L’éclat des neiges ❅ Elanin d’Ysgramor

Elanin vit le jour le 22 mars 980 au manoir familial du seigneur d’Ysgramor, son père. La petite boucle d’or hérita du prénom de sa défunte tante, très appréciée, mais pas uniquement. Ce prénom est également le titre d’un conte de fée très prisé de la famille et qui se transmet de génération en génération. Il s’agit toujours du premier présent offert à la première fille de la famille.  

L’éclat des neiges d’Ysgramor eut une enfance des plus heureuse et sage, malgré les quelques courses-poursuites avec son frère aîné Rolf dans les couloirs du manoir et les bêtises habituelles que font tous les enfants. Rien d’anormal ou d’inhabituel. Elanin finit par s’assagir vers l’âge de raison où les premiers signes de ressemblance avec son père apparurent. Elle devint le nouveau rat de bibliothèque de la famille et ses précepteurs eurent du mal à canaliser son envie de toujours vouloir lire et ne rien faire d’autre. Jusqu’à que son père s’y mêle, étant le mieux placé pour la comprendre vis-à-vis de cette passion fraîchement découverte. Après discussion, il passa un marché avec sa propre fille pour réussir enfin à débloquer la situation. Donnez un but alléchant à n’importe quel enfant et il accomplira tout ce qu’il faut pour avoir ce qu'il veut. Ce fut en quelque sorte le cas et c’est ainsi que naquit l’Elanin studieuse et persévérante qui étudiait dans le seul but de pouvoir ensuite passer son temps libre à lire et à recevoir de nouveaux livres lorsqu’elle avait terminé de lire les anciens. Au fil du temps, ce qui n’avait été qu’un moyen pour canaliser Elanin, se fit naturellement. La leçon fut bel et bien apprise et retenue.


Personne n'est jamais prêt face à la mort. Comment un enfant pourrait-il l'être ? Comment lui faire comprendre qu'il ne verra, n'entendra et ne sentira plus les douces et apaisantes caresses maternelles d'une mère aimante ?

Ce fut pourtant ce à quoi dû faire face Elanin à l'âge de onze ans, en compagnie de son père, de Rolf et de leur tout petit-frère, Rudolf, qui ne connaîtra jamais sa mère. Au lieu d'être une des plus belles journées d'une vie, ce 11 mai 991 fut une des pires de toute la vie d'Elanin, malgré la naissance de son petit-frère. Même si elle était consciente des risques qu'engendraient une grossesse et un accouchement, à cet âge-là on n'imaginait pas réellement les conséquences. On pense toujours que ses proches sont en quelque sorte immortels, intouchables, mais personne ne l'est lorsque sonne la fin. Ce fut au dernier soir de la veillée traditionnelle de trois jours qu'Elanin réalisa à quel point la vie humaine était éphémère. De l'annonce de la mort jusqu'à l'embrasement, Elanin ne versa pas une larme, respectant au mieux la solennité et la dignité du rite funéraire, mais lorsque sur le rivage du lac se trouvant non loin du manoir familian, il ne resta plus que la famille proche et qu'à l'horizon les flammes s'estompaient peu à peu, Elanin fondit en sanglot. Les jours et les nuits suivantes furent difficiles pour toute la famille. Il faut laisser le temps au temps. Alder et Aïon ont toujours été aux côtés d’Elanin, mais elle trouva réconfort et force en priant Sithis durant de longs mois.

Ces longs mois ne furent donc pas évident pour Elanin, puisqu’elle dut apprendre à faire passer ses responsabilités et son devoir avant ses désirs et ses volontés. Rolf étudiait à l’Académie, leur père était absent et gérait la seigneurie et même si Elanin n’était pas seule, elle était tout de même la seule de la famille la plus a même à s’occuper de Rudolf, le petit dernier. Elanin ne peut tenir le rôle de sa mère comme cette dernière l’avait fait avec Rolf et elle-même. Toutefois, en tant que grande-sœur elle s’efforça d'apporter le côté doux, rassurant, bienveillant et attentif que peut avoir une mère. Elanin s’imposa une sorte de mot d’ordre. Celui de rester à sa place et de ne pas remplacer leur mère, refusant de se faire passer comme tel vis-à-vis de Rudolf. Faisant avec son jeune âge et respectant du mieux qu’elle put cette auto-consigne, Elanin fut présente pour Rudolf. Elle fut aussi celle qui accepta le plus de lui parler de leur mère, de comment elle était, de ce qu’elle aimait et de ce qu’elle avait l’habitude de dire. Mine de rien et malgré le manque maternel bien présent pour eux deux, être présente et forte pour Rudolf l’a aidé à faire son deuil et à ne pas perdre pied. C’est probablement durant ses années qu’Elanin se forgea la capacité de dissimuler certains sentiments dans le but de ne pas inquiéter son petit-frère et pour qu’il ne se pose pas de questions. Tout ne se passa pas aussi parfaitement ou correctement que ça l’aurait été si leur mère avait été en vie, mais Rudolf grandit en bonne santé et sans manquer de rien; du moins, selon le point de vue d’Elanin, qu’elle espérait être bien réel.


Les années s’écoulèrent. Alors que Rudolf grandissait et était plus pris en charge par des précepteurs, la petite fille devint une jeune femme. L’adolescence ne fut pas la période la plus réfléchie pour Elanin, puisqu'elle se perdit un peu trop dans le matérialisme, l’insouciance et les rêveries qu’on la plupart des jeunes filles en grandissant et surtout après plusieurs mois sans pouvoir réellement penser qu'à elle. Elle se voilait en quelque sorte la face.
Il fut un temps, Elanin aspira même à rejoindre la Cour ducale, mais les rumeurs de plus en plus présentes d’une éventuelle guerre entre Faërie et Ibélène la firent descendre de son illusoire petit nuage. De cette image qu’elle voulait se donner et qui n’était pas elle. Le souvenir de la perte d’un être cher revint la hanter. Secrètement. Silencieusement, la peur de perdre un autre membre de sa famille s’insinua de nouveau en elle et ne la lâchera plus. A partir de là, même si Elanin parlait de temps en temps de la Cour, c’était désormais pour d’autres raisons. Elle n’en avait plus particulièrement envie et si un jour elle avait l’occasion de s’y rendre, ce ne serait pas non plus par plaisir ou par passion, puisqu’elle préférait largement les lieux calmes comme une bibliothèque et y lire tranquillement avec pour seul fond de musique le crépitement d’un bon vieux feu de bois dans la cheminée. Ce sera donc uniquement pour se tenir informé de l’évolution extérieure qui semblait s’assombrir de jour en jour.

Cette phase compliquée de l’adolescence passée, Elanin fut de plus en plus fidèle à elle-même. La seule chose qui ne l’a jamais quitté depuis son enfance était sa passion pour l’écriture et surtout la lecture. Une passion dévorante qu’elle décida de partager avec les enfants de son peuple. Avec l’aval de son père et l’aide de son frère aîné Rolf, elle mit en place des séances de lecture de contes d’enfants qui étaient toujours liés à une légende ou à un moment important de l’histoire de Valkyrion ou d’Arven. C’était une activité qui tenait à cœur Elanin et elle se faisait toujours un plaisir de pouvoir conter ces histoires. Cependant, ce n’était pas la seule activité que la demoiselle d’Ysgramor avait. Cette dernière était plutôt secrète. Au retour de Rolf de l’Académie, ce dernier revint avec des nouvelles de l’extérieur des plus inquiétantes. La tension entre les deux empires était électrique. Si une guerre risquait d’éclater, même en étant éloigné de l’action, rien ne pouvait les assurer que celle-ci ne viendrait pas bientôt frapper à leur porte. On n’est jamais trop prudent. Elanin a toujours été une personne pacifique et l’est toujours, mais ni elle ni son frère ne souhaitaient revivre la perte d’un être proche. Rudolf étant en sécurité à l’Académie, ils s’accordèrent à garder le secret entre eux. A l’inverse de sa sœur, l’art du combat avait fait partie de son éducation et Rolf allait corriger cela. Il apprendrait à Elanin comment se défendre au cas où elle se retrouverait seule face à un danger ou qu’elle doive un jour protéger un être cher. Bien entendu, ils s’entraînèrent en cachette. Clairement, les vases et tout ce qui pourrait être utilisé comme projectile était plus proche d’une arme de prédilection pour Elanin, mais elle ne se débrouillait pas trop mal avec un poignard et puis Elanin était une élève sérieuse et persévérante.

Raygnar ne se doutait pas une seconde de ce que ses enfants lui cachait. Il était bien trop occupé par les affaires de la seigneurie, de son projet et de trouver de bons partis à sa fille. D’ailleurs, Elanin a parfaitement conscience que depuis quelques mois son père pense sérieusement à la marier. Probablement un mariage de raison et non d'amour. Elanin l'acceptera, mais elle aura son mot à dire et refusera si le prétendant ne lui convient pas ou qu'elle considère qu'il ne seront pas compatible à long terme. Après tout ce sera une des seules fois où elle aura le choix et un choix qui influencera tout le reste de sa vie jusqu'à la fin de ses jours. Ce choix ne sera pas à prendre à la légère. Il est vrai que ce serait mentir de dire que cela ne ravit pas Elanin. Elles sont peu nombreuses les conversations où elle a réussi à avoir le dernier mot face à Raygnar d'Ysgramor. Bien entendu, cette situation ne durera pas et elle ne défiera pas son père à ce sujet éternellement, mais de temps en temps, qu'est-ce que ça faisait du bien !

Pour l'heure, Elanin se contente de vivre au jour le jour tout en gardant un œil, certes lointain, sur la guerre qui éclate entre Faërie et Ibélène. Et dire qu'elle avait songé à voyager pour aller découvrir et chercher d'autres contes et légendes d'Arven dans le but d’écrire ou de trouver des livres pour la cause qu'elle a créée pour les enfants des terres d'Ysgramor. Le Destin en avait décidé autrement ou peut-être pas. Qui sait ce que l'avenir nous réserve...

La guerre est déclarée en Arven, les troupes de Faërie ont lancé la première attaque et pour l'instant, l'Empire de la Magie a le dessus. Que penses-tu de cette situation ? Penses-tu que la guerre est légitime ou au contraire qu'elle n'a pas lieu d'être ?
• Elanin déplore la situation. Tant d’années de paix gâchées et éclatées en quelques jours. Les hommes ont-ils donc oublié tous les sacrifices et les efforts nécessaires pour en arriver jusque là ? Ont-ils réellement conscience des dégâts qu’une guerre inflige aux peuples et à leurs terres  et le temps que pourrait prendre pour instaurer un nouvel havre de paix ? N’ont-ils rien retenu du passé ? La violence n’a pas à être la solution à tout problème. Elanin ne cautionne pas du tout cette décision, mais elle comprend et trouve légitime qu’Ibélène se défende et protège son peuple. Elle a cependant toujours du mal à comprendre le pourquoi de cette guerre et ce qu’elle pourrait apporter, à part mort et désolation… Elanin aime à espérer qu’il n’est pas encore trop tard pour arrêter ce qui pourrait être le prochain carnage et triste événement de l’Histoire.

Les pirates écument les mers d'Arven depuis des siècles, épris de liberté. Ils pillent les côtes et volent les bonnes gens du continent. Quel est ton avis sur ces femmes et hommes des flots ?
• Elanin n’a pas particulièrement d’avis sur eux. Sa ligne de conduite qu’elle tente de suivre est celle de ne pas juger les gens tant qu’elle n’a pas apprit à les connaître ou du moins à discuter un minimum avec eux. Toutes personnes devraient avoir le choix de vivre sa vie comme il l’entend, selon les valeurs qu’il aura choisi. Chacun a ses responsabilités et ses choix. Même si elle ne se plaint pas pour autant de sa vie et qu'elle l’apprécie malgré certains points, Elanin leur envie bien une chose: celle d’être entièrement maître de leur destin, de choisir la personne avec qui partager le restant de leur vie et de pouvoir ce qu’ils veulent. La totale liberté. Bien entendu, Elanin sait que les pirates sont connus pour leurs pillages. Elle ne prône pas leurs actions criminelles et n'aimerait en aucun cas se trouver dans les parages lors d'un pillage ou d'un carnage.

Que penses-tu de Lorgol, la ville aux Mille Tours ? Est-ce que tu t'y promènes sereinement ou est-ce que la capitale des peuples libres t'oppresse ?
• Malgré toute sa bonne volonté, Elanin n’arrive pas à être sans a priori concernant cette ville. A l’inverse de ses frères et de son père, Elanin n’a pas été à l’Académie et n’a jamais vécu à Lorgol, ce qui lui convient très bien. Elle y a déjà mit les pieds et même si la Ville Haute l’impressionne, qu’elle apprécie et qu’elle admire la neutralité, l’indépendance et l’égalité des sexes à Lorgol, Elanin reste partagée. Pour la simple et bonne raison que la Ville Basse l’intrigue et lui fait peur à la fois. Elle n’y a jamais été, mais inutile de s’y rendre pour savoir ce qui s’y cache.