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 Balade nocturne (Melinda et libre)

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Message Sujet: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyVen 8 Juil 2016 - 16:08


Livre I, Chapitre 4 • L'Ordalie de Diamant
Melinda Orlemiel & libre

Balade nocturne

Se perdre dans le palais



• Date : 27 juin 1001
• Statut du RP : libre
• Résumé :Quand Astrid déambule dans les couloirs du palais et se perd

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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyVen 8 Juil 2016 - 16:11

Les festivités organisées pour le couronnement de Chimène de Faërie sont à la hauteur de l’évènement. Accompagnée de Ludvig et quelques gardes, j’en ai profité pour découvrir Alfaë et son architecture si fabuleuse. Pourtant, à mes yeux, la capitale ne valait pas Svaljärd ni Valkyrion. Et les températures étaient bien plus élevées comparé à mon duché natal. Quoiqu’il en soit, notre journée a été remplie et mes achats remplissent mes bagages. Je me suis couchée en même temps que mon fils et maintenant je suis parfaitement réveillée alors qu’il reste encore plusieurs heures avant l’aube.

Je décide de quitter les appartements mis à disposition de la délégation kyréenne pour faire un tour dans le palais. Vêtue d’une robe beige, simple, bien éloignée de celles que je réserve aux représentations, je déambule. Les couloirs sont la plupart vides si ce n’est les gardes qui patrouillent. Des serviteurs commencent leur service ou bien le terminent pour les plus tardifs. N’ayant pas de réel but à ma balade, je finis par me perdre, quittant les couloirs qui me sont connus. Au détour de l’un d’eux je percute violemment quelqu’un, faisant tomber ce qu’elle tient en main.

- Veuillez m’excuser, je ne regardais pas où j’allais, dis-je d’un air contrit et je m’accroupis pour aider à ramasser. Une fois cela fait, je me redresse et observe la servante, un sourire d’excuse sur les lèvres. J’espère que cela ne va pas vous causer du tort.

Les serviteurs sont très sollicités, surtout lors d’évènements particuliers. Or, les erreurs ou les casses sont moins tolérés dans ces cas-là. Et je ne souhaite pas la jeune femme soit punie par ma faute. Cependant, je saisis l’occasion pour m’enquérir du chemin pour rejoindre mes appartements. Et l’envie de me rendre dans les jardins me saisit, je pourrai ainsi observer les cieux faës et profiter des lieux sans être dérangée.  Peut-être que je m’y rendrai lorsque je serai de retour dans les zones du palais qui me sont connues.

- Je me suis égarée. Pourriez-vous m’indiquer le chemin pour rejoindre les appartements de la délégation kyréenne ?

Je patiente en espérant obtenir une réponse. En soit, j’ai encore du temps devant moi mais je doute que nos hôtes apprécient d’apprendre qu’une de leurs invitées a disparu pendant la nuit. Le couronnement suscite suffisamment de réactions diverses et variées pour éviter de se faire remarquer.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyDim 10 Juil 2016 - 18:40

Dormir.

Le mot flottait en lisière de ma conscience, comme un objectif à atteindre, comme la porte d’entrée d’un paradis, comme la clé du bonheur. Distraitement, je laissais mes pas me porter dans les couloirs sans vraiment regarder où j’allais, un plateau entre les mains, chargé de quelques bouteilles vides, reliefs des réjouissances. Quand j’aurais rapporté ce dernier plateau, j’aurais droit à quelques heures de pause, à ma plus grande joie. Encore fallait-il que je trouve le sommeil : j’avais beau être épuisée, les courbatures et le bruit constant de l’agitation du palais impérial me gardaient éveillée. J’étais épuisée, mais comme les tâches que j’avais à accomplir s’avéraient être plutôt mécaniques, m’y atteler ne me demandait pas de gros efforts mentaux.

Alors que je parcourais les couloirs d’un pas rapide, espérant prendre le bon chemin – oui, il m’était arrivé plusieurs fois de me perdre, même si je faisais de mon mieux pour essayer d’emmagasiner l’agencement du palais – quelqu’un me percuta violemment. Le souffle coupé, je dus reculer de deux pas pour recouvrer mon équilibre. Malheureusement, je ne pus retenir le plateau, qui glissa de mes mains pour se fracasser contre le sol. Les bouteilles dont il supportait le poids roulèrent par terre. Trois d’entre elles, par miracle, restèrent en un seul morceau. Deux se fêlèrent, mais ce n’était rien de grave, puisqu’elles étaient vides. Bien sûr, je recevrai sans doute une remarque désobligeante pour ma maladresse, mais rien de plus. Toutefois, la fatigue me rendait irritable, et je ne pus m’empêcher de foudroyer la responsable de cette chute du regard. Déjà, quelques commentaires acerbes venaient me brûler les lèvres.

— Vous êtes…, commençai-je d’un ton assassin, tout en m’agenouillant pour ramasser.

Elle me coupa par ses excuses, prononcées avec beaucoup de sincérité. Soudain consciente que ma colère était principalement due à ma propre fatigue et non à ce petit incident, je soupirai et rassemblai le reste des bouteilles. Une fois que je les eus ramenées sur le plateau, je jetai un coup d’œil à mon interlocutrice. Elle était vêtue simplement, et avait un visage qui, à mes yeux, respirait une certaine gentillesse. L’inconnue ajouta qu’elle espérait ne m’avoir causé aucun tort. L’espace d’un instant, j’hésitai à lui dire qu’elle m’avait fait perdre un temps précieux et que j’espérais pouvoir bientôt me réfugier dans un lit. Je me contentai de secouer la tête.

— Non, je n’aurais pas d’ennuis graves, je crois, admis-je d’une voix lasse.

Je fronçai les sourcils et repris, d’un ton plus acerbe :

— Mais regardez où vous mettez les pieds, la prochaine fois. Nous autres domestiques n’avons pas besoin qu’on ajoute à notre charge de travail.

Je soupirai en passant une main dans mes cheveux, avant de caler de nouveau mon plateau dans le creux de mon coude, le tenant ainsi à une main.

— Enfin, je suppose que je vous dois des excuses aussi ; j’étais un peu distraite. Vous ai-je fait mal ?

J’en doutais, à vrai dire : je ne pesais pas lourd, et j’avais autant de force physique qu’une plume. D’un autre côté, je ne pouvais pas vraiment continuer mon chemin sur des paroles acerbes alors que j’avais ma part de responsabilité dans notre collision. La fatigue me rendait peut-être irritable, mais je n’en étais pas pour autant de mauvaise foi. Je pouvais difficilement accuser cette inconnue de mes propres crimes, sans lui retourner de plates excuses.

L’inconnue m’avoua ensuite être égarée, et me demanda le chemin jusqu’aux appartements de la délégation kyréenne. Je fronçai les sourcils, perplexe, cherchant mentalement le chemin qui pouvait ramener cette dame égarée jusqu’à sa destination. Dans le fatras d’informations que j’avais reçues à mon arrivée ici, il devait peut-être y avoir quelque chose qui ressemblait à ça… Mais non, décidément, ça ne me revenait pas. J’eus un sourire contrit à l’intention de cette inconnue… que je pouvais supposer être kyréenne ?

— Non désolée, je ne vois pas du tout où se trouve la délégation kyréenne. Je suis juste domestique ici à titre provisoire, pour aider à pallier à l’affluence soudaine de nobles pour le couronnement. Je ne suis ici que depuis quelques jours, je ne connais pas encore bien ces couloirs. J’ai plus de chances de vous perdre que de vous guider sur le bon chemin.

Je passai une nouvelle fois la main sur mon visage comme pour éclaircir mes idées. Mon plateau. Je devais ramener le plateau. Je plissai les yeux, tentant de savoir par où exactement je devais passer. Avant la collision, je me laissais porter sans trop réfléchir, si bien que consciemment, j’ignorais non seulement d’où je venais, mais aussi où j’allais. Je pris une profonde inspiration pour garder mon calme, et la relâchai doucement.

— Enfin, pour tout vous avouer, je crois que je me suis perdue aussi, murmurai-je d’une voix lasse. Je suppose que je n’ai qu’à me laisser errer dans les couloirs jusqu’à retrouver mon chemin.

Soudain plus épuisée encore à cette idée, je me laissai retomber par terre, et fit prudemment glisser mon plateau contre le sol. Après tout, une petite pause de quelques minutes ne me ferait pas de mal. Frappée par une pointe de curiosité, je levai un regard inquisiteur vers cette inconnue.

— Au fait, par pure curiosité… que faites-vous donc à errer dans les couloirs en pleine nuit ? Au lieu, par exemple, de dormir ?

Ah, dormir ! Ce simple mot suffisait à me donner envie de fondre. Littéralement. M’asseoir n’avait peut-être pas été une bonne idée, finalement. D’autant plus qu’il me faudrait me lever, et que cette simple idée me rebutait. Peut-être que je pouvais m’allonger par terre et piquer un petit somme ? Avec un peu de chance, personne ne le remarquerait…

Non, je m’étais accordé dix minutes, pas une de plus. Dans dix minutes, je me lèverais, et je chercherais mon chemin. Dix minutes. Pas plus. Pas moins.

Pour assister au couronnement de Chimène, j’étais tout de même capable de m’astreindre à une certaine discipline…
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyJeu 14 Juil 2016 - 14:37

Je vois les bouteilles tomber avec le plateau, le fracas se répercute dans le couloir brisant le semblant de calme nocturne. Le ton assassin de la réplique retenue ne m’échappe pas, j’ai appris à écouter mes interlocuteurs pour déceler les pensées cachées des membres de la noblesse. Surtout mon mari Hjalden, tellement difficile à déchiffrer parfois. Mes excuses semblent apaiser la demoiselle qui m’assure ne pas devoir subir de tort. Pourtant sa réprimande n’est pas apaisée et je suis surprise par son ton, peu habituée à me faire reprendre par les serviteurs. Cette situation est rafraichissante car inédite. Soit, je comprends son mécontentement et mon intention n’est pas d’ajouter à sa charge de travail.

- Très bien, je ferai attention la prochaine, lui concédai-je sur un ton poli. Et non, aucun mal ne m’a été fait.

Je ne suis pas certaine qu’elle me doive des excuses puisque je l’ai percuté. Après tout, je suis responsable de la chute de son plateau. Néanmoins je hoche la tête, acceptant ses excuses. Et lorsque la servante avoue ne pas savoir où se trouve les appartements de la délégation kyréenne, je comprends mieux son ignorance quant à mon identité. Et puis étant donné qu’elle ne fait que compléter les rangs pour l’évènement, connaitre l’ensemble des invités ne devait pas être une priorité, quoique cela permette d’éviter des quiproquo ou incidents diplomatiques. Non pas que je veuille remettre à sa place la domestique.

- D’accord, tant pis. Puis elle avoue être également perdue. Une servante distraite et certainement fatiguée vu l’heure tardive, ou très matinale suivant le point de vue. Et je peux constater cet état de fatigue lorsque la demoiselle se laisse glisser au sol. Et bien, nous irons chercher de l’aide auprès de la prochaine personne croisée, qui saura peut-être nous indiquer notre chemin à toutes les deux.

Je surplombe la demoiselle et je souris quand elle me demande les raisons de ma présence. A Svaljärd, cette question ne m’est plus posée depuis plusieurs années, je suis devenue partie intégrante de la vie nocturne du palais ducale. Mais en dehors d’Ibélène, cela ne devait pas vraiment se savoir.

- J’ai terminé ma nuit et je cherche de quoi m’occuper. Je me suis perdue dans mes pensées et me suis retrouvée ici. D’où la nécessité de retrouver mon chemin et pourquoi pas celui des jardins. J’aimerai observer les cieux faë… Mais je vois que vous êtes fatiguée par votre journée alors patientons un peu avant d’essayer d’y voir plus clair dans ce dédale de couloirs.

Je connais Svaljärd par cœur, mais le palais impérial faë est d’une toute autre stature. Je reste debout un sourire conciliant sur les lèvres. Puis lorsque la demoiselle se sent d’attaque, nous entamons notre périple.

- Vous venez de Cibella ou d’une autre région de Faërie ?

Le couronnement touche les quatre duchés, et par extension Arven tout entier, donc les petites gens ont du saisir l’occasion de travailler pour la famille impériale et venir à Alfaë pour ceux qui en ont les moyens. Et je m’enquiers des origines de la demoiselle. J’aime connaitre un minimum sur les personnes composant la maisonnée de Svaljärd et j’ai tendance à en faire de même ailleurs.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyMer 20 Juil 2016 - 7:47

Si les excuses de l’inconnue avaient apaisé ma première flambée de colère, le fait qu’elle m’assure faire attention la prochaine fois suffit à éteindre en moi la dernière étincelle d’exaspération qu’il me restait. Je parvins même à lui offrir un sourire fatigué, soulagée qu’aucun mal ne lui ait été fait. J’aurais peut-être ressenti un brin de remords à l’avoir réprimandée si vertement, si jamais je l’avais blessée.

Elle me demanda alors le chemin jusqu’aux appartements de la délégation kyréenne. Je l’aurais aidée avec joie – je ne connaissais que trop bien l’horreur de se perdre dans le palais impérial – mais je m’étais moi-même perdue et, de toute façon, nul n’avait pris la peine de m’indiquer où logeait la délégation kyréenne. Lasse, épuisée, je me laissai tomber par terre, songeant que je m’accordais quelques instants de repos avant de reprendre le travail. Mon interlocutrice proposa que nous allions chercher de l’aide auprès de la prochaine personne que nous croiserions. Je hochai la tête pour donner mon accord. Ce n’était pas toujours très efficace pour quelqu’un de pressé, mais c’était la meilleure solution que j’aie trouvé jusqu’à présent pour pallier à ma méconnaissance d’Alfaë.

Perplexe, je questionnai alors cette dame sur la raison de sa présence ici en pleine nuit. Elle me sourit comme s’il s’agissait d’une sorte de plaisanterie connue d’elle seule. Elle m’expliqua en quelques mots qu’elle avait fini sa nuit – ô, bonheur de se réveiller en pleine forme et de goûter déjà à la journée à venir – et qu’elle cherchait  s’occuper en observant le ciel, par exemple. J’eus un sourire amical, songeant en mon for intérieur que quelqu’un capable de considérer à leur juste valeur les merveilles du firmament ne pouvait qu’être foncièrement bon.

— Les jardins sont magnifiques, affirmai-je en hochant la tête. Si nous retrouvons notre route assez tôt, vous aurez peut-être l’occasion de voir le soleil se lever. C’est toujours un plaisir de voir le soleil se réveiller et teindre le ciel des couleurs de l’aube.

Songeant que je devrais sans doute commencer à dormir avant que le soleil ne se décide à ouvrir les yeux, j’essayai de rassembler un peu de courage au plus profond de moi.

— Vous venez de Valkyrion ? Je me suis toujours demandé à quoi devait ressembler un lever de soleil, tous les matins, avec le contraste de la neige si blanche… Un spectacle qui en vaut la peine, je n’en doute pas.

Un large sourire étira mes traits.

— Le monde est rempli de merveilles qu’il faudrait voir au moins une fois dans sa vie… J’espère voyager un jour pour contempler ne serait-ce que la moitié d’entre elles.

Ayant trouvé en ces quelques mots un enthousiasme tout neuf, je me relevai, repris mon plateau et me mis en route. La dame m’accompagna, et nous errâmes ensemble dans les couloirs, essayant de tomber sur quelqu’un qui connaitrait cet endroit un peu mieux que nous. Par la même occasion, je tâchai de dénicher un quelconque souvenir capable de m'indiquer où aller. J’abandonnai cette idée sitôt que je sentis pointer un léger mal de tête. J’étais déjà épuisée, il ne manquait plus qu’une sale migraine pour que mon malheur soit parfait.

Mon interlocutrice me questionna alors sur ma région d’origine. Comme d’habitude, chaque fois que je pensais à Outrevent, je ne pus m’empêcher de sourire. J’aimais mon duché, j’aimais les murmures du vent, les couleurs du ciel, le bourdonnement des abeilles, l’atmosphère qui régnait chez moi. Ma patrie me manquait, à vrai dire. Par bonheur, je comptais bien y retourner après le couronnement, passer saluer mes parents, puis me rendre au rucher ducal.

— Je viens d’Outrevent, répondis-je, mes yeux brillants d’enthousiasme. Je sais que je ne suis probablement pas objective sur le sujet, mais je pense sincèrement que c’est une de ces merveilles que contient le monde. Tout est plus…

J’esquissai une moue mi-figue, mi-raisin, comme si je ne trouvais pas les mots pour exprimer à quel point j’aimais mon chez moi. En désespoir de cause, je chassai cette phrase non-achevée d’un geste de la main.

— J’ai parfois l’impression que l’air que l’on respire là-bas et différent de celui d’ici, précisai-je finalement. Enfin, c’est peut-être juste une illusion suscitée par la nostalgie de chez moi.

Un léger sourire éclaira mes traits. Ma fatigue avait dû se perdre entre deux mots, et même si je la sentais flotter en lisière de ma conscience, je m’exprimais désormais avec bien plus d’énergie.

— Elle est paradoxale, n’est-ce pas, cette éternelle contradiction entre désirer visiter le monde pour en voir toutes les merveilles et vouloir rester chez soi, en terrain aimé ?

Je plissai les yeux, songeuse. Si jamais je n’avais pas eu cette volonté de m’imposer des défis à longueur de journée, je ne serais jamais partie pour l’Académie, et je n’aurais probablement jamais quitté ma maison. Est-ce que je regrettais d’être partie pour Lorgol ? Parfois ma maison me manquait, bien entendu, mais ce que j’avais trouvé en voyageant était bien trop précieux pour que je regrette ce choix un jour.

Curieuse, je lançai un coup d’œil interrogateur à mon interlocutrice.

— Est-ce que Valkyrion vous manque ?
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyMar 26 Juil 2016 - 21:17

J’écoute la damoiselle m’expliquer que les jardins sont magnifiques. Je n’en doute pas, ils se doivent d’être à la hauteur de la réputation d’Alfaë et les jardiniers devaient se fournir auprès du duché de Lagrance. Ne dit-on pas de lui qu’il est le jardin d’Arven ? Ses fleurs ont une renommée dépassant les frontières. Je n’ai pas eu l’occasion de le visiter, j’ai glané mes connaissances dans les livres car je doute que Hjalden voit d’un bon œil que je voyage en Faërie, en dehors des évènements officiels. Son aversion des mages est connue. Je hoche la tête à la mention du lever de soleil. Je suis d’accord avec ses dires car j’ai pu le constater de visu, cet entre-deux, ce moment bien particulier où les couleurs prennent de plus en plus d’éclat face à la nuit. Oui, un moment qui doit inspirer les artistes, je n’en doute pas.  

- Oui, un très beau spectacle. La neige donne une autre dimension au paysage, une sorte de note cristalline, qui varie selon que l’on se trouve en bord de mer ou dans les terres.

Je souris en réponse à la bonne humeur de la servante. Celle-ci semble être d’un naturel voyageur vu ses aspirations. Cependant, il n’est pas toujours facile de parcourir les terres d’Arven, surtout lorsqu’on n’a pas l’argent nécessaire aux frais. Mais elle n’a pas tort de prétendre que le monde regorge de merveilles. Je trouve mon duché merveilleux mais ce ne doit pas être le cas pour tout le monde.

- Chaque duché a sa personnalité, si je puis dire, et ses trésors.

Je n’en dis pas plus, il est parfois difficile de mettre des mots sur des émotions, alors je préfère écouter mon interlocutrice m’informer sur sa région d’origine. Outrevent. Mon sourire s’élargit en l’entendant vanter les mérites de ce duché, comme je le pensais, nous portons une affection particulière pour les terres qui nous ont vues naitre. Par contre, je ne sus que dire quant à son impression d’un air différent. Je penche légèrement la tête, essayant de faire une comparaison avec l’air kyréen. En y réfléchissant bien, les températures hivernales de Valkyrion  ne se retrouvent pas partout, donc elle n’a pas tort de prétendre que l’air peut être différent d’un lieu à l’autre. Ses réflexions ponctuent notre marche ou plutôt nos déambulations vu qu’aucune de nous ne connait le chemin.

- Oui, Valkyrion me manque toujours un peu lorsque je voyage. C’est mon duché de naissance et ses neiges restent uniques à mes yeux. Il est toujours plus rassurant de rester chez soi que de se lancer dans l’inconnu en voulant visiter d’autres pays. Mais rien n’empêche d’effectuer des voyages en revenant régulièrement chez soi.

C’est un peu ce que je fais à travers les voyages diplomatiques, une visite auprès des mes homologues puis retour à Svaljärd. Sur ces pensées, je tourne dans un couloir qui me semble familier sans être vraiment certaine que ce soit un bon choix. A cet instant, j’aperçois une silhouette qui s’éloigne.

- Je pense qu’on peut demander notre chemin à cette personne, dis-je en indiquant d’un petit geste de la main cette aide potentielle.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyVen 29 Juil 2016 - 19:18

Je n’aurais jamais imaginé, en venant au couronnement de Chimène, me retrouver à discuter avec une inconnue dans les couloirs du palais impérial, à propos de la beauté des jardins, des couchers de soleil, et de la neige sur laquelle se reflétait la lumière. Et pourtant, tandis que je m’embourbais dans un insupportable marais de lassitude et d’affliction, ce furent ces images sublimes qui m’empêchèrent de me noyer. La Kyréenne admit que la neige apportait effectivement une note nouvelle aux couchers de soleil que j’adorais, et je me sentis plus curieuse encore de découvrir Valkyrion. J’esquissai un sourire amusé. Alors même qu’une part de moi brûlait de retrouver Outrevent, une autre se délectait d’explorations et de découvertes futures.

— Un jour, je verrai un coucher de soleil en Valkyrion, affirmai-je avec assurance.

Ce n’étaient pas des paroles en l’air. J’avais conscience que ce ne serait sans doute pas pour demain, ni même pour dans un mois, mais je me sentais capable de me rendre en Valkyrion au moins une fois dans ma vie, et je le ferais. Quoi que cela m’en coûte. Quel que soit le temps que ça prendrait. Quels que soient les risques que je pourrais courir. Prise d’un engouement soudain, je me mis à disserter sur les merveilles qui devaient se dissimuler dehors, dans un monde beaucoup trop grand pour être appréhendable par mon esprit tout juste sorti de sa coquille. La Kyréenne souligna que tout duché possédait sa personnalité propres et ses précieux trésors.

— C’est un peu injuste, fis-je remarquer, même si un large sourire étirait mes lèvres. Le monde aurait tout de même pu se montrer un peu moins grand et beaucoup moins intéressant. Afin que nous, pauvres habitants, ne soyons pas déchirés par l’impossibilité de le visiter de fond en comble.

Je parlai ensuite d’un de mes sujets préférés – après les abeilles bien évidemment – Outrevent. Constant le lien particulier qui m’attachait à mon duché, je demandai à cette inconnue si son chez-elle lui manquait, à elle aussi. Sa réponse, positive, mon conforta dans mon instinct. Je n’étais pas tout à fait convaincue que rester cloîtré chez soi s’avère réellement plus rassurant, et personnellement, même si de temps en temps ma maison me manquait, j’en revenais toujours à la conclusion que le voyage qui m’avait menée à Lorgol avait été la meilleure décision de mon existence.

— Je ne vois pas pourquoi l’inconnu devrait être plus effrayant que notre chez-nous, marmonnai-je en haussant les épaules. On ne peut pas craindre quelque chose dont on ne sait rien. Je comprends qu’on puisse redouter le feu parce que ça brûle, la maladie parce qu’elle tue, ou le vide parce que tomber par terre, ça fait mal, mais comment quelque chose peut-il nous terrifier alors que nous n’en connaissons même pas encore les effets ?

Le sujet me rendait perplexe, mais je me contentai de hausser les épaules comme si obtenir une réponse à cette question n’avait finalement pas grand intérêt. J’étais consciente que tous n’étaient pas de mon avis. J’avais appris que certaines personnes aimaient à se laisser torturer par leurs craintes. Ce n’était pas mon cas. La peur était à mes yeux comme une étoile lointaine dont je ne voyais qu’à peine la lumière.

Je n’aurais probablement pas remarqué la silhouette au loin, dans mon état de fatigue, si ma compagne d’infortune ne m’avait pas fait remarquer sa présence. Demander notre chemin ? Une excellente idée ! Je hochai affirmativement la tête et, un léger sourire affiché sur les lèvres, je m’approchai de quelques pas, avant de remarquer que cette silhouette n’était autre que Serenus Dardalion. Mon visage s’assombrit aussitôt. Quitte à croiser quelqu’un dans les couloirs du palais impérial, j’aurais préféré que ce soit un parfait inconnu plutôt que ce guerrier-là. Je me surpris à espérer qu’il se soit perdu aussi, afin que je puisse au moins avoir la consolation de souligner son sens de l’orientation pitoyable avant qu’il ne remarque le mien.

— De tous ceux que nous étions susceptibles de croiser, il fallait que ce soit lui… marmonnai-je entre mes dents.

Notre précédente rencontre avait été plutôt… tumultueuse, et je n’avais pas vraiment l’énergie nécessaire pour converser avec lui. Heureusement que la Kyréenne était à mes côtés, sinon j’aurais sans doute été capable de faire demi-tour – et de me perdre plus longtemps encore dans les couloirs – pour éviter de lui parler.

— Serenus, bonsoir, bon matin, bonjour, enfin, peu importe, commençai-je avec un large sourire.

J’aurais dû dormir depuis longtemps, c’était tout ce que je savais. J’avais perdu toute autre notion du temps.

— Cette dame et moi-même nous sommes… comment dire ? égarées. Saurais-tu par hasard de quel côté se trouvent… les jardins ?

Je jetai un coup d’œil interrogateur à cette dame kyréenne. Depuis les jardins, j’étais capable de retrouver mon chemin, mais j’ignorais si elle le pouvait. Elle avait bien entendu émis le désir de visiter les jardins, mais sa première question n’avait concerné que les appartements de la délégation kyréenne, aussi j’ignorai où elle désirait aller exactement.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyVen 29 Juil 2016 - 20:41

Ce fichu palais était un vrai labyrinthe ! A peine que l'on pensait avoir trouvé le bon chemin que l'on se retrouvait dans un couloir inconnu. Le guerrier marchait à pas rapides, il devait rejoindre les quartiers des gardes pour se reposer après son service auprès des Aurebois. Il était épuisé et ne rêvait que d'une seule chose : un matelas et un oreiller. La journée avait été certes très divertissante mais aussi éreintante ! Et voilà qu'a présent il était perdu ! Et il n'y avait personne pour l 'aider... La main sur son épée, il cherchait des yeux un tableau, un vase, ou une porte qui lui serait familier mais rien n'y fait, il s'était bien égaré. L'heure avançait et il commençait à sérieusement à s'impatienter. Soudain, une voix le fit lever la tête, plus alerte que jamais. Deux silhouettes se dressaient au bout du couloir. Serenus se dirigea vers ces deux formes et plus il se rapprochait, plus il ralentissait.. « Attends un peu... C'est Melinda ! » Il s'arrêta quelques secondes, dévisagea Melinda et la femme à ses cotés puis s'avança. Il se soivenait très bien de sa première rencontre avec Melinda. Elle n'avait pas hésité à l'embobiner et à jouer avec ses sentiments pour obtenir un repas gratuit. Il se souvenait très bien de l'humiliation qu'il avait essuyé devant un gamin et devant les guerriers de l'antenne de la Volte. Il fit face à l'autre femme, une noble visiblement et s'inclina avec respect. Il dit :

«  - Bonsoir ma Dame.. » Puis, se tournant vers Melinda : « Bonsoir Melinda, tu es en bonne compagnie ce soir.. »

Il sourit en remarquant qu'elle ne semblait pas très contente de le voir là, même si elle affichait un grand sourire. Elle semblait cependant être au bout du rouleau tant la fatigue s'était installée dans son organisme. Elle devrait dormir un peu plus. Il regarda la noble à ses côtés et détailla son visage qui lui semblait familier. Il avait sûrement dû la voir pendant les festivités. Melinda le sortit de ses pensées en lui demandant s'il connaissait la direction des jardins. Serenus fit une grimace et répondit en secouant la tête, la main gauche jouant avec l'attache de son gantelet droit :

« J'ai bien peur d'être complètement perdu moi aussi. Je cherche le département des gardes mais j'ai dû tourner dans le mauvais couloir. Je ne sais même pas où nous sommes. »

Il regarda autour de lui et dit en regardant Melinda :

« - Je croyais que les domestiques connaissaient le palais par cœur... « 

Il fit un petit sourire narquois et jeta un coup d’œil par la fenêtre. Il arrivait a distinguer la cour du palais, cela voulait dire que les jardins étaient sûrement de l'autre côté. Et il lui semblait que le quartier des gardes étaient vers ce coin là aussi. Il pourrait les accompagner puis aller se blottir contre un oreiller soyeux. Il se tourna vers la noble et dit en souriant :

«-  Je crois savoir que les jardins sont à l'autre bout de là où nous sommes actuellement. Je vais vous y conduire, ce sera sur mon chemin. » Serenus s'inclina et jeta un coup d’œil à Melinda et reprit : «  Viens avec nous Melinda, comme ça tu mémorisera le chemin. Ça te sera utile.. »
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyDim 31 Juil 2016 - 18:17

Je retiens à peine un rire quand la jeune demoiselle fait la remarque pertinente que le monde aurait dû être moins attrayant. Plus petit, moins fourni en lieux intéressants, donc moins de voyages mais Arven n’est pas ainsi. Par contre, je ne suis pas certaine que mon mari accepte des faës dans notre duché, de surcroit des mages. Peut-être que la servante ne possède pas de magie mais je ne suis pas certaine que cela pèse dans la balance de la haine de Hjalden. Bientôt, il allait les mettre tous dans le même panier. Dois-je réduire à néant ses espoirs de voir un crépuscule kyréen ? Je suis partagée, cependant je décide de ne rien dire. Je garde toujours espoir de faire fléchir mon mari et d’adoucir sa rancune. Mon accompagnatrice découvrira bien assez tôt les relations tendues de Valkyrion avec les mages.

- Justement, l’inconnu fait bien plus peur car on ne sait rien de lui. Connaitre les effets infirmera ou non cette peur. Tout le monde ne réagit pas de la même manière devant l’inconnu.

Vaste sujet que les faiblesses humaines. Nous en avons tous, plus ou moins importantes, et des peurs plus ou moins paralysantes. Et des secrets... Tout cela nous construit, comme les épreuves que nous réserve le Destin. Fort heureusement pour nous, ce dernier semble décider à nous apporter de l’aide dans notre quête d’un chemin connu. J’entends le grommèlement de la domestique et pose un regard surpris sur celle-ci. Apparemment, elle connait le sieur que je salue d’une inclinaison de la tête, sauf que la suite de la conversation laisse percevoir une tension entre les deux.

- Oui, les jardins sont très bien comme destination, répondis-je à l’interrogation de la servante.

Par contre, je soupire lorsque le guerrier admet être lui aussi perdu. Je doute parvenir à rejoindre mes appartements un jour. Mais un sourire revient sur mes lèvres lorsqu’il déclare pouvoir nous conduire aux jardins. Une avancée dans nos déambulations.

- Merci à vous de nous aider à retrouver notre chemin.

Par contre les piques qu’il adresse à la jeune femme ne m’échappent pas. La mésentente semble de mise.

- Vous ne semblez guère vous apprécier…

Simple remarque de ma part que j’adresse principalement à ma camarade d’errance, sans vouloir m’immiscer dans leur vie.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyMar 2 Aoû 2016 - 14:18

J’avais compris depuis longtemps que l’inconnu était un sujet à propos duquel bien peu étaient d’accord avec moi, aussi me contentai-je d’hausser les épaules à la remarque de la dame. J’aurais pu entrer dans un débat sans fin à ce propos, mais je n’en avais ni l’énergie ni l’envie, même si parler me maintenait bizarrement éveillée. En parlant d’inconnu, j’aurais en tous cas préféré – et de loin – y être confrontée plutôt que de tomber face à face avec Serenus. Pourtant, si jamais je comptais me reposer un jour, il était ma meilleure chance de retrouver mon chemin – et aussi de répondre à la demande de la dame kyréenne, accessoirement – aussi mis-je de côté mes sentiments personnels pour le saluer afin de lui demander notre chemin.

Je faillis presque soupirer de soulagement lorsqu’il me salua de façon tout à fait convenable. J’espérais qu’il ne pose pas de problème, et je me demandai si la dame kyréenne n’y serait pas pour beaucoup si jamais il restait effectivement sage. Je lui demandai, avec l’accord de ma compagne de route, s’il pouvait nous indiquer le chemin des jardins, et lorsqu’il avoua être perdu, tandis qu’une part de moi jubilait intérieurement de pouvoir souligner son sens de l’orientation désastreux, une autre, simplement lasse, laissa échapper un soupir de dépit. J’avais abandonné l’idée de me moquer de Serenus – il aurait tôt fait de me rendre la pareille, et je n’étais pas certaine d’avoir le courage de répliquer – lorsque, alors même que je m’étais jusqu’alors montrée sage et aimable, il railla mes connaissances pitoyables du palais. Je le foudroyai du regard.

— Contrairement à certains guerriers qui n’ont sans doute rien d’autre à faire que de se la couler douce en explorant tous les coins du palais – et qui n’arrivent même pas à s’en rappeler convenablement – nous autres domestiques n’avons pas de temps à perdre à faire du tourisme, déclarai-je d’une voix faussement douce. Nous avons du travail.

Je prononçai le mot d’une voix lente, comme si je l’égrenais à un enfant qui n’en connaitrait pas la signification. Malheureusement pour moi, au bout de quelques instants, Serenus parvint à localiser où il se trouvait exactement, ce qui m’obligeait à revoir mon commentaire sur son incapacité à s’en rappeler convenablement. Par chance, je n’eus pas à le remercier personnellement, puisque la dame kyréenne s’en chargea à ma place. Je me contentai de hocher affirmativement la tête. J’aurais sans doute pu faire l’effort de lui adresser moi-même des remerciements, s’il n’avait pas lâché ce commentaire sarcastique à mon égard.

— Je constate que tu veilles à mon éducation, Serenus, lâchai-je d’un ton faussement aimable. Sache cependant que tu n’es pas très doué.

S’il l’était, il aurait remarqué que j’étais trop fatiguée pour mémoriser quoi que ce soit, il aurait noté l’heure tardive en songeant que ce n’était pas le moment d’apprendre, il aurait sans doute compris que j’avais tendance à être distraite et que même en temps normal je pouvais parfaitement oublier ses explications. Mais il n’était pas un bon instructeur, quand bien même j’aurais été une bonne élève, ce qui n’était pas le cas. Même mes parents avaient renoncé depuis longtemps à tenter de redresser mon comportement parfois imbuvable.

Je le suivis pourtant, tandis qu’il nous montrait le chemin, ravalant ma fierté pour pouvoir dormir avant l’aube. La dame kyréenne, sans doute très perspicace – même s’il ne fallait pas l’être beaucoup pour remarquer la tension qui régnait entre nous – souligna que nous ne nous paraissions pas nous apprécier. Je pris une profonde inspiration. Serenus était, la plupart du temps, assez aimable, et sans doute l’inimité dans cette relation était-elle en grande partie de ma faute. Du moins, j’aurais pu le prétendre s’il n’y avait pas eu cette conversation-ci. C’était lui qui avait commencé, cette fois-ci.

— Ne vous y fiez pas, Serenus est sans doute très gentil, la plupart du temps, commençai-je en hochant affirmativement la tête comme pour confirmer mes propres paroles.

Sans doute. La plupart du temps. Deux termes qui pouvaient dire tout et n’importe quoi. Deux termes que j’affectionnais.

— Disons que notre dernière – et première – rencontre était plutôt… tumultueuse.

Je baissai d’un ton pour ne pas qu’il entende la teneur exacte de mes paroles.

— Je lui ai peut-être fait croire qu’il avait été manipulé pour m’offrir un repas gratuit, et il se pourrait que cet idiot m’ait crue. Il ne m’apprécie pas, et c’est exactement ce que je veux.

S’il m’appréciait – s’il pensait que je lui retournais cette affection – il laisserait entendre une autre stupidité à propos de vouloir se considérer comme mon frère, ce qui était tout bonnement impossible. D’abord parce que je n’avais jamais eu, et n’aurais jamais qu’un seul et unique frère, irremplaçable, ensuite parce que si jamais j’en venais à accepter son amitié et sa protection, j’en deviendrais faible. Dépendante. Vulnérable. Comme une statuette de cristal prête à se briser dès qu’il finirait par partir. Mais je ne comprenais pas tout à fait ces sentiments contradictoires qui m’animaient en sa présence, pas plus que je ne pourrais trouver les mots pour l’exprimer à haute et intelligible voix. Je repris, d’une voix plus forte :

— Il me considère comme faible, il prétend vouloir me protéger, et il ne cesse pas de se comporter envers moi comme si j’étais sa fragile petite sœur. Je ne supporte pas ça.

Je lançai un coup d’œil en direction de Serenus. A la fin de notre première rencontre, chacun était retourné chez lui. Nous nous étions souhaité le meilleur pour nos avenirs respectifs et il m’avait offert une cape que je gardais précieusement.

— Nous avons établi… disons… un pacte tacite de non-agression, lâchai-je avec un léger sourire. Mais personne ne peut cacher ses inimités, je suppose. Elles reviennent toujours au grand jour.

Je lançai un regard désolé à la dame kyréenne. Elle n’avait pas à subir nos accès d’humeur, à Serenus et moi.

— Je suis désolée de vous faire subir ça. Nous ferions peut-être mieux de régler ce genre de choses en privé. Certaines personnes n’en ont visiblement pas conscience.

Sur ces mots, je foudroyai Serenus du regard, contredisant par la même occasion ce que je venais de dire à propos de régler nos querelles plus tard. Je savais n’être pas cohérente, mais ce guerrier avait cette capacité intrinsèque de souligner tous les comportements contradictoires que je pouvais mettre en place. Et il y en avait beaucoup. Beaucoup, bien évidemment, que je préférais ne pas voir.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyMer 3 Aoû 2016 - 10:50

Il l'avait vexée. C'était évident vu le regard qu'elle lui adressa après sa remarque sur la supposée connaissance infaillible des domestiques à propos du palais et de ses couloirs sans fin. Serenus garda son sourire et n'attendait qu'une chose : voir si elle avait toujours la même répartie que le jour de leur rencontre. Et il ne fut pas déçu. Melinda lui répondit que contrairement à certains guerriers elle avait du travail et ne jouait pas au touriste. Elle appuya sur le mot travail comme pour lui signifier ce que c'était vraiment. Serenus pencha la tête et lui murmura à l'oreille :

«  Contrairement à certains domestiques, je sais ce qu'est mon travail. Je dois protéger les nobles qui m'emploient. Ton travail à toi est de servir et donc, par conséquent, de guider ceux qui se sont perdu dans ces couloirs. Ton travail n'est pas de bavarder avec les nobles. »

Il releva la tête et reprit, tout en regardant par la fenêtre pour se repérer dans ce labyrinthe :
« Et puis soit dit en passant, je ne flâne pas. Je viens de terminer mon service auprès des Aurebois. »

Il trouva vite la direction des jardins grâce au fait que la cour impériale se trouvait sous la fenêtre et se proposa de conduire Astrid et Melinda jusque là-bas. Serenus commença à marcher en tête du petit groupe et en profita pour placer une dernière petite pique à l'attention de Melinda à propos du fait que le suivre lui permettrait d'apprendre. Elle lui répondit qu'il faisait bien de veiller à son éducation même s'il n'était pas très doué. Serenus la regarda, s'approcha d'elle, déposa un petit baiser sur sa tempe tout en lui disant :

« - Tu sais bien que je te taquine. En vérité, je suis content de te revoir. »

Il reprit son chemin tout en faisant attention à ne pas se reperdre. Pour cela, il regardait par les fenêtres toutes les cinq minutes et essayait de se repérer grâce à cela. Pendant qu'il marchait, il entendit Astrid demander à Melinda s'ils ne s'aimaient pas beaucoup. Il laissa Melinda répondre et continua sa route en silence. Melinda répondit que Serenus était un homme gentil, la plupart du temps et que le première rencontre avait été tumultueuse. Serenus ajouta, se plaçant à la gauche d'Astrid.

« - Nous nous sommes rentré dedans dans les rues de Lorgol. Je me suis énervé et je l'ai traité de gamine faiblarde. Je l'ai très vite regretté. »

Melinda poursuivi avec une voix plus basse en racontant qu'elle lui avait fait croire qu'il avait été manipulé pour un repas gratuit. Serenus n'entendit pas toute la phrase mais le fait qu'elle le traite d'idiot résonna dans ses oreilles comme une cloche. Il allait répliquer quand il se dit qu'elle ne faisait que se venger pour les piques qu'il lui avait adressé. Ce qu'elle ajouta lui fit l'effet d'un coup de couteau dans la poitrine. Elle annonça en effet qu'elle ne voulait pas qu'il l'apprécie et qu'elle ne supportait pas ses petites attentions dignes d'un grand frère. Serenus prit alors un peu d'avance et s'éloigna légèrement des deux femmes, préférant ne pas en entendre plus. Voila donc ce qu'il avait récolté en ayant été gentil avec Melinda. Elle ne l'aimait pas et n'hésitait pas à le considérer comme le dernier des imbéciles. Serenus se maudit d'avoir pu croire en une possible amitié. Puis il regarda Melinda et se demanda si ce n'était pas la l'une de ses autres faces cachées, qu'elle disait cela pour se donner un nouveau genre devant la noble. Serenus se dit qu'il avait mieux à faire que de bouder. Il appréciait beaucoup Melinda et il devait apprendre à faire avec ses sautes d'humeurs.
Il garda cependant son avance sur les femmes, silencieux et la main sur son épée. Des bruits d'ébats provenant d'une des chambres le fit grimacer. Il baissa la tête et caressa son alliance, qu'il n'avait jamais quitté et se demanda s'il devait raconter ce qu'il s'était passé avec son épouse à Melinda. Il la regarda, vit son sourire lorsqu'elle parla du pacte de non agression et finit par se dire qu'il ferait mieux de garder cela pour lui.

C'était étrange, en présence de Melinda, il avait tendance à tout refouler, à tout garder pour lui alors qu'il était d'habitude si impulsif, peu enclin à réfléchir avant d'agir (sauf pour les plans d'attaque). C'était comme s'il craignait la réaction de la jeune femme qui avait pourtant presque quinze ans de moins que lui. A cette pensée, Serenus se sentit faible. Voila que les rôles s'inversaient. Melinda, pourtant si frêle, si petite, avait réussi à prendre le dessus sur lui. Et cela le frustrait terriblement.
Il ralentit le pas et laissa les femmes le rattraper quand il entendit Melinda s'excuser. Elle n'avait, selon elle, pas à raconter leurs problèmes à Astrid et qu'ils devaient régler cela en privé. Elle ajouta, en le citant implicitement, que certaines personnes ne savaient pas régler ce genre de choses autrement qu'en public. Serenus se retourna au moment ou elle le foudroyait du regard. Il fixa le regard de Melinda avant de tourner la tête vers Astrid tout en lui disant d'une voix beaucoup moins assurée qu'il y a quelques minutes :

« - Veuillez nous excuser noble Dame. ». Il s'arrêta, chercha un point de repère et soupira, la main sur le mur et le regard figé sur le carreau d'une vitre. Il secoua la tête et reprit avec plus d'assurance : « Je crois que nous approchons. »
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyDim 7 Aoû 2016 - 12:29

Douces piques et remise en place. La domestique ne se laisse pas marcher sur les pieds par le guerrier qui lui fait savoir qu’il vient de finir son service auprès d’une famille noble dont le nom me semble renvoyer vers les sonorités végétales de Lagrance. Je considère que la demoiselle se débrouille suffisamment bien pour éviter d’intervenir.  Je me plais à conserver un semblant d’anonymat, j’ai l’impression de retrouver l’insouciance de mes années à Jaakyl. Cependant, je note dans un coin de mon esprit l’identité de mes compagnons de nuit. Fort heureusement pour nous, le guerrier finit par se repérer et nous pouvons poursuivre notre route. D’ailleurs, l’affectation du guerrier pour la servante ne m’échappe pas lorsqu’il dépose un baiser sur sa tempe. Seraient –ils amants ? On pourrait presque le croire. En tout cas, j’écoute les explications de Melinda sur l’origine de la tension existante et je comprends mieux le ressentiment que peut avoir le guerrier à son encontre.

- Une première rencontre peut être marquante et imprégner toute une relation. J’écoute le complément d’informations apporté par Serenus. Il est sûr que se voir rabaisser n’aide pas à partir du bon pied.  Puis Melinda poursuit. Je comprends qu’il en garde rancune même si vous supposez qu’il peut être aimable en d’autres circonstances.

Par contre qu’il se montre protecteur découle peut-être aussi de ses fonctions. Un guerrier est là pour protéger la population d’Arven, alors qu’il veille en faire de même avec Melinda n’est guère étonnant. Après tout le monde n’apprécie pas ce genre d’attention. Au cours de la discussion, Serenus allonge le pas et prend de la distance. Peut-être que les paroles de Melinda ne lui plaisent guère mais qu’importe, cette affaire devait se régler entre eux et en privé.  Un sourire indulgent étire mes lèvres devant les remarques de la domestique qui, bien qu’elle s’excuse auprès de moi, ne peut s’empêcher d’asticoter notre guide, démentant ainsi ses paroles. Ce dernier ralentit le pas nous permettant de le rejoindre. Et tandis que lui aussi présente ses excuses, je remarque qu’il parait moins assuré qu’auparavant.

- J’accepte vos excuses à tous les deux. Vous semblez tout de même partagés entre de nombreux sentiments, parfois contradictoires… Je laisse planer quelques secondes de silence. Si nous approchons, c’est parfait, je vais pouvoir observer les cieux cibellans. Et vous pourrez profiter d’un repos bien mérité.

Oui, j’en profite pour faire quelques remarques sur ce duo bien singulier. J’adresse un sourire de remerciement à notre guide, en espérant qu’il ne se soit pas fourvoyé.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyMar 9 Aoû 2016 - 22:55

Serenus se pencha pour me murmurer une pique moqueuse à l’oreille, et je haussai les yeux au ciel. Je m’écartai rapidement de lui tout en veillant à ne pas faire tomber le contenu de mon plateau. Ce guerrier avait beau prétendre que je ne remplissais pas mon rôle de domestique, j’avais tout de même acquis une certaine habileté qu’il n’était sans doute même pas capable de remarquer.

— Ne peut-on pas considérer, ô toi qui semble connaitre le rôle des domestiques, que converser avec les nobles est une forme de service envers eux ? Ou dois-je garder le silence lorsqu’ils me questionnent ?

Je n’allais sans doute pas préciser que j’avais peut-être vivement réprimandé la dame pour m’avoir bousculé, ce qui, bien évidemment, faisait beaucoup moins partie de mon rôle de domestique. J’espérais sincèrement que la kyréenne ne le préciserait pas non plus, sans quoi Serenus ne manquerait pas de se moquer de moi. Il précisa qu’il venait de terminer son service auprès d’une noble famille. J’eus un grognement dubitatif, mais ne répliquai pas. J’avais l’impression que cette conversation ne mènerait à rien, et nous avions une pauvre spectatrice qui devait subir nos frasques.

Après quelques autres piques, auxquelles je répondais du tac au tac malgré ma fatigue, Serenus abandonna finalement – décidément, ça devenait une habitude chez lui, de céder face à moi – et déposa un baiser sur ma tempe en me déclarant qu’il me taquinait. Son mouvement me surprit tant et si bien que je restai immobile quelques secondes, et lorsque je songeai à réagir, il s’était déjà écarté. Ça ne m’empêcha pas de le foudroyer d’un regard assassin. J’avais conscience que c’était un bisou amical, presque fraternel, et c’était justement ça qui me dérangeait. Au moins, je n’aurais même pas à mentir pour lui répondre.

— Pour ma part je préférerais presque que tu ne sois pas là.

Le sourire sur mon visage aurait démenti la dureté de mes paroles s’il n’avait pas été aussi froid, aussi figé. J’aimais bien Serenus, je l’appréciais, disons, modérément, mais j’étais trop fatiguée pour l’affronter, pour affronter mes propres contradictions, et pour supporter ses sarcasmes. Le « presque », c’était parce qu’il nous guidait tout de même à travers les couloirs. Sans lui, le chemin aurait été bien plus long, et bien plus difficile à retrouver. Alors oui, je lui étais à moitié reconnaissante, et j’avais à moitié envie qu’il n’existe pas. Ces deux moitiés s’affrontaient en moi, si bien que je me sentis obligée de lancer un regard moqueur au guerrier.

— Presque, soulignai-je avec un sourire soudain plus chaud.

Qu’il cherche donc tout seul le sens de ce petit mot pourtant si important ! Il avait de quoi réfléchir en chemin. Nous reprîmes la route, et je répondis à la question de la dame kyréenne aussi sincèrement que possible. Je hochai affirmativement la tête à sa remarque parfaitement juste. Serenus ajouta son petit grain de sel, et je ne pus m’empêcher de ricaner. La gamine faiblarde s’était révélée plus dangereuse qu’il n’aurait pu l’imaginer. J’avais peut-être autant de force qu’une plume sur le plan physique, mais j’étais aussi tenace qu’une moule s’accrochant à son rocher, et la ténacité était une arme bien dangereuse. Une nouvelle fois, la dame sema une remarque qui sonnait tout aussi justement, et je ne pus que hocher la tête, à nouveau. Sans doute fut-ce son étrange compréhension de la situation qui me poussa à continuer en espérant que le guerrier n’écoutait pas ce morceau de conversation. Et encore une fois, elle parut simplement… compréhensive.

Mes paroles n’avaient sans doute pas manqué de blesser Serenus car il finit par s’éloigner, et une fois encore, je ne sus trop quoi en penser. Une part de moi aurait voulu m’excuser d’avoir peut-être été un peu blessante ; une autre savait pertinemment que j’avais eu raison, et que tous les mots que j’avais prononcés étaient vrais. Je l’avais prévenu, non ? J’avais prévenu cet idiot de guerrier qu’il ne pourrait jamais devenir le frère qu’il tendait à être et qu’il était hors-de-question que je lui accorde mon amitié. Parce qu’il était appréciable, Serenus. Gentil. Aimable. Protecteur. Et je ne voulais pas, absolument pas, m’attacher à lui. Hors. De. Question. Je ne souffrirais pas encore. Plus. Jamais.

Je m’aperçus alors que cette dame kyréenne n’avait absolument pas à supporter nos états d’âme et nos humeurs, et je m’excusai d’étaler ainsi devant elle un problème qui ne la concernait pas, d’autant plus qu’elle avait fait preuve d’une étonnante compréhension au lieu de marquer de l’irritation ou du désintérêt. Serenus ne tarda pas à s’excuser à son tour, et notre compagne de route accepter nos excuses avec grâce, non sans glisser une remarque sur notre relation contradictoire. J’étouffai un rire amer. Elle avait trouvé le mot idéal pour définir les sentiments qui nous unissaient, ce guerrier et moi.

Ledit guerrier déclara que nous approchions, et je ne pus m’empêcher de soupirer de soulagement. La dame kyréenne réagit avec un peu plus de mesure, en se réjouissant simplement de pouvoir observer le ciel. Elle ajouta que je pourrais profiter de mon repos et je hochai la tête, même si je n’étais pas sûre de pouvoir dormir autant que je le voulais. En fait, j’étais même sûre de ne pas pouvoir dormir autant que je le voulais.

— Merci Serenus, murmurai-je avec reconnaissance, d’une voix bien plus douce que pour tous les commentaires acerbes que j’avais pu lui assener.

Je me tournai vers Astrid et esquissai un léger sourire.

— Contradictoire, déclarai-je en hochant la tête. Il n’y a sans doute aucun autre terme qui aurait mieux convenu. Mais vous savez, c’est comme ça, l’affection. Ça peut être très agréable, voire enviable… mais c’est aussi… dangereux. Contradictoire, voyez-vous ?

Mon sourire s’élargit.

— En tous cas, merci de vous être montrée aussi compréhensive. Je suppose que ça ne doit pas être facile de nous supporter mais vous avez fait ça avec beaucoup… de gentillesse.

J’eus une moue mitigée.

— Et désolée de m’être montrée un peu… acerbe… toute à l’heure, m’excusai-je avec un sourire contrit. J’étais juste fatiguée et… Enfin, désolée.

Elle n’avait pas à simplement faire les frais de ma fatigue, j’en étais consciente, et même si je me sentais irritée, ce n’était pas une raison d’être imbuvable. Sauf avec Serenus évidemment. Lui, il méritait que je sois insupportable à son égard.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyVen 12 Aoû 2016 - 22:19

Serenus haussa les épaules et finit par abdiquer. Il avait oublié à quel point Melinda était incapable d'abandonner tant qu'elle n'avait pas le dernier mot et il n'avait pas envie de continuer à argumenter sur le sujet, surtout en ce moment où il ne voulait qu'enfouir sa tête dans un oreiller. Aussi décida t'il de clore la conversation en déposant un petit baiser, qui se voulait amical, sur la tempe de Melinda. Serenus faillit éclater de rire en voyant sa réaction. Elle valait tout l'or du monde ! Le guerrier laissa donc échapper un grand sourire moqueur. Cependant, son hilarité fut de courte durée quand elle lui annonça qu'elle préférait qu'il ne soit pas là, avec un sourire qui aurait pu le geler sur place si elle en avait eu le pouvoir. Le guerrier se dit qu'elle ne faisait que se venger. Après tout, il l'avait prise par surprise. Il décida de la laisser répondre aux questions de la femme qui les accompagnait et tachait de ne pas se perdre à nouveau. Il ne manquerait plus que Melinda ait une autre raison de l'humilier plus qu'elle ne l'a déjà fait à Lorgol. Serenus revit le sourire du gamin qui avait assisté à leur rencontre et serra les poings. Il voulait plus que tout au monde construire une relation normale d'amitié (ou peut être plus) avec Melinda. Mais il savait aussi qu'il n'était pas assez intelligent pour arriver à son niveau. Il avait conscience qu'aux yeux de la société, il n'était qu'une masse de muscles tout juste bonne à se battre. Il avait donc essayé de vaincre les préjugés. Il avait payé un professeur à la retraite pour qu'il lui apprenne à lire et à écrire peu après son entrée à la Guilde. Il avait également lu quelques livres et il conservait dans son sac un petit ouvrage sur les plantes comestibles. Mais rien n'y fait. Il savait élaborer des stratégies mais était incapable de se défendre verbalement devant une gamine. Le guerrier fit une grimace puis finit par hausser les épaules. Il avait bien fait de rejoindre la Guilde. Il se serait mal vu devenir un savant. Le guerrier s'imagina avec les cheveux en pétard et une baguette de professeur et laissa échapper un petit sourire. Non, il était vraiment bien comme ça.

Serenus s'était éloigné à cause des paroles blessantes de Melinda qui avait fini par le ramener dans la sombre réalité. Il remarqua avec colère que tous ces fichus couloirs se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Mais grâce aux fenêtres, il avait pu se repérer sans trop de problèmes. Il se tourna vers les deux femmes et s'excusa à son tour, avec moins d'assurance, à cause de leurs problèmes (de couple ? Oh non sûrement pas) de relation.. Puis il annonça qu'ils approchaient. Là, ce que fit Melinda ne manqua pas d'étonner Serenus. Elle le remercia. Gentiment. Non mais sérieusement. Elle l'a dit gentiment ! Et avec de la reconnaissance en plus ! Serenus se retourna, fixa le regard de Melinda quelques instants et fit une petite moue avant de pencher la tête et de dire :

« L'idiot t'aura encore une fois bien aidé, n'est ce pas ? » Il baissa rapidement les yeux avant de reprendre sur un : « Mais ça m'a fait plaisir. »

La femme noble qui les accompagna définit alors leur relation avec un adjectif qui était très juste pour Serenus : « contradictoire ». C’était exactement ça. Un coup ça allait, un autre coup ça partait en sucette. Le guerrier posa la main sur son épée et tourna la tête vers une silhouette sombre qui s'éloignait furtivement au fond du couloir. Sûrement une maîtresse d'un homme qui ne veut sûrement pas être pris en flagrant délit. Il se dit que s'il avait agit comme cet homme, c'est à dire en cachette, il aurait encore son épouse à ses côtés. Mais à vouloir être honnête, il a failli finir castré comme un étalon. Melinda le ramena au présent lorsqu'elle s'excusa devant Astrid et lorsqu'elle la remercia pour sa compréhension. Serenus tourna la tête vers elle et dit :

« J'ai été ravi de vous rencontrer noble dame, même si j'aurais aimé que cela arrive dans d'autres circonstances.  Les jardins sont, je crois, au bout du couloir. »
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyDim 21 Aoû 2016 - 9:29

Melinda, puisque tel est son nom, sait retourner les arguments du guerrier à son avantage. Franchement, je suis amusée par leur comportement, j’ai vraiment l’impression de voir deux jeunes tourtereaux qui s’apprécient et se tournent autour sans vraiment s’avouer qu’ils éprouvent des sentiments l’un pour l’autre. Après, peut-être n’est ce qu’une amitié qui se teinte de camaraderie et de confrontation. En tout cas, je garde mes réflexions pour moi.

Je hoche la tête devant les dires de Melinda sur l’affection. Le parallèle avec ma propre situation me vient naturellement. Entre Hjalden et moi, des sentiments existent mais un certain nombre de choses nous éloigne, en particulier sa haine de la magie, car en repoussant cette part d’Arven, il me repousse par la même occasion, bien qu’il ne le sache pas. Je l’aime mais j’ai peur de lui aussi. Le jour où il apprendra mon héritage magique, il allait certainement me renier et me chasser de Valkyrion. J’appréhendai ce jour funeste.  

Je souris. Ne pas être facile de les supporter ? Les chamailleries entre mes enfants, les manigances entre nobles, j’ai de quoi faire en comportement à supporter.  Alors, Melinda et Serenus… Je les trouve divertissants.

- Il y a des personnes bien plus difficiles à supporter que vous. J’adresse un sourire indulgent à la demoiselle. Et vous êtes excusée pour tout à l’heure.

Je considère cet écart de conduite comme clos. Je peux comprendre qu’un état de fatigue avancée nous fasse dire des choses qu’on n’aurait pas dites en temps normal. Il en va de même lorsqu’une femme est enceinte, elle se montre plus irascible.

- Je vous remercie tous les deux, nous aurons certainement l’occasion de nous recroiser pendant les festivités et le couronnement. Je vais aller voir si les cieux faes sont aussi beaux que ceux de chez moi.

Sur ces mots, je prends congé de Melinda et Serenus et me dirige vers le bout du couloir que m’a indiqué le guerrier. Ses suppositions sont confirmées lorsque je me retrouve dehors dans une allée bordée d’arbuste. Je déambule et finis par trouver un banc sur lequel je m’assieds pour observer le ciel nocturne.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyLun 29 Aoû 2016 - 20:29

Bien que notre conversation n’avait, de premier abord, pas grand-chose d’amical, lorsque Serenus nous eut montré le chemin sans se perdre – du moins, s’il s’était égaré, je n’en avais rien vu – je le remerciai d’une voix douce, réellement reconnaissante. J’avais consciente que s’il ne s’était pas trouvé dans ce couloir, j’aurais pu continuer à errer pendant quelques temps encore, loin de Dauwdauw et de son sommeil bienfaiteur. Le guerrier me lança un regard surpris et resta coi pendant quelques secondes, comme s’il était inimaginable que je sois pleine de gratitude à son égard. A croire que je n’avais que commentaires acerbes à la bouche ! Je m’aperçus dans un éclair de lucidité que c’était le cas. Jusqu’alors, je ne m’étais guère montrée sympathique avec Serenus. Pas étonnant qu’il m’ait regardé comme si un esprit inconnu s'était emparé de mon corps !

— Tu n’es pas idiot, murmurai-je d’une voix douce, avant que ma bonne volonté ne fonde comme neige au soleil devant la cruelle vérité. Enfin, tu l’es parfois. Mais pas toujours.

Pour preuve : à chaque fois que nous nous étions lancés dans une joute verbale, il avait fini par abandonner. Céder devant moi n’était pas idiot du tout ; j’adorais avoir le dernier mot, et généralement je m’y accrochais avec toute la force dont j’étais capable. En revanche, se laisser tromper par ce que des paroles approximatives pouvaient bien vouloir dire selon l’interprétation qui en était faite, ça, c’était stupide. Les mots pouvaient signifier tellement de choses différentes, parfois contradictoires, lorsqu’ils étaient bien maniés... Leur faire confiance sans un minimum de jugeote était ridicule.

Après que la dame kyréenne ait décrit notre relation, à Serenus et moi, avec le mot le plus approprié possible, je ne pus m’empêcher, devant sa gentillesse et sa compréhension, non seulement de la remercier pour sa douceur, mais aussi de m’excuser pour la façon dont j’avais pu me montrer agressive lors de notre collision. Elle répondit avec beaucoup d’amabilité, comme on aurait pu s’y attendre. Une part de moi, un peu boudeuse, songea soudain que je ferais mieux de me comporter de façon exécrable pour montrer à cette dame que je pouvais parfaitement être plus difficile à supporter que n’importe qui. Une autre, bien trop fatiguée, préférait ne penser qu’au lit qui devait bien m’attendre quelque part. Je me contentai donc de hocher la tête pour la remercier de me pardonner aussi facilement.

Serenus prit alors la parole, et je ne pus m’empêcher d’hausser un sourcil sceptique. Dans d’autres circonstances ? Cela signifiait-il qu’il aurait préféré que je ne sois pas là ? Irritée par ces paroles, et plus irritées encore du fait qu’elles parviennent à me toucher à ce point-là, je pris une profonde inspiration, la bloquai une ou deux secondes avant de la relâcher doucement. Lorsque la dame kyréenne eut fini de nous remercier, j’avais retrouvé mon calme, et j’esquissai une légère révérence.

— J’espère que vous profiterez bien des festivités, murmurai-je avec un doux sourire. Bonne soirée.

Je m’aperçus soudain que c’était probablement le matin aux yeux de cette dame. N’avait-elle pas dit avoir fini sa nuit ? Je grimaçai pour retirer mes paroles.

— Enfin, bon début de journée, plutôt. Que les cieux de chez nous soient à la hauteur de vos attentes.

Et voilà, elle s’en allait. Et je me retrouvais seule avec Serenus. Durant une fraction de secondes, j’hésitai à rappeler la dame kyréenne pour la supplier de revenir jouer le rôle d’intermédiaire imperturbable. Pourtant, je ne pouvais pas décemment lui demander cela. Je devrais plutôt prétexter mon écrasante fatigue et m’en aller en courant. J’aurais dû le faire, d’ailleurs. Mais quelque chose que je ne m’expliquais pas me retint quelques instants supplémentaires. Quelque chose comme… de l’affection ?

— Tu dois me trouver insupportable, n’est-ce pas ? demandai-je avec une moue presque désolée.

Pour poser une telle question, je devais être vraiment fatiguée. J’avais l’habitude que mes lèvres esquissent des mots que j’aurais préféré garder pour moi, mais habituellement, j’évitais d’aborder les sujets qui me touchaient personnellement. Peut-être que je devrais vraiment aller dormir, finalement. Avant qu’il ait eu le temps de répondre à ma question, je me passai les mains sur le visage comme si ce simple geste pouvait me remplir d’énergie.

— Excuse-moi, je suis fatiguée, murmurai-je avec un bâillement explicite. Tu n’es pas obligé de répondre, bien entendu. Je vais aller dormir, maintenant.

Je m’apprêtai à partir lorsqu’une question me frappa de plein fouet. Avec un léger sourire, presque amusée, je demandai :

— Ça ira pour retourner jusqu’à ta chambre ? Je sais que c’était moi qui étais perdue, mais… ce palais peut-être un vrai labyrinthe parfois. Je m’en voudrais de te laisser mourir de froid dans un couloir.

Mon sourire s’élargit.

— Et même si tu ne gelais pas sur place, tu te réveillerais avec de méchantes courbatures, je peux te l’assurer.

La pierre n’était pas le meilleur matelas que j’aie jamais eu. Pas le pire non plus, cela dit, mais il n’était pas vraiment agréable.

— Trêve de plaisanterie, marmonnai-je sans perdre mon sourire. Tu sauras retrouver ton chemin ?
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyVen 2 Sep 2016 - 21:49

Par le slip de Kern ! Mais qu'a t'on fait à Melinda ?! Voilà que maintenant elle lui dit qu'il n'est pas un idiot ! Serenus dévisagea la jeune femme, cherchant si, par tout hasard , il n'aurait pas affaire à une sœur jumelle cachée. Mais il fut bien vite rassuré. Enfin, « rassuré » était plutôt mal choisi pour exprimer ce qu'il ressentait. C'était un mélange de soulagement et de dépit en vérité. Mais revenons à nos moutons. Si Serenus était traversé par ce mélange de sentiments, c'est parce que Melinda venait d'ajouter qu'il lui arrivait d'être idiot. Parfois, mais pas toujours pour reprendre ses mots. Serenus fit une grimace et secoua la tête. Il devait reconnaître qu'elle avait raison. Sa jument pouvait témoigner de son idiotie occasionnelle. Mais hors de question de le dire à Melinda. Elle en tirerait une autre victoire personnelle. Et Serenus ne voulait pas lui faire ce plaisir. La dame Kyréenne se mit à décrire leur relation pendant qu'ils arrivaient aux portes du jardin. L'heure des séparations était venue. Serenus se tourna vers les dames, tout en se tenant droit, ce qui fit protester son pauvre dos qui en avait marre de supporter le poids de l'armure. Serenus caressa distraitement une des plumes rouges de son heaume qu'il tenait sous son bras et salua la dame qui les remercia avant de s'éloigner.

Serenus se retrouva donc seul avec Melinda. Il la regarda tout en se redressant. Il hésitait entre partir sans un mot ou rester quelques instants de plus avec elle. Il craignait de ne plus jamais la revoir. Arven était si grand, et Melinda était si petite. Il la connaissait à peine, et pourtant il tenait beaucoup à elle. Mais il avait le pressentiment que s'il restait, elle en profiterait pour lancer une autre joute verbale sans fin. Non vraiment, les vraies joutes, celles avec cheval et lance, intéressaient plus le guerrier. Le silence entre eux devenait pesant. On entendait plus que le cliquetis incessant de son armure. Puis Melinda parla. Elle lui demanda s'il la trouvait insupportable avant de bailler et de s'excuser. Elle lui dit qu'elle était épuisée. Serenus pencha la tête vers elle, sourit et lui dit juste :

« - Non Melinda. Crois moi tu es loin d'être insupportable... »

Il y avait plusieurs choses qui étaient insupportable pour lui : l'odeur des pieds du capitaine de la Volte, les ronflements de sa jument, le lait qui tourne et bien sûr, les fientes de piafs sur son armure. Alors les petites piques de Melinda, a côté de tout cela, c'était juste de la rigolade. Même si parfois, cela lui faisait mal.
Melinda le sortit de ses pensées en lui demandant s'il saurait retrouver le chemin de sa chambre car, selon ses propos, elle s'en voudrait de le laisser mourir de froid dans ces couloirs. Elle ajouta avec un grand sourire que s'il ne gelait pas, il aurait de grosses courbatures. Serenus sourit à son tour et répondit :

« - Dit aussi que je suis un vieillard ! J'ai connu des nuits plus froides que celles ci, et des sols plus inconfortables. Mais comme tu dis, trêve de plaisanteries, je saurais retrouver ma chambre. Et j'espère qu'il en sera ainsi pour toi aussi. Tu n'as pas l'air d'avoir sur toi la cape que je t'ai offerte. »

Il s'approcha d'elle, posa la main sur son bras et reprit avec le même sourire :

« - Prends soin de toi Melinda, j'espère qu'on se reverra. Si je passe à Lorgol, je te rendrais sûrement visite à la Taverne de la Rose. »

Sans rien dire de plus, Serenus tourna les talons, casque sous le bras. Il prit le chemin (enfin ce qu'il pensait être le chemin) du quartier des gardes. Son corps endolori était à deux doigts de ployer sous le poids de l'acier mais heureusement, l'appel de l'oreiller lui donnait tout juste assez de force pour terminer le trajet. Il se retourna une dernière fois, cherchant Melinda du regard, mais il ne la vit pas. Vu sa fatigue, elle a du courir se glisser sous la couverture. Serenus sourit, secoua la tête et reprit sa marche.
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Message Sujet: Re: Balade nocturne (Melinda et libre)   Balade nocturne (Melinda et libre) EmptyMer 14 Sep 2016 - 20:58

Son sourire ne me rassura pas le moins du monde. J’avais envie de partir en courant pour ne pas entendre sa réponse, parce que, qu’elle soit positive ou négative, j’avais le sentiment qu’elle ne me plairait pas, de toute façon. Pourtant, mes jambes, lourdes comme du plomb, semblaient incapables de remuer, fixées au sol comme si elles s’y étaient enracinées, comme si elles y étaient enchainées et que seule la réponse de Serenus pouvait les délivrer. Curieuse, je l’étais, oui, curieuse de ce qu’il pouvait bien penser de moi. Mais j’étais un peu inquiète, aussi, parce que j’appréciais ce guerrier, et que sa réponse comptait pour moi, dans une certaine mesure.

Lorsqu’il me répondit, pourtant, je ne sus trop si je devais me réjouir de sa réplique ou la déplorer. Comme je m’y attendais, mon esprit était mitigé, et comme toujours avec Serenus, deux avis contradictoires et inconciliables s’affrontaient impitoyablement au plus profond de mon être. S’il m’avait trouvée insupportable, j’aurais pu bondir sur cette excuse toute trouvée pour mettre fin à tout débat intérieur. Mais j’en aurais été blessée, aussi. Sans doute. Au moins un peu, comme une fine égratignure sans conséquence grave, mais qui avait la détestable caractéristique de picoter douloureusement pour rappeler sa présence.

— Merci, murmurai-je au bout de quelques secondes de silence, avant de froncer les sourcils et de me corriger. Je crois.

Je secouai la tête comme pour effacer de mon existence ce pathétique épisode. Oui, décidément, certaines questions gagnaient à être gardées sous silence. Malheureusement, c’était une leçon que je n’apprenais pas facilement, que j’avais même renoncé à apprendre, en fait.

— Il faut vraiment que j’aille dormir, marmonnai-je avant de me détourner de quelques pas, prête à partir sans même lui dire au revoir.

Un zeste d’inquiétude envers le destin que cette fin de nuit – ce début de journée ? – réservait à Serenus s’agrippa à moi, et je pris le temps de m’enquérir de son sort. Non pas que je le prenne pour un vieillard – même s’il devait avouer être, comment dire ? d’un… certain âge – mais j’estimais simplement que son lit serait plus confortable qu’un sol de pierre. Qu’il ait vécu, à l’entendre, de terribles et éprouvantes épreuves ne changerait rien à cet état de fait. Toutefois, je n’avais ni l’énergie ni l’envie de me lancer avec lui dans un débat sans fin – que je gagnerais, j’en étais presque certaine. D’autant plus que ledit débat serait inutile, puisqu’il pensait pouvoir retrouver son chemin. Lorsqu’il fit mention de la cape, je haussai les yeux au ciel.

— Elle est lourde, ta cape, et je n’ai aucune envie de porter plus de choses que nécessaire ! lâchai-je, un léger sourire adoucissant toutefois la dureté de mes paroles.

Plus rien ne me retenait encore, et j’ouvris la bouche, pour souhaiter bonne nuit à Serenus, lorsqu’il me devança honteusement, m’empêchant de parler. Il posa la main sur mon bras, et je me dégageai, un brin méfiante. Il était bien capable – il en avait la force et sans doute l’audace – de m’attirer de nouveau à lui pour m’embrasser sur le front, si je ne le surveillais pas ! Mais je l’aurais à l’œil désormais, il pouvait en être sûr. Malgré ce geste de suspicion, je lui répondis d’une voix douce après qu’il ait déclaré qu’il souhaitait me revoir, et qu’il ait promis de passer me voir.

— Veille à ne pas dormir sur des sols inconfortables trop souvent, ça pourrait devenir une habitude, rétorquai-je avec un léger rire. Et je n’ai pas envie de regarder où je mets les pieds chaque fois que je me promène dans un couloir, où tu aurais pu piquer un petit somme, au risque que quelqu’un te marche dessus par inadvertance.

Je n’ajoutai pas que je serais contente de le revoir ; cela s’approcherait fort d’un mensonge à mes yeux. Non pas que je serais triste ou furieuse s’il venait me voir mais… je serais sans doute mitigée, partagée entre l’envie de me réjouir et celle de me méfier.

— Bonne nuit, Serenus, murmurai-je en étouffant un bâillement.

Sans plus de cérémonie, je me détournai et repris mes tâches d’un pas trainant. Ranger ce plateau de bouteilles. Puis dormir. Longtemps. Enfin, aussi longtemps que possible. Absorbée par mes pensées – et écrasée de fatigue – je ne songeai pas une seconde à me retourner pour regarder Serenus partir. Je l’appréciai peut-être, mais en cet instant, il ne valait rien face à la perspective de quelques heures de sommeil.
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