Histoire
La famille de Sylvamir, longue histoire de haineLe 3 février 976, le baron Sigfried de Sylvamir et son épouse Anjä, née de Vigdir, accueillent leur seconde fille du nom de Sonjä. Sa grande sœur, Lidjä, est alors âgée de deux ans. On place la nouvelle arrivée de la famille sous la tutelle d'Alder, le Savant, et sous la protection de sa marraine, Solveig de Sylvamir, sœur du baron.
Sonjä n'a que quatre ans alors que ses parents sont assassinés, victimes du conflit qui ronge la famille,
en 980. La petite fille qu'elle était ne comprenant pas la situation, ses souvenirs restent flous. Dans sa mémoire reste néanmoins une impression de malaise, celui que ressentaient les adultes autour de l'orpheline, encensant l'atmosphère avec leurs phrases à demi-mots et leurs regards désolés.
La tristesse de sa sœur aînée lui échappe complètement alors qu'elles partent vivre chez leur tante Nadjä. La plus jeune voit cela comme des vacances, inconsciente de la réalité de leur perte. Lidjä avait beau lui dire emplie de larmes qu'elles ne verraient plus jamais leurs parents, Sonjä finissait toujours par lui demander, au bout de quelques jours : «
Dis Lili, tante Nadjä t'a dit à toi quand on rentrerait pour voir Père et Mère ? ».
Le voile de son insouciance se lève petit à petit pendant cette année, et doucement elle s'arrête de poser de telles questions. Elle vit simplement, s'amuse, joue dans la cour avec Lidjä, commence l'apprentissage de la lecture.
Tout s'arrête après un an, au début du
printemps 981. On l'informe qu'elle doit aller vivre chez sa tante Solveig de Sylvamir. Pour elle, cela ne signifie rien. Si elle a très certainement connu Solveig au domaine familial plus jeune, elle n'en a aucun souvenir. Elle se dit même que, si toutes les tantes sont aussi aimantes que Nadjä, ce n'est pas si terrible. On la sépare de sa sœur, et alors, elle pense sincèrement la revoir dès le lendemain, ou peut-être le jour d'après.
D'étude et de silenceL'arrivée de Solveig dans sa vie la change radicalement. Finies les heures à se vautrer dans la neige, à rire aux éclats aux côtés de sa sœur. Chez Solveig de Sylvamir, il faut être une Dame et se comporter dignement, manger lentement pour ne pas paraître grossière, sourire au lieu de rire, ne pas parler trop fort, être capable de tenir une conversation sans bredouiller.
Sa tante et marraine lui inculque donc les bonnes manières, ainsi qu'un certain nombre d'a priori sur la branche Sylvagauche. Elle apprend à compter, et une fois la leçon terminée, elle apprend à haïr les noms figurant sur un l'arbre généalogique de lointains cousins.
Solveig n'est pas empreinte de tendresse. Un jour d'
été 984, alors que Sonjä se montre désagréablement curieuse sur l'absence de ses parents à travers moult questions insistantes, elle irrite les nerfs de sa tante jusqu'à ce que celle-ci s'emporte. Elle lui crie alors sur un ton peu adapté à une enfant de huit ans que ses géniteurs sont «
morts, morts et partis en fumée ! Ils n'existent plus, tu ne les reverras jamais ! ». Ses mots percutent la jeune fille, titillant avec brutalité la vérité occultée au fond d'elle qu'elle se plaisait à ne pas comprendre.
Sonjä est alors rongée par la tristesse qui l'avait laissée en paix pendant quatre ans. Elle pleure ses parents qu'elle n'a pas eu l'occasion de connaître et ses souvenirs trop flous pour qu'elle puisse s'y accrocher, elle pleure sa sœur qu'elle n'a pas vue depuis trop longtemps, et cette tante affreuse.
A partir de ce moment, Sonjä se réfugie dans l'apprentissage. Elle assimile très rapidement le calcul et pour une fois, elle a la sensation que Solveig est moins sèche avec elle. Cette dernière va même jusqu'à engager un savant pour permettre à la jeune fille d'en apprendre plus, que ce soit dans le cercle de la pensée, mais aussi quelques notions des cercles du monde et de la transformation.
Elle joue avec les nombres avec une facilité incroyable. Tout lui paraît simple, avec eux, ils sont ce qu'ils sont, il n'y a jamais de tromperies et de faux-semblants. Ils ne sont peut-être pas tangibles mais sont bien réels. Et ils ne meurent pas, et ils ne disparaissent pas du jour au lendemain. Un trois sera toujours un trois, il sera toujours là, à sa place, entre le un et le deux, et personne n'y changera jamais rien.
Son intérêt se diversifie à d'autres aspects de la Science, mais le calcul reste son domaine de prédilection. Après quelques années, son précepteur déclare ne plus rien avoir à lui apprendre concernant le calcul. La jeune femme étant moins intéressée par les autres domaines, il prend congé peu de temps après, en lui laissant tout un tas de pistes à suivre, de conseils de lecture et de recommandations. Mais depuis quelques années déjà, Sonjä rêve d'inventer des machines et elle sait déjà quel chemin elle empruntera.
Le
12 juillet 991, Sonjä se présente aux portes de l'Académie de Magie et du Savoir à Lorgol afin de passer un entretien d'entrée. Au premier abord, sa réserve lors de l'audience inquiète certains des membres de l'Académie qui l'évaluent, cependant elle se montre très vive lorsque l'enseignant en mécanique lui pose des questions, assurant ainsi sa place aux côtés d'une vingtaine d'autres étudiants. Elle entre ainsi à l'Académie à l'automne qui suit dans le Cercle de la pensée, domaine mécanique.
Une fois pensionnaire à l’Académie et loin de sa tante Solveig, avant même le début des enseignements, Sonjä s’empresse d’écrire à sa sœur pour l’informer de son admission, et un matin la plus belle des nouvelles lui parvient : Lidjä va venir vivre à Lorgol !
La guerrière aux nattes d'orL'automne s'éveille doucement en cette matinée de septembre, bien différente à Lorgol de celles qu'on connaît dans le duché de Valkyrion, tandis que le cœur de Sonjä bat à tout rompre. Elle scrute la foule des yeux, postée devant leur point de rendez-vous, la Tour de Sylvamir dans la Ville Haute, une petite lubie qui lui a pris lorsqu'elle a appris que le lieu portait un tel nom. Elle cherche Lidjä. La reconnaîtra-t-elle seulement ? Elle n’en a que le souvenir d'une petite fille aux nattes blondes, qui rit aux éclats en se roulant dans la neige à ses côtés.
Finalement leurs yeux se rencontrent et avec un peu d'hésitation, elles se font signe. La petite fille aux nattes est à peine reconnaissable, désormais cachée quelque part sous la stature guerrière d'une fière skjaldmö.
Les deux sœurs ont beau avoir évolué vers deux mondes très distincts, elles renouent le contact sans difficulté. Si au premier abord Sonjä se montre timide et impressionnée par le chemin qu'a parcouru son aînée, elle retrouve rapidement ce lien si fort qui les unissait autrefois.
Au bout de cinq ans d’études passionnées, au début de l’
été 996, Sonjä obtient son diplôme en mécanique. Elle travaille d'arrache pied et consacre très peu de temps à ses connaissances et camarades qui pourraient l'approcher, à l'exception de sa sœur pour laquelle elle trouve toujours du temps.
Pas vraiment enjouée à l’idée de retourner à Sylvamir, mais aussi parce que ses résultats le lui permettent, elle prolonge son cursus pendant deux ans pour se spécialiser. Elle choisit le domaine des schémas anciens par intrigue pour les Savoirs perdus et les ouvrages issus d’un autre temps.
Avant de rentrer au domaine familial, elle a l’audace de proposer ses services à la cour ducale de Svaljärd, en tant qu’inventrice. Contre toute attente, elle reçoit une réponse favorable et choisit de s'établir dans la capitale du duché plutôt qu'à Sylvamir.
Prières au Protecteur du ChoixEn
mai 1000, elle est contrainte de revenir sur les terres de Sylvamir. Pendant son absence, sa tante Solveig a pris soin de planifier dans son dos ses fiançailles. Elle a activement œuvré pour que Sonjä s’engage auprès de son cousin Hiémain de Sylvamir.
La perspective de se marier ne plaît pas vraiment à Sonjä qui peine à s’imaginer abandonner sa passion pour s’occuper du logis et des rejetons comme le voudrait la coutume kyréenne. Hiémain a beau lui paraître bien plus courtois et gentil que le portrait péjoratif de tous les Sylvagauche dressé par Solveig, elle ne peut se résoudre à l’épouser. L’homme a une dizaine d’années de plus qu’elle et ils ont des intérêts très divergents.
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Pendant le livre I :
Durant près d’une année, Sonjä passe le plus clair de son temps, en dehors des heures qu’elle accorde à ses schémas de construction, à solliciter les Dieux afin d’obtenir conseil.
Elle s'imagine bien qu’Alder, garant de Valkyrion, considérerait cette union comme nécessaire. La famille de Sylvamir se réunifie en la personne de Hiémain et il lui faut des héritiers. Elle est certes savante, cela n’amoindrit pas son devoir envers son duché.
Paradoxalement, le Muet se montre loquace. Elle perçoit son aura dans le silence qui l'entoure et se tourne souvent vers Bramir pendant cette période. Serait-elle capable de garder toute sa vie un secret en s’engageant dans une union dont elle ne veut pas ?
C’est finalement le Destin en personne qu’elle appelle à l’aide. Son titre de « Protecteur du Choix » la conforte dans la validité de sa décision : le choix lui appartient, et elle ne compte pas se marier.
Elle profite d’un instant seul à seule avec Hiémain - certainement aménagé "par hasard" par leurs entremetteurs pour qu’ils passent du temps ensemble -, prend son courage à deux mains et lui annonce qu’elle ne souhaite pas l’épouser. Cette révélation, qui n’en est pas une pour Hiémain qui sent la réticence de sa cousine depuis leur rencontre officielle, le fait rire. Elle découvre alors qu’ils ont tous deux des réserves concernant le projet de leur famille, s’alliant ainsi pour le laisser en suspens le temps que l’idée soit abandonnée.
Quelques mois passent ainsi et Sonjä sort petit à petit de son enfermement. Elle continue néanmoins à faire appel au Destin pour être tirée d'affaire, et ce dernier finira par enfin répondre à son appel en
juin 1001 avec l’arrivée de la jolie Mélusine de Séverac.
L'Homme Vapeur et le renouveauSonjä, enfin libérée de tout engagement, repart promptement à Svaljärd et a tout juste le temps de participer au projet de l'Homme Vapeur, une machine géante vouée à livrer un combat contre plusieurs guerriers lors du Tournoi des Trois Opales qui aura lieu à la
mi-septembre 1001. Son travail sur ce projet est bref mais relance de plus belle son intérêt pour ses recherches concernant les savoirs anciens. Il lui octroie également une certaine notoriété dans la sphère savante et lui permet d'être sélectionnée pour de nombreux autres projets du duché du Savoir.
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Pendant le livre II :
Le début de la guerre en
janvier 1002 ne bouleverse pas son quotidien, mais change la nature de son travail. Elle reçoit de nombreuses commandes d'engins mécaniques en tout genre, le duché, et même l'Empire, cherchant à s'armer au mieux pour les affrontements potentiels. La plupart de ses tâches, qu'elle partage avec cinq autres mécaniciens, sont assez prenantes ; elle a peu de temps à consacrer à ses propres créations ou à l'étude d'anciens plans et préfère profiter de ses instants libres pour écrire à sa sœur, tâchant au mieux d'avoir de ses nouvelles.
En conséquence de l'orientation qu'a pris son travail avec la guerre, Sonjä n'a pas d'invention digne de ce nom à proposer à la fête de Valkyrion,
fin juillet 1002, qui a lieu en dépit du climat politique tendu. C'est donc en simple visiteuse qu'elle arpente les rues de Svaljärd lors de Lughnasadh, comme dans son enfance.
A partir du second jour, les couleurs de la fête se ternissent. On chuchote dans les allées, on parle de vol au palais. Sonjä, inquiète que Faërie mette la main sur les plans des machines de guerre sur lesquels son groupe travaille, rentre rapidement au palais pour s'assurer qu'aucun secret d'ordre mécanique n'a pu être volé. L'atelier est, depuis le début des tensions, sous surveillance : mais peut-être qu'avec Lughnasadh, l'attention a été relâchée...
Avant qu'elle n'atteigne l'entrée de l'édifice, une explosion retentit au loin, puis une seconde, bien plus près. La panique la saisit, tout comme elle saisit les centaines de personnes autour d'elle, et bientôt le chaos règne sur Skaljärd.
À l’issue de cette nuit interminable, le bilan est lourd. Une grande partie du palais est partie en fumée et le duché compte encore ses victimes. La disparition de Catarine et les blessures d'Augustus déstabilisent le trône d’Ibélène.
Sonjä fera tout ce qui est en son pouvoir pour mettre la main sur une des sentinelles meurtrières aperçues cette nuit là, mortelles merveilles mécaniques, en vain.
La jeune femme regagne le domaine familial pendant quelques semaines, le temps que l’ordre soit rétabli à Svaljärd. Elle profite de ce moment de répit pour se remettre en question.
Jusqu’alors, elle a toujours considéré l’Ordre du Jugement avec bienveillance, allant à de rares occasions jusqu'à prêter main forte à un collègue affilié au groupe. Les rejoindre lui a même traversé l’esprit, dans l’objectif de mettre ses connaissances au service d'un idéal de Science libre. D’autant que l’Ordre a beaucoup plus facilement accès aux sites où l’on peut retrouver des traces des Savoirs Perdus qu’elle à la cour ducale, preuve en sont ces machines détruisant tout ou quiconque sur leur passage. Aujourd'hui, c'est ce même Ordre qui revendique les attaques violentes qui ont frappé la capitale du Savoir ! Comment ont-ils pu commettre de tels actes envers le duché Valkyrion tout en continuant de prétexter œuvrer pour un monde libre ?
Son allégeance à la couronne d’Ibélène et au duché de Valkyrion, infiniment plus importantes à ses yeux que la sympathie qu’elle accordait à un groupe semant la terreur, achève de la détourner complètement de l’Ordre du Jugement.
En
août 1002, l’épidémie qui ravage la population inquiète Sonjä, jusqu’à ce qu’il soit avéré que seuls les mages sont touchés : n’en connaissant pas personnellement et étant méfiante vis à vis de la magie sous toutes ses formes, c’est ce poids s'envole très vite de ses épaules.
Elle regagne ses fonctions à la cour ducale au début de l'
octobre 1002 et reprend son train de vie habituel. Aux prises avec divers problèmes liés à son travail, elle traverse en outre une période d'inquiétude, durant laquelle ses lettres ne semblent plus parvenir à sa sœur et inversement. Elle passe l'intégralité de son temps libre à écrire à Lidjä ou à inspecter et réparer le curieux instrument, un orgue de barbarie, qu'elle a trouvé dans un entrepôt inutilisé à Svaljärd, tâchant d'en obtenir quelque chose. Elle en oublie complètement l’arrivée prochaine du Jour des Anciens à l’Académie ; lorsqu’elle le réalise, il est trop tard pour effectuer le voyage. Ce n’est qu’une fois la nouvelle répandue qu’elle apprendra quelle tragédie s’y est déroulée.
Le mois de
décembre apporte un peu de répit. Suite au décès d’Augustus d’Ibélène, la guerre est suspendue, permettant à la moitié du continent de porter le deuil de son Empereur. Sonjä ne fait pas exception. C’est la première fois depuis qu’elle a atteint l’âge adulte que son Royaume pleure son dirigeant, et d’une certaine manière elle se sent impliquée. Elle ne connaît pas la famille impériale ibéenne de près, mais sa loyauté entraîne tout naturellement sa peine.
En parallèle, son travail s’allège. Si les commandes de machines de guerre restent d’actualité, il s’agit surtout de construire des modèles sur des plans déjà établis, relevant donc plus de la menuiserie que de la mécanique théorique comme elle l'aime.
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TRAME ALTERNÉE (Intrigue 2.3 La Roue Brisée)
→ Sonjä de Sylvamir fut élevée par sa tante Solveig aux côtés de sa sœur Lidjä. Alors qu'elles grandissent, il est aisé pour la cadette, même à son jeune âge, de réaliser que la tante favorise une de ses nièces au détriment de l'autre. La tante Solveig est une personne froide et parfois cruelle, mais tend à être bien plus sévère avec Lidjä qu'avec sa petite sœur.
Alors que Sonjä entre dans l'adolescence, l'aînée de la fratrie disparaît du jour au lendemain. Leur tante, qui l'a en réalité promise au premier venu, prétend que Lidjä s'est enfuie, abandonnant sa sœur, et elle va jusqu'à laisser entendre à la fillette de 15 ans qu'elle est responsable de la disparition de la seule vraie famille qu'il lui restait.
S'ensuivent de sombres années pour Sonjä. Lorsqu'elle se remet de sa tristesse, c'est pour n'être que colère. Elle en veut à cette sœur qui a fait le choix d'aller de l'avant et de l'oublier, la tenant pour responsable de sa fuite.
Les enseignements haineux de Solveig de Sylvamir glissent doucement à ses oreilles. Il lui est aisé de manipuler la jeune orpheline, d'intercepter les courriers de sa sœur et de lui faire mener, tel un pantin, sa propre guerre contre la branche Sylvagauche de la famille.
Lorsque les souvenirs de la jeune femme refont surface, elle n'est plus savante à la cour ducale. Au lieu de cela, elle est restée au domaine familial, les fesses bien assises, et c'est horrifiée qu'elle constate qu'elle est
devenue sa tante Solveig. Dans son secrétaire personnel dont elle seule a la clé, elle découvre des lettres affreuses, des plans étranges, des pistes de complots pour récupérer l'ancien titre de son père. Elle parcourt les parchemins, les mains tremblantes, et finit par tomber sur une prévision d'assassinat ciblant Sigvald, le père de Hiémain.
Et Lidjä ? L'a-t-elle assassinée, elle aussi ? Non. Elle refuse d'y croire. Elle n'y tient plus, elle doit la retrouver. Elle doit se rendre à Lorgol. C'est là-bas que les deux sœurs s'étaient retrouvées réunies auparavant ; c'est là-bas qu'elles se retrouveraient de nouveau.
Sonjä n'a pas le temps d'atteindre la capitale du monde Libre alors que le cours du Temps est rétabli.
Mnémosie lui offrit néanmoins l'oubli, qu'elle reçut avec une reconnaissance certaine.
Sonjä se souvient donc, de cet épisode, d'avoir vécu son petit train de vie à étudier divers plans et à confectionner quelques pièces pour une machine commanditée par un Noble de la cour de Svaljärd. Elle se rappelle même très clairement s'être pris le bec avec le forgeron qui devait lui livrer une pièce métallique qu'il n'avait pas réalisée aux bonnes dimensions. Malgré ces détails, elle a l'étrange sensation de ne pas avoir vu passer la fin du mois de mai, certainement trop concentrée sur son travail.
→ Sonjä s'éveilla le 21 mai 1002. De cette vie alternative, elle n'a aujourd'hui plus aucun souvenir.
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Pendant le livre III :
En
mars 1003, c’est au tour d’Octave de succéder à son père. Sonjä, bien qu’étant fidèle jusqu’au bout des ongles envers Ibélène, n’assiste pas au couronnement. Prise par diverses affaires, elle compte sur sa soeur pour lui narrer tous les détails et potins. En tant que skjaldmö, cette dernière assiste au couronnement.
Mais pendant que Sonjä rêve de somptueux costumes, de bals cadencés et de couronne d’or, l’évènement prend une toute autre tournure avec l’irruption d’assassins, suivis de près par la Chasse Sauvage. La mort et le retour d’Octave, la réapparition de Sixtine et l’indépendance d’Erebor ne lui seront connus qu’une fois l’information relayée à travers tout Valkyrion.
Concernant l'allégeance conditionnelle de son duché, Sonjä se refuse à y penser. Plutôt chauvine à l'égard de Valkyrion, elle a cependant très à cœur son identité ibéenne et soutient la couronne en dépit de la désapprobation globale de son duché.
On la contacte en
juin 1003 pour lui proposer un poste d’enseignante en mécanique, à compter du prochain automne, à l’Académie. Cette dernière a perdu une partie de son personnel suite à l’arrivée de la Chasse, notamment avec un certain nombre de professeurs retournés dans leurs duchés d’origine, et cherche de nouvelles têtes parmi ses anciens étudiants. Sonjä est fatiguée de travailler pour nourrir la violence de la guerre et de ses tâches devenues répétitives. En dehors de son activité, rien ne la retient en Valkyrion et le rapprochement avec Lidjä, à Lorgol, achève de la convaincre. Elle abandonne ainsi son groupe de travail à la cour ducale de Svaljärd en démissionnant officiellement, puis accepte la proposition de l’Académie.
Les premiers jours à son nouveau poste, Sonjä retrouve brièvement la fascination qu'elle a connue dans ses années d'études. La quantité assourdissante de Savoir que renferment les bibliothèques de la majestueuse bâtisse lui avait tant manqué !
La réalité la rattrape cependant très vite ;
septembre de l'année 1003 est à peine entamé qu'elle se heurte aux diverses difficultés du métier. Si elle se sent à l'aise avec l'idée d'enseigner, sa confiance en elle-même se fragilise parfois face à un élève turbulent ou un petit je-sais-tout qui joue les experts. Au-delà de cette légitimité qu'elle cherche à tâtons sans jamais pouvoir la saisir pleinement, de nouvelles peurs font surface pour la tourmenter.
Le prisme de l'insouciance et de l'envie d'apprendre, à travers lequel elle voyait l'Académie à l'époque de sa formation, a disparu, avalé par les images de cette nuit de Lughnasadh qu'elle n'arrive plus à oublier. La Magie, qui à l'époque l'indifférait presque, est aujourd'hui sa hantise, l'ennemi d'Ibélène et l'antithèse du Savoir ; et pourtant omniprésente partout autour d'elle, dans cette Académie qui s'efforce de combiner deux idées incompatibles. Et toutes ces histoires vieilles d'un an, la Chasse qui n'est plus là mais dont on sent encore la froide présence dans certains couloirs... Mais la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit, n'est-ce pas ?
L'évacuation de l'Académie suite à des suspicions d'une potentielle attaque, le
27 octobre 1003, et les évènements qui suivent, la convainquent qu'elle ne pouvait pas d'avantage se tromper.