L'enlèvement ! Coutume belliférienne par excellence, elle couronne les efforts de tout homme pour se construire un foyer. Femme : c'est le jour où l'on vient t'enlever à ton foyer pour t'épouser, de gré ou de force ; homme, c'est le jour où tu t'en viens conquérir celle qui portera tes enfants.
• Vous devez utiliser votre personnage en respectant la base suivante : à présent, vous êtes originaires de Bellifère. Le Destin laisse aux femmes le choix de l'homme venu les enlever ; et aux hommes, l'identité de la femme qu'ils sont venus chercher. Vous pouvez tout à fait vous arranger entre vous si vous désirez présenter le même enlèvement, de deux points de vue différents.
• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !
Les Chevaucheurs
Bertin Vif-Envol
Messages : 2689 J'ai : 38 ans Je suis : Chevaucheur dans le Vol de Lorgol, mage de l'Hiver (protection)
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Faërie Mes autres visages: Zacharie de Sombrétoile
Lançant soudain un regard noir chargé du poids de sa détermination vers la porte dont le battant s’agite, il se fige, soudain, un instant. Un seul instant avant de pousser un cri de guerre, menace à ce nouvel arrivant auquel il ne s’attendait pas, mais dont la présence ne fait que motiver sa résolution d’en finir au plus vite, et au mieux. Il sera vainqueur. Elle sera sa femme. Qu’importe la quantité de sang qu’il devra faire couler… C’est lui qui, au matin, exhibera celui de celle qu’il convoite…
***
Cette femme… Il la désire depuis qu’il l’a vue. Un désir charnel qu’il ne sache taire. Il ne l’a croisée qu’une fois ou deux, brièvement, à peine entrevue, mais son image est restée gravée dans son esprit. Il la veut. Elle sera sienne. Tant et si bien qu’il s’est armé, ce jour-là, d’une dague et d’une épée bien affutées – le contraire eut été un affront – et qu’il se prépare à mener la lutte qui le délivrerait de ce désir qui lui embrouille les sens. Que cet envoutement se consume ce soir dans le feu des ébats qu’il lui fera subir ! Tel est son désir. Et ce qu’il désire, il obtient.
Il s’est armé, et il s’est préparé. Mentalement, physiquement… Cette proie ne sera pas la plus facile à conquérir. Le combat sera réel, si bien qu’il compte mettre évidemment toutes les chances de son côté. La défaite n’est, après tout, pas une option. Plutôt mourir que de perdre la face… Et d’un pas calme, émanant la confiance comme il ne l’a jamais fait même sur le champ de bataille, il quitte sa demeure pour se diriger vers celle de la blonde.
Blonde… les cheveux dorés comme le soleil… Si commun dans la région… Pourquoi a-t-elle laissé sur son esprit une empreinte si forte ? Qu’a-t-elle fait, cette sorcière ? Tant de questions encore qui ont afflué à son esprit ces dernières semaines, mais qu’il repousse résolument en ce début d’après-midi. Aucune distraction n’est permise. Qu’on s’éloigne de son chemin. Il ne laissera rien ni personne l’arrêter. Ses lèvres s’étirent même en un petit rictus mauvais qui doit éloigner les passants de sa route, car rares sont ceux qui s’aventurent devant lui.
Au détour d’une rue, il aperçoit sa destination au loin. Sa tête, ses épaules se redressent tandis qu’il s’arrête un instant pour fixer l’endroit d’un regard dur. Ce moment. Il l’a imaginé plusieurs fois. D’y être enfin lui fait tout autant étrange que plaisir. Tant attendue. Oh, cette femme, frustration et torture… et ce désir…
***
La jeune blonde, fille unique d’une maisonnée où on lui reproche souvent d’exister. La jeune blonde, cette femme au teint clair qui n’a point souvenir de cet homme mystérieux qui, à la lueur du soleil de presque hiver, s’avance vers la maison. Elle ignore tout, bien sûr. Elle s’occupe, du repas, de la maison, obéissant, sagement. La maison a des serviteurs, de par le statut de son père, bien sûr. Mais serviteur, elle l’est aussi, de par son statut de femme. Les bras chargés, elle s’éloigne pour retrouver cette zone isolée où elle a grandi en compagnie de sa mère et des moins que riens de la maisonnée. Elle se tait, la jolie blonde. On ne se soucie guère de son opinion dans cette maisonnée, de toute façon.
***
L’inconnu. Qu’en dire ? Il débarque à peine à terre de son navire de guerre. Ils lui manquent les jours où il pouvait être le mousse dont personne ne connaissait l’existence. Cela lui est impossible à présent. Mais ce qu’il a perdu en liberté, il l’a gagné en prestige. La marine lui rend bien sa dédication. Il a quitté le pont du navire, donc, filant sur les quais, puis sur la chaussée. Il a une adresse, là, sur un morceau de papier. Celle d’une jolie jeune femme qu’il a décidé de prendre pour épouse. Parce qu’il le peut. Parce qu’on lui en a donné le défi. Il prouvera aux hommes qu’il est un homme. À son retour, il aura une femme. Et peut-être même un enfant en route.
D’un pas souple, typique des marins, il enfile rue après rue, se retrouvant bientôt dans le quartier aisé de la ville. La jeune fille qu’on lui a conseillée est celle du petit noble local. Son statut lui permettra sans doute de la gagner. Elle sera le bibelot parfait pour sa demeure. Parfaite muette, songe-t-il. Et donc d’un bon pas il avance, confiant que sa dague suffira. Il approche, songe-t-il. Plus que quelques minutes encore…
***
... ce désir étrange, qu’il ne reconnait pas et le pousse pourtant à agir. Il se remet en route, les yeux fixés sur cette riche demeure devant lui. Il avance. Pas à pas, d’une démarche de plus en plus déterminée. Le voilà devant la maison voisine. On l’aperçoit d’une fenêtre, blême visage qui disparaît aussitôt, petite souris qui s’enfuit derrière la sécurité toute relative des volets. Il accélère le pas. Il s’engage sur la voie qui mène à la porte, la passant soudain. Il est tôt. Il surprend le père – oui cela devait être le père – en s’avançant avec autant de rigueur.
- Votre fille sera mienne.
Son ton est dur, son regard aussi solide que l’acier est planté dans celui du père qui se lève.
- Jehanne n’ira nulle part.
Il s’approche. Les hommes installés à table se lèvent, certains l’encerclant, d’autres s’éloignant simplement de la pagaille qui suivra certainement. Il ne s’en soucie pas. Il fonce, déjà, du moins il tente, arrêté par le père dont il coupe quelques instant le souffle sous le premier coup de poing. La bagarre éclate : tous les hommes de la famille, ce père méprisable, cet oncle peut-être, ou était-ce un cousin qui l’arrête ? Et ce voisin – ou pas – qui sait qui sont ces hommes qui cherchent à s’emparer de lui. Mais il les repousse, un à un. Pendant que le premier a le souffle coupé, il se retourne pour en surprendre un autre d’un coup de poing bien placé sur l’arête du nez qui émet un craquement sonore aussitôt accompagné d’un grognement de son propriétaire. Les coups pleuvent, et sans qu’il s’en rende compte, il a sorti ses armes avec lesquelles il se défend et attaque dans cette danse à la fois martiale et maritale, préambule sanguinaire d’une histoire encore non-écrite…
***
Elle l’a aperçu à la fenêtre, brièvement, ce visage qu’elle a entrevu une fois. Se pourrait-il que..? Non. Il ne fallait pas. Elle s’éloigne aussitôt, regagnant la sécurité de la cuisine, se remettant nerveusement au travail. Elle tremble, sa main tremble tandis qu’elle s’affaire à préparer le repas. Pas que sa main, non. Elle est horrifiée, terrifiée. Le moment qu’elle redoute arrive sans doute, elle entend les bruits de combat dans la demeure. Ça ne pouvait qu’être ça. Elle tente de ne pas y penser, de se concentrer sur le repas. Coupe. Doucement. Mais les bruits s’intensifient, et elle passe dangereusement près de se couper les doigts dans sa maladresse…
- Outch…
Une perle de sang, le sien, elle maudit silencieusement ce hasard qui a fait d’elle une femme, et cette idiotie de peur qui lui serre le ventre et la rend incapable de quoi que ce soit. Déjà sa mère la pousse hors du chemin. Et elle, elle tremble, trébuchant sur ses propres pieds en tentant de s’éloigner de la table de travail pour trouver refuge contre le mur, non loin de la cheminée…
***
L’inconnu. Son sourire charmeur, entendu. Il s’apprête à se battre, certes, mais il pense déjà au plaisir qui viendra après. La déflorer, lui faire un enfant, peut-être deux, ça n’importe pas. Il aura une jolie femme à sa merci dès qu’il en aura envie.
Il s’avance. Approchant de la demeure. La porte entrouverte laisse entendre des bruits de bagarres et c’est avec une prudence téméraire qu’il s’approche, évitant de justesse, alors qu’il était sur le point de passer l’encadrement, l’homme qui trébuche et s’étale à ses pieds. Il lui sourit, amusé, et lui assène un coup bas, rien qu’histoire de ne plus l’avoir dans les pattes. Il passe la porte. Et la scène se fige.
- Bertin…
***
Son regard d’acier s’élève lorsqu’il entend son prénom. Il croit un instant la vivre au ralentit tellement cette voix familière le surprend.
- Bartholomé.
Si le premier est surpris, le second ne se laisse pas impressionner. Il n’aura fallu que la vision de son frère pour qu’il se libère de ses assaillants et fonce à toute allure vers la porte qui devrait mener à sa jolie blonde en lançant un cri digne des plus dangereuses batailles. L’ainé n’a que peu à faire dans la salle. Bertin a déjà mis mal en point la plupart des hommes qui se relèvent peu à peu, mais dont Bartholomé n’a guère à se soucier dans l’immédiat. Aussitôt, dans le couloir, c’est la bagarre. Cette fois entre deux frères, deux hommes du même sang. L’espace exiguë les pousse au corps à corps. Soldat contre marin. Une lutte acharnée dont nulle ne voudra repartir bredouille. Ils ont tous deux leur fierté, après tout. Bertin le sait très bien. Il redouble d’effort, se libérant par moment de son frère, prenant les devants pour un court instant. Ce couloir, pourtant si court en réalité, lui paraît interminable. Devra-t-il donc risquer de tuer son frère pour sa belle ? Et la bagarre fait trembler le sol, les murs autour d’eux, et vibrer l’air au son de leurs cris et grognement. Sans pitié, ni l’un ni l’autre.
Ils débouchent soudain en trombe dans l’aire de cuisine, et Jehanne pousse une exclamation de surprise et d’horreur à la fois. Bartholomé, libéré de ses mouvements, dégaine la dague qu’il portait à la taille. Bertin grogne, le fixant de ses yeux d’acier, impénétrable. Ses propres armes jonchent à présent le sol du couloir dont l’étroitesse l’avait empêché de se mouvoir à sa guise. Mais voilà que Bartholomé s’est installé entre lui et le couloir, entre lui et ses armes. Bertin lui sourit légèrement, de ce sourire mauvais.
- Tu crois pouvoir me battre, Bartholomé ? Essaie, voir.
L’échange est bref, violent. Bartholomé se rue sur Bertin. Jehanne ignore ce qu’il s’est réellement passé. Elle n’a entendu que le son de la dague s’abattant sur un chaudron, métal contre métal. Là où certains pourraient voir du désespoir, d’autre verraient de l’ingéniosité. Les outils à sa disposition dans cette cuisine deviennent ses armes. Tout s’enchaîne si vite. Puis, soudain, sans que lui-même sache exactement quelle combinaison de gestes a projeté Bartholomé au sol, il se retrouve libre, vainqueur. Il n’en faut pas davantage. Il attrape le poignet de Jehanne, laissant son regard plonger dans le sien. Sa vue attire même un vague sourire sur ses lèvres.
- Que le meilleur gagne, disent-ils.
Sans attendre, il se dirige vers le couloir, la traînant derrière lui de force même si elle tente de résister. Mais elle a si peur qu’elle peine à rester debout, tremblante, pleurant presque alors qu’il la traîne derrière lui sans pitié. Il récupère sa dague au sol et la plante dans son fourreau, s’avançant ensuite rapidement vers l’homme qui examine sa lame. Il serait prêt à le tuer, à les tuer tous, pour conserver sa main mise sur la belle. Un peu plus de sang jonche soudain le sol, le mur derrière cet inconnu pour lui dont il a entraillé l’épaule pour reprendre son épée, telle une signature, un autographe, marque indélébile de son passage ici.
C’est la lame à la main qu’il s’apprête à quitter la demeure quand il entend les pas et la voix de Bartholomé derrière eux.
- Pas si vite, frèrôt.
D’un geste si vif que Jehanne manque de perdre pied, Bertin se retourne et se place entre elle et lui, l’épée clairement placée devant lui dans une position menaçante.
- Tu perds, Bartholomé. Va donc retrouver ta maîtresse pour pleurer sur son épaule.
Le silence s’installe, du regard, les deux frères se menacent, la bagarre reprend presque, mais chaque fois Bertin réussi à garder Bartholomé à une distance presque raisonnable tandis qu’il pousse Jehanne vers la sortie, une main toujours fermement serrée autour de son poignet. Un dernier coup, déloyal sans doute, bien bas du moins – mais il n’en était plus à ça prêt – garantie à Bertin un peu d’avance dans sa fuite avec sa belle qu’il soulève sans ménagement sur son épaule tandis que l’aîné, plié en deux, grogne de douleur. Le cadet a des ecchymoses partout, une de ses lèvres enfle déjà, et il sent un filet de sang glisser le long de son bras, là où son frère l’a entaillé. Mais curieusement, il est heureux. Il est vainqueur. Il en entendra forcément parler. Son frère ne lui pardonnera pas la râclée si facilement. Mais son état étant fort similaire à celle de Bertin, le cadet sait qu’il pourra prendre cette jolie blonde et la faire sienne dès le matin. Avec ou sans l’accord de son frère. Il n’avait eu qu’à lui être supérieur. Et il avait échoué. La belle blonde appartenait maintenant à Bertin.
La Cour des Miracles
Tara Mille-Visages
Messages : 886 J'ai : 38 ans Je suis : Voleuse - Maitre Stratégie au sein de la Cour des Miracles
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Le fils des Ombres Mes autres visages: Bastien Aigrépine
Comme deux faces d'une même pièce... Tara & Bastien.
Pile
Depuis combien de temps est-ce qu'il est là, à observer les environs ? A vérifier encore et encore les moindres allées et venues des gardes de la maison. Il devrait être sûr de lui pourtant, il est sûr de lui, il l'a toujours été. C'est bien une de ses principales caractéristiques. Cette assurance à toute épreuve qui lui a permis de briller, bien au-delà de ce que sa condition sociale ne lui permettait au premier abord. Et puis, il a croisé son regard. A elle. Ce regard pétillant de malice et d'un je ne sais quoi qui l'a persuadé qu'une fois conquise, elle saurait lui faire voir monts et merveilles. Il a passé des semaines, des mois même, à la suivre, parfois discrètement, parfois en se faisant volontairement remarquer. Mais, certaines fois, elle se trouvait sur son chemin, sans qu'il ait réussi à comprendre comment. Et c'est comme ça qu'il est tombé sous son charme. Comme s'il avait été ensorcelé.
***
Face
Elle soupire en regardant par la fenêtre, retenant de se ronger les ongles alors que les minutes s'égrainent, horriblement longues. Elle inspire, sachant très bien qu'il est très mauvais pour elle de montrer ce qu'elle ressent, de laisser paraitre la moindre émotion. Parce qu'elle sait ce qui se passe quand ça arrive. Cette malédiction, comme l'appelle sa mère, lui échappe, elle n'arrive plus à la contenir et elle explose. C'est déjà arrivé, lorsqu'elle était plus jeune. Elle se souvient encore de la mine horrifiée de sa mère qui a tout fait pour cacher les dégâts. Personne n'en a jamais rien su, heureusement. Mais, depuis ce jour, elle n'a plus le droit de sortir de la maison. De cette maison splendide qui est devenue à ses yeux une prison. Jusqu'à ce qu'elle croise son regard.
***
Pile
Il va falloir qu'il se décide. Il ne va pas passer une énième nuit à guetter le moment parfait. Parce qu'il ne viendra pas. C'est ce qu'il a appris depuis bien longtemps. C'est à lui de provoquer la chance, de saisir l'occasion propice pour s'infiltrer dans cette demeure gigantesque, bien au-delà de ses moyens. A la réflexion, sa maison pourrait rentrer une bonne dizaine de fois dans celle-ci. Peut-être même plus. Mais, nulle besoin de se sentir aigri pour cela. Si tout se passe comme il le veut, demain, il se sera élevé à leur niveau et il pourra se compter parmi le gratin d'Hacheclair, dans cette famille réputée depuis des siècles qui est tout de même liée, à ce que l'on dit, à la duchesse elle-même. Et puis, il y a Elle. Son regard, son sourire et cette envie qu'il a de la posséder qui grandit à chaque instant.
***
Face
Ca y est, elle a entendu du bruit, elle en est sûre. Elle baisse les yeux sur sa tenue bordée de rouge, se demandant à quel point elle est trop osée pour accueillir, elle l'espère tout du moins, celui qui deviendra son époux cette nuit. Il va devoir affronter mille dangers pour la retrouver et il veut qu'il soit satisfait de ce qu'il aura sous les yeux. Elle songe à sa sœur, d'un an sa cadette, qui dort dans la chambre juste à côté et qui ne se doute pas que, demain, tout aura changé. Et elle espère que, comme lui a promis sa mère, la malédiction sera levée dès qu'elle sera devenue une femme. Que cette… magie… comment certains autres duchés osent l'appeler, disparaitra pour n'être plus qu'un mauvais souvenir. Elle sait déjà qu'elle n'aurait jamais dû s'enfuir de la maison pour essayer de rencontrer un homme qui la délivrerait de ce mal mais, maintenant qu'elle a croisé le regard de Bastien, elle sait qu'elle a bien fait. Qu'il viendra l'enlever. Et la sauver. Il a cette audace qui lui permettra de réussir.
***
Pile
Depuis combien de temps est-il en train de se battre ? D'éviter les embuches ? Combien d'hommes a-t-il tués depuis qu'il est entré ici ? Des dizaines, s'il se souvient bien. Il ne se pensait pas aussi bon bretteur et croyait pouvoir tout miser sur la ruse et la discrétion. Il avait même prévu quelques petites décoctions de sa fabrication pour détourner l'attention des gardes mais il semblerait que l'envie de retrouver sa belle lui donne des ailes. Il n'a pas le moindre scrupule à taillader, à montrer qu'il est un homme ambitieux, prêt à réclamer son dû et à s'élever comme il le mérite. Il reprend son souffle, alors qu'il réalise qu'il est un peu perdu dans cette immense demeure. Alors, forcément, lorsqu'il croise la route d'un autre mâle de la maison, avant de le passer au fer, il lui demande où est sa douce. Evidemment, il répond par un rire, ce qui a le mérite de l'agacer prodigieusement. Il ne s'énervera pas, il n'a pas le temps pour cela. Il doit se rappeler. Il n'est venu ici qu'une seule fois, il y a bien longtemps, lorsque le maitre des lieux avait donné une soirée en l'honneur d'un invité célèbre ou quelque chose dans ce genre. Il s'en moquait, ayant profité de l'agitation pour découvrir la demeure et connaitre cette famille de riches Chirurgiens, membres influents de la guilde du même nom. Il les enviait depuis si longtemps qu'à l'idée de toucher enfin au but, il se sent un peu nerveux. Jusqu'à ce que l'une des portes, dans ce couloir où il semble y en avoir mille, finisse par s'ouvrir enfin.
***
Face
Il est là. Elle a entendu les cris, les épées qui s'entrechoquent. Elle sourit, comme une idiote, à l'idée qu'il sera bientôt là et qu'ils pourront être ensemble. Alors, quand la porte s'ouvre enfin, son visage s'illumine, même si elle se sent un peu mal à l'aise. Est-ce qu'il va la trouver trop entreprenante ? Ne l'a-t-elle pas déjà été à le suivre dans les ruelles dès qu'elle en avait l'occasion, sans vraiment lui parler ? Et si les choses se passaient mal ? Mais, elle n'a plus vraiment le temps de se questionner, parce qu'il est là.
… sauf que ce n'est pas lui qu'elle a sous les yeux. Mais sa mère. En larmes. Elle fronce les sourcils, sans bien comprendre ce qui se passe alors qu'elle la prend dans ses bras. Elle comprend encore moins quand elle l'entend murmurer des excuses, lui dire que c'est pour le bien de la famille et que rien ne pourra jamais la sauver. Et elle s'écroule au sol, les yeux écarquillés, un couteau planté dans le ventre alors que la vie s'échappe d'elle, alors que sa mère effleure sa joue doucement, le regard brillant d'un amour que personne d'autre ne pourra jamais partager.
***
Pile
Il reprend son souffle, histoire d'être vraiment présentable devant sa belle. Sauf que ce n'est pas elle. C'est une femme, plus âgée mais dont les traits lui rappellent sa douce. Il se redresse devant son port altier, un rien mal à l'aise. Il essaie de ne pas se focaliser sur le sang qui macule ses vêtements alors que tous ses sens son en alerte. Et elle secoue la tête, avant de montrer la chambre d'à côté avec une mine qui ne supporte pas vraiment la contradiction. Il s'avance doucement, la pointe de son épée ensanglantée trainant au sol alors qu'il passe devant la chambre ouverte. Il voit un corps au sol et inspire doucement, essayant de ne pas se focaliser sur ce qui vient probablement de se passer. Essayant de ne pas songer qu'il s'agit là du corps de la femme qu'il convoitait et qu'il voulait faire sienne cette nuit. Essayant de se dire que, si elle lui a désigné la chambre d'à côté c'est qu'il y a une raison.
***
Pile & Face
Et il ouvre la porte. Elle est jolie. Pas autant que l'était sa sœur. Elle n'a pas cette malice qui brillait dans les yeux de Tara mais pourtant, il y a un petit quelque chose dans ses yeux qui n'est pas pour lui déplaire. Mais, surtout, elle a peur. Elle se tient devant lui, tenant entre ses mains tremblantes un tisonnier et il réalise, à la voir comme ça, qu'il aime l'idée qu'elle ne soit pas toute prête à succomber. Il faudra la combattre, d'une façon ou d'une autre et son orgueil se gonfle un peu plus à l'idée d'avoir une épouse comme celle-là. Un sourire en coin illumine son visage alors qu'en un clin d'œil, la dame qu'il convoitait n'est plus qu'un souvenir. Il n'entend même pas leur mère qui pleure, dans l'embrasure de la porte alors qu'il se rapproche de la jeune fille à qui il fait relâcher le tisonnier d'un geste ferme, emprisonnant son poignet pour la plaquer contre lui. Et, quand il réalise que sa mère est là, il lui ordonne de quitter les lieux, en refermant la porte. Il compte bien profiter de son dû immédiatement et posséder la demeure comme le reste. Il a suffisamment combattu pour ça.
Et aucun homme n'est là cette nuit pour entendre les hurlements de la jeune femme qu'il prend sans ménagement pour épouse, pour voir les pleurs de sa mère, assise dans le couloir, entre les chambres de ses deux filles que, ce soir, elle a perdu. Par sa faute. Par cette malédiction qui coule dans ses veines et qu'elle cache depuis si longtemps. Demain, elle sera là, souriante, prête à accueillir ce Bastien dans sa famille. Mais cette nuit, elle peut pleurer de tout son saoul. Et remercier les dieux de n'avoir plus que des garçons.
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Sa mère ? Elle savait simplement qu’on la surnommait la catin de Vatr, un bourg de Valkyrion. Solveig avait fermé les yeux avec élégance sur ce point et s’était contentée de conserver l’image qu’elle se faisait de sa mère dans le secret de son cœur. Même si cette femme était de peu de vertu, il était nécessaire de lui témoigner comme elle pouvait de sa reconnaissance de lui avoir donner la vie.
Et quelle vie. Serrant l’ourlé de son giron dans ses mains, la jeune fille faisait preuve d’une dextérité incroyable avec une aiguille. D’un coup d’œil, elle délaissa quelques secondes son ouvrage pour admirer son père assit à son bureau. Elle lui était d’une reconnaissance absolue. Aujourd’hui elle était la maitresse d’une belle maison et pouvait s’adonner à son loisir sans restriction. Il était revenu, pour elle, pour la tirer de la misère qui la guettait. L’arracher du froid terrible de Valkyrion pour l’élever dans l’honneur et la droiture du duché.
La belliferienne échangea un sourire avec Amaury de Sombrecoeur avant de se concentrer de nouveau sur son œuvre. Père lui avait refusé de vendre les vêtements qu’elle confectionnait, c’était le devoir d’un homme d’être la source de revenu de sa famille. Mais elle avait l’autorisation d’en donner parfois.
L’aiguille reprit son chemin, scintillant dans la lumière de la bougie. Elle avait vraiment tout pour être heureuse. Alors avec insistance et détermination, jour après jour, Solveig tentait d’étouffer ce sentiment qui malgré tout se faisait plus insistant. De faire autre chose, d’être reconnue. Quel orgueil, même elle le sentait. Qu’avait-on besoin de réclamer quand la vie vous offrait déjà tout le confort nécessaire. D’un froncement de sourcil, elle piqua, encore et encore le tissu tentant de chasser ces idées de révoltes.
« Solveig » « Oui père ? » « Tu n’entends pas que l’on frappe à la porte ? »
Ses boucles blondes cascadèrent autour de son visage alors qu’elle le relevait en direction de l’entrée. Non elle n’avait pas entendu. Le matin était jeune et ses pensées plus fortes encore que sa raison. Tout cela l’avait empêché d’entendre le visiteur. Docilement, elle reposa le vêtement et s’en alla d’un pas léger ouvrir. En temps normal, jamais père ne lui aurait demandé pareille tache. Mais le précédent serviteur était mort, elle prenait donc à sa charge quelques menues taches en attendant que le poste soit pourvu. Tirant sur la poignée, la jeune femme s’effaça pour laisser entrer un homme, brun et bouclé au regard bienveillant.
« Vous devez être notre nouveau domestique ? Monsieur ? » « Gauthier Durbois. »
Lui tendant une lettre, Solveig lui fit signe de la suivre alors qu’elle l’attrapait pour la lire en chemin. Sa recommandation était simple mais efficace. Elle n’en demandait pas moins.
« Nous avons des horaires stricts. Il arrive que les genoux de la cuisinière ne soient plus à la hauteur, il vous faudra parfois servir à table ou nous apporter le thé. Est-ce que cela vous pose un problème monsieur Durbois ? »
La réponse négative lui tira un sourire. Elle s’était attendue à un homme plus âgée. Mais monsieur Durbois avait encore une vigueur dont la maison avait besoin pour les taches les plus physiques.
« Bien. Prenez votre poste. Pour commencer, faites monter le petit déjeuner de père. Je dois m’absenter pour quelques minutes pour préparer les menus de la semaine. »
Il inclina la tête, un sourire encourageant plaqué sur les lèvres. Si Solveig avait compris, alors elle se serait précipitée dans le bureau, aurait fais quelque chose. Elle lui aurait réclamé qu’il s’en aille.
Claquant les doigts de mécontentement, elle avait quitté les cuisines un quart d’heure plus tard pour avoir oublié plume et encre. Elle n’eut pas un pas plus rapide que l’autre. Elle passa la porte et se figea dans le tableau qui se donnait à elle. Son père au sol, une tasse renversée à ses côtés crachant du sang pendant que Durbois agenouillé a ses cotés lui parlait.
« Un assassin, seulement un assassin. » « Déshonneur, vous n’êtes pas de Bellifère Durbois. Pourquoi ! » « Je vous l’ais dis… C’est Coeurbois. »
L’homme toussa encore des perles de sang, plaquant ses mains sur son ventre de douleur, ses yeux fous roulant dans ses orbites, glaçant sa fille d’effroi qui n’osait pas bouger. Un bref instant leur regard se croisa. Et le belliférien allant à l’encontre du poison hurla sa rage la joue collée au sol vernis.
« Pour mon argent ! Pour me prendre ma fille ! Sans utiliser l’acier. Sous homme ! Tu ne l’auras pas ! »
Il se serait redressé si seulement les veines violacées de son cou n’avaient pas explosées. Encore un instant, il tenta d’empoigner son meurtrier mais sa main ne rencontra que le vide. Son devoir était accompli, la porte d’entrée lui tendait les bras avant que la fille ou les autres domestiques ne s’aperçoivent de quelque chose. Telles devaient être ses pensées quand le meurtrier se retourna tranquillement avant de se retrouver nez à nez avec la jeune maitresse des lieux.
Fuir ? Se précipiter sur lui pour tenter de l’arrêter avec ses maigres moyens ? Solveig était au désespoir. Qu’allait-elle devenir… arriverait-elle seulement à se pardonner de ne pas s’être interposée. Se pardonnait elle seulement du fol espoir qu’elle ne pouvait refréner. Elle venait de perdre l’être le plus cher à son cœur mais l’homme était venu l’enlever. Elle n’avait jamais été digne de lui. Son plus noir secret lui revenait en plein visage, cette crainte de tenir davantage de cette mère honnie que ce droit homme étendu couvert de sang. Derrière la paralysie de son corps, seule quelques larmes coulaient sur ses joues. Elle était la pire enfant qu’Arven ait porté. Elle pleurait son père tout en fêtant une réjouissance interdite. Elle se sentait libre. Plus libre qu’avant. Plus libre que si un homme était venu marchander sa main. Cet inconnu était cette porte sur le monde qu’elle n’avait osé espérer. Avant qu’elle ne se soit décidé, l’esprit battu par les vents du crime et de la honte, l’homme parla. Le ton était sec, froid, presque hostile. Des goutes vermeilles avaient éclaboussées sa joue mais il ne fit pas mine de les essuyer, concentré sur cette jeune femme aux airs d’animal traqué.
« Vous êtes témoin d'une scène que bien peu peuvent espérer apercevoir, dame. Sur sa tête, un contrat avait été placé et accepté par la Sombre Mère. Justice a été rendue, et il est mort pour expier le crime pour lequel il avait été condamné. Sa mort a purgé le déshonneur, que, de lui-même, il avait apporté sur votre famille. N'ayez pas peur. Vous n'avez rien à craindre de lui, pas plus que de moi. Il est désormais sous la juridiction de Sithis, juge parmi les juges. Et moi... "
Il haussa simplement les épaules, avec douceur, comme pour la rassurer.
"Je ne pourrais me résoudre à vous blesser. Vous n'étiez pas spécifiée. Ce que vous devenez, à partir d'aujourd'hui, vous appartient. Nos routes se sépareront pour ne jamais se recroiser."
Solveig avait la gorge aussi sèche que la poussière des rues. La vérité crue parlait d’une voix posée et sombre. Cette maison espérait de lui beaucoup de chose. Un serviteur. Puis un voleur, un meurtrier pour son père. Et pour elle, elle qui s’était toujours alignée sur les pensées de celui qui l’avait élevé, un voleur, un mari et certainement sa liberté. Les crimes qu’il énonçaient la faisait tressaillir mais ne franchissaient pas la panique qui la prenait désormais. Père avait ses secrets, son commerce et des affaires qui ne l’avaient jamais concernées. Non, présentement elle n’avait plus envie de s’enfuir, naïvement rassurée par la promesse qu’il ne la tuerait pas non plus puisqu’il n’était finalement qu’un ‘’assassin’’.
"Sauf que vous ne pouvez pas vivre sans homme. Pas dans ce duché. Pas aux yeux de tous, pas en tant que femme. .Je peux vous offrir la liberté. "
Fermant les yeux, la belliferienne ne ressentait que le plus profond des espoirs et des soulagements. Il était temps qu’elle ose, maintenant, le geste le plus fou, le plus indécent qu’elle ait accompli jusqu’alors. Garder son honneur, gagner sa liberté. Elle refusait de s’abriter dans les voiles de la pudeur et de la souffrance quand elle avait tant à gagner. Elle fit un pas, un seul, bombant du mieux qu’elle pouvait un torse tremblant, écrasant les larmes qui coulaient sur ses joues. Sa voix était trop aigue, une pointe hystérique couvrant le tout.
« Enlevez-moi. Faites de moi votre femme aux yeux de tous. Je vous jure par Levor que je tairais l’empoisonnement de père. Le duel aura mal tourné ! Ici cette mort sera acceptée. Emmenez-moi avec vous, je serais… je serais une épouse loyale. Mon honneur sera sauf ! »
C’était dit. Elle ne pouvait reculer. Les mots choquants avaient franchi ses lèvres. Elle s’offrait en mariage à l’assassin de son père. Mais quitte à être indigne…
« Roulons père dans le tapis. Vite. Avant que les serviteurs ne voient son visage. Je le ferais enterrer au plus vite. »
Fouillant frénétiquement la pièce du regard, elle se précipita sur une épée d’apparat et courut la décrocher. Les yeux fous, elle la tendit droit sur cet homme, Coeurbois, et le força à l’attraper.
« Personne ne doutera de mon seul témoignage. »
S’approchant encore, presque nez à nez avec cet étranger qui n’était venu qu’accomplir un contrat, elle plongea ses yeux désespérés dans les siens, leva une main pour essuyer sur la joue piquante d’une barbe naissante le sang qui séchait.
« La fortune de ma famille sera la vôtre. Enlevez-moi, faites de moi une femme respectable »
De toute ses forces, elle tira un trait sur l’amour d’un père qu’elle avait elle aussi aimé. Elle s’affranchissait d’une vie de couturière sans buts. Elle s’affranchissait d’un potentiel mariage moins heureux. Elle s’offrait le choix. Elle s’offrait la possibilité de faire ses propres erreurs et d’accomplir ses propres victoires.
Dernière édition par Solveig de Sovnheim le Dim 17 Déc 2017 - 0:38, édité 2 fois
La beliferienne de trente ans non mariée est une honte sans commune mesure pour la famille. C’est une généralité bien établie en Bellifère.
Mais Amaury de Sombrecoeur n’avait jamais cédé. Sa précieuse fille était la seule famille qu’il lui restait et le temps avait contribué à la considérer de plus comme une partie intégrante de son activité florissante en armement de l’armée ducale. Et la jeune guerre qui avait été déclarée était une aubaine qui avait ralenti ses paresseuses idées de marier Solveig.
Il avait été plus désireux de lui trouver un bon parti quand elle avait approché ses vingt ans mais c’était aussi à ce moment particulier qu’il avait découvert avec une horreur mêlée de ravissement que sa propre fille avait un œil incomparable pour jauger la qualité de la marchandise. Il avait alors repoussé ses projets de mariage et grand bien lui avait pris. Si la part que prenait son enfant à son commerce était un secret qu’il se gardait bien de divulguer à ses clients, il expliquait vaguement à ceux qui osaient lui poser la question, pourquoi une belle fille comme elle, n’avait toujours pas fondé sa propre famille. Une santé délicate, des prétendants qui n’étaient pas à la hauteur, tout était bon pour expliquer son célibat.
Le seigneur de guerre était devenu l’un des hommes les plus influents de Bellifère grâce au rachat d’une dizaine de forges comprenant les deux plus grandes du duché. Et son succès reposait en partie sur une femme. Amaury, des petites lunettes argentées posées sur son nez parcourait le bilan comptable que sa fille avait écrit en secouant la tête. L’idée encore aujourd’hui le révulsait mais il était assez intelligent pour reconnaître son intérêt. Jamais il ne trouverait un homme capable d’abattre le travail que sa fille avait mis une dizaine d’années à perfectionner. Sa capacité à voir les défauts dans une armure ou une arme, sa gestion de la comptabilité et d’autres petits éléments commençaient tout de même à l’inquiéter. Il n’était plus tout jeune et n’avait aucun héritier mâle. Le mariage était lui aussi exclu. Attendre que son épouse porte un garçon et que l’enfant devienne assez âgé pour être formé était une entreprise à long terme dans laquelle il ne pouvait s’engager.
Non, la seule solution qui s’offrait à lui était finalement le mariage de son unique fille. Former le gendre pour lui léguer un jour l’empire sanglant qu’il avait bâti. Ainsi, l’idée avait fait sa progression dans son esprit et des recherches avaient commencées, de plus en plus certain de faire le bon choix.
Le Destin veillait sur lui. Il avait trouvé un nom, un héros de guerre sortant d’une famille bourgeoise pouvant apporter du prestige à la sienne. Et plus encore, une trêve avait été annoncée en décembre. Tout n’avait été que formalité, l’homme était revenu en vie et avait accepté la proposition de mariage, posant une date en toute discrétion pour venir enlever la donzelle. Un peu nerveux, bien que jamais il ne l’aurait avoué, Amaury regarda l’heure. Solveig était partie accompagnée d’une servante pour réclamer au marché la commande qu’un marchand n’avait pas encore honorée. Elle n’allait pas tarder à rentrer. Son futur époux non plus. Il espéra une fraction de seconde qu’elle lui pardonnerait de ne pas l’avoir tenu au courant de ses engagements avant de chasser cette pensée aussitôt. Il était son père, elle n’avait rien à lui pardonner.
*****
Elle avait frissonné dans l’air froid de l’hiver. Un homme l’avait regardé d’une façon qu’elle n’oublierait pas. Elle en aurait presque tremblée si son orgueil n’avait pas été plus fort. Elle s’était alors empressée de se perdre davantage dans la foule, en traînant à sa suite la domestique, ignorant que par sa seule présence, elle venait de réveiller les morts. Tentant d’oublier ce visage blafard au regard appuyé, elle avait jeté un dernier regard par-dessus son épaule, dévorée par une terrifiante curiosité.
« On rentre ».
Elle serait en sécurité.
*****
La porte fermée derrière elle, un large sourire de soulagement avait barré son visage. Solveig s’était alors précipitée dans la pièce principale dans l’espoir d’y trouver son père et lui raconter qu’ils avaient été dédommagés pour le retard occasionné du marchand. Mais son père n’y était pas et à la place, un homme en armure était assis raide dans un siège. L’épée à nue à son coté.
Elle comprit. A ce sourire de fauve qu’il lui adressa. A la porte menant aux bureaux soigneusement fermée. Une mascarade dont elle était le personnage principal. Peut-être pouvait-elle encore y changer quelque chose.
« Monsieur… ? Je vais faire appeler père si vous voulez bien. »
Elle avait fait mine de s’en aller. D'un bon il se releva, contrarié par cette dérobade et sans demi-mesure la rattrapa pour lui asséner un coup de poing alors qu'elle faisait mine de franchir la porte. Assommée passagèrement, étendue sur le sol, elle l’avait entendu lui parler alors que la douleur se rependait dans son corps et que la panique la dévorait.
« Sage, ne m’oblige pas à t’en remettre une, tu m’as déjà fait assez attendre. Ton père m’avait assuré que t’étais une fille avec un peu de jugeote, ne me fait pas regretter d’avoir accepté de t’enlever. »
Le gout du sang l’avait un peu réveillée. Elle se débattit un peu, pourtant plus par automatisme que par réelle rebellement, l’empêchant de la faire basculer sur son épaule. Grand mal lui en prit. Une gifle cette fois traça une brulure sur son visage.
« Tu me fais déjà chier… j’'ai pas fais tout ce chemin pour une catin qui sait pas s’tenir. Et si t’écoutais déjà un peu ton époux ? »
Sans ménagement, il l’avait attrapé par les cheveux et traîné jusqu’à cette modeste table alors qu’il riait, laissant deviner a la jeune femme ce qu'il sous entendait par cet avant goût d'obéissance maritale. Dans un hurlement déchirant, elle fut projetée contre le bois qui lui rentra violemment dans le dos. Les larmes de douleur et de dégout coulaient déjà sur ses joues mais elle savait que père allait venir en entendant le bruit, qu’il s’interposerait et tuerait son agresseur. Une main remonta sous sa jupe alors qu’elle jetait des regards désespérés à cette porte fermée. Elle allait s’ouvrir, la main se retirerait. Le dos désormais collé au mur et ses cuisses à moitié révélées sur la table, elle tenta de ses propres mains de repousser maladroitement les assauts brutaux qui parcourait son corps. Mais la porte ne s’ouvrait pas. Une main quitta ses cuisses pour dénouer une ceinture. Elle n’entendait plus rien que le battement de son propre cœur et les sanglots qui sortaient de ses lèvres. Il devait en avoir terminé avec la ceinture, il l’attrapa par la gorge dans un grognement annonciateur de cauchemars. Non, elle s'était toujours plus ou moins préparée à cet instant, elle l'avait même un jour plus ou moins espéré, mais pas de cette façon. Elle n'était plus cette enfant qui aurait même accepté le bestial assaut quitte à taire les dégâts irréparables que cela aurait pu causer chez elle. Un brusque accès de haine la traversa assez fort pour que sa main se précipite vers la panière de laine. L’aiguille a tricoté était là, à porté.
Il ne vit pas son geste, brutalement il la lâcha pour se retourner, la main sur la garde de son épée. Elle frappa la nuque qu'il lui offrait avec l’énergie du désespoir, consciente qu'elle causait peut être par ce geste sa propre mort. Les yeux voilés de larmes, elle hoqueta alors qu'au même moment la pointe d’une épée ressortait de l'autre coté jusqu'à picoter son bustier. Père ! Tentant de ses mains fébriles de se couvrir avec pudeur, elle tremblait de tous ses membres quand le corps bascula sans vie au sol. Elle serrait les dents dans un effort pour ne pas pleurer d’avantage quand elle posa son regard sur son sauveur.
« Vous ? »
Elle n’aurait pas pu dire davantage. L’homme au marché. Celui au regard fou qui la couvrait désormais d’un regard décidé. Ses mains volaient sans arrêt sur ses genoux pour être certaine que sa robe avait retrouvé sa place, dans un geste répétitif et sans contrôle. Elle n'avait pas entendue l'entrée forcée de la maison, pas plus que la lutte qui avait eu lieu dans l'entrée lorsqu'Amaury avait accouru, déjà essoufflé d'avoir lutté contre son futur gendre. Alors que l'entente avait été faite, l'homme de guerre avait tout de même tenu à mettre à genou le père de sa future par pure plaisir. Pas plus qu'elle n'avait entendu, elle n'avait pas vu l'autre porte s'ouvrir pour laisser le maréchal entrer sans cérémonie. Et si elle avait frémis sous son regard plus tôt dans la journée, elle aurait tremblé sous le regard embrasé de folie dévastatrice qu'il projeta sur la scène qui se jouait.
Après avoir vu le fantôme d'Odile sur la place et l'avoir perdu de vu, il s'était informé et imposé sa volonté en tapant du poing sur la table pour que l'on fasse de sa recherche une priorité. Ses pas l'avaient amené ici et un bon coup d'épaule avait suffit a forcer l'accès de la demeure. Son regard expert avait tout de suite noté le désordre qui régnait et les quelques gouttes de sang sur le sol carrelé. Un doute l'avait alors pris, vite confirmé par l'arrivée du père déjà amoché. L'enlèvement. Coutume sacrée. Coutume qu'il chérit. Mais pas si la Odile est à un autre. Pas quand c'est le foutoir dans sa tête ni quand ses muscles le démangent. Sans compassion, Richard n'hésite pas a frapper durement à son tour.
- Elle est mienne, elle l'a toujours été. À moins que vous n'estimiez un autre comme meilleur parti que le maréchal de serre en personne ?
Il n'est pas encore marié Richard, bon nombre sont au courant et bon nombre seraient aux anges de savoir qu'un homme de sa trempe vient pour sa gueuse de fille, aussi bourge soit-elle. Aussi le père ploie devant la demande et se frotte les mains en indiquant le reconnaître, clarifiant ainsi l'esprit de Richard : Solveig est la nièce d'Odile d'où cette ressemblance consternante.
Richard le Harnois sourd a la suite des explications du père, avait poursuivi son chemin et n'avait pas donné l'occasion à son rival de poursuivre ni de réagir à son intrusion. Il avait pourfendu ce gueux sans une once de pitié.
Il l'a défié, il l'a cherché, il n'a eu que ce qu'il méritait – qu'importe que la situation ai été étrange, il n'y a qu'un fou ou un ennemi qui lèverait son épée devant le Maréchal.
Son regard brûlant de rage, de défi comme de passion, embrase la pièce jusqu'à croiser les yeux de la femme couverte de sang. Et si le père semble encore s'expliquer, que cela soit à lui ou à sa fille, il n'entend rien. Cela bourdonne encore à ses oreilles lorsqu'il s'adresse à elle.
- Comme le veut la coutume, tu es mienne à présent.
Solveig n'a pas besoin d’avantages d'explications. Et si elle ne comprend pas encore ce qui lui vaut cette surenchère salvatrice, elle comprend que le Harnois compte bien mener lui a terme ce qu'il a commencé. Cet autre homme n'était qu'un raté ne sachant mené à bout une coutume sacrée. Il n'attend d'ailleurs pas une seconde de plus, il piétine sans affront le corps de l'homme à terre, s'assure que la femme ne pourra lui percer la gorge, la fourgue sans ménagement sur son épaule, la tenant à deux mains et sans un regard à ceux qui restent, amorce son départ.
Encore perdue dans l'effroi de ce qu'elle vient de vivre, elle entendit juste son géniteur appeler ce nouvel arrivant Maréchal. Elle nota qu'il devait peut être du même âge que père mais les mains qui l'avaient attrapées n'avaient rien de paternel. Des mains chaudes et rugueuses qu'elle sentait à travers sa robe. Fermes, sans êtres gênées par le tremblement qui agitaient encore ses membres. Et si cette position était humiliante et la faisait rougir de honte, elle se contenta de resserrer avec la force d'une enfant démunie la cape qui couvrait le dos de son porteur. Verrouillant son regard au sol de la maison, plutôt que d'affronter le regarde de la domesticité mais surtout de celui qui l'avait profondément trahi. Ses cheveux dansent devant ses yeux sous les grandes enjambées de son futur époux. La gorge nouée, elle adresse une prière muette de remerciement à celui qui est intervenu, rendue sans force par l'adrénaline qui quitte son corps.
Elle est sienne à présent. La seconde aiguille, doucement piquée et dissimulée dans sa manche.
Dernière édition par Solveig de Sovnheim le Dim 17 Déc 2017 - 1:23, édité 2 fois
(Solveig Sombrecoeur et son père, Amaury Sombrecoeur arrivent enfin à Riven après un long voyage depuis Hacheclair. Des affaires l’attendent et Amaury a préféré emmener sa fille plutôt que de prendre le risque de la laisser seule même sous la surveillance de la domesticité. )
Riven – au matin
Amaury : Regarde ma fille, voici l’endroit ou nous logerons Solveig : Nous pouvons voir la mer au loin. Hacheclair me manque mais Riven à son charme. Amaury : Ne t’attache pas trop, nous sommes ici pour un mois puis nous repartirons. Solveig : Un mois me parrait si long. Doit on vraiment rester aussi longtemps ? Amaury : Le capitaine Brisegarde et moi avons une grosse affaire à traiter. Et j’ai entendu dire que la forge que la maison ducale à dépêché pour l’épée du prince Martial que fête ses vingt ans venait d’ici. Solveig: Oh père… vous pensez encore acheter ? Amaury: Il regarde sa fille outré – Bien sûr, aurais tu quelque chose à y redire ? Solveig : Non bien sûr que non, je ne me le permettrais pas. Mais vous venez tout juste de racheter celle de la famille Mortveine. Amaury : Tu ne peux pas comprendre même si tu es ma propre fille. Les femmes ne sont pas faites pour les affaires. Viens, rentrons, ne te fatigue pas inutilement, demain j’ai aussi des projets pour toi.
CHAPITRE I :
« Une belliferienne au talent caché »
AUBERGISTE : Les femmes d’ici sont parfois pêcheuse
Les clients en chœur : Et un ! ET DE DEUX ! ET DE TROIS !
AUBERGISTE: Les feeeemmes d’ici sont rarement blanches oies Leur filet tombe dans les eaux tumultueuses ! Les feeemmes d’ici sont bonnes travailleuuuses
Clients en chœur : Et un ! ET DE DEUX ! ET DE TROIS !
AUBERGISTE: Les femmes d’ici sont autant poissons, coquilles et des proies ! Les hommes, les maris en font les trophées de leur maison glorieuse !
Aubergiste et clients en chœur : Et votre fille ! Que fait elle ici !
Amaury : Arrière, Solveig est une perle précieuse ! Arrière ! Je suis père et homme je connais vos esprits ! D’Hacheclair elle vint avec moi, ni la-bas ni ici un ne l’aura !
(L’auberge se vide et l’aubergiste s’en va en cuisine, laissant Amaury seul. Solveig descend alors le rejoindre.)
Amaury : Des pêcheuses, travaillant de leur main ! Jamais ma fille travaillera si ce n’est pour pétrir le pain ! Garde-toi d’eux, Préserve tes doigts ! Jamais tu m’entends, d’autres sauront ton intelligence que moi !
Solveig : Chiffres ! Papiers ! Gable d’une arme ! Que ton affaire prospère que mes yeux guident tes choix Je me fie à tes ordres, imperméable aux hommes et leur charme ! Épée, lance, armure, je les jaugerais quand les regards quitteront mon minois.
Amaury : Allez viens, je ne me sens pas de te laisser ici seule pour notre premier jour. Tiens-toi derrière moi, nous allons a la caserne.
CHAPITRE II :
(Leurs pas les ont menés à la Caserne où les attend le capitaine Brisegarde. Devant son bureau, ils attendent que son entretien avec un jeune homme prenne fin. C’est Géralt de Rives, chirurgien de la caserne.)
Caserne - après midi
Capitaine : Sombrecoeur ! Et une jeune dame que je n’ai pas le plaisir de connaitre. Amaury : Ma fille, elle m’accompagne dans son voyage. Capitaine : Et vous l’emmenez ici ? Dans une caserne ? Ce n’est pas un endroit pour une dame. Amaury : En ma présence et la votre, je pense qu’il n’est pas malvenu pour une femme de fouler ce sol Capitaine. Capitaine : C’est bien vu Sombrecoeur. Pardonnez-moi, j’étais en compagnie de notre jeune chirurgien, Géralt de Rives. Il est devenu titulaire depuis peu, nous discutions de son avenir. Amaury : Enchanté docteur. Geralt – il salut d’un signe de tête le père et la fille : De même. Amaury : J’espère ne pas vous interrompre. Capitaine : Non nous en avions terminé. Allons discuter en marchant voulez-vous ? Geralt accompagnez nous, nous ne saurions pas deux de trop pour escorter notre invité et sa charmante fille.
(Ils se mettent doucement en marche en direction des réserves et de l'armurerie)
« Bel' »
CAPITAINE
Bel' J'ai dédié ma vie et versé le sang pour elle Une contrée qui étend son grand pouvoir, tel Un empereur, un duc qui dicte ses volontés Alors je sens le ravin s'ouvrir sous leurs pieds J'ai posé mes yeux sur leur empire de faibles âmes A quoi me sert encore de prier guerre infâme Quel Est le guerrier qui me jettera la première pierre Celui-là ne mérite pas d'être de Bellifère
Oh par pitié Kern laisse moi rien qu'une fois Passer mes doigts sur les paupières d'un outreventois.
AMAURY
Bel' Est ce Sithis qui s'est incarné en elle Pour fructifier mon commerce providentiel Qui a mis dans mon être ce désir de merveilles Dans mes forges l'or coule a flot tel le miel Vendre des armes fait il de moi un criminel Ciel, On me prenait pour un vendeur, un moins que rien Semble porter aujourd'hui la réussite du genre humain O guerre infame ! Oh Laisse moi rien qu'une fois Te souhaiter pour signer un grand contrat
GERALT
Belle Malgré ses grands yeux bleus qui vous ensorcellent La demoiselle serait elle encore libre du lien des fidèles ? Quand ses mouvements me font voir force et sa ligne frêle Sous ses apparences belliferienne de jouvencelle Ce duché d'arriéré est bien cruel De me présenter pareil demoiselle Quel Est l'homme qui détournerait son regard d'elle Oserais je souhaiter un intérêt mutuel
Oh Désirée laisse moi rien qu'une fois Répondre aux vœux d'une lignée d'hommes nés soldats
(Le capitaine et Amaury se mettent à discuter affaires sans faire attention aux jeunes gens)
Geralt : Si je puis me permettre ? Solveig : Oui ? Geralt : Pourquoi accompagner votre père dans un endroit pareil ? Solveig : prudente – C'était son vœu, peut être était ce pour distraire l'attention des oreilles indiscrètes de ses affaires ? Geralt: se permettant un sourire – Je n'y crois pas. Solveig : Souhaitez vous le croire ou le croyez vous vraiment.
Amaury : Solveig, partons.
CHAPITRE III :
Amaury : Que te disait le chirurgien ? Solveig : Les courtoisies habituelles père. Amaury : As tu pu regarder l'état de leur armement Solveig : Un peu mais sans plus, de qualité moyenne père, nous pouvons leur proposer mieux pour un meilleur prix. Amaury : Alors j'ai surestimé la concurrence, nous repartirons bien plus vite. Solveig : Oh... Amaury : Tu es déçue ? Solveig: se reprenant: Oui j'aime vous voir arracher la victoire père. Amaury : Ah ah, les victoires faciles sont tout de même plaisantes. Reste ici aujourd'hui, je n'ai pas beaucoup aimé le regard de tous ces soldats. Solveig : Partez tranquille, j'irais écrire mon courrier dans ma chambre.
(A la caserne)
Soldat : 1 : Comment va mon bras Geralt ? Geralt : Il va bien, il se remettra. Soldat 2 : Tu vois ! Je l'avais dis. Soldat 1 : Le mariage n'est pas encore pour moi ahah ! Geralt : Hors de question de porter quelqu'un effectivement. Soldat 2 : Et toi camarade ? Géralt : Oh moi …
« Une épouse à aimer »
[choeurs] Nous nous entraînons gaiement sur notre champ d’entraînement.
[Soldat 1] C'est vachement duraille d'être pris pour du bétail
[choeurs] C'est un vrai guêpier d'être guerrier quand on a mal aux poignets !!
[Soldat 1] Hé ! vaut mieux rêver à une fille à aimer !
[Geralt] Hein ?
[Soldat 1] C'est ce que j'ai dit ! Une belle fille à aimer !
Je l'imagine douce et docile Avec une ligne gracile
[Soldat 2] Moi je veux qu'elle admire ma force Mes coutures sur mon torse !
[Soldat 3] Moi qu'elle soit rousse, brune ou blonde, J'en fais pas un monde ! Du moment qu'elle fait soit bien féconde ! Cuisine, ménage, couture ! HUM !
[Soldat 2] Toi c'est sûr Tu tombes toutes les filles comme des fruits mûrs
[Soldat 1] Elles préfèrent l'allure d'un dur de dur, sans cassure !
[choeurs] Vous imaginez ? Pour un guerrier Ce qu'il peut le plus manquer ?
[Soldat 1] J'ai deviné !
[choeurs] Une belle fille à aimer !
[Soldat 2] La mienne me trouvera fort
[Soldat 3] La mienne pas trop mort !
[Geralt] Hum...que direz-vous d'une fille qui pense D'une grande... clairvoyance ?
[Tous] Non !
[soldat 1] Mon air viril Me donne un style Qui séduit leur cœur
[soldat 2] Ecoute donc ce grand séducteur !
[capitaine] Moi mon épouse a toujours un palpitant Après avoir eu vingt enfants
[soldat 1] Depuis tout ce temps elle ne doit pas en avoir pour longtemps !
[choeurs] Quand nous partirons Dans des années Pour gagner des lauriers !
[Soldat 1] Nous reviendrons
[choeurs] Pour une belle fille à aimer
[Soldat 1]
ça fait rêver
[choeurs] Une belle fille à aimer Une belle fille à aim... Soldat 1 : Mais ce n'est pas monsieur Sombrecoeur ? Capitaine : Seul ! Géralt : Je vais m'absenter un moment.. Soldat 1 : Un moment hein.. Autres - rires
CHAPITRE IV :
(Solveig dans sa chambre écrit longuement, des petits cailloux viennent percuter sa fenêtre)
Solveig : Geralt ? Mais que faites vous ? Geralt : Votre père est venu à la caserne sans vous, je me suis inquiété. Solveig : Oh vraiment ? Inquiété ? C'est très gentil à vous docteur. Géralt : C'était mon devoir. Descendriez vous ? Solveig : Je ne peux pas sans passer sous le regard de l'aubergiste. Géralt : Oh. Et que diriez vous de la fenêtre ? Je vous rattraperais. Solveig: riant – Vous ne doutez pas de mes compétences ! Géralt : pas un instant. Vous n’êtes pas très haute et le mur présente plusieurs prises. Solveig : Et vous, pourquoi ne pas monter ? Géralt : Oh si vous m'invitez, un gentleman ne peut dire non à une dame comme vous. Solveig : Ca vous arrange n'est ce pas. Geralt : Que je sois un homme courtois ? Évidemment. Solveig : Geralt je ne suis pas .. idiote je vois ce que vous cherchez à faire mais je dois vous dire. Geralt : Oui ? Solveig : Je m'en vais bientôt, ne faites pas plus d'efforts en ce sens. Geralt : Vous ne pouvez pas faire ça ! Solveig : Mais je n'ai pas le choix. Retournez à la caserne ne perdez pas votre temps. Geralt : Mais !
(fenêtre qui se ferme et femme de chambre qui entre)
"Jamais je n'avouerais"
Solveig: S'il y a un prix pour manque de jugement, Je crois que j'ai le ticket gagnant ! Père n'accepterait jamais à cet abaissement. C'est de l'histoire ancienne, Je jette, j'enchaîne !
Femme de chambre: Qui crois-tu donc tromper, Ton coeur en feu est amoureux. N'essaies pas de cacher, La passion qu'on lit dans tes yeux.
Pourquoi donc le nier, Il t'a envoûté, il t'a ensorcelé !
Solveig : Non, non, jamais je ne le dirai ! Non, non !
Femme de chambre : Ton coeur soupire, Pourquoi mentir ? Oh, oh !
Solveig : C'est trop fatal d'être sentimentale...
Je ne voulais pas apprendre la leçon, Mon cœur ne connaissait pas cette chanson. Mais tout vacille, honore la famille ! T'as le cœur trop fragile, Évite cette idylles !
Femme de chambre : Mais enfin pourquoi pas profiter, Ici c'est Bellifère pas un territoire faë ? Remballes ton tourment L'amour n'est pas ici abondant ! Tu l'aimes, et c'est normal, La passion t'emballe, Et çà fait très, très, très, très mal !
Solveig: Non, non, jamais je n'avouerai ! Non, non !
Femme de chambre : Même si tu nies, Tu souris car tu l'aimes.
Femme de chambre : Lis sur mes lèvres, Lis ton coeur, car tu l'aimes !
Solveig : Jamais, jamais je ne vous dirai...
Femme de chambre : Jamais, jamais, non !
Solveig : Jamais, jamais, je n'oserai !
Femme de chambre : C'est pas la peine d'hésiter car tu l'aimes !
Solveig : allez vous en maintenant... je désire être seule.
DERNIER CHAPITRE
(solveig dort, amaury est de retour fort content de lui. Il s'installe à une table pour fêter ça et commande un verre)
Amaury : C'était si facile ! Vingt armures, cinquante armes. Et ce n’est qu'un début j'en suis certain. Aubergiste : Voila votre verre. Mefiez vous, vous semblez trop heureux ; Amaury : Que veux tu dire par la paysan ! Aubergiste: mécontent – Rien.
(Une porte s'ouvre)
Geralt : Monsieur. Amaury : Tiens donc. Que faitez vous ici si tard ? Geralt : Je me suis décidé. Peut être que demain aurait été trop tard alors je suis revenu. Amaury : Revenu ?
"Tenter ma chance"
Geralt: Je suis un homme plein de bonnes intentions Elle, une femme pleine d'ambition Elle n'attendait personne, je suis arrivé Et quand elle ose me demander « qu'est-ce que vous cherchez ? » Je dis :
Je voudrais tenter ma chance J'ai besoin de vous plaire Je veux entrer dans la danse Me retirer du militaire Te montrer toute mon expérience Mettre fin au mystère Je voudrais tenter ma chance D'aller défier ton père
Elle a toujours vécu dans l'illusion Elle a dû en tirer des conclusions Que personne n'oserait tenter le destin Mais j'ai dans l'idée de prendre sa main Je dis:
Je voudrais tenter ma chance J'ai besoin de vous plaire Je veux entrer dans la danse Me retirer du militaire Te montrer toute mon expérience Mettre fin au mystère Je voudrais tenter ma chance D'aller défier ton père
Surtout prend les promesses au sérieux On peut être libre et heureux Et ne cherche plus ta voie Avance, elle est avec moi
Je voudrais tenter ma chance J'ai besoin de vous plaire Je veux entrer dans la danse Me retirer du militaire Te montrer toute mon expérience Mettre fin au mystère Je voudrais tenter ma chance D'aller défier ton père
(Geralt attaque. Amaury se lève mais sans arme a la main et ayant bu n'a d'autre choix que de lever les bras aux ciels.)
Amaury : Si je vous retrouve...
(Amaury s'effondre, Solveig derrière lui vient de l’assommer avec un vase)
Solveig : J'espère que vous êtes encore décidé, je viens d’assommer mon propre père. Geralt : Allons y !
(Geralt attrape sa main et dehors la soulève pour la mettre sur un cheval qui l'attendait)
"Un rêve rouge"
Geralt: Je vais t'offrir un monde Aux mille et une splendeurs Dis-moi, belliferienne, n'as-tu jamais Laissé parler ton cœur?
Je vais te sortir de ton bouge Avec délices et merveilles Dans un voyage vers Sombreciel Au pays du rêve rouge
Ce rêve rouge C'est un nouveau monde en couleurs Où personne ne nous dit C'est interdit De croire encore au bonheur...
Solveig : Oh...
Fin
La Cour des Miracles
Merle Consent
Messages : 372 J'ai : 48 ans Je suis : Voleur - Maître du Charme au sein de la Cour des Miracles
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Au Fils de l'Ombre Mes autres visages: /
Il n’avait jamais eu bien du mal à séduire une demoiselle. Ni une dame d’ailleurs. Elles jouaient les effarouchées et se retranchaient derrière leur honneur, mais bien rares étaient celles qui ne lui accordaient ni sourire, ni soupir.
Et tout cela la jeune Espérance le savait.
Ses amies et elle se retrouvaient parfois à la laverie, et échangeaient quelques secrets et murmures quand elles étaient certaines que personne ne pouvait les entendre. Du haut de leur jeunesse et innocence, elles écarquillaient les yeux et rougissaient en entendant l’une d’elle conter le lendemain de la nuit de noce de sa voisine, elles se retrouvaient à cacher leur sourire amusé derrière leurs mains quand une autre leur racontait l’échec de son cousin à séduire sa bien-aimée, et elles s’horrifiaient, consternées, en se racontant des histoires improbables de femmes sans nom ayant eu des aventures extra-conjugales. Aucune d’elle ne pouvait s’imaginer avoir une telle attitude honteuse et effroyable, et bien plus souvent qu’elles ne l’avoueraient, elles jugeaient ces femmes sans la moindre indulgence.
Et dans ces histoires, son nom à lui revenait quelques fois. Assez souvent pour que la douce Espérance s’en souvint.
Voilà pourquoi, elle l’évitait ostensiblement. Elle savait qu’il était doué et savait user des mots. A cette pensée, la jeune demoiselle rougit et accélère le pas jusqu’à l’étal suivant. Ce n’est qu’un plébéien qui plus est, il est hors de question d’entacher son honneur, à ne serait-ce que de se retrouver face à lui. Pourtant souvent, son visage flottait devant ses yeux, et elle se devait bien d’admettre qu’il était fort séduisant et que son sourire avait de quoi plaire. Mais pas elle. Elle n’était pas ainsi. Sa mère avait veillé à ce qu’elle soit digne de son rang, toute femme qu’elle soit, et cet homme n’était pas à la hauteur de sa famille. De toute manière, jamais il ne pourrait affronter et vaincre ses frères et son père, bien plus grands et solides que lui. Hochant la tête pour se convaincre elle-même, elle fit taire ce petit pincement qu’elle ressentait sans vraiment savoir pourquoi. Et sursauta alors qu’elle se retrouva face à lui. Elle rougit en croisant son regard, ce qui accentua le sourire de cet homme insupportable, tout irrésistible qu’il soit.
Si elle avait su que son obstination à l’ignorer ferait naître l’obsession de Merle à son égard, peut-être la jeune fille aurait-elle agit différemment. Même si évidemment, qu’elle soit de la noblesse y était certainement pour quelque chose aussi. Après tout, cela en faisait un défi à la hauteur du jeune homme.
Et bien malgré elle, la jeune femme se retrouva à le croiser à de nombreuses reprises. Le pire étant qu’elle se mit à apprécier ces rencontres, pas si fortuites que cela, et cet homme aussi franc que son père au demeurant, aussi arrogant que ses frères, et bien plus attirant que n’importe lequel d’eux.
S’il avait su qu’à la poursuivre ainsi et à vouloir entamer la conversation avec elle, la poussant à rougir davantage, il ne faisait que tomber lui sous son charme, sans doute le jeune homme aurait-il agit différemment. Même si après tout, grâce à elle et à son statut, allait-il pouvoir monter plus rapidement que prévu dans les classes sociales, car il ne faisait aucun doute qu’il pourrait vaincre sa fratrie et enlèverait la belle des mains de son père, sanglantes s’il le fallait.
Bien évidemment, sa famille en eut vent, et elle subit les foudres de celle-ci,avec soumission et humilité, bien consciente que son comportement ne seyait nullement à une femme de son rang, encore moins à une Belliférienne.
Aussi, elle évita de nouveau, de plus belle, le garçon, qui s’en amusa malgré les possibles conséquences, et se retrouva plus d’une fois aux prises avec l’un de ses frères ou même son père la dernière fois. Ce qui entraîna évidemment une plus que sévère réprimande pour la demoiselle, qui se retrouva enfermée chez elle pour un temps indéterminé.
Devrait-elle un jour avouer qu’elle ressentit de la joie et que son cœur s’accéléra en entendant sa famille sortir et en entendant des injonctions à l’extérieur ? Avait-elle le droit de souhaiter qu’il parvint à vaincre les siens ? Il ne les tuerait pas, certainement que non, il était bien trop vaniteux pour ne point faire autrement, ce serait céder à la facilité. Et puis, sans doute imaginait-elle qu’il pouvait être amoureux d’elle et n’oserait la blesser ainsi.
Elle se releva alors que la porte s’ouvrait avec fracas, un sourire aux lèvres, qui mourut aussitôt, ses yeux s’écarquillant. La silhouette qui se dessinait lui était inconnue, l’homme qui s’approchait n’était ni de son sang, ni son Merle. La belle se mit à reculer sans même y penser, avant de se retrouver à gesticuler quand il la prit sur son épaule et sortit ainsi de sa maison natale sans plus de cérémonie, sans même prendre garde aux coups qu’elle pouvait donner. Elle cria et pleura pour de bon en voyant le corps de son père au sol, dans une mare de sang, alors que l’un de ses frères tentait vainement de se relever, quant aux deux autres, ils étaient aussi immobiles que son père. Elle n’eut ni le temps ni l’esprit de chercher à voir s’ils respiraient ou étaient blessés, toute occupée qu’elle était à se débattre et à hurler et à pleurer.
Elle savait bien qu’elle devait se résigner, que le jeune homme dont elle avait rêvé ne débarquerait point comme le prince que l’on retrouve dans les livres, mais elle ne cessa pourtant de le chercher du regard, d’appeler ses frères, usant sa voix jusqu’à en devenir aphone.
Et ce fut fini. Comme cela, tout simplement, par un pas de plus. Celui qu’il fit pour entrer dans sa propre maison, la douce Espérance encore sur son dos. Elle se figea soudainement en le reconnaissant, ne le connaissant que vaguement, soudain bien trop consciente qu’elle était devenue sa femme et de ce qui allait suivre. Pouvait-elle refuser ? Pouvait-elle tenter de se sauver ? Jetant l’opprobre sur son nom et les siens ?… Non, elle ne le pouvait nullement, même si elle en fut grandement tentée et que son regard se porta sur la porte non loin d’elle. Si son père était mort, si ses frères étaient moribonds, alors à quoi bon ? Elle pourrait peut-être… cette porte n’était pas si loin, et il devait être fatigué d’avoir ainsi massacré les siens et de l’avoir porté jusque-là…
Mais il ne lui en laissa guère le temps de toute manière, s’empressant de lui arracher sa jolie robe aussi bleue que ses yeux, afin d’acter le mariage pour de bon, sur les draps virginaux de son lit. Sans doute espérait-il un héritier bien rapidement, car plus d’une fois il l’a pris cette nuit-là, qu’elle pleure ou se lamente il n’en avait cure.
Elle se força cependant à se relever le lendemain, notant non sans un haut-le-coeur que le drap avait déjà été retiré et attaché à la rambarde du balcon. Elle s’habilla, avec des gestes saccadés et nerveux, avant de descendre où déjà des bruits de fêtes se faisaient entendre. Là, elle vit deux de ses frères en train de rire avec son nouvel époux, le troisième, plus grièvement blessé, ne pouvant se déplacer pour le moment. Une ombre et un silence apparurent lors de la mention de leur père, que tous chassèrent bien rapidement. Elle cilla, mais personne ne le remarqua.
Elle se mit à sourire après une remarque de son époux, trinquant avec tous quand ils se mirent à souhaiter qu’elle fut grosse dans l’année.
Un fils. Elle voulait un fils. Pas de fille. Jamais.
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Le Destin
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L'Académie de Magie et du Savoir ! Rêve suprême de toutes les générations, l'accès y est réservé à un nombre très restreint, et nombreux sont les candidats qui s'y cassent le nez. Que vous ayez été refoulé ou admis, l'Académie a changé votre vie.
• Vous devez utiliser votre personnage en respectant la base suivante : vous êtes de nouveau adolescent, et vous passez l'entretien d'admission côté magie ou côté savoir. Vous le réussissez, ou vous échouez, à vous d'en décider ; mais vous devez présenter vos motivations pour le cursus choisi. Soyez convaincants !
• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !
La Cour des Miracles
Tara Mille-Visages
Messages : 886 J'ai : 38 ans Je suis : Voleuse - Maitre Stratégie au sein de la Cour des Miracles
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Le fils des Ombres Mes autres visages: Bastien Aigrépine
J'inspire doucement, triturant mon chapeau entre mes doigts depuis tellement longtemps qu'il va bientôt finir par ne plus ressembler à rien. C'est maman qui le m'a donné pourtant, pour que je sois jolie, présentable et je ne sais plus quoi d'autre dans le même genre. Je me souviens encore de son sourire quand je lui ai dit ce que je comptais faire, même son regard restait triste, hanté par un voile que je ne sais pas comment déchirer. Et je cille, essayant de ne pas me laisser envahir par ces pensées, alors qu'on appelle une autre personne. Les énormes portes s'ouvrent et je les fixe, oubliant un instant ce qui me tracasse pour admirer à quel point elles sont impressionnantes. Il faut dire qu'on ne voit pas souvent ce genre de choses en Lagrance, à Edenia plus exactement. En tout cas moi, je n'en vois pas souvent mais je ne suis pas non plus du genre à beaucoup sortir de la ferme familiale. Je sursaute quand elles se referment derrière le nouveau candidat, si on peut l'appeler comme ça et je grimace, réalisant que je suis toute seule à attendre désormais. Au moins, à défaut de se parler, on pouvait se jeter des regards et des sourires rassurants. Mais là, je suis seule avec mes appréhensions, mes pensées qui divaguent et cette angoisse sourde de ne pas être à la hauteur.
Je lisse un faux pli dans ma robe avant de froncer les sourcils en voyant une tâche de sang. Et je me fige, même si mes mains tremblent. Ca ne peut pas être son sang à lui. Nous avons tout nettoyé, il n'y a plus la moindre trace nulle part. Et je ne portais pas cette robe surtout. Cette robe m'a été offerte par maman pour cette occasion. J'essaie de me focaliser là-dessus et de ne pas me mettre à trembler et je ne sais pas combien de temps cela peut bien me prendre alors que je sursaute une nouvelle fois quand la porte s'ouvre et que la vieille dame s'approche de moi, sa mine avenant n'arrivant pas à me rassurer le moins du monde. Je me relève, titubant à moitié alors que j'essaie de ne plus me focaliser sur cette tâche de sang et sur toutes ces pensées qui s'entrechoquent dans mon esprit au pire moment du monde. Je mordille nerveusement l'ongle du pouce mais je finis par passer ces portes, laissant échapper un "ooooh" d'émerveillement devant la grandeur de la pièce, la richesse de ses meubles, des boiseries. Partout où mon regard se porte j'ai l'impression de découvrir une nouvelle chose encore plus belle que la précédente. Pourtant, il y a de belles choses à Edenia, mais tout ici semble différent, plus accueillant, plus beau. Mon visage s'illumine d'un sourire que d'aucun qualifieraient de naïf mais je ne peux pas m'en empêcher. Jusqu'à ce que mon regard se pose sur les trois hommes installés derrière une grande table mêlée de bois et de pierre. Il y a un siège, je suppose que je dois m'assoir là. Mais j'hésite, me dandinant d'un pied sur l'autre. Heureusement, la vieille dame tout à droite m'encourage d'un mouvement de la tête. Alors je me lance et je m'installe. Je me rends compte que mes pieds touchent à peine le sol mais je relève le menton, prête à ce moment qui pourrait bien changer mon existence.
C'est l'homme du centre qui prend la parole. Il n'est pas bien vieux, à peine une trentaine d'années. Mais il a l'air si sérieux. Je ne suis pas habituée à voir des visages aussi fermés. Même l'instituteur du village était bien plus avenant. Probablement parce qu'on lui amenait souvent des confitures. J'aurais peut-être dû faire cela. A la rose, ce sont les meilleures, mes préférées en tout cas. "Bien demoiselle. Vous allez nous parler de vous. Des raisons qui nous pousserons à vous accepter à l'Académie comme…" Il regarde une feuille et arque un sourcil, perdant son masque austère pour se faire perplexe. "… élève pour étudier dans le cercle du vivant. De la médecine pour être précis. Avec une telle magie qui émane de vous c'est… étonnant." Evidemment, je m'attendais à cela mais pas tout de suite, pas d'entrée. Je pensais avoir le temps d'entrer en matière, d'être un peu plus à mon aise. Mais soit, puisqu'il le faut. J'inspire longuement, esquissant un sourire timide, avant de me lancer, d'une voix plus forte que je ne l'aurais cru possible.
"Je m'appelle Tara Orchamp. Je suis née à Edenia, en Lagrance. Je sais, cela fait bien du chemin, surtout pour une jeune fille qui n'a pas encore tout à fait 17 printemps. Ma magie s'est développée assez tôt, je ne vais pas vous le cacher. Et je la sens grandir en moi depuis le début. C'est quelque chose d'assez déroutant pour tout vous avouer mais d'agréable. Et si je n'avais pas … vécu ce que j'ai vécu ces derniers mois, si ma vie n'avait pas changé à un point tel que j'ai su quelle était la voie que je devais choisir, je me serais probablement présentée à vos portes en croisant les doigts pour que vous m'acceptiez comme Mage. Mais le monde est plein de chemins différents, que nous prenons parfois contre notre gré." Mon regard se perd un instant dans le vide alors que les souvenirs affluent doucement mais surement. C'était il y a un an à peine. Quand mon regard a croisé celui de Jamal sur un marché. J'aidais maman à disposer les confitures sur l'étal, sautillant joyeusement à l'idée que, bientôt, Tyr serait de retour à la maison pour l'été. Je sais que je n'aurais pas dû me laisser séduire de la sorte. Mais son sourire était si différent de ceux des garçons du village. Il me faisait frissonner juste en me murmurant des mots doux à l'oreille. J'ai commencé à m'échapper de la maison, le soir venu, pour le retrouver, pour me blottir dans ses bras et pour profiter de ses baisers. De chastes baisers au départ, qui ne le sont guère restés bien longtemps. Mais je ne faisais rien de mal et puis, il m'avait assuré qu'il demanderait ma main à mon père dès qu'il trouvait le meilleur moment pour le faire. Je l'ai cru, petite sotte que j'étais. Et si Tyr n'était pas rentré quelques jours plus tôt que prévu, j'aurais probablement fauté, entaché l'honneur de la famille. Mais ça aurait été toujours mieux que ce qui s'est passé.
Mes doigts s'entremêlent et je reprends, d'une voix plus assurée. "Mon frère a été blessé il y a quelques mois. Très gravement. Il est resté entre la vie et la mort plusieurs jours durant." L'altercation avait été terrible, à chaque fois que j'y pense, je me sens trembler, comme en cet instant précis. Tyr s'était fâché comme jamais, traitant Jamal de tous les noms. Ils s'étaient battu, les coups avaient fusé de part et d'autre sans que je comprenne ce qui se passe. Jusqu'à ce que Tyr le plaque contre le mur de la grange où nous étions réfugiés et qu'il finisse par avouer qu'il n'avait pas la moindre intention de faire de moi une femme honnête. Il visait bien plus haut qu'une simple fille de ferme trop sotte pour savoir comment dire non. Je me souviens l'avoir regardé, les larmes coulant sur mes joues, les deux poings appuyés sur ma bouche pour ne pas hurler tout ce qui me venait à l'esprit. Et l'espace d'un instant, j'avais eu envie de fuir, pour cacher ma honte, pour oublier ce que j'étais sur le point de faire. Heureusement, Tyr avait tourné le visage vers moi et m'avait souri, rassurant. "Il ne t'arrivera jamais rien Tara. Pas tant que je serais là. Tu n'y es pour rien." Mais il aura fallu un instant d'inattention de sa part, alors qu'il me rassurait, pour que Jamal en profite et ne sorte un coup de couteau. Pour le taillader à de nombreuses reprises. Je me souviens l'avoir vu s'écrouler alors que je hurlais et que Jamal fuyait je ne sais où. Je ne l'ai jamais revu et qu'il se garde bien de croiser de nouveau mon chemin.
Je bats des cils, inspirant de nouveau avant de reprendre, d'une voix douce. "Le destin prend souvent des chemins détournés. Il y avait quelqu'un qui avait étudié la médecine à l'Académie. Sans cette personne, mon frère serait mort. Et ma magie n'aurait servi à rien, qu'elle soit balbutiante ou confirmée. Cette magie ne m'aurait pas permis de le soigner, de le ramener à la vie. C'est cette femme qui l'a fait. Grâce à ce qu'elle avait appris ici. Avec vous. Elle n'était que novice dans son domaine, c'est ce qu'elle nous a dit. Mais elle aura ma reconnaissance éternelle. Et c'est pour ça que je veux devenir médecin. Pour sauver les gens comme elle l'a fait, pour soigner et veiller sur eux." Je les ai bien vus froncer les sourcils à mesure que j'ai parlé et l'homme au milieu soupire longuement avant de prendre la parole. Il ne semble plus aussi fermé mais il y a autre chose dans son regard, sans que j'arrive vraiment à savoir ce que ça peut être. De la déception ? Non, je ne vois pas pourquoi il pourrait être déçu par ce que je viens de dire. Mon cœur se serre, alors que mon instinct me souffle que ça ne va pas se passer comme je le souhaite. "Votre histoire est intéressante jeune fille. Pour autant, je ne vois pas pourquoi nous vous regarderons gâcher un tel don. La magie semble vouloir s'échapper de vous par tous les pores demoiselle Orchamp. Vous accepter en tant qu'apprentie du Savoir serait stupide et une perte de temps pour tout le monde." J'écarquille les yeux à ses propos qui se sont fait secs alors que la vieille dame continue, d'une voix plus mesurée. "Si vous souhaitez devenir apprentie mage, je gage que notre ami ici présent, grand spécialiste de l'illusion, serait ravi de vous accueillir comme élève." Tout en parlant, elle a désigné l'homme qui vient de parler. Il hoche sèchement la tête mais ne semble rien vouloir ajouter. Et la troisième personne, un homme entre deux âges dont la barbe a quelque chose de presque hypnotisant souffle, d'une voix un peu bourrue. "Ne vous trompez pas de route jeune Orchamp. Tout le monde n'est pas voué à soigner les autres et il faut savoir quelles sont ses forces. Ne gâchez pas tout." Je secoue la tête, les larmes aux yeux et je me relève brusquement, repoussant tellement vivement le siège qu'il tombe en arrière. "Pardon. De vous avoir fait perdre votre temps. Pardon." Et je m'enfuis en courant, honteuse, alors que l'image de Tyr, toujours affaibli par ma faute, ne cesse de flotter dans mon esprit. Pourtant, il a ri quand je lui ai dit que je voulais être médecin, arguant que la magie me suivrait, où que j'aille. Je n'ai pas voulu l'écouter et je me suis même fâchée, sans qu'il en prenne vraiment ombrage. Et maintenant ? J'ai échoué. Et comment je vais pouvoir affronter leur regard ?
Je commence à pleurer pour de bon dès que je passe les portes alors que le soleil m'aveugle quelques instants. Je ne veux pas oublier cette magie qui coule dans mes veines mais, pour autant, je n'ai pas vu d'autre option. Alors pourquoi ont-ils refusé ? Pourquoi m'obligent-ils à suivre une voie que je ne veux pas ? Ils n'ont pas le droit de faire ça. C'est injuste. Je me laisse tomber sur les marches, incapable de réprimer mes sanglots et le visage enfoui entre mes mains. Quand j'entends un petit hululement. Je renifle en levant les yeux pour voir une toute petite chouette, à peine plus grosse que mon poing. Qui me fixe avec curiosité. Et la chaleur qui m'envahit brusquement semble tout balayer sur son passage. Comment ai-je pu vivre sans ressentir ça ? Comment ai-je pu me croire complète avant de croiser ses yeux ? Et, pire encore, comment ai-je pu croire pouvoir vivre en ignorant ma magie ? Il sautille jusque moi et me picore les doigts, m'arrachant un rire à travers mes larmes.
Et, alors que j'effleure ses plumes avec un mélange d'appréhension et de joie, j'entends la porte s'ouvrir derrière moi. Pour voir le mage en sortir et esquisser un sourire. Nos regards se croisent et je hoche doucement la tête alors qu'il souffle, visiblement satisfait. "Nous t'attendrons pour la rentrée jeune Orchamp. Tu seras une grande mage, sois en assurée." La chouette hulule dans sa direction avant de grimper sur moi pour se nicher dans le creux de mon cou. Peut-être ont-ils raison tous les deux. Tous les trois même. Parce que Tyr me l'avait dit non ? Et je vais l'écouter. Tout simplement.
Les Chevaucheurs
Bertin Vif-Envol
Messages : 2689 J'ai : 38 ans Je suis : Chevaucheur dans le Vol de Lorgol, mage de l'Hiver (protection)
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Qui, de lui-même ou du jury, devra-t-il convaincre le plus?
Treize printemps, à peine. Incertain, encore à la recherche de lui-même, perdu même diraient certains. Cela faisait quelques mois déjà que sa magie s’était révélée. Il n’avait pas pu oublier l’eau qui s’était étalée au sol devant lui alors que, en pleine leçon, il se disputait avec un nouveau précepteur qui lui reprochait sa paresse. Il avait senti ce jour-là… qu’avait-il senti en fait ? Il n’aurait pas su mettre de mot sur ses émotions. Une chose était certaine, ça avait marqué pour lui un tournant. Il avait à présent des options. Des options que même son ainé, Bartholomé, n’avait pas. À défaut de savoir laquelle il voulait choisir, il savait qu’il avait le choix. C’était déjà un grand pas dans son cœur un brin insatisfait de sa vie jusqu’à présent, même si le courage lui manquait pour le reconnaître, lui que la vie avait privilégié, pouvait-il réellement désirer autre chose ?
Mais cette magie qui s’était éveillée en lui avait fait renaître un désir d’apprendre qu’il ne connaissait plus depuis plusieurs années auprès de ses précepteurs. Il fit ses recherches. Discrètement, enfin aussi discrètement que peut le faire le prince cadet d’Ansemer. Plusieurs semaines s’écoulèrent avant qu’il ne se décide enfin à s’adresser à sa mère lorsqu’il se trouva seul avec elle :
- Mère, j’aimerais me présenter aux entretiens de sélection pour l’Académie. Permettriez-vous que je m’y rende ? Je puis trouver un serviteur pour m’accompagner si cela peut vous rassurer.
Sa mère, le plus souvent trop occupée pour réellement s’occuper de lui, l’observa un instant.
- Si tu crois pouvoir les convaincre que tu feras mieux avec eux qu’avec tes précepteurs…
Elle le congédia d’une main après avoir donné son accord. Les préparatifs se lancèrent aussitôt. Il entreprendrait bientôt le voyage qui le conduirait à l’autre bout du continent, bien loin de son Ansemer natale, et de Port-Liberté. Oh, il avait certainement voyagé dans l’empire depuis sa naissance. Mais jamais seul. C’était toujours accompagné de toute la famille, là où il lui fallait suivre les règles de la noblesse, les échanges polis auxquels il s’était accoutumé sans pour autant parvenir à s’en satisfaire. Était-ce là uniquement ce à quoi il pouvait aspirer en grandissant ? Mais voilà, c’était Lorgol qui s’annonçait devant lui sur sa route. Une option, dont il ignorait s’il la désirait vraiment tandis que ses bagages se préparaient. Il passerait au moins quelques jours là-bas, à visiter, tant qu’il y était, histoire d’en découvrir un peu plus sur le monde.
C’est ainsi que, la tête pleine de questions, d’hésitations, il se mit en route donc, vers cet inconnu que représentait l’Académie à ses yeux. Sa famille immédiate n’y avait jamais étudié, et s’il lui avait été donné de croiser des mages à l’occasion à la cour et avait pu ces derniers mois leur poser quelques questions, il ignorait toujours à quoi s’attendre précisément. Il savait qu’il aurait à se présenter pour un entretien avec un professeur du domaine qu’il avait choisi, mais on ne lui en avait guère dit davantage. Peut-être était-ce un secret ? Ou avait-il simplement posé les mauvaises questions ? Trop tard. Il se trouvait déjà devant le mage qui l’amènerait jusqu’à Lorgol afin de lui éviter plusieurs semaines de chevauchée ou de voyage en mer, et il n’avait pas osé lui poser la question.
Lorgol lui apparut comme une révélation. La vie ici lui semblait, de ses yeux d’enfant, si différente ! Cela n’avait rien à voir avec l’activité toute maritime de Port-Liberté. Cette diversité, cette activité… et l’Académie qui lui coupa le souffle dès qu’il l’eut aperçue. Il ne put s’empêcher de l’observer alors qu’il en approchait, déjà émerveillé, et le doute fut peu à peu chassé de son visage, remplacé par la résolution nouvelle qui l’emplissait. Il savait que l’heure de son entretien approchait, et il ne s’attarda pas dans les couloirs comme il le faisait souvent au palais, trouvant plutôt rapidement la salle où l’attendraient les professeurs qui veilleraient sur sa possible sélection. Il avait choisi depuis longtemps son cursus de prédilection, la protection, bien qu’il ait, jusque-là, été incapable de justifier verbalement son choix. La décision s’était faite d’elle-même sans qu’il se questionne trop sur la chose.
Lorsque son tour vint, il entra dans la salle avec toutes les bonnes manières qu’on lui avait jusque-là inculquées, et sourit aux adultes qui se trouvaient là devant lui. Il s’installa, un brin nerveux tout de même, et inspira profondément. Les premières questions se présentèrent, simples, rapides, et il y répondit avec confiance. Lorsque les choses se corsèrent, cependant, les questions commençant à titiller celles qu’il se posait depuis longtemps et auxquelles il n’avait toujours pas de réponse satisfaisante…
- Pourquoi désirez-vous étudier la magie, Bertin ? - Parce que je ne veux pas partir en mer comme le font les jeunes hommes d’Ansemer. Je sais que ce n’est pas une vie pour moi. La magie… Si Aura m’en a doté, c’est forcément pour que j’en fasse quelque chose de bien. Je veux servir mon peuple à ma façon. Les.. protéger. J’aimerais apprendre la protection. - Expliquez-nous pourquoi. - Parce que c’est mon devoir de protéger les ansemariens.
Il pause un instant, cherchant comment exprimer la suite, tandis que l’homme qui lui avait posé la question hoche légèrement la tête pour l’inciter à continuer.
- Le peuple compte sur ma famille pour les protéger contre les pirates, et que sais-je encore. C’est notre rôle. Je n’aurai pas le pouvoir de négocier avec quiconque pour remplir ce but, pas en mon propre nom en tout cas, sauf sur mes propres terres lorsque j’aurai l’âge de les gérer. Mais ma magie, elle pourrait m’aider à veiller sur eux, si j’arrive à la maîtriser. Enfin, c’est ainsi que je me sens. Je veux être utile à ma famille, et maîtriser le don d’Aura.
Il hoche lui-même légèrement la tête en parlant.
- Pour ton peuple et ta famille, donc ? Et non pour toi ? - Quand même un peu. Si je suis venu jusqu’ici c’est parce que l’apprentissage de la magie m’intéresse. - Je m’en doute, oui. Mais je ne suis pas convaincu que ce soit la meilleure voie pour toi. - Ce l’est. C’est la seule qui puisse me convenir.
Il avait semblé gagner en confiance à mesure qu’il parlait.
- L’utilisation que je prévois pour mes dons est-il réellement un problème ? Tant que je prévois de les utiliser pour le bien ? Non ? Je sais que c’est ma voie. Et je ne vous décevrai pas. Je suis un bon élève, et je travaillerai dur.
L’entretien s’étira encore quelques peu, puis on le remercia, lui annonçant qu’il serait prévenu s’il était sélectionné pour l’année à venir. Il repartit le cœur lourd avec l’impression d’avoir échoué. Sa visite à Lorgol perdit cette vivacité, cette chaleur qu’il avait ressentie d’abord. D’ordinaire sûr de lui, il hésitait pourtant, réalisant à quel point cette admission lui tenait à cœur sans qu’il s’en soit rendu compte.
Il rentra à Port-Liberté, attendant impatiemment les résultats, plus distrait que jamais dans ses leçons et dans les menues tâches que son statut lui imposait. Il n’y croyait plus le jour où il reçut la lettre lui annonçant qu’il était accepté. Il dut d’ailleurs la relire à de multiples reprises avant qu’un large sourire lui égaie enfin le visage. Il retrouva toute sa bonne humeur d’adolescent et se mit à préparer aussitôt sa rentrée, heureux de pouvoir se libérer des leçons interminables des précepteurs qui meublaient toujours sa vie, même alors que l’été battait son plein. Il savait que sa vie venait de changer, et il comptait bien ne pas laisser cette chance s’envoler. Il bosserait, oui, comme il l’avait promis. Au moins un peu.
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Le Destin
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• Vous devez utiliser votre personnage en respectant la base suivante : vous régnez ! Duc, duchesse, empereur, impératrice : que vous ayez hérité du trône, l'ayez épousé ou l'ayez conquis par la force, le résultat est là, vous portez couronne. Le Destin vous demande un texte de la nature de votre choix (chanson, lettre, journal intime, RP...) montrant quelle type de relation vous avez avec ce pouvoir que vous détenez.
• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !
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Merle Consent
Messages : 372 J'ai : 48 ans Je suis : Voleur - Maître du Charme au sein de la Cour des Miracles
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Au Fils de l'Ombre Mes autres visages: /
D’un geste, elle chasse les servantes qui l’aident à revêtir sa tenue et qui la parent de ses modestes bijoux. Elle se contemple dans la glace, une moue aux lèvres, avant de réajuster son décolleté, faisant ressortir un peu de dentelle au-dessus du taffetas. Là, voilà, c’est bien mieux comme cela. Elle se sourit, replaçant le diamant gros comme un œuf de pigeon au milieu de sa poitrine. Elle est belle, et elle le sait. Loués soit les Dieux étant donné que c’est graçe à cela qu’elle en est arrivée là. Oh, elle n’avait pas à se plaindre, son père était duc, elle était gâtée et chanceuse. Mais si elle avait été un peu moins jolie, c’est sa sœur aînée qui serait à sa place, c’est elle qui aurait dû être là. Sauf qu’Il l’a vue, elle, et qu’Il est tombé sous son charme avant même qu’elle n’ouvre la bouche. Mais fort heureusement, elle n’a pas que ses formes girondes et son doux visage à son avantage. Et s’il n’a pas semblé apprécié grandement son répondant et sa finesse aux premiers abords, s’attendant sans doute à une jeune écervelée remplie d’admiration, elle sait bien qu’il affectionne ses piques, es discussions et son assurance en vérité. Qui d’autre qu’elle-même oserait lui répondre ainsi ? Avec qui pourrait-il ainsi discuter de tout et de rien durant des heures si ce n’est elle ? Personne n’est assez sot pour le contredire ou assez fou pour tenter de le raisonner ou encore même de discuter avec lui assez longtemps sans qu’il ne se lasse.
Elle sait qu’il n’aime pas le voile et trouve cela ridicule, et qu’il pense de même de ses chapeaux pourtant tous plus magnifiques les uns que les autres. Quel sot. D’ailleurs celui avec les plumes bleues et roses irait à merveille avec sa nouvelle tenue. Oui, elle mettra celui-ci, qu’importe ce qu’il pense. Après tout, elle a bien son mot à dire. Et elle est impératrice, cela signifie bien qu’elle peut agir comme elle l’entend. Certes, lui est empereur. Et alors ? Elle est libre et indépendante, qu’importe ce que pense les autres. Non, elle n’est pas idiote. Elle n’ira pas le contredire en public, il s’agit de son époux, ils avancent ensemble et sont soudés. Sauf s’il se permet de lui faire une remarque en premier, avec ce satané sourire insolent en coin. Insolent et irresistible… Lui a-t-elle déjà résisté malgré tout ce qu’elle peut dire ? Elle n’en a pas le souvenir…
Elle soupire et pose les mains sur son ventre, les sourcils froncés. Cela ne se voit pas encore. Deviendra-t-elle énorme comme certaines ? Non, sa mère est restée mince et belle, malgré trois enfants, il n’y a pas de raison que cela soit différent. Elle retrouve rapidement le sourire, emplie d’une joie enfantine. Elle va devoir lui annoncer, il n’est pas au courant. Heureux, il le sera sans doute possible puisqu’il aura, enfin, un héritier. Et si c’est une fille ? Charge à elle de le convaincre que cela ne change rien et qu’une femme peut très bien gouverner. N’est-ce pas ce qu’elle fait depuis presque cinq ans maintenant ? Oh, et encore mieux, elle va devoir le dire à sa sœur ! Elle a déjà écrit la lettre d’ailleurs, enfermée à clef dans le tiroir de sa commode, à l’abri des regards indiscrets. Sa chère sœur… qui a essayé de l’évincer et de faire revenir Bastien sur sa décision. Pensait-elle que ce serait si facile ? Elle n’a pas fait tout cela pour être si facilement oublié, elle n’est pas arrivée en retard, se dépêchant pour essayer d’être à l’heure, pour tomber presque dans ses bras, dans sa plus belle robe rouge, mettant en valeur ses yeux verts et les reflets de sa chevelure sombre, par hasard. Elle a toujours été faite pour être plus que la troisième enfant d’un duc. Elle a appris plus qu’elle ne pouvait de la littérature à l’histoire, en passant par l’astronomie ou encore le droit, elle sait manier les mots comme la plume, ce n’était pas pour épouser un incapable. Non, cela, elle l’a laissé à Annaëlle justement, bien plus à sa place dans son duché que dans un palais comme celui qu’elle habite elle aujourd’hui. Elle va chercher la misisve pour la relire, avant de la chiffonner et la jeter dans la cheminée d’un geste énervé. Non, ce n’est pas assez… c’est trop… Elle ne saurait le dire, mais cela ne convient pas. Il faut qu’elle fasse comprendre à sa sœur en quelques mots sans être insultante non plus. Elle reste sa sœur malgré tout. Même si elle a envie de l’étrangler et de hurler quand elle la voit minauder devant son époux à elle. Il n’aura pas d’autres épouses, elle ne va pas risquer de se faire prendre sa place tout de même ! Surtout par sa sœur si fade !… même si cela signifie qu’elle non plus n’aura pas d’autres époux ou épouses malheureusement. Enfin, pour le moment, elle n’a pas pour autant à se plaindre de lui et de ses prouesses. Avec un sourire de satisfation, elle reprend la plume et recommence à écrire.
« Ma chère Annaëlle,
Cela fait bien longtemps que je n’ai pris le temps de t’écrire quelques mots pour prendre de tes nouvelles, mais je suis persuadée que tu comprends. Je n’ai guère de temps libre, la charge qui est la mienne est bien lourde et je n’ai de cesse de devoir répondre aux doléances des gens du commun et de devoir seconder mon cher époux dans des prises de décisions parfois bien difficiles qui changeront l’avenir de nombre Ibéens.
Il n’est guère facile de rester stoïque et neutre alors qu’un petit-fis de duc Belliférien stupide ancré dans les mœurs d’un autre temps lance une plaisanterie plus que déplacée lors d’une réception. Comment ne pas lui demander de parler avec déférence lorsqu’il s’adresse à Nous ? A moi en l’occurence. Il n’est guère plus évident d’écouter un Erebien demander réparation pour un outrage imaginaire. Mais il n’avait qu’à demander audience privée à l’empereur s’il ne souhaitait point que je l’interroge et m’enquiert de son état ! Et même si c’est ce qu’il a souhaité, mon époux l’Empereur m’a invitée à rester pour en discuter. Sans doute ma présence lui est-elle indispensable, et cela me comble de fierté.
Je n’ai pas une minute à moi, je dois sans cesse répondre aux sollicitations des Ducs et autres nobles, donner mon avis pour telle cérémonie ou tel voyage, accepter les cadeaux de tout à chacun et aider l’empereur au quotidien. Imagine ce à quoi tu as échappé ! Qu’as-tu de la chance de te contenter de ta petite vie modeste et heureuse avec tes deux enfants ! La vie à la Cour est éreintante, même si le palais est toujours aussi magnifique et que mon devoir, tant féodal que conjugal, me ravit en vérité.
Je tiens d’ailleurs à t’informer que très bientôt tu pourras venir saluer et honorer de ta présence le futur héritier du trône ! Ou la future héritière évidemment ! Je suis enceinte et si Mirta le veut bien, d’ici sept mois, je ravirais une nouvelle fois mon époux impérial. Et même si le courrier ne partira que demain, et que je vais de ce pas lui apprendre la nouvelle, sache que tu es la première à qui je l’annonce. N’est-ce pas une preuve de mon amour pour toi ma chère sœur ?
Dans l’espoir de te voir rapidement,
Isaline, Ta petite sœur impératrice préférée »
Sans doute est-ce mieux. Ou peut-être recommencera-t-elle plus tard. Pour le moment, elle doit le surprendre dans ses appartements pour lui annoncer ce nouveau bonheur.
La Cour des Miracles
Tara Mille-Visages
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Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Le fils des Ombres Mes autres visages: Bastien Aigrépine
Tous les jours, c'était le même rituel. Au moment où il ouvrait les yeux, il y avait nombre de serviteurs prêts à se bousculer pour répondre au moindre de ses désirs, sans même qu'il prenne la peine de les énoncer à haute voix. Parfois même avant qu'il ait le temps d'y songer. Malgré les années, c'était une des rares choses auxquelles il n'arrivait pas à s'habituer. Et pourtant, les Dieux pouvaient en être témoins, Bastien s'était particulièrement vite glissé dans la peau de l'Empereur qu'il était devenu il y a quelques années déjà. Sa barbe, dans laquelle le sel avait fini par prendre le pas sur le poivre, était pourtant là pour lui rappeler le temps qui passe. Tout comme sa jeune épouse, aussi sotte que jolie. Mais, après tout, il ne s'était pas marié avec elle pour son intellect mais pour avoir un héritier sur ce trône durement gagné.
Enfin, durement n'était peut-être pas le terme le plus approprié. Bastien y songeait vaguement, alors qu'il se regardait dans le miroir un peu terni par les années, réalisant qu'une nouvelle ride était apparue au coin de son œil droit. Elle n'y était pas hier, il en aurait mis sa main à couper. Alors, comme à chaque fois qu'il remarquait une nouvelle trace du temps qui passe le marquer, pour son plus grand malheur, Bastien d'Ibélène, puisque c'était ainsi qu'il se faisait appeler depuis plusieurs années maintenant, se mettait à grimacer. Il ouvrait la bouche, la refermait, étirant ses traits autant que possible avec le vain espoir de remonter le temps. Mais c'était un des nombreux prix à payer pour être devenu l'un des hommes les plus importants du pays. Du continent même. Et, comme chaque matin depuis qu'il avait réussi à monter sur le trône, il répétait encore et encore la même litanie. Qu'il maitrisait la situation. Que ces mois, ces années même, passées à manipuler, intriguer, à jouer des coudes pour être là au bon moment. Il avait eu de la chance, il est vrai. Quand la guerre avait repris de plus belle, quand les morts s'étaient fait de plus en plus nombreux. Et lui, comme toujours, il s'en sortait. Il avait fini par se faire remarquer, par grappiller petit à petit des miettes de pouvoir jusqu'à ce qu'il atteigne un but qu'il n'avait même pas osé rêver. Comme à chaque fois qu'il y songeait, il esquissa un sourire satisfait, plongé dans ses pensées. Avant de sursauter en voyant la tenue que lui tendait son serviteur. "Vraiment ? J'ai déjà porté cette tenue une fois non ? Tu ne crois vraiment pas que je vais m'habiller deux fois de suite de la même façon."
Piquant du nez, le serviteur marmonna quelques paroles inintelligibles. Et Bastien laissa échapper un claquement de langue agacé. Il n'aimait pas quand ils agissaient comme ça. Pourtant, ça arrivait un peu trop souvent à son goût. Tout le petit peuple qui l'entourait avait le don de lui porter sur les nerfs, lui rappelant, sans qu'il ne veuille l'admettre, d'où il venait réellement. Certes, il avait eu de la chance mais il n'était qu'un parvenu. Et il savait que les rumeurs allaient bon train, quand bien même il faisait tout ce qu'il fallait pour écraser la moindre tentative de soulèvement à son égard. Il avait dû faire des choix lorsqu'il était monté sur le trône. S'il ne pouvait prétendre à le garder par la naissance, il avait fait en sorte de devenir légitime par la peur, l'autorité et une poigne de fer. Sans oublier de récompenser ceux qui avaient suffisamment d'ambition pour l'aider à relever un pays exsangue. Voilà qui était le plus délicat dans cette prise de pouvoir qui lui avait pris plus de vingt ans.
Il attrapa alors la tenue pour la jeter par terre d'un geste brusque, maitrisant cette colère qui couvait en permanence à l'idée qu'on puisse le remettre en cause à haute voix. Qu'on puisse le pointer du doigt et dire qu'il n'avait rien à faire là. Oh, évidemment, ils avaient tenté, au tout début. Mais il était devenu doué pour éliminer ceux qui le gênaient sans qu'il soit possible de le relier directement aux actes qu'il avait pu commettre, sans agir directement, de lui-même. Il avait toujours trouvé qui menacer, qui pousser pour arriver à ses fins. Après tout, c'est ce qu'il avait fait avec l'ancien Empereur et son héritier. Après une brève pensée pour sa seconde épouse, cette toute jeune femme qu'il avait engrossée, il en était sûr. Mais il attendait l'annonce officielle, bien évidemment. "Enlève moi ces frusques de ma vue. Et ramène-moi quelque chose d'élégant. Des gens ont demandé audience ce matin, tu ne voudrais pas qu'ils trouvent leur Empereur mal vêtu. Ce serait dommage que ce soit de ta faute non ?" Il avait pris un ton doucereux, comme il avait si bien appris à le faire au fil des années. Légèrement menaçant, juste ce qu'il fallait pour que le serviteur ramasse les vêtements et ne file aussi vite que possible. Songeant vaguement au fait qu'il ne devrait surtout pas le préposer à son repas durant les prochains jours, Bastien attrapa la couronne de laurier posée sur la petite table où reposait le miroir. Il l'effleura avant de la poser sur sa tête, arquant un sourcil alors qu'il se regardait lui-même, curieusement attifé entre sa robe de nuit, sa barbe grisonnante et sa couronne. Mais il était Empereur, le reste importait peu. Et personne n'avait quoi que ce soit à dire sur la mine qu'il pouvait aborder. Voilà qui était satisfaisant. Personne n'osait le regarder dans les yeux, ils courbaient tous l'échine devant lui. Et il avait réussi à se convaincre qu'il n'avait pas mal pris le fait que Maelys avait toujours refusé de ployer le genou. Petite ingrate jusqu'au bout. Elle avait disparu depuis et ce n'était pas plus mal. Bastien espérait tout de même qu'elle ne soit pas morte, ne serait-ce que pour qu'elle enrage de le voir réussir aussi bien et rester au pouvoir, malgré ce qu'elle avait prédit.
Et voilà que cet idiot revenait, la tête basse, tendant de riches brocards que Bastien effleura du bout des doigts, avant de hocher brièvement la tête. "Ca ira pour cette fois. Que ça ne se reproduise pas. Sinon, tu sais ce qui t'arrivera." Ce qui était arrivé aux autres. Bastien n'était pas connu pour être un Empereur clément. Il se débarrassait de ceux qui l'entouraient dès qu'ils avaient le malheur de le contrarier, de lui déplaire ou, tout simplement, lorsqu'il était lassé. Et, au regard qu'il lança au serviteur, impossible de ne pas savoir que c'était bientôt ce qui allait lui arriver. Mais, dans l'immédiat, il avait fort à faire. Un repas copieux à prendre, des sujets à écouter, ou tout du moins à regarder parler, des doléances à entendre, ce qu'il n'appréciait guère, autant le dire tout de suite et toutes ces joyeusetés qui le faisaient parfois regretter de s'être assis sur ce trône. Fort heureusement, les regards envieux qu'il sentait peser sur lui rappelaient tout autant que l'ambition pouvait mener à tout, surtout lorsque l'on y mêlait de l'intelligence et de la ruse, comme il l'avait fait. Il savait qu'il avait mené sa barque mieux que quiconque. Il savait qu'il n'aurait pas pu rêver mieux réussir sa vie. Et il en était satisfait. Plus que satisfait même.
Ce qu'il ne savait pas c'est que ce soir, après moult libations, le serviteur qu'il avait rabroué ce matin entrerait dans sa chambre et plongerait un poignard dans sa poitrine à plusieurs reprises. Ils seraient peu nombreux à pleurer celui qui n'aurait régné que quelques années, même son épouse, le ventre légèrement arrondi, garderait la tête haute, prête à faire ce qu'il faut pour garder la place qui était devenue la sienne.
"Tout pouvoir excessif meurt par son excès même."
Les Chevaucheurs
Bertin Vif-Envol
Messages : 2689 J'ai : 38 ans Je suis : Chevaucheur dans le Vol de Lorgol, mage de l'Hiver (protection)
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Faërie Mes autres visages: Zacharie de Sombrétoile
Dans une autre vie, une autre époque, au cours de laquelle le duc actuel, Bartholomé d’Ansemer, disparut en mer dans sa jeunesse, remettant dès lors la couronne entre les mains de son frère cadet un étranger mettant les pieds dans une taverne aurait pu entendre ce qui suit *…
Bertin n’a jamais été un grand matelot - Les marins ne l’aiment pas beaucoup C’est parce qu’il refuse de partir en mer Préférant voler sur son dragon
Bertin n’a jamais été très discipliné - Laissant le travail à ses conseillers C’est parce qu’il leur fait pleinement confiance Pour gérer ses terres à sa place.
Il affirme toujours souriant Qu’ils font un meilleur travail que lui Pourtant il aime beaucoup ses sujets Il les défend du dos d’Ambroisie
« La couronne ne me sied pas » Répète-t-il toujours tout bas Pourtant il aime beaucoup ses sujets Il les défend du dos d’Ambroisie
Bertin n’a jamais été un très grand guerrier - Il préfère de loin jouer le charmeur Avec les jolies dames et les seigneurs Laissant ses mots faire le dur labeur
Bertin n’a jamais été le duc escompté - Il est impatient et borné Mais jamais il n’irait contre son peuple Qu’il aime vraiment de tout son cœur
Il affirme toujours souriant Qu’Ansemer mérite mieux que lui Pourtant il aime beaucoup ses sujets Il les défend du dos d’Ambroisie
« La couronne ne me sied pas » Répète-t-il toujours tout bas Pourtant il aime beaucoup ses sujets Il les défend du dos d’Ambroisie
Bertin et Ambroisie… voilà ce qui aura marqué le règne de Bertin d’Ansemer sur ce duché. Non pas les voyages en mer, les tractations marchandes, ou même les réceptions au palais. Bertin fut un duc qui s’affairait sur le terrain à protéger ses sujets, laissant la gestion des terres à plus compétents – et intéressés – que lui. Il participait volontiers aux échanges diplomatiques lorsqu’il était question du bien de ses sujets et de leur sécurité, mais jamais il ne se sentit aussi accompli que lorsqu’il les saluait, du dos d’Ambroisie, après une victoire contre un ennemi. Il ne fut pas le duc attendu, et jamais il ne marcha dans les traces de ses prédécesseurs, faisant plutôt son propre chemin et veillant sur le duché à sa façon, sans se soucier trop de la tête que faisaient les marins en le voyant. Ne les défendaient-ils pas des airs, après tout ? Voilà ce qui comptait pour lui.
Voler ! Surplomber l'immensité du continent, tutoyer les nuages et respirer l'horizon, planer au-dessus des nuées pour s'en aller effleurer les étoiles de la voûte des cieux... L'homme a toujours rêvé de voler.
Mais qu'en est-il, pour ceux que la nature a doté d'ailes dès leur premier souffle ? En ce jour du Choix, un dragon ou un griffon s'en vient choisir votre personnage comme cavalier. Que pense-t-il de vous, ce seigneur des cieux ?
• Vous devez utiliser votre personnage en respectant la base suivante : vous êtes à la Caserne de Serre ou à la Caserne de Flamme, au moment du Choix, et une monture vous revendique. Racontez, mais du point de vue du dragon ou du griffon ! (Bertin, tu peux changer de monture si tu le souhaites). ATTENTION : Vous devez utiliser un de vos personnagesobligatoirement.
• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !
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Bertin Vif-Envol
Messages : 2689 J'ai : 38 ans Je suis : Chevaucheur dans le Vol de Lorgol, mage de l'Hiver (protection)
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Faërie Mes autres visages: Zacharie de Sombrétoile
J’attends. Avec impatience et curiosité. J’ai surpris plusieurs membres de mon nid en m’envolant pour retrouver ce lieu si lointain, plus loin encore que ce que j’avais jusqu’à présent voyager. La distance ne m’avait pas inquiétée, voler avait été agréable. Sentir l’air sous mes ailes, même loin des parfums marins qui sont partie intégrale mon habitat naturel, a toujours eu quelque chose d’enivrant. La distance n’avait que peu à y changer. Je savais que d’autres avant moi l’avaient fait et que j’en étais capable. J’admets m’être un peu surprise moi-même en me rendant jusqu’au bout du périple. Maintenant que j’y suis cependant, je prends plaisir à voir défiler devant nous des jeunes gens, à peine plus que des enfants, si jeunes et innocents. Ça m’enfonce un peu plus loin dans le crâne à quel point je peux paraître insouciante aux yeux des autres dragons. Tant pis. Je n’ai pas pris cette décision à la légère, quoi qu’ils en pensent.
Humains et dragons défilent devant moi. Des dragons de plusieurs décennies mes aînés qui vont réclamer un humain. J’ai entendu parler du lien qui se forme pendant cette cérémonie. Il m’intrigue. J’aimerais pouvoir dire que je le comprends, mais ce n’est pas le cas. Ça a un petit quelque chose de frustrant, tout de même. Ça a contribué à ma présence aujourd’hui, ici-même. Ça et mon envie de voir le monde, d’avoir un compagnon de voyage. Je sais très bien que ce ne sera pas toujours une partie de plaisir. Combien de fois ne l’ai-je pas entendu dire lorsque j’ai commencé à faire part de mes réflexions lorsque l’idée de me présenter avait commencé à me travailler. Je sais aussi qu’on ne sera pas libre de voyager, mon jeune humain et moi, s’il advienne qu’un d’eux me convienne ce dont je ne suis pas certaine encore.
Certains sont trop vifs, ou trop calmes. Trop… ou pas assez… Non, personne ne m’intrigue assez pour que je veuille même leur porter une attention quelconque. Je commence à m’ennuyer et mon esprit se laisse aller à songer à ces paysages survolés déjà, ce plaisir de voler, d’être libre, tout simplement. Qu’il est dommage qu’ils ne puissent pas vivre ça tout seul, les humains !
Tandis que je réfléchis ainsi, mon regard est attiré vers un jeune homme. L’air décontracté, limite presque négligé au vu de ses cheveux mi-longs et de sa barde naissante qui poussait sans ordre sur ses joues. Je l’ai observé pendant un temps sans même m’en rendre compte. C’est quand il a tourné le visage vers moi que j’ai réalisé avec quelle insistance je le fixe. J’ai vu son regard, cette impression… J’aurais du mal à la décrire. Son regard est franc, confiant. Son naturel, sa façon d’être là comme si c’est le seul endroit au monde où il pouvait être sans pour autant émaner d’un surplus de confiance ou d’un avis démesuré de sa personne comme je l’avais senti chez certains. Sa démarche n’a rien de celle pimpée de certains nobles ou riches personnages qu’on a pu me décrire par le passé. Elle donne même plutôt une impression de nonchalance naturelle. Ce que je vois, d’abord et avant tout, c’est un homme simple, donc. Et prêt. En sait-il plus que moi sur ce qui nous attend si je le choisi ? Je suis incapable de le dire. Je sais juste qu’il est jeune, comme moi, et je sens son envie d’aventures.
Mais le temps même d’y songer et je réalise que ma décision est faite. Je me redresse, étirant mes muscles raides d’avoir attendu longtemps et je m’avance vers lui. Vers cet appel. Je sens le pouvoir de l’eau en lui, qui m’attire et je sais que nous sommes faits l’un pour l’autre. Alors je le fais mien. Il semble presque surpris, peut-être est-ce parce qu’il a attendu un moment, je le lui demanderai plus tard. Dans l’immédiat, je suis occupée à l’observer comme il m’observe. Il sourit et je sens que sa décision s’affermit encore davantage. Notre destin est scellé. Nous nous appartenons l’un à l’autre. Jusqu’à ce que la mort nous sépare, comme disent les humains. Le mien s’appelle Bertin. Bertin d’Ansemer.
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Tara Mille-Visages
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Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Le fils des Ombres Mes autres visages: Bastien Aigrépine
Elle lisse ses plumes, la mine concentrée. C'est quelque chose qui l'occupe longuement lorsqu'elle n'est pas en train de voler. Elle aime être apprêtée comme il faut, que son plumage noir brille et que les gens la regardent avec admiration. Parce qu'elle est un peu orgueilleuse, il ne faut pas se leurrer. Mais elle aime la façon dont les humains la fixent, avec un mélange de crainte et d'envie. Jusqu'à aujourd'hui, aucun d'eux n'est pourtant parvenu à capter son attention plus de quelques instants. Elle les trouve ennuyeux et elle ne se voit pas partager sa vie avec un de ces braillards qui s'est déjà présenté à elle. Parce qu'elle sait ce que cela représente, l'importance et la profondeur des liens qui se tissent lorsqu'un griffon décide de choisir un voltigeur. Elle a pu le voir, dans les souvenirs qu'elle partage avec les autres griffons.
Penchant légèrement la tête sur le côté, elle stoppe un instant pour voir un petit groupe d'humains s'avancer vers eux. Ils ne sont pas nombreux, à peine une petite poignée et elle se demande si l'un d'eux trouvera son bonheur aujourd'hui. Comme toujours, elle fait mine de s'en désintéresser, sans bien savoir si elle commence à se lasser de ne pas trouver quelqu'un avec qui partager ses vols ou si elle s'en moque totalement. Evidemment, elle préfère choisir la seconde option et relève le bec, toisant de haut les rares qui osent s'approcher d'elle. Comme elle le supposait, ils s'éloignent rapidement, préférant tenter de capter l'attention de griffons peut-être plus amènes qu'elle ne semble l'être.
Sauf qu'un petit homme se tient devant elle. Il lui sourit, la mine arrogante et croque dans une pomme en la fixant avec attention. Il pourrait lui sembler insignifiant au premier abord. Après tout, il n'est pas plus grand qu'un autre. Il n'est pas plus beau non plus et ne semble pas tout jeune. Et pourtant, il y a quelque chose dans son regard qui lui fait battre des paupières et le fixer plus longuement. Elle relève la patte et ses serres emprisonnent la rambarde qui les séparent, comme pour lui rappeler qu'elle pourrait lui broyer le crâne en moins de temps qu'il ne faut pour le dire mais, au lieu de le voir reculer, il se contente de sourire plus largement, sans détourner le regard.
Intéressant.
Elle ne sait pas combien de temps ils restent ainsi sans rien se dire, sans faire le moindre mouvement. Pour certains, ce serait une éternité. Mais pour eux, le temps semble comme suspendu. L'humain finit par lancer son trognon de pomme derrière lui et en sort une autre de sa poche avant de faire un pas vers elle. Et de poser sa main sur une des serres. Son sourire se fait un peu moins arrogant, un peu plus interrogateur mais elle ne bouge toujours pas. Avant qu'elle ne finisse par pencher la tête pour lui asséner un léger coup au niveau de la tempe et désigner la pomme. Qu'il lui tend donc, le regard pétillant.
Etonnant qu'il ait deviné que son petit pêché mignon était les pommes. Ou alors, c'est parce que c'est aussi le sien et qu'ils partagent déjà quelque chose. En tout cas, elle ne se fait pas prier et croque dedans avant de se pencher et d'attraper la dernière enfouie dans la poche de son manteau. Il proteste, plus pour le principe qu'autre chose, d'autant qu'il a le droit à une autre bourrade avant qu'elle ne finisse par reculer et par ouvrir ses ailes pour les étendre un peu. Elle voit bien son regard écarquillé mais, dans ses yeux, brillent plutôt l'envie, l'admiration, que la peur ou l'inquiétude qu'elle y voit d'ordinaire. Et il y a encore autre chose. Qu'elle sent de plus en plus, comme si leur lien commençait déjà à se former sans même qu'elle en ait totalement conscience. Cette envie qu'il a de trouver quelqu'un à sa hauteur, de pouvoir s'élever, au sens propre comme au sens figuré. Sans compter le fait qu'il est passé sous la rambarde et qu'il se rapproche d'elle, finissant par poser la main sur son encolure et par effleurer ses plumes. Ce contact a quelque chose de rassurant, d'étrangement familier, quand bien même ils ne se connaissent que depuis quelques instants. Elle replie ses ailes et se laisse faire, relevant même le bec pour qu'il puisse la gratter juste en -dessous, là où elle préfère. Ce qu'aucun humain n'a encore jamais fait. "Bastien. Je m'appelle Bastien." Il répond à cette question qu'elle n'a pas encore formulée, d'aucune façon et elle se rend compte qu'elle se moque de son nom.
Parce qu'en réalité, elle pense déjà à lui comme son humain. Elle s'ébroue brusquement alors que son regard accroche de nouveau le sien et penche la tête vers lui, suffisamment pour apposer son front contre celui de son humain. Il pose ses deux mains sur son bec et ils restent ainsi longtemps. Il n'est plus question d'orgueil, pour l'un comme pour l'autre. Ni de vouloir trouver la personne la plus à même de mettre l'autre en valeur. Juste de choisir celle qui correspond le plus. Et c'est ce qu'Ortie vient de faire. Alors elle pense, gravant déjà ce souvenir que tant d'autres griffons pourront partager à l'avenir, que son humain s'appelle Bastien. Et qu'il aura intérêt à lui ramener des pommes très souvent.
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Le Destin
Messages : 1321 J'ai : un âge au dessus de toute raison.
Précieux, cachés, inavouables, dissimulés, inestimables... Ils sont le sel de la vie, la monnaie de choix, l'arme idéale. La Cour des Miracles, en mille ans d'histoire, en a cimenté ses fondations et tissé la magie de ses pavés.
• Vous devez utiliser votre personnage en respectant la base suivante : vous découvrez un des secrets de la Cour des Miracles, en tant qu'habitant des lieux ou en tant que visiteur ou captif. Il peut s'agir d'une relique bien cachée, d'un passage dérobé, d'un élément des archives, d'un ancien tombeau oublié... Inventez ! Faites-vous plaisir. ATTENTION : Vous devez utiliser un de vos personnagesobligatoirement.
• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !
• Il est possible que l'une de vos propositions soit retenue pour intégrer les annexes. Si c'est le cas, vous aurez une carte commune à cette occasion.
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Tara Mille-Visages
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Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Le fils des Ombres Mes autres visages: Bastien Aigrépine
Je soupire alors que j'essaie de soulever cette pile de livres poussiéreux et de les déposer sur l'étagère. Voilà pourquoi je n'aime pas venir ici. Outre le fait que je me suis trouvé une légère indisposition à l'idée de rester enfermée sans la moindre fenêtre, je n'aime pas non plus toute cette poussière. Et j'entends Archimède, perché sur une pile de parchemin qui éternue en battant des ailes. Je tousse un rire avant de lui faire écho et j'arque un sourcil alors que je regarde la pile branlante que j'ai vaguement réussi à créer. « Et bien, mon cher, il est peu probable que cela tienne bien longtemps malheureusement. » Je croise les bras, sceptique, alors que j'essaie de me souvenir depuis combien de temps je suis enfouie dans les souterrains de la Cour des Miracles. Il y a nombre d'ouvrages entassés ici et j'aime y passer du temps, à la lueur des bougies. Même si ma magie est quelque chose de vivant, de sans cesse mouvant, il n'est jamais superflu de relire certains écrits concernant l'illusion. Et surtout ces témoignages pour voir de quoi elle est capable, jusqu'où il est possible d'aller. J'ai un sourire en direction de mon Familier alors que je souffle, d'une voix douce. « Bon, il ne nous reste plus qu'à…» Je n'ai pas le temps d'en dire plus que, comme je le craignais, les ouvrages empilés s'écroulent. Je soupire longuement avant de m'agenouiller pour les ramasser. Ou les empiler au sol, c'est selon. Archimède volète pour se poser à mes côtés et hulule joyeusement. Je lui effleure distraitement les plumes alors que je fais des jolis petits tas quand je me rends compte qu'il est en train de me picorer la main. « Mais, qu'est-ce que tu veux ? » Et je le vois sautiller, se pencher pour regarder sous l'étagère pour hululer de nouveau. « Je te préviens, si c'est une souris, toute la Cour va m'entendre hurler. » Je le suis néanmoins, me retrouvant le nez à quelques pouces à peine du sol avant de froncer les sourcils.
Il y a un morceau de papier sous le meuble. J'ai un regard en direction de mon Familier et je tends la main pour essayer de l'attraper. Mais il semble comme s'effriter entre mes doigts. Je grimace, nullement découragée et, à force de patience, je finis par extraire un vieux morceau de parchemin tellement jauni que je me demande si ce n'était pas déjà sa couleur d'origine. Je m'assois par terre, le tenant délicatement entre mes doigts, la tête penchée sur le côté alors qu'Archimède m'imite après s'être perché sur mon genou. « Regarde… on dirait… la Cour des Miracles non ? C'est chez nous ! » Et, quand j'effleure le point sur la carte supposé nous représenter, il s'efface pour laisser place à un enchevêtrement complexe de traits que je suis du bout des doigts en fronçant les sourcils. La magie ne m'effraie pas, heureusement d'ailleurs, mais c'est tout de même un peu surprenant. A bien y regarder, il y a une espèce de petit carré juste là où je suis supposée me trouver. Je lève la tête, regardant autour de moi avant de me décider à pousser l'étagère qui reposait sur ce … plan ? Appelons-le donc comme ça.
Il me faut de longues minutes à pousser, tirer, tandis qu'Archimède volète autour de moi pour chasser la poussière. Ou me la lancer dessus car il n'apprécie guère le petit exercice que j'ai décidé de faire. Mais je finis par réussir et je reste un instant figée, sans bien savoir quoi faire. Il n'y a rien au premier abord qui puisse me faire penser que ce n'était pas simplement une idée stupide. Mais j'ai tout de même un sourire. Je suis une experte en illusion, il serait idiot de me faire duper à mon tour. Je plisse des yeux avant de souffler sur les espaces entre les dalles. Jusqu'à en voir une légèrement moins enfoncée que les autres. Sur laquelle j'appuie, sans même y réfléchir. Et voilà que, devant moi, s’ouvre une porte, dont les contours étaient parfaitement cachés dans la pierre. Je ne réfléchis que quelques instants, le temps de prendre la chandelle que j’ai utilisée ce soir et de voir Archimède se poser sur mon épaule. Il a les yeux tout écarquillés et les plumes gonflées mais ne semble pas vouloir faire plus de commentaires.
Et voilà que je descends des escaliers humides, concentrée autant que possible pour ne pas tomber. Il fait de plus en plus froid et, quand je touche les murs, j’ai l’impression qu’ils sont mouillés, mais je finis par arriver au bout de ces marches interminables. Pour me dire que je dois être loin sous terre maintenant. Je plisse des yeux pour regarder le morceau de parchemin que j’ai en main avant de me décider à suivre l’un de ces enchevêtrements, un peu au hasard. « Archimède, je compte sur toi pour m’aider à retrouver la route si besoin. » Il hulule, les yeux toujours écarquillés et nous commençons à marcher. Au bout de quelques minutes plongée dans la semi-obscurité, je remarque qu’il y a des choses inscrites sur les murs. Juste en face de moi, à un croisement, sont gravés les mots « au Poney qui tousse ». Et, au moment où je lis ces quelques mots, je sens le parchemin qui semble comme se réchauffer entre mes mains.
Pour qu’un plan de la taverne se dessine sous mes yeux ébahis. Avec des entrées dérobées que je n’avais jamais soupçonnées. Et je gage que si j’appuie sur cette pierre un peu plus plate que les autres, j’aurais une volée de marches me permettant d’y accéder. J’ai un sourire incrédule alors que je continue à déambuler dans les tunnels, marquant un temps d’arrêt à chaque fois que le parchemin change pour découvrir un nouvel endroit. Si je pense au départ que ce n’est réservé qu’à la Ville Basse, mes pérégrinations me poussent plus loin et je me retrouve sous la boutique de Lancelot, tentée de lui faire une petite frayeur. Mais ce serait sans compter sur ma curiosité et mon envie de savoir si cette carte couvre vraiment tout Lorgol. Ce qui, après de longues heures de marche, semble être le cas. Oh, je suis loin d’avoir fait vraiment tout le tour mais, de ce que j’en ai vu, elle n’a pas l’air limitée à un ou deux quartiers de la ville. Archimède, un peu lassé, a fini par s’endormir à sa place habituelle, au creux de mon cou et pour un peu, j’aurais l’impression de l’entendre ronfler. Je finis par le secouer pour lui montrer qu’en vérité, les inscriptions sur les murs montrent aussi des directions. Trois flèches pour la Cour des Miracles, c’est que c’est encore loin. Deux flèches pour la tour de la Confrérie Noire, c’est qu’il ne faudrait guère de temps pour arriver devant la porte d’entrée. Je préfère ne pas m’y aventurer, espérant tout de même que, comme les pavés de la Cour des Miracles, les lieux sont suffisamment bien ensorcelés pour que des étrangers ne puissent pénétrer, même par ces souterrains.
Je fronce les sourcils, quelque peu dérangée par cette pensée, avant de suivre les flèches en direction de la Cour. Il me faut encore un long moment avant d’y arriver et je me retrouve devant les escaliers que j’avais descendus quelques heures plus tôt. Archimède ébouriffe ses plumes et s’envole pour m’attendre dans la bibliothèque et je reste dubitative quelques minutes alors que je vois le plan se faire plus flou pour dessiner de nouveau le contour de ces bâtiments que je connais si bien. Je vois mon Familier se poser au pied de la bibliothèque sous laquelle j’ai trouvé le parchemin et picorer l’étagère la plus basse. Et je souffle, partagée entre l’agacement et l’amusement. « Oui, oui, je sais. Je vais le faire. » Alors, de nouveau, je tire, je pousse, pour la remettre à sa place. Et je glisse de nouveau le parchemin en dessous, veillant bien à ce qu’il soit camouflé le mieux possible. « Tu as raison Archimède. Parfois, il y a certains secrets qu’il vaut mieux garder cachés. » Jusqu’à ce que le moment de les révéler soit opportun.
Les Chevaucheurs
Bertin Vif-Envol
Messages : 2689 J'ai : 38 ans Je suis : Chevaucheur dans le Vol de Lorgol, mage de l'Hiver (protection)
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Faërie Mes autres visages: Zacharie de Sombrétoile
Il en attire des regards le grand brun alors que ses pas le portes sur les pavés magiques. Voilà bien un lien qu’il n’aurait jamais cru voir de ses propres yeux. En fait, il y avait peu il ignorait même que ce lieu existait. Il aurait pu l’imaginer s’il s’était donné la peine d’y réfléchir mais ça n’avait jamais été le cas, si bien qu’il a été agréablement surpris quand on l’a invité à y venir. Il n’est qu’un jeune homme, un adolescent encore aux yeux de plusieurs, mais il a un certain charme. Peut-être était-ce pour ça qu’il se trouvait ici ? Il ne pouvait pas dire que l’idée en soi était déplaisante, d’autant plus que sa guide et garante qui marchait devant lui d’un pas confiant était plutôt agréable à regarder…
D’une idée à l’autre, il songe à ce qui lui a permis d’arriver jusqu’ici. Une conversation dans une taverne, il lui semblait. Il avait sans doute un peu trop bu, songeait-il en essayant de se souvenir des détails de la soirée. Reste que la nuit c’était avancée et qu’il s’était retrouvé dans ces couloirs dont le souvenir ne s’imprimerait jamais clairement dans sa mémoire. Était-ce seulement l’effet de l’alcool ou il y avait-il autre chose qui lui échappait à présent ? Dans tous les cas, c’était dommage. Il aurait aimé pouvoir y revenir pour explorer à sa guise.
Mais voilà qu’on appelle son nom, et il remarque qu’il s’est laissé distancé tellement il avait été perdu dans ses pensées et il accélère le pas pour rattraper la belle devant lui. Elle lui indique une porte qu’il franchit, se retrouvant bien vite dans un salon.
- On viendra vous prévenir lorsque ce sera prêt.
Et sans attendre la jeune femme ferme la porte derrière lui, et il entend une clé cliqueter dans la serrure. Il n’en faut pas davantage pour qu’il réalise qu’il est prisonnier, du moins c’est sa première impression. Mais la pièce où il se trouve est pleine d’objets hétéroclites qu’il se met à explorer avec curiosité malgré son esprit légèrement embrouillé. Il entend bientôt des pas s’approcher dans le couloir, et la porte qui s’ouvre sur une femme plus âgée cette fois. Elle l’observe un moment, avec sévérité, avant de lui faire signe de le suivre ce qu’il fait aussitôt.
Ils s’enfoncent dans un dédale de couloir qui lui fait vite perdre le nord. Certains semblent familiers, comme s’il y était repassé plusieurs fois sans pour autant parvenir à en avoir la certitude. Il en devient étourdi. Et la femme qui l’accompagne aussi, d’ailleurs, semblerait-il. Il la voit commencer à vaciller par moment alors qu’ils descendent un long escalier en pierre aux pieds duquel elle s’effondre soudain. Hésitant, l’esprit encore confus, Bertin s’avance prudemment vers elle et vient rapidement évaluer son état. Il ne peut pas la laisser ainsi, il n’est pas supposé être seul entre ces murs, et l’état de la dame l’inquiète. Si bien qu’il s’avance prudemment, cherchant quelqu’un dans ce couloir d’apparence désert. Il essaie les portes, une à une, espérant trouver derrière elles soit de quoi soigner la plaie ouverte de sa guide, ou de l’aide. Ou les deux.
La première est verrouillée, tout comme la seconde. La troisième semble chercher à coincer un instant, mais la poignée tourne si bien qu’il cherche à l’enfoncer à coups d’épaule et il réussit à l’ouvrir, poussant la porte avec douceur. L’intérieur est plongé dans la pénombre. Attrapant une des torches qui éclaire vaguement le couloir, il s’avance dans la pièce pour en observer le contenu. Rien d’utile, songe-t-il. Et personne. Il vint pour refermer la porte lorsque l’éclat de la torche fit briller un objet là, en plein centre. Il s’en approche avec prudence, remarquant, alors qu’il s’éloigne de la porte, que la porte était bloquée par une série de caisses empilées et dont la chute avait jonché le sol d’éclats de verre. Oups.
Mais ça n’attire pas son œil longtemps. Il y a, au centre de la pièce devant lui, un récipient contenant un liquide qui oscille encore lentement du choc d’une bouteille vide contre le piédestal sur lequel le tout est posé. Il remarque tout autour de l’objet un grand cercle dont le tracé irradie légèrement. Une sphère protectrice peut-être ? Il l’ignore, mais il ne tient pas à le découvrir, d’autant plus qu’il entend des voix approcher d’une porte qui lui avait été jusque-là cachée par la pénombre. Il s’empresse d’aller lancer sa torche dans le couloir où il aurait du s’enfuir, mais la curiosité le gagne. Fermant la porte, il s’éloigne rapidement pour gagner une cachette derrière une série de caisses. À défaut de pouvoir observer, il pourra entendre leur conversation, songe-t-il.
- Tu crois que ça suffira, trois fioles ? - Non, mais ce sont les ordres. Trois fioles, c’est tout ce que le client peut s’offrir. Ça prolongera sa vie un peu apparemment. - Je croyais que l’essence n’était à utiliser qu’en surface ? J’ai entendu les rumeurs à son sujet. Il ne meurt pas d’une blessure, mais d’un mal tout autre, il paraît. - Oui. À mon avis c’est une folie aussi. Mais je ne suis pas là pour juger ceux qui nous payent. Allons, remplissons trois fi…
Il y a une pause, et les pas s’approchent dangereusement de la porte par laquelle Bertin est entré. Il retient son souffle.
- Ça a dû être Estelle encore. Je n’arrête pas de lui dire de ne pas passer par cette entrée et elle ne m’écoute pas. Je vais remplir les fioles et nous allons aller chercher de quoi l’empêcher de nous faire plus de dégâts encore.
Bertin tend l’oreille et entend le bruit d’un liquide qu’on transverse avec délicatesse. Puis, lentement, les pas s’éloignent et les voix avec eux. Bientôt, elles ne sont plus qu’un écho et Bertin en profite pour quitter la pièce avec prudence. Refermant soigneusement derrière lui, il retourne auprès de la femme. Qu’avait-il vu ? Il l’ignorait. Une potion soignante ? Mais le liquide ressemblait fort à du cuivre liquide, de loin du moins à la lumière de la torche… C’est en songeant à sa découverte qu’il prend la femme sur son dos pour tenter de remonter les marches à la recherche de quelqu’un pour l’aider. Les donjons ne sont pas le meilleur endroit pour trouver un médecin, songe-t-il, et une longue période sans supervision ne ferait qu’attirer les soupçons sur lui.
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Le Destin
Messages : 1321 J'ai : un âge au dessus de toute raison.
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée ! Oeuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle dignité fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
• Vous devez utiliser votre personnage en respectant la base suivante : au crépuscule de votre vie, vous vous remémorez ce qui vous a causé le plus grand désespoir. Il peut s'agir d'un événement ayant déjà eu lieu, ou bien situé dans un futur inventé. ATTENTION : Vous devez utiliser un de vos personnagesobligatoirement.
• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !
La Cour des Miracles
Tara Mille-Visages
Messages : 886 J'ai : 38 ans Je suis : Voleuse - Maitre Stratégie au sein de la Cour des Miracles
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Le fils des Ombres Mes autres visages: Bastien Aigrépine
"Vaincre le désespoir nous engage souvent dans des directions insensées."
Enroulée dans une couverture, je regarde les flammes qui commencent doucement mais surement à mourir dans l’âtre de la cheminée. Je n’ai pas vraiment envie de me lever pour les raviver, toute occupée que je suis à y voir une symbolique de ma propre existence. Je ne pensais pas être amenée à vivre aussi longtemps en réalité et, quand j’effleure les plumes de mon Familier enroulé sur lui-même, il se contente d’un faible hululement. Je murmure alors, d’une voix douce. « Nous arrivons au bout mon ami. Tu vas bientôt pouvoir te reposer toi aussi, tu l’auras bien mérité. » Et il me picore affectueusement le bout des doigts alors que je vois ma petite fille débouler dans la pièce et me demander de lui raconter une histoire. Je souris affectueusement, incapable de lui refuser quoi que ce soit mais je me fige quand elle me demande de lui parler de ma rencontre avec Archimède. Je cille alors que je revois dans les flammes la Tara que j’étais il y a si longtemps, à qui ma petite fille ressemble tant et qui semblait pourtant avoir disparu pour de bon. « Je ne suis pas sûre que ce soit l’histoire la plus passionnante du monde ma douce. » Elle fronce les sourcils et son regard passe de mon Familier, qui la fixe avec curiosité, à moi alors qu’elle prend sa petite mine décidée qui me rappelle Merle l’espace d’un instant. « Mamie, tu as promis ! » Je tousse un rire avant de lui désigner le siège en face de moi. « Tu sais, c’est l’histoire du moment le plus triste et le plus heureux de ma vie. Alors il est parfois difficile de le raconter. Tu ne m’en voudras pas si je m’égare un peu dans mon récit. » Elle hoche la tête et s’installe alors qu’Archimède se redresse et semble lui aussi m’écouter avec attention.
« C’était il y a longtemps. Tellement longtemps. J’étais à peine plus âgée que toi en réalité. Je me souviens que j’avais découvert depuis peu que j’avais des dons pour la magie et j’étais impatiente d’aller à l’Académie. » Mais surtout, je me souviens de son regard, de son sourire, de la façon dont il a eu de me charmer. Je ne sais pas comment il a réussi son affaire. Peut-être étais-je encore plus sotte et naïve que je le pensais. C’est fort probable d’ailleurs. Je me souviens surtout de mon ventre qui commençait à s’arrondir, de la peur qui me grignotait un peu plus à chaque fois que je devais desserrer mon corset. J’avais fauté, mais il m’avait promis d’être là. Il m’avait promis qu’il irait demander ma main et que tout s’arrangerait. Et je l’ai cru, persuadée de lire l’amour que je ressentais dans son regard. Je souffle, d’une voix douce, le regard un peu perdu dans le vague. « Tu as du en entendre parler mais j’ai eu des… problèmes lors que j’avais à peine 17 ans. J’ai fui la maison et je me suis retrouvée à Lorgol. » Parce que jamais je n’oublierais ce que j’ai ressenti le jour où, alors que je n’avais plus de nouvelles de lui depuis quelques temps et que je sentais l’angoisse étreindre chacune de mes pensées, je me suis rendue chez lui. Pour m’entendre dire par le propriétaire de la chambre qu’il était parti sans laisser d’adresse.
J’étais seule. Enfin non, je ne l’étais pas vraiment. J’avais cette vie qui grandissait en moi, prête à montrer au monde entier à quel point j’avais fauté, à quel point je n’étais pas digne de confiance. A la tristesse d’avoir perdu le seul homme que j’avais jamais cru aimer, a succédé la honte. Ce sentiment diffus que rien de ce que je pourrais dire ou faire ne rattraperait mes erreurs, que, lorsque tout le monde saurait, je ne serais que source de honte pour les miens. Je me souviens encore avoir marché des heures durant, incapable de savoir quoi faire pour essayer d’arranger les choses. Aujourd’hui, je sais ce que j’aurais dû faire, c’est l’évidence-même. J’aurais dû aller voir Tyr et tout lui confier. Il aurait trouvé une solution autrement moins radicale que celle qui a fini par s’imposer à moi. Parce que j’ai fini par rentrer à la maison et par voir le visage inquiet de mes parents. Par lire tout l’amour dans leurs yeux, leur fierté à l’évocation de ma future entrée à l’Académie. C’était trop pour moi. Imaginer, même un instant, que leur regard se voile de honte, de dégoût ou de je ne sais quoi lorsqu’ils apprendraient que je m’étais comportée de la sorte, c’était quelque chose que je ne pouvais pas accepter, que je ne voulais pas voir. Jamais. « Tu sais ma douce, la rencontre avec son Familier est quelque chose d’unique. Elle arrive toujours dans un moment capital de son existence, même si certains disent que c’est juste le hasard. Moi c’est arrivé juste avant que j’aille à Lorgol, quand je pensais avoir tout perdu, quand je n’avais plus ma famille sur qui compter. Et il a pris une place désespérément vide. Mais parfois, cela n’arrive jamais et un mage peut vivre une existence entière sans le rencontrer. »
Tout n’avait pas été aussi simple, aussi évident. Mais pourquoi lui raconter ce vide qui avait fini par remplacer la peur et la honte ? Pourquoi lui parler de cet abîme qui s’ouvre sous vos pieds quand ce genre de choses arrive ? Parce que j’espère que jamais ça ne lui arrivera et qu’elle ne connaitra pas cette sensation où tout semble perdu, où le désespoir a fini par prendre le pli sur tout le reste. Parce que c’est ce qui m’est arrivé alors que la solution s’est imposée d’elle-même. Je me souviendrai jusqu’à mon dernier souffle de cette lettre que j’ai mis de longues heures à pouvoir écrire. Je l’ai recommencée maintes et maintes fois, espérant, je suppose, que quelqu’un viendrait m’interrompre et me faire changer d’avis. Mais j’étais seule. Tellement seule. Je n’ai réussi finalement qu’à coucher quelques lignes confuses sur le papier, m’excusant de la honte que je leur causais, de la peine qu’ils auraient à se souvenir que j’avais pu être leur fille. Mes larmes avaient fait baver l’encre et quelques mots étaient incompréhensibles, mais je sais que Tyr a longtemps gardé ce papier, comme s’il avait besoin de cela pour se souvenir de ce qui était arrivé.
Et j’ai marché, sans même y réfléchir après avoir refermé la porte de la maison et déposé la petite clé argentée sous une pierre, comme à mon habitude. Je ne me souviens pas en revanche combien de temps j’ai mis pour arriver à Roc-Epine mais, déjà, je me sentais à bout de forces. Et j’ai fixé le gouffre. Longtemps. Les larmes avaient fini par se tarir d’elles-mêmes alors qu’au fond de ce trou je voyais le désastre qu’était devenue mon existence.
Je ne sais pas ce qui pousse quelqu’un à sauter ou à faire marche arrière. Je ne sais pas ce qui peut arriver à retenir une personne ou, au contraire, à l’inciter à faire ce pas en avant qui changera tout. Ca ne peut pas être l’amour. J’en avais, j’en ai toujours eu. Et pourtant, ce jour-là, je m’étais sentie plus seule que jamais. Je n’ai plus jamais ressenti cette sensation depuis, comme si chuter de ces dizaines de mètres avait fait disparaitre le désespoir qui avait pris le pas sur tout le reste. Il parait que personne n’a jamais survécu à la chute dans le gouffre de Roc-Epine. Je sais que la personne que j’avais pu être jusque-là ne s’en est effectivement pas sortie. Je suis morte ce jour-là. Tous les rêves que j’avais pu construire, tous les espoirs que j’avais se sont envolés pour disparaitre à tout jamais. Mais c’était sans compter sur ces dragons qui ont ralenti ma chute.
Et surtout, sans ce regard ambré qui a croisé le mien pour ne plus jamais me quitter.
« Il s’est passé quoi alors Mamie ? » Je sursaute à sa question et j’ai un sourire un peu absent alors que je cherche mes mots. « Le pire moment de mon existence a semblé comme gommé lorsque j’ai croisé son regard. Il a réussi à remplacer le désespoir, la peine et cette impression que plus rien ne serait possible par quelque chose de plus diffus, que je n’arrivais pas à définir. Il a réussi à raviver une petite flamme et à me donner envie de me relever, quoi qu’il arrive. » Tout en parlant, ma main s’est posée sur Archimède qui se frotte doucement. « Pour autant, je n’ai rien oublié. Et c’est ce que tu dois retenir toi aussi. Que même lorsque tout espoir semble perdu, le destin te donne une chance. Qu’il faut saisir. De toutes tes forces. » Elle hoche la tête, même si elle arbore cette mine sceptique qu’elle a souvent quand elle n’a pas vraiment tout compris mais refuse de l’admettre. Quelle tête de mule. Mais je me rends compte que je suis fatiguée et que, surtout, je n’ai pas envie de reparler de tout ça. Comme si évoquer ma rencontre avec Archimède n’était que le prélude à cette séparation qui se rapproche inexorablement. Et, à la réflexion, ce sera peut-être là le moment le plus difficile de mon existence. Quand nous devrons nous dire adieu. Alors, en attendant, je savoure les derniers instants qu’on nous accorde, me réfugiant une fois de plus dans la douce chaleur de notre lien et qui, comme toujours, efface les ombres qui n’ont jamais manqué de jalonner mon existence.
Les Chevaucheurs
Bertin Vif-Envol
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Cette femme qui me fit perdre celle que j’aimais 30 août 1044
Assis sur la terrasse qui donne vue sur la mer en contrebas, le regard perdu sur l’horizon qui s’étale devant moi, je me laisse enlever par le flot constant de mes pensées. En cette journée spéciale mes pensées m’emportent sans douceur vers mes souvenirs de la duchesse Jehanne. J’entends mon fils derrière moi, sans doute veut-il me parler de la belle qu’il désire courtiser. Mais mon valet l’arrête avant même qu’il puisse s’adresser à moi. L’échange est muet, mais je peux l’imaginer. Un regard sérieux, triste, l’aîné qui nie de la tête. Peut-être quelques mots échangés dans un souffle, un murmure que je n’entends pas à cause du bruit des vagues qui éclatent sur les rochers plus bas. Les pas s’éloignent, et les battements de mon cœur s’accordent avec leur bruit diminuant… Je me lève et m’approche de la balustrade pour observer tant la mer que les cieux. Quel étrange paysage pour cette journée…
Le son des vagues me ramène brutalement à ces pensées qui s’imposent en ce jour du 30 août et je revois le visage angélique de la duchesse Jehanne lors de notre première rencontre à son mariage avec mon frère. Ce qu’elle m’avait semblée triste ! Je revois notre amitié naissante, et le bourgeon de notre amour grandir jusqu’à cette éclosion qui nous a rapproché plus que nous l’aurions espéré tous les deux. Quatorze années de joies volées, de craintes inavouées… Quatorze années de bonheur caché aux yeux de tous.
Je me souviens de ce jour où Bartholomé m’a mis au pied du mur en m’annonçant que je devais me marier maintenant. Il trouvait que j’avais assez joué le célibataire charmeur et qu’il était plus que temps que j’accomplisse mon devoir et que je prenne une épouse… Je me souviens du visage triste de Jehanne lorsque, quelques soirs plus tard, j’ai enfin pu lui en parler. La nouvelle ne l’a pas réjouie, évidemment, et ensemble nous avons passé quelques nuits à chercher une solution à ce dilemme. En vain. Si bien que j’ai fini par me trouver une femme. Je me suis marié en juillet 1006. Ce fut le début de la fin…
L’ultimatum de Bartholomé avait fait échouer mes tentatives de trouver une femme qui puisse faire une bonne comtesse tout en me permettant – à son insu évidemment – de continuer à voir Jehanne. J’ai dû me contenter du meilleur parti des jeunes filles disponibles à l’époque. Et en toute sincérité, un autre homme l’aurait trouvée épouse parfaite. Elle était dévouée, attentive, et surtout une comtesse hors-pair. Mais sa présence occupait ma vie plus que je ne l’aurais voulu. Elle désirait toujours être à mes côtés et insistait pour que nous demeurions à Vivécume plutôt qu’à Port-Liberté. Seules mes responsabilités en tant que chevaucheur me libérèrent de cette insistante demande.
J’ignore si c’était pour me punir, ou parce qu’elle était simplement ainsi, ou peut-être encore sentait-elle qu’il y avait quelque chose avec une autre, au fond… Quoi qu’il en soit, elle s’assurait de me rejoindre tous les soirs et je ne parvenais à faire chambre à part que lorsque je devais travailler tard et qu’elle finissait par sombrer dans le sommeil avant mon retour. Ces moments se faisaient rares, vous l’aurez deviné. Et bien sûr chacun d’eux était passé en présence de la duchesse Jehanne que je surprenais parfois à des heures indues en me glissant contre elle dans son lit, partageant quelques heures d’intimité avant de retrouver dans mon propre lit pour dormir jusqu’à l’arrivée des domestiques.
Cette situation ne plaisait guère à Jehanne, cependant, ni à moi d’ailleurs. Mais j’étais prêt à renoncer à une part de sa présence en espérant que la naissance d’un héritier calmerait les ardeurs de ma femme. Je rassurais Jehanne comme je le pouvais, mais j’avais l’impression que notre amour et relation se trouvaient affectés par cette femme qui accaparait mon temps et ma personne comme personne n’avait osé le faire auparavant. Et que pouvais-je dire pour justifier un rejet ? Je cherchais bien sûr, et il m’arrivait d’obtenir pour une courte période une trêve – des vacances dans sa famille, un voyage à Vivécume auquel je ne peux participer à cause de tâches à la caserne – assez de temps pour renouer avec mon âme sœur. Dans mon quotidien cependant, rien n’aurait pu justifier que j’impose une grande distance entre nous. C’eut été trop suspect.
La naissance de notre premier fils, puis un an et demi plus tard de notre fille cadette furent deux coups durs pour ma relation avec Jehanne. Nous ne nous en sommes jamais réellement remis. C’était il y a 34 ans, peu après la naissance du second enfant de mon mariage, notre dernière nuit ensemble. Nous l’avons partagée avec une intensité particulière, un peu comme si c’était notre première fois ensemble. Puis alors que nous nous apprêtions à nous séparer avant l’aube elle m’a annoncé qu’elle ne pouvait continuer ainsi. La douleur était trop forte lorsqu’elle voyait l’autre à mon bras et la colère grandissait lentement en elle. J’ai eu droit à un baiser d’adieu, un long baiser humide de nos larmes. Une étreinte, brève, et j’ai quitté sa chambre pour rejoindre la mienne avec l’impression d’avoir perdu la vie…
Je ne lui en ai jamais voulu. Ni même à ma femme, d’ailleurs. J’aurais dû faire davantage pour calmer mon épouse plutôt que d’espérer que son besoin incessant de ma présence se calme avec le temps. Je n’ai jamais su l’aimer, malgré toutes les années. Quand elle est décédée il y trois ans, j’ai eu l’impression de pouvoir revivre. À défaut de pouvoir de nouveau partager la vie intime de Jehanne, j’ai pu faire revivre son souvenir pour égayer mes journées. Comme aujourd’hui, le jour de son anniversaire, que mon état de santé ne me permet pas de passer avec elle.
Tremblant, je retourne m’asseoir sur une des chaises de la terrasse et soupire en massant mon genou douloureux. J’ai bien sûr envoyé une note à Ansemer pour souhaiter à la duchesse un bon anniversaire, mais je ne peux m’empêcher de songer qu’il s’agit là d’une façon fort froide de lui partager mes vœux alors qu’il s’agit peut-être du dernier anniversaire que j’aurais pu partager avec elle… Nous ne sommes plus très jeunes, ni l’un ni l’autre. L’insulte préférée d’Ambroisie me revient en tête « idiot », et un petit sourire illumine brièvement mon visage sans parvenir à complètement chasser les larmes qui menacent de couler le long de ma joue hirsute. Je sais que je passerai ma journée à ressasser ce passé douloureux, et à songer à tout ce que j’aurais pu faire différemment pour éviter de perde Jehanne. Mais ça ne changera rien, et demain je m’éveillerai seul, le cœur meurtri par le chagrin et la tête douloureuse d’un excès d’alcool que je ne me permets que certains jours lorsque les souvenirs sont trop douloureux…
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Le Destin
Messages : 1321 J'ai : un âge au dessus de toute raison.
La nuit, les démons de l'angoisse et les fantômes des tourments hantent les rêves des mortels. La nuit, les craintes deviennent réelles et les peurs deviennent tangibles. Mais au matin, lorsque les premiers rayons du soleil caressent l'horizon, l'espoir renaît, car une nouvelle fois le jour a chassé la nuit.
• Vous devez utiliser votre personnage en respectant la base suivante : vous vous éveillez d'un terrible cauchemar, décrivez vos premières pensées lorsque vous ouvrez les yeux, notamment sur ce qui pousse votre personnage en avant et lui donne le courage d'affronter les aléas de la vie. ATTENTION : Vous devez utiliser un de vos personnagesobligatoirement.
• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !
Les Chevaucheurs
Bertin Vif-Envol
Messages : 2689 J'ai : 38 ans Je suis : Chevaucheur dans le Vol de Lorgol, mage de l'Hiver (protection)
Feuille de personnage J'ai fait allégeance à : Faërie Mes autres visages: Zacharie de Sombrétoile
Ces rêves qui te hantent et les espoirs qui t’habitent Janvier 1003
Couvert de sueur, le corps prisonnier des draps emmêlés, tu t’éveilles soudain dans un violent sursaut. Le son de ta voix, ce cri qui t’a échappé malgré toi alors que le sommeil t’étreignait encore tout juste, résonne à ton oreille. C’est un cri que tu as trop entendu. Pas de ta propre voix, mais trop pour que cela te laisse indifférent. Tu te débats soudain, cherchant à te libérer de l’étreinte étouffante des draps. La nausée t’assaille, il te faut de l’air pour chasser la panique qui te gronde au ventre.
Tu réussis enfin à te redresser et tu te diriges d’un pas chancelant vers les épais rideaux qui te coupent du monde vivant. Tes gestes sont brusques, désordonnés, mais tu réussis à écarter les tentures. La fenêtre s’ouvre à la volée et tu prends une immense goulée d’air frais comme si quelque chose t’avait jusque-là empêché de respirer. Un coup d’œil au ciel t’apprend que le soleil commence son ascension. Une vue rassurante qui ne chasse pas pour autant les tremblements qui t’habitent. Au moins tu n’as pas à retourner te coucher cette nuit. Le calvaire du sommeil est terminé. Tu peux souffler quelques heures jusqu’à l’aurore.
Des coups insistants à la porte verrouillée te font sursauter. Tu en oubliais le palais, dans ta panique. « Mon prince ? Que se passe-t-il ? Avez-vous...? » « Je vais bien. Laissez-moi, je vous prie. » Tu ne tiens pas à ce qu’on te voit dans cet état si bien que tu fais au mieux pour contrôler ta voix, immobile devant ta fenêtre grande ouverte. Tu sais que l’homme hésite un instant, puis se décide enfin à t’obéir en s’éloignant. Tu soupires. De soulagement autant que de détresse. Tu te tournes vers la fenêtre à nouveau et regarde brièvement l’horizon avant de sentir tes jambes céder sous ton poids. Tu t’effondres avant même de songer à te retenir et tu t’adosses au mur en te laissant envelopper de l’air frais de la nuit. La tête contre le mur, le visage levé vers l’ouverture, tu inspires lentement en tentant de reprendre contrôle. Il te faut plusieurs minutes avant d’arriver à refouler tes larmes. Tu réalises alors à quel point l’humidité froide s’est imprégnée dans ta peau, dans ton être, et tu maudis tes rêves de te mettre dans un tel état de faiblesse.
Tu trembles lorsque tu trouves enfin la force de te lever pour aller tenter de raviver les cendres de ta cheminée. D’infimes étincelles dansent brièvement sous tes yeux et tu as l’espoir de pouvoir relancer la flambée. Le feu prend lentement à la buche que tu ajoutes et tu t’en éloignes, regardant longuement l’horizon devant ta fenêtre avant de te résoudre à la refermer avant d’attraper froid. Cela ne t’aiderait en rien.
Retrouvant le bord de ton lit, tu t’assois. Tes pieds nus sont bien ancrés dans le confort de l’épais tapis que tu aimes garder là. Racines rassurantes pour ton esprit alors que tu cherches à chasser ton trouble. La tête entre les mains, tu revoies les scènes d’horreur de ton rêve et tu tentes de te convaincre que ça n’était que ça, un rêve, malgré son réalisme effrayant. Tu inspires lentement, puis expires. Et tu recommences encore et encore. Ton cœur s’apaise peu à peu. Tes tremblements s’espacent puis disparaissent. La nausée s’estompe. Tu n’entends plus que le silence de ton immobilité.
Silence que tu brises lorsque tu te lèves à nouveau pour te diriger vers le broc d’eau froide posé sur la table non loin de là. Tu t’asperges le visage, puis entreprends de faire une brève toilette : personne ne doit se douter de tout ceci. La fraîcheur te fait frissonner et tu te sens soudain vivant, tes muscles s’éveillant enfin. Tu en profites pour faire les étirements qu’on t’a proposés après ta chute il y a un mois, puis tu enfiles une tenue de chevauche. Tu n’as pas de mission aujourd’hui, mais t’entraîner te feras étrangement du bien. La présence d’Ambroisie a toujours été rassurante et voler sans but précis te permet de te vider l’esprit. Tu ignores si la dragonne acceptera, mais tu l’espères. Ce que les cieux peuvent être apaisants!
Paré, tu quittes ta chambre. Un détour dans les cuisines te permet de récupérer une tranche de pain que tu grignotes après avoir quitté le palais. Le jour se lève à peine, les premières lueurs teintent le ciel, et te voilà en route vers la caserne. « Ambroisie, tu veux bien me rejoindre ? » « Ne devrais-tu pas dormir comme les autres hommes ? » « Le sommeil me fuit. S’il te plaît ? » « … Bon… Rien que pour toi… »
À la caserne, tu t’occupes de préparer le petit déjeuner de tes camarades. Tu sais que sans eux tu n’auras que peu de raisons de quitter le palais. Aujourd’hui, ils sont certes source de tes troubles, mais tout autant de tes réconforts. Tu te concentres sur ces derniers et cherches à faire naître leur sourire au réveil lorsqu’ils découvriront le repas que tu leurs aura préparé. T’y consacrer t’apaise.
En cuisinant, tu penses aussi à Jehanne, à Bertille. Les raisons pour lesquelles il t’est si cher de gagner cette guerre. C’est pour elles que tu es parti au front, même si par conséquent elles t’ont terriblement manqué. À elles seules, elles pèsent davantage dans ton cœur que le peuple Faë en entier. Dans ton cœur d’homme, bien sûr. Celui qui compte à cette heure du jour où tu fuis tes responsabilités pour t’adonner à ce que tu aimes le plus pour chasser la grisaille des cauchemars. Elles sont tes merveilles. Tu sais que tu les retrouveras après ton vol improvisé et ton entraînement. La présence de ta bien aimée, même volée, même brève sera un baume sur les blessures rouvertes pendant la nuit.
Tu ne peux t’empêcher de songer que sans tes proches, même ceux qui ignorent tout de ces rêves qui te hantent encore, tu aurais peut-être perdu la force d’avancer il y a longtemps, à ton retour du front, après ta chute. Mais tu persévères, jour après jour, nuit après nuit, tentant de vaincre ces visions qui t’empêchent encore parfois de dormir. Un jour tu les chasseras définitivement, tu en es certain. D’ici là, tu te rattaches à ce qui compte le plus pour toi. À tes proches, ceux que tu côtoieras dans ta journée, mais également les autres qui, bien qu’ils soient trop loin pour t’apporter le réconfort de leur amitié dans l’immédiat, comptent tout autant pour toi.