Siméane Adelphe ♯ La vengeance est illusoire, mais elle est plus douce que le miel ...

Comment j'en suis arrivée là ? En voilà une excellente question ! Souvent je m'interroge sur ce que je serais devenue, si j'avais été l'élue du Sultan des Sables, et d'Anthim, mon demi-frère. Si j'étais devenue princesse à la place d'Alméïde, aurais-je entrepris de devenir le médecin que je suis aujourd'hui ? Serais-je mariée à un Noble de l'un des duchés amis d'Erebor et entourée d'enfants ? Loin de moi l'idée d'abandonner toute idée de vengeance, non, j'en veux toujours infiniment à ma demi-sœur, mais je suis heureuse d'avoir réussi à sauver la vie de ces mères et de leurs enfants que j'ai mis au monde depuis que j'ai choisi ma voie. Mais commençons par le début …

Je suis née au coeur du Harem de Vivedune, par une nuit si noire qu'un corbeau en aurait pâli de jalousie. Cette maudite obscurité a englouti ma pauvre mère trop fragile, trop délicate pour endurer les affres de l'enfantement. Orpheline dès mes premières heures dans ce monde, j'ai été élevée au milieu de mes demi-soeurs par les autres femmes et mères du gynécée, sans pratiquement voir mon père. Peut-être m'en voulait-il de lui avoir volé l'une de ses concubines ? Cependant n'a-t-il jamais envisagé qu'elle me manquait aussi terriblement, que j'aurais bien aimé qu'il s'intéresse un peu à moi ? Mais non, c'est Alméïde qu'il a préférée, me reléguant ainsi aux confins des secrets du sérail. La jalousie, l'envie, la haine sont devenues mes compagnes, marquant de leurs griffes indélébiles, mon coeur meurtri.
Grandir au Harem m'a permis de devenir une jeune femme gracieuse et raffinée, comme nombre de natives d'Erebor, si bien que lorsque Anthim décida de libérer concubines et enfants de son père, j'aurais pu rester à la Cour et épouser un bon parti. Seulement j'aurais été contrainte de côtoyer Alméïde, de faire bonne figure, et j'en étais incapable. C'était trop douloureux, trop éprouvant. Je suis partie. J'ai quitté Erebor.

Une nouvelle vie s'ouvrait devant moi, de nouveaux horizons, de nouveaux projets. Au palais des femmes, j'avais déjà beaucoup appris sur les accouchements, la grossesse, la fertilité, les maux typiquement féminins. Je savais confectionner quelques potions simples pour soulager la douleur, la fièvre … La mort brutale de ma mère m'avait sensibilisée aux risques de l'enfantement. Je me suis lancée à corps perdu dans l'étude de la médecine, afin de lutter contre la mortalité en couches des futures mamans.
Lorgol devint ma seconde patrie, j'appris à découvrir ses différentes facettes et à aimer cette ville si particulière où Magie et Savoir se côtoient en harmonie. Le charme des canaux, l'Académie à l'architecture alambiquée, les beaux quartiers de la Ville-Haute, les mystères de la Ville-Basse, ses pittoresques -et parfois dangereux- habitants ont su me conquérir et apaiser ma rancoeur. Du moins jusqu'à ce que je sois confrontée à la présence de mon éternelle rivale qui se destinait également à la médecine. J'ai tout fait pour la surpasser et même pour la discréditer auprès de nos enseignants. Mais je n'y suis pas parvenue, et ces échecs ont exacerbé mes envies de vengeance, d'autant qu'ils  m'ont interdit tout retour à la Cour.

Heureusement, malgré mes vaines tentatives pour nuire à Alméïde, j'ai pu poursuivre mes études de médecine. Je m'y suis même plongée corps et âme, car il n'était pas question que j'échoue. Je le devais à ma mère, mais aussi à moi-même. Sans famille, sans revenu, j'aurais fini dans la rue, et ce n'était pas envisageable. Ma vie se résumait aux heures d'enseignement et de pratique données par mon professeur attitré, aux recherches à la somptueuse Bibliothèque des Eaux-Vives, et à mes balades nocturnes, la seule vraie détente que je m'autorisais, et ma chambre dans une auberge de la Ville-Basse. Et je suis parvenue à mes fins, je suis devenue médecin.

Ensuite, j'ai continué à aller à l'Académie, à l'étage des Négoces, pour recevoir quelques malades dans le Cabinet de mon professeur, et approfondir ainsi ma pratique. Mais je travaillais surtout dans la Ville-Basse. Le bouche à oreille y a fonctionné à merveille, et je me suis retrouvée à soigner, écouter, recoudre et même accoucher, sans distinction, Pirates, Voleurs, Assassins, petites gens … Un parfum d'aventures, doublé de la satisfaction de faire ce que j'aimais par-dessus tout …

Et puis le Destin s'en vint mettre son grain de sable dans ma routine, à moins que Maari, elle-même, s'en soit mêlée pour me donner une chance d'exercer dans mon domaine de prédilection : une lettre arriva à l'Académie, une offre que je ne pouvais décemment pas refuser. La Guilde des Médecins avait proposé mon nom à l'Impératrice Catarine d'Ibélène, et celle-ci mandait ma présence à Ibelin. Si mon coeur était triste de quitter Lorgol, j'étais aux anges d'être reconnue pour mon savoir et appelée à la Cour d'Ibélène. Mes amis allaient me manquer terriblement, surtout un certain pirate, mais j'ai promis d'écrire souvent …

Je vis maintenant à la Cour d'Ibelin, mais je retourne régulièrement à Lorgol, sous prétexte de me fournir en herbes rares, ou bien pour rencontrer des collègues médecins, mais aussi pour y revoir la Ville-Lumière et mes amis.
Je n'ai pas oublié Alméïde, mais j'ai déjà commencé à prendre ma revanche en obtenant cette position enviable uniquement par mon travail et non par mon ascendance …  

Que penses-tu des compétences de la toute nouvelle impératrice de Faërie, la jeune Chimène ? La trouves-tu légitime, penses-tu qu'elle va réussir sa période de probation ?
• Propulsée de petite princesse choyée à impératrice dans de bien mauvaises conditions, la pauvre Chimène n'est certainement pas préparée à prendre la succession de sa défunte sœur. Elle est à sa place, mais elle doit faire ses preuves et démontrer qu'elle peut devenir une souveraine compétente. Ce ne sera pas facile d'autant qu'on la dit plutôt effacée et timide. J'espère qu'elle saura s'entourer de conseillers avisés afin de maintenir la paix entre nos contrées. Mais Faërie est bien loin d'Ibelin …  

Envisages-tu de prendre part au conflit si une guerre entre Ibélène et Faërie devait se déclarer ? Quel parti prendrais-tu, et pourquoi ? Comment participerais-tu à la lutte ?
• Une guerre !? Non, j'espère bien que non. Personne ne devient grand par la guerre. Elle provoque de trop nombreuses morts bien inutiles, des talents sacrifiés pour le pouvoir de l'un ou l'autre des belligérants. Mon allégeance est acquise, bien sûr, à mon empereur, Augustus, mais en tant que médecin je suis prête à soigner dans les deux camps, afin de préserver le plus de vies possible …

Que penses-tu de Lorgol, la ville aux Mille Tours ? Est-ce que tu t'y promènes sereinement ou est-ce que la capitale des peuples libres t'oppresse ?
• Lorgol, c'est en quelque sorte ma seconde maison. C'est dans la Ville-Haute, forêt de tours majestueuses, que se situe l'Académie de Magie et du Savoir. J'ai beaucoup aimé y faire mes études, et j'y reviens toujours avec beaucoup de plaisir. J'habitais alors dans une taverne de la Ville-Basse, j'ai parcouru inlassablement le labyrinthe de ses canaux, j'ai côtoyé des Voleurs de la Cour des Miracles, des Assassins de la Confrérie Noire, des Pirates. On dit qu'elle abrite la lie de l'humanité, mais moi, j'y ai rencontré des amis, des alliés.