l’arrivée de la convocation, et le soulagement qu’elle éprouve de voir ses peurs infondées est sincère et profond.

Distraitement, elle constate que la duchesse semble apprécier les douceurs servies sur le plateau entre elles, et se promet de le signaler au personnel des cuisines. Qu’ils seront honorés, les fidèles serviteurs de Riven, si la duchesse en personne se déclare satisfaite de l’hospitalité des lieux ! La gastronomie locale semble à son goût, en tout cas. Un grattement discret à la porte interrompt le silence, et les pleurs qui résonnent en sourdine de l’autre côté du battant informent la pirate que l’un de ses bébés réclame que l’on s’occupe de lui. À en juger par leur tonalité, plus chagrine que revendicatrice, il s’agit vraisemblablement du petit Luke ; les sanglots de Leia portant plus de colère que de désarroi habituellement… Et il est vrai que le nourrisson peine à s’endormir loin de sa mère, ce qui a posé problème lors de son retour en mer. « Si vous permettez, Votre Grâce… ? » Elle a tôt fait de récupérer le poupon braillard, qui se calme rapidement une fois dans ses bras, le berçant doucement pour l’aider à retrouver sa sérénité. Elle intercepte un regard scandalisé de la dame de compagnie, et l’ignore fermement, concentrant son attention sur la duchesse. « Savez-vous que vous êtes une des idoles de ma fille Lena, Votre Grâce ? Elle vous vénère avec grande passion. » Pensez-vous, une duchesse couronnée, avec de jolies robes et grande élégance !

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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyLun 29 Jan 2018 - 7:29

Si Séverine ne se montrait pas plus outrée par ce qu'elle apprenait sur la dame de Riven, peut-être était-ce parce qu'elle savait que ce n'était qu'une facette de sa personnalité. Ou tout simplement cela était-il dû au fait qu'elles étaient deux femmes dans un duché d'hommes, mais pas seulement deux femmes. Deux femmes au fort caractère, différentes de celles qui naissaient dans ce duché, mais qui y essayaient de survivre à l'étroitesse d'esprit belliférienne. La pirate avait une vue intéressante sur la vie. Séverine, avait quelque mal à imaginer une vie de fidélité envers quelqu'un à qui on n'était pas marié. Néanmoins, elle-même n'avait jamais réellement connu l'amour. Des aventures, par millier. Elle ne pouvait pas tenir ne serait-ce qu'un peu le compte de ses conquêtes. Conquêtes qu'elle n'avait gardé pour la plupart une seule nuit avant de les rejeter au loin. Garder toujours le même partenaire lui semblait trop monotone. Surtout quand on avait encore l'opportunité de choisir. Pourquoi se contenter du même homme ou de la même femme quand il y en avait plusieurs autres à l'extérieur. Non, Séverine ne savait pas ce que c'était que d'avoir une affection profonde pour un être en ce monde, quelqu'un qui ne pourrait pas être remplacé par un autre. Elle avait Martial, certes, mais… l'aimait-elle? Non. Son cœur restait mort à la vue de son époux. Au loin, il ne lui manquait pas. Elle ne s'inquiétait pas pour lui. Il ne lui tardait pas de le revoir. En vérité, elle redoutait le moment où elle rentrerait à Hacheclair. C'était bien amusant pour le moment, de constater que la dame des lieux ne conviendrait pas pour chaperonner Séverine, mais lorsqu'il faudrait l'expliquer à Martial, elle risquait d'en payer cher le prix, de ces quelques minutes de ce qui ressemblait un peu… à du plaisir.

Elle fut tirée de ses réflexions sur son mariage raté par les cris d'un enfant. Légèrement agacée, Séverine n'ayant pas une once de fibre maternelle en elle, elle n'en pipa point mot toutefois, de crainte de courroucer la mère. Après tout, celle-ci venait de complimenter aimablement Séverine sur ses talents potentiels de duchesse – encore peu éprouvés jusqu'à présent – et la Cielsombroise aimait à être flattée. Ce n'était pas en s'indignant sur un simple nourrisson qu'elle s'attirerait de nouveaux éloges. Elle avait côtoyé peu de mère par le passé, mais elle savait que le meilleur moyen de se les mettre à dos était de parler en mal ou se plaindre de leur enfant. La présence du bambin – bien qu'il ne braillait plus désormais dans les bras de sa mère – la mettait mal à l'aise : elle craignait qu'il ne trouve le moyen de ramper jusqu'à elle et de salir salir sa robe. Elle n'aimait pas particulièrement cette tenue dont elle trouvait le tissu fort rude, mais grâce aux enjolivements proposés par Chasteté, elle se sentait beaucoup plus jolie désormais. Cela manquait très certainement de panache pour son style plutôt fougueux et provocateur, mais elle s'en contentait bien et ne désirait pas voir ses tenues qui lui étaient agréables se transformer en guenilles. Si elle les abîmait, peut-être l'obligerait-on à porter de nouveaux les horreurs qu'on lui avait imposées à son arrivée en Bellifère. Cela avait dû réjouir Castiel.

« Vraiment? » demanda-t-elle avec surprise en entendant la confidence de la dame. Elle jeta un regard noir à Prudence qui pinçait les lèvres avec tant de sévérité qu'on n'en voyait plus qu'une simple ligne blanche. Elle l'ignora, ne désirant pas se préoccuper de sujet désagréable pour le moment : elle lui toucherait un mot plus tard, cette grimace rendant son visage pourtant agréable plus que repoussant et il ne serait pas dit que la duchesse de Bellifère côtoyait de laides gens. Un peu plus de dignité était demandée. Montrer aussi ouvertement sa désapprobation était fort inconvenant et impoli.

« C'est bien celle qui vous accompagnait tout à l'heure à l'entrée, n'est-ce pas? »

Séverine étant enfant unique, comme plusieurs autres Cielsombrois, n'était point habituée aux grandes fratries plusieurs enfants et la tradition de leur faire partager la même initiale ne lui facilitait pas la tâche de retenir le nom de six enfants. Elle avait porté attention quand la dame avait fait les présentations, sa mémoire suffisait peut-être.

« Quelle charmante enfant, » déclara-t-elle. Des mots qui semblaient étranges dans sa bouche, mais elle était trop flattée pour oublier qu'elle n'aimait pas les enfants. Et tout ce qui s'y rattachait.
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Message Sujet: Re: Il suffit de trouver chaussure à son pied   Il suffit de trouver chaussure à son pied EmptyJeu 8 Fév 2018 - 0:28

Les heures qui passent sont sûrement tout autant une torture pour l’auguste chaperon, qu’elles sont un plaisir inespéré pour Freyja. Elle reste prudente et choisit très soigneusement ses mots pour ne pas se laisser emporter à énoncer quelque vérité qu’il aurait mieux valu garder cacher – attention aux paroles dangereuses qui mettraient la famille en péril ! La duchesse Séverine semble capter chaque sens caché sous la politesse de son discours de vieille fille scandaleuse, et l’étincelle d’amusement qui pétille au fond de son regard rend cette souveraine fort intéressante aux yeux de la pirate. Dans d’autres circonstances, elle aurait eu plaisir à discuter plus librement avec cette noble dame qu’elle devine bien engoncée dans le carcan trop rigide de la bonne société de Bellifère ; mais la présence désapprobatrice de la dénommée Prudence empêche toute tentative de rapprochement entre ces deux filles de la noblesse éprises de la liberté, chacune à son niveau.

Une main sur les épaules de Lena qui voit partir une de ses idoles la larme à l’œil, Freyja observe le carrosse dûment escorté transportant la duchesse et sa suite disparaître au détour du chemin. Elle est à peu près certaine d’avoir sauvegardé son domaine, un peu moins des droits de ses enfants à en hériter, et l’avenir lui semble moins menaçant que lorsqu’elle a reçu la convocation à la Taverne. L’instinct lui souffle qu’elle recroisera peut-être un jour la si belle duchesse de Hacheclair – et que, peut-être, sous sa tutelle, les femmes de Bellifère apprendront à relever la tête et à sortir de l’ombre de leurs pères, de leurs frères, de leurs maris. Les hommes comprendront peut-être que ces corps qu’ils ont pour principe sacré de voler pour les conquérir renferment des esprits parfois vivement intelligents et tout aussi capables que les leurs.

Peut-être.
Longue vie à vous, ma duchesse. Puissiez-vous guider nos pas vers la liberté, sur ce chemin périlleux trop longtemps resté dans l’ombre.




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