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 Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais

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La Noblesse
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Séverine de Bellifère
Séverine de Bellifère

Messages : 2138
J'ai : 27 ans
Je suis : duchesse de Bellifère, autrefois astronome à l'Observatoire de Val-du-Ciel, mon observatoire.

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J'ai fait allégeance à : Martial de Bellifère
Mes autres visages: Marjolaine du Lierre-Réal & Lancelot l'Adroit & Liry Mac Lir & Anwar Sinhaj & Antonin de Faërie
Message Sujet: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyVen 25 Mai 2018 - 2:51


Livre III, Chapitre 3 • Les Échos du Passé
Amarante de Nacarat & Séverine de Bellifère

Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais

Séance d'un portrait affriolant



• Date : 1 février 1002
• Météo (optionnel) :
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Installée à Lorgol depuis quelques temps, Séverine a décidé d'investir un peu de son pécule dans l'obtention d'un tableau, un magnifique portrait d'elle-même qui ira dans sa chambre à l'observatoire.  Sous le conseil d'une amie, elle a donc pris rendez-vous auprès d'Amarante de Nacarat afin qu'elle réalise cette oeuvre grandiose.
• Recensement :
Code:
• [b]1er février 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t3714-couche-moi-sur-la-toile-plus-belle-que-jamais#139395]Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais[/url] - [i]Amarante de Nacarat & Séverine de Bellifère[/i]
Installée à Lorgol depuis quelques temps, Séverine a décidé d'investir un peu de son pécule dans l'obtention d'un tableau, un magnifique portrait d'elle-même qui ira dans sa chambre à l'observatoire.  Sous le conseil d'une amie, elle a donc pris rendez-vous auprès d'Amarante de Nacarat afin qu'elle réalise cette oeuvre grandiose.

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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyVen 25 Mai 2018 - 5:17

Ce jour-là, Séverine s'était admirablement parée.  Son jupon de dentelle avait été remplacé, bien qu'il n'était pas aussi joli que celui qu'on lui avait honteusement volé, il lui plaisait beaucoup et le savoir sur elle lui donnait la digne impression d'être encore plus belle que jamais.  Élégamment vêtue, elle n'avait rien laissé au hasard, jusqu'à sa coiffure même.  Ses boucles soyeuses étaient légèrement remontées, dévoilant sa blanche nuque sous son voile cielsombrois.  Bien évidemment, elle apportait toujours un net soin à son apparence, il était impossible d'admettre qu'elle puisse être vue mal fagotée, elle ne l'aurait pas toléré.  Peu importe si elle devait ou non garder ces vêtements.  Là n'était pas l'important.  L'important était d'être la plus belle en tout temps.  Car belle, elle savait l'être et ce n'était donc pas pour rien qu'elle avait mandé Amarante de Nacarat pour lui faire son portrait.  L'artiste peintre avait réussi à se faire valoir à ses yeux grâce aux bons commentaires d'une amie de passage.  On lui avait vanté l'excellence de son coup de pinceau et la richesse des couleurs de ses toiles.  Esthète dans l'âme, élevée pour apprécier le beau et ne jamais s'en départir, Séverine n'avait pas réfléchi à deux fois.  Elle désirait un portrait en grandeur nature d'elle-même.  Portrait qui irait sur le mur de sa chambre à Val-du-Ciel.  Ainsi, chaque matin, lorsqu'elle s'éveillerait, elle pourrait se contempler dans sa jeunesse éternelle et éprouver une immense satisfaction de savoir qu'elle était belle.  Il suffisait que la peintre soit à la moitié aussi douée qu'on le lui avait dit pour contenter la jeune femme.  Il aurait fallu être un artiste complètement dénué de talent pour réussir à la rendre laide, elle Séverine de Mauve, dite Belastre.

Elle était donc assise sur un charmant canapé de velours dans un petit salon où elle rencontrait la jeune femme et où elle comptait lui poser ses exigences et commencer tout de suite à poser elle-même.  Droite et digne sur son siège, elle contempla la rouquine en silence, l'espace d'un instant pour l'évaluer un peu.  Ce n'était pas une très grande beauté, pas aussi jolie qu'elle-même pouvait l'être, mais sa chevelure était magnifique et comblait ce qui était quelconque chez elle.  Elle était passable oui.  Séverine aurait mal supporter de passer autant de temps qu'il en était nécessaire pour peindre un tableau de cette envergure avec une personne laide.  Les apparences étaient primordiales comme toujours.

« C'est un plaisir de vous rencontrer, on m'a beaucoup vanté vos œuvres, au point où il me semblait judicieux de laisser reposer entre vos mains le soin de celle pour laquelle j'ai manifesté le désir de vous rencontrer.  Je vous remercie d'avoir répondu avec promptitude au mot que j'avais rédigé à votre intention, » déclara-t-elle pour briser le silence.  Ses yeux se promenaient sur la pièce, songeant que c'était là le décor idéal pour son portrait.  Avec quelques retouches de l'invention de l'artiste, cette pièce serait parfaite pour mettre en valeur sa propre beauté.  Elle se cala contre le siège du fauteuil et en caressa la matière du bout des doigts.  Ce serait agréable, très certainement.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptySam 2 Juin 2018 - 0:20

Avec un soupir, Amarante posa délicatement son carnet sur la table. Ce n’était pas possible. Simplement pas possible. Elle ne s’emballa pas, mais contempla avec un air dépité les formes qui se dessinaient sur le papier. Depuis l’aube, et même avant, elle était debout à griffonner un visage : visage merveilleux, un peu flou, qui avait hanté son rêve tout du long. Elle avait couru le long d’un escalier infini, lui aussi représenté vaguement sur d’autres pages. Le visage l’avait suivie, tantôt derrière elle, tantôt caché dans un mur. Son regard n’était pas angoissant, juste glacial, oppressant, lui donnant envie de continuer à descendre pour lui échapper – ou peut-être était-ce monter ? Elle ne s’en souvenait plus.

Elle se souvenait juste de lui, vaguement. De s’être réveillée bien trop tôt pour être raisonnable, et d’avoir sans un bruit quitté sa chambre pour se rendre à son atelier, une fois vêtue sobrement – elle se changerait plus tard. La nuit habitait encore Lorgol quand elle avait commencé les premières esquisses. Le jour avait eu le temps de naître, avant qu’elle ne se résigne. Elle n’arriverait pas à rattraper le rêve qui s’était enfui. Pourtant la sensation était encore là, prenante, désagréable, d’être fixée sans aucune raison. Comme quelqu’un dans le coin qui serait là pour la lorgner sans s’arrêter, sans arrière-pensée mais sans nécessairement la mettre à l’aise.
Il était encore tôt, certes, mais déjà Amarante était bien réveillée. Après avoir décidé qu’elle n’arriverait à rien – c’était ainsi – elle reprit le chemin de sa tour, histoire non seulement de déjeuner, mais surtout d’enfiler une tenue plus propice à son rendez-vous de la journée. Car aujourd’hui, elle ne peindrait pas. Pas de suite, du moins. Non, aujourd’hui, la jeune peintre allait plus parler et éventuellement fixer un croquis sommaire pour un nouveau tableau que poser sur la toile de véritables couleurs.

Certains génies, virtuoses de beaucoup de choses, s’essayaient tels des fous à peindre à même la toile sans esquisse préparatoire, se basant juste sur le modèle en face d’eux. Des maîtres, certainement. Amarante n’aurait pas pu. Elle voulait attraper l’instant pour le figer : une personne, d’un jour à l’autre, allait changer, forcément, ou ne serait pas placée exactement comme elle aurait dû l’être, comme il en avait été convenu. De quoi l’empêcher de perdre la personne telle qu’elle voulait être immortalisée.
Elle avait tout prévu. Fait en sorte que le salon où elle la recevrait soit assez confortable pour quelques heures – une manière de jouer sur le lieu de pose. Chez elle, elle pouvait laisser libre cours à son art, pour sublimer la personne.

Elle avait tout prévu. Ce fut avec un sourire aimable qu’elle l’accueillit, presque maîtresse de la pièce. Elle jugeait sans en avoir l’air, Amarante, la Cielsombroise en face d’elle. Ce n’était qu’un coup d’œil rapide, une analyse de la forme de son visage, de l’élégance de son corps, de la manière dont elle se tenait, là, assise dans ce siège. « Tout le plaisir est mien, répondit-elle, replaçant une mèche de ses cheveux roux derrière son oreille. Elle était quelque peu flattée, il était vrai. Elle inclina la tête, faussement modeste.
« Votre mot mentionnait un portrait, dame Belastre, si je suis correcte ? » Un très bon choix, songea-t-elle. Mais ça, elle le garderait pour elle. « Qu’envisagiez-vous, plus exactement ? Quelque chose  d’officiel, d’élégant… D’une taille particulière, peut-être ? » Ce serait du gâchis, la jeune peintre laissa échapper dans son esprit, si celle-ci en venait à lui demander un portrait à peine plus grand que son avant-bras.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyDim 10 Juin 2018 - 2:37

Séverine se cala confortablement dans le fauteuil où elle était assise, songeant qu'il serait délicieux de boire un peu de spiritueux cielsombrois.  Cela détendrait l'atmosphère et déclencherait les passions, très assurément.  Elle regretta de ne pas en avoir apporté une bouteille.  Ou même un peu de muse des peintres.  Cela aurait été de fort bon goût d'en offrir à une peintre justement.  La toile n'en ressortirait que plus belle, les talents de l'artiste magnifiés par l'usage de la drogue qui lui rendrait encore plus sensible que jamais sa vision.  Elle n'avait visiblement pas songé à tout avant de venir et elle déplorait ce manque de bon sens évident qui ne lui ressemblait pas du tout.  C'était fort regrettable, mais si elle n'en pipait mot, personne d'autre qu'elle n'en prendrait connaissance.  Il y avait des avantages d'être seule dépositaire d'un savoir tel que celui-là.  En silence désormais, elle observait chez la demoiselle ses gestes, cherchant l'élégance et la distinction.  Ce qu'elle trouva tout de même rapidement dans son maintien.  Jamais Séverine n'aurait toléré voir sa commission être prise en charge par quelqu'un qui aurait manqué de raffinement.  Elle était également ravie de voir que malgré ce métier, la rouquine avait bonne odeur.  Le fin nez de la Cielsombroise supportait difficilement les effluves dégagées par les gens du bas peuple et ce n'était pas seul le talent qui l'avait attirée vers Amarante de Nacarat, mais bien aussi sa bonne naissance.

Elle se redressa un peu dans son siège quand il fut temps de parler des choses sérieuses. Elle aimait qu'elle ne tergiverse pas de façon idiote.  Son temps était précieux, elle avait beaucoup de choses importantes à voir.  Elle lissa les plis de sa robe et éclaircit sa gorge d'un léger raclement qui se voulait distingué.

« J'aimerais un portrait en pied, ce sera une œuvre conséquente.  En vérité j'imaginais quelque chose d'un peu plus haut que moi-même afin d'en faire une grandeur nature. »

Elle lança un regard appuyé à la jeune femme, avant de plisser les yeux, pensive.  Peut-être qu'un portrait en pied ne serait pas le plus idéal au final.  Non.  Elle ne pourrait pas être représentée dans toute sa lascivité ainsi et ce n'était pas ce qu'elle désirait.  Sa figure élancée serait mieux autrement disposée.  Elle leva une main dans un geste qui voulait annuler ses derniers propos.

« Non, en vérité ce n'est pas ce que je veux.  Je désire toujours une grandeur nature, mais plutôt allongée.  Ce serait donc un tableau à l'horizontal.  Oui, c'est exactement cela qu'il faut. »

Elle hocha la tête pour appuyer son propos.   D'un geste séducteur, elle caressa le canapé sur lequel elle était assise, oui, c'était la bonne texture.  Elle soupira d'aise.  Ce portrait serait la quintessence de l'art.  Elle n'en doutait déjà plus.

« Il s'agira d'un portrait pour me mettre en valeur, me montrer sous mon meilleur jour.  Je recherche l'élégance oui, mais il ne s'agit pas là d'une peinture officielle qui ira figurer dans la galerie familiale.  Elle sera plutôt réservée à la vue de quelques rares élus qui mériteront ce privilège de me contempler dans toute ma splendeur.  Évidemment, vous vous doutez bien que je souhaite être représentée dans les mêmes atours que Mirta. »

Nue.  Elle voulait être peinte dans les mêmes habits qu'elle était venue au monde, dépouillée de la moindre soierie.  Ou peut-être pourrait-elle aiguiser les charmes avec un léger voile, pour préserver une part de mystère.  Oui, ce n'était pas une mauvaise idée.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyDim 10 Juin 2018 - 16:23

Installée bien confortablement, Amarante analysait en silence la femme en face d’elle. Oh, elle n’était pas vraiment plus vieille qu’elle, non. Elle semblait être d’une de ces beautés intemporelles qui fascinaient la jeune peintre, qui étaient des plus difficiles à dater. Au-delà de l’intérêt purement esthétique de la dame, dont elle semblait bien consciente, elle avait une beauté et une élégance travaillée… Voire retravaillée. Elle en jouait, sa cliente, la rousse en était consciente. Personne ne pouvait, uniquement inconsciemment, dégager autant de charme et d’assurance dans son être. Il fallait être conscient de sa propre valeur pour ainsi se parer et parader – magnifique, unique, dans une féminité assumée et définitivement revendiquée. La peintre déjà pouvait imaginer comment la mettre en valeur  de mille et une façons, sublimer son être déjà sublime, ses pensées, sa présence. Les couleurs s’imposaient et se mélangeaient dans son esprit avec le plus grand des naturels, tout en prêtant à ses demandes une oreille attentive.
Demandes qui changèrent. Ou, tout du moins, évoluèrent pour mieux cadrer avec l’idée – et dans le fond de son esprit, sous la couverte de cheveux roux, l’image qui se peignait évoluait avec. Il y avait du pouvoir qui ne demandait qu’à s’exprimer, chez elle. Pas de la magie, mais une forme de puissance inexplicable, de volonté dans  le sombre de son regard.

Les yeux d’Amarante suivirent le mouvement de sa  main, sa tête légèrement penchée. Un sourire ébauché, malgré l’air de concentration. Allongée, oui. Une invitation à s’offrir, mais également à se soumettre sans le laisser vraiment entendre. Ce n’était pas le pouvoir brut qu’elle recherchait, lui semblait-il, mais une manière de prouver que dans sa splendeur, elle rayonnait. Le décor devrait être présent, mais effacé. D’un réel presque fantasmé, tendu de quelques tentures sombres pour faire ressortir la femme au centre. Peut-être des couleurs de nuit ?
Son esprit partit en vrille. Une tenue vaporeuse d’un noir d’encre, éclairé ça et là de quelques pierres scintillantes. Comme si la voute céleste se coulait sur sa peau pour sublimer les formes de la jeune femme, l’appuyant, lui donnant la place centrale.

Heureusement, presque, sa cliente termina en spécifiant un détail qui la tira de ses idées – rangées bien au chaud dans un coin. Le thème était à ne pas négliger. La Lagrane hocha la tête, en essayant de ne pas laisser le trouble la gagner. Ce n’était pas qu’elle n’avait jamais peint de nus avant : juste, on ne savait jamais comment le modèle pouvait réagir. Au moins, une Cielsombroise serait beaucoup moins gênée par les regards glissant sur elle pour mieux la redéfinir sur la toile que d’autres.
Il fallait juste qu’Amarante ne se laisse pas emporter par sa fascination pour la dame. Déjà habillée, celle-ci était belle. Alors nue…

« Bien entendu. Je suggère souvent à mes modèles de se présenter à moi dans une tenue dans laquelle ils se sentent à l’aise, et supportent mon regard. Certaines personnes ne s’attendent pas à être observées, et sont très vite mal à l’aise. » Elle se redressa doucement dans son siège, penchée un peu en avant. Par habitude, la voix de sa mère résonnant dans sa tête, elle repoussa le tissu pour qu’il tombât correctement sur le sol. « Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas. Je vais vous expliquer comment je compte procéder. Il me faudra réaliser une esquisse préliminaire, voir avec vous si la composition vous convient. Suite à cela, il nous faudra mettre en place quelques séances de pose afin de vous immortaliser sur la toile. »
La rousse lui offrit un sourire. « Au vu de votre demande, si vous vous sentez bien là où vous vous trouvez… » Elle se leva doucement. « J’ai déjà en tête quelques idées. »
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyLun 18 Juin 2018 - 16:54

Séverine hocha de la tête avec un sourire.  Elle n'avait aucune gêne à se promener en tenue légère et à être regardé.  L'éclat flamboyant de la chevelure de la peintre n'était pas sans lui rappeler une chevelure tout aussi rousse, mais qui encadrait un visage beaucoup plus vilain.  Le visage d'une garce qui l'avait provoquée à se déshabiller devant les étudiants de l'Académie.  Une autre qu'elle aurait perdu sa dignité bien rapidement, mais sa propre hauteur et son dédain du reste du monde l'avait préservé de cette honteuse sensation.  Puis évidemment, il y avait plusieurs façons d'aborder la nudité.  Cela pouvait être sensuel dans les moments intimes, mais aussi une façon d'être humiliée et juger pour des crimes.  Mais dans ce cas-ci, il s'agirait d'une nudité artistique et Séverine ne voyait aucun mal à être utilisée comme une œuvre d'art.  Elle avait suffisamment confiance en sa beauté et en son physique pour ne pas s'y laisser être embarrassée.  Que les yeux d'artistes la détaillent pour la couchée sur la toile aussi belle qu'elle l'était ne lui posaient aucun problème.  Ni même de se faire regarder avec convoitise.  Si il pouvait en être question de la part de cette Lagrane.  Elle la toisa du regard, cherchant un indice à ce propos : il est toujours préférable d'être peinte par quelqu'un puisse vous trouver séduisante.  Et s'il y a une pointe de désir, c'est encore mieux pour une toile en ce genre.

La rousse lui plaisait bien.  Sa façon de s'exprimer était élégante et soignée.  Ce n'était pas une rustre.  Si cela avait été le cas, elle se serait relevée et serait partie sans demander son reste.  Il fallait un certain raffinement dans les manières pour plaire à Séverine.  Autrement, elle ne pouvait qu'être dégoûtée devant pareille horreur.  On ne mélange pas les gens de la bonne société avec les truands des rues.  Une fille de baron, nécessairement avait les manières.  Séverine n'était-elle pas du même rang avant que Castiel ne lui reprenne sauvagement ses titres?

« Cela me convient parfaitement.  Je n'éprouverai aucune gêne sous votre regard, quelle que soit son intention, » fit-elle, un éclair de malice dans le regard.  Elle esquissa un sourire convenu, comme si elles partageaient toutes deux un secret ensemble.  Comprendrait-elle?  Elle l'espérait, Séverine n'aimait pas avoir à faire à des simplettes d'esprits.  La beauté était importante, mais l'intelligence et la vivacité l'étaient tout autant.  Elle hochait la tête au fur et à mesure que la peintre parlait, approuvant tous ses dires.  Elle avait vu de loin les artistes venus sur les terres de ses parents, leur esprit sublimé par la muse des peintres.  Tout cela semblait exact et parfait.

« Ce canapé est exquis et fort confortable, j'en conviens, » acquiesça Séverine.  Il lui tardait de commencer elle.  Elle espérait avoir ce tableau avant la fin du mois afin de le faire suivre vers son observatoire rapidement.  « Dites-moi tout.  J'ai foi en votre œil d'artiste et je me trouve impatiente de découvrir vos idées. »  Elle se redresse sur son siège, prête à délacer les nombreux rubans de sa tenue.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyVen 22 Juin 2018 - 22:31

Son esprit s’emballait. Oh, elle pouvait bien le cacher, donner l’impression qu’elle maîtrisait la situation, mais son esprit partait, comme une flèche, à la limite des convenances artistiques pour mieux chercher des idées, des couleurs, le détail qui ferait de ce tableau une autre toile dont elle n’aurait pas honte. Bien sûr, il y aurait toujours des imperfections qu’elle-même serait la seule à voir ; il y aurait toujours des gens pour l’en dissuader, lui dire qu’elle hallucinait. Jamais une œuvre ne serait à ses yeux parfaite. Mais au moins, avec un sujet comme la dame en face d’elle, pouvait-elle essayer de se rapprocher d’une perfection. Sans la toucher, certes ! Mais au moins l’observer. Lui emprunter quelques traits, assez pour faire impression. Il y avait, dans cette recherche aux confins de son esprit, là où l’inspiration tourbillonnait en volutes fragiles – mais infiniment plus satisfaisants à attraper et travailler ! – une forme de recherche pointilleuse : certains s’absorbaient dans les lectures. Elle, bien qu’elle ait passé du temps le nez dans les livres lors de ses études, pensait que l’étude la plus utile viendrait de ses connaissances. Ce n’était pas en sachant qui avait un jour choisi d’utiliser un différent type de perspective, ou que certains types de bleus n’en avaient que le nom, qu’elle réussirait à retranscrire ce que sa cliente souhaitait. L’immortalité de sa beauté.

Quelque peu perdue, encore, aux frontières de son esprit, la gêne que les mots de la Cielsombroise sous-entendaient mit un peu de temps à arriver. Si Amarante tenta de ne rien laisser paraître, son sourire sembla un instant quelque peu plus gêné. Elle ne fit aucune remarque : elle ne s’engagerait pas sur ce chemin de discussion avec une Cielsombroise, la peur d’avouer des mots qu’elle n’avait jamais prononcés, de laisser sous-entendre que, peut-être…

Ne rien dire. Retrouver ce sourire charmeur, un peu flatteur, et faire briller à nouveau dans son regard la certitude la beauté à venir. Ses pas étaient légers sur le sol, incapable de rester en place pendant ses explications. La peintre s’était rapprochée d’elle, conservant toutefois une petite distance, presque respectueuse. « Vous avez une forme de présence tout à faire particulière. C’est ce qu’il me faut faire ressortir. Je partirais sur un décor qui ne sera que secondaire : vous serez le point de tous les regards, mais si jamais l’œil en venait à glisser sur ce qui vous entoure, il trouverait un univers qui vous correspond… Mais que vous dominez, également. »

Sa tête se baissa légèrement vers elle, un de ses sourcils relevés dans une interrogation silencieuse. Aucune condescendance dans son regard, juste la recherche. Savoir si ce qu’elle imaginait était vrai. « Ce n’est pas qu’une nudité sensuelle que vous afficherez. C’est votre beauté, votre existence même qui s’offre. Même s’il n’est pas destiné à être exposé à la vue de tous, vous n’êtes pas juste la personne que l’on désire et que l’on admire : vous êtes l’instigatrice. »

Son regard s’était mis à briller, presqu’enfiévré. La plupart du temps, elle était maîtresse d’elle-même. Mais cette œuvre promettait, dans son esprit.
« Je pensais à vous avoir confortablement alanguie ici… Elle laissa sa main effleurer le vide, dessinant la longueur du canapé. Le visage tourné vers le tableau. »
Enfin, la jeune peintre se recula, attrapant son carnet sous le bras. « Oui, et pour le fond… Des tentures sombres. Quelque chose qui fasse ressortir… Sans doute. Je dois pouvoir trouver. » Les dernières phrases étaient plus pour elle-même, ses yeux sautant de la dame aux deux chandeliers éteints dans un coin. L’éclairage, résolument intime, laisserait entrer le spectateur dans un cadre privé.


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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyLun 9 Juil 2018 - 1:26

Séverine ne se formalisa point du manque d'intérêt qu'on faisait à ses avances lubriques : de la part d'un homme, elle aurait pris ombrage, mais d'une femme, elle se contentait de n'en rien penser.  On ne jouait pas tous dans cette cour-là et elle plaignait simplement ces femmes qui laissaient passer de tels plaisirs.  Tant pis.  Puis bon, elle était venue pour l'art, pas pour célébrer Mirta, même s'il n'y avait jamais d'occasion déplacée pour le faire.  D'autant que l'artiste avait les mots pour séduire la Cielsombroise.  Elle était élogieuse, mais discrète.  Elle sentait en elle aussi que la peintre avait compris, compris qu'elle était une conquérante, une meneuse, une femme qui se démarquerait et que l'histoire n'oublierait jamais.  La bonne volonté de cette rouquine ne faisait aucun doute.  Elle savait déjà sans l'ombre d'un doute qu'elle serait représentée telle qu'elle le désirait : une beauté dominatrice, implacable et irrésistible.  Elle écoutait attentivement, tout dans son attitude montrait l'assentiment. Elle voulait en entendre plus, qu'on décrive encore combien elle serait éblouissante.  La flatterie touchait le cœur racorni de la jeune femme qui n'avait jamais su former de réel attachement envers qui que ce soit.  Plus la Lagrane parlait, plus l'objet de sa peinture resplendissait.  Elle ne souriait pas, mais  tout dans son visage exprimait le contentement satisfait, un air imbu caché sous un voile de dignité sévère.

Suivant les idées de la peintre, elle s'étendit, langoureuse sur le canapé, maintenant son air de grandeur.  Elle n'était pas avachie, esclave de son environnement.  Ce meuble ne la soutenait point, c'était sa splendeur, son égoïsme qui la faisait flotter au-dessus de lui, beauté éthérée qui ne se fânerait jamais, elle y comptait bien.  Malgré ses voiles qui dissimulaient faussement son visage délicat, sa poitrine saillait sous le décolleté de sa robe, blanche et souple.  Elle savait se mettre à son avantage.  Plus tard, les ajustements seraient faits pour qu'une fois couchée sur la toile, elle soit aussi magnifique qu'elles-deux imaginaient que le tableau serait.  Un large sourire s'étendit sur son visage : c'était le sourire d'un prédateur, d'un de ces grands félins majestueux qui avançaient de cette démarche ondulante.

« Oui.  Votre œil ne se trompe pas.  On ne m'a point menti à propos de vos talents, » susurra-t-elle.

Manquer de tact à l'égard de l'artiste aurait été un grave faux pas.  Elle avait besoin qu'elle la peigne belle comme l'astre du jour et ce n'était pas en s'attirant son animosité qu'elle s'assurerait d'avoir la meilleure œuvre que la Lagrane eut jamais peinte.

« Quand pourrons-nous commencer les premières séances? » demanda-t-elle alors en se redressant rapidement avec pourtant toute la dignité des impératrices.  Elle était pressée par le temps et ne souhaitait guère étirer son séjour à Lorgol plus longtemps que nécessaire.  Cela coûtait cher en fleurons et elle n'avait pas une grande fortune à dépenser, privée des rentes des terres que possédaient autrefois ses parents.

« Je sais qu'il est impossible de trop presser la créativité d'un artiste, son art doit venir de lui-même, mais suite à vos réflexions une hâte indescriptibles de voir ce que vous ferez de ce portrait m'envahi et je ne puis point supporter de devoir attendre trop longuement.  Je suis également limité dans la durée de mon séjour dans sur les terres du nord, il me faudra bientôt rentrer en Sombreciel. »

Tu poses tes yeux sur elle, tes cils papillotants, la bouche légèrement entrouverte.  Tu lui montres toute la sensualité de ta personne, c'est ainsi qu'elle la fera mieux ressortir.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyVen 13 Juil 2018 - 15:07

Il serait intelligent, au moins une fois dans sa vie, qu’Amarante apprenne à ne pas finir à moitié tétanisée quand une autre femme prenait l’initiative et poussait les sous-entendus devant elle. Cela faisait partie de son charme : les balbutiements, les regards fuyants, l’habitude de répondre sur un ton encore plus bas, l’intérêt se mêlant à la peur. Et puis, dans le cas présent, alors qu’elle restait silencieuse mais qu’une rougeur s’installait quelque peu – discrète – sur sa peau, quelle peur aurait-elle pu avoir à discuter ce genre de chose avec une Cielsombroise ? Cielsombroise qui à mots couverts l’avait elle-même menée sur ce terrain. Quelle peur, franchement ? Celle de ne pas être acceptée ? Celle de choquer ? La pire, sans doute, celle de n’être plus vue que comme l’artiste, là, vous savez, celle qui n’aime que les femmes. Assurément, pour une personne qui cherchait à se faire un nom, c’était horrible. Alors, aussi belle soit la dame en face d’elle, aussi intéressante soit la proposition, la gêne la retint de s’y aventurer. Sans compter que batifoler avec ses clientes n’était pas forcément, non plus, la réputation qu’elle souhaitait se faire.

Sa vision prenait lentement forme, dans son esprit, au milieu de bulles incongrues – ici, une lumière forte, là, une touche de satin ambré –, et ce fut à peine si elle entendit le compliment … Mais elle l’entendit, et releva la tête, avec un léger sourire. « Ravie de savoir que vous me trouvez à la hauteur de ma réputation. » En avait-elle vraiment une, de réputation, la fine rousse ? Elle le voulait, en tout cas. Et si elle n’en avait pas encore, assurément, la toile demandée par la Cielsombroise la lui apporterait… D’une certaine manière.

Définitivement, alors qu’elle analysait la scène de la brune étendue, la robe était de trop. Peut-être en jouant sur son drapé y aurait-il quelque chose à y faire, mais le résultat serait bien fade, comparé à ce qu’elle envisageait. Elle n’eut pas besoin de poser quoi que ce soit sur son carnet : elle n’oublierait certainement pas de sitôt cette vision. C’était naturel, c’était beau, c’était ce qu’elle demandait et ce qu’Amarante envisageait, l’ordre des choses, la vérité bientôt apposée sur la toile.  
Revenant quelque peu sur terre, car il fallait bien à un instant ou à un autre revenir aux aspects pratiques d’une demande telle que la sienne, la rousse focalisa son regard sur elle. Au moins, cette fois, parviendrait-elle à retenir ses pensées quand ses yeux la croiseraient. « Je devrais être capable de me procurer la toile nécessaire sous trois jours, mais rien n’empêche que vous reveniez plus tôt. » Elle avait l’adresse parfaite pour ça. Eh quoi, elle n’allait pas non plus la monter elle-même !

« J’aurais à réaliser une esquisse avant de vous peindre réellement, que vous validiez le tout et qu’en cas de doute il y ait un référent. Nous ne sommes pas tributaires de la lumière extérieure, pour cette œuvre, ce qui rend la chose infiniment plus simple. Et n’ayant pas d’autres commandes en ce moment… »
Elle conclut, serrant délicatement son carnet : « Donnez-moi juste vos disponibilités, quand il vous siérait de venir. Je reste à votre entière disposition. » Le sourire était innocent, le regard presque également.
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Séverine de Bellifère
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptySam 11 Aoû 2018 - 22:26

Trois jours, voilà qui semblait bien long à Séverine.  Elle aurait voulu que tout puisse commencer le jour même, elle avait même pris le temps de se parfumer et de s'assurer d'avoir la peau aussi douce et lisse que possible en prenant un bain.  Elle s'était légèrement poudrée et fardée avec doigté pour souligner sa peau translucide et ses hautes pommettes avec un peu de rouge.  C'était fort décevant.  N'y avait-il pas moyen d'accélérer les choses?  Enfin, au moins elle lui proposait de revenir plus tôt, ce qui était déjà partiellement satisfaisant en soit.  Elle n'avait pas la patience d'attendre des jours et des jours pour obtenir ce qu'elle désirait.  Elle avait été habituée à voir la plupart de ses caprices réalisés au moment où elle le désirait et cette tendance avait été accentuée par l'amour inconditionnel d'une grand-mère et l'absence de parents qui comblaient le vide par des présents.  Séverine n'avait pas grandi avec un caractère en or, bien qu'elle se créait avec grande complaisance un masque de jeune femme raffinée, élégante et courtoise.  Elle n'éprouvait d'amour que pour elle-même et personne d'autre, ce qui la poussait difficilement à se montrer aussi tolérante qu'elle le laissait entendre.  Il faudrait que cette toile soit commencée rapidement, pour qu'elle soit terminée avant qu'elle ne reparte pour Sombreciel et même si elle désirait voir son portrait être peint, elle ne pouvait pas non plus passer toutes ses journées à poser pour des semaines : elle avait encore fort à faire avant de quitter si elle voulait s'armer contre Castiel et pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce.

« Quand pouvez-vous commencer?  Je suis plutôt pressée, » répondit-elle en démontrant un peu de son impatience.  Elle ne tolérait pas que les choses puissent traîner outre mesure et n'aillent pas dans son sens.  Elle secoua la tête dans un geste délicat et promena son regard sur la pièce agréablement meublée.  Ne pouvaient-elles dont pas commencé maintenant?

« Combien de temps vous faudra-t-il pour obtenir tout le matériel nécessaire et combien de séances estimez-vous nécessaires à la confection de ce tableau?  Il me faudra quitter Lorgol pour retourner en Sombreciel, mais j'aimerais que cette commission soit d'abord terminée. »

Elle se redressa pour s'asseoir avec un peu plus de dignité bien que cette position avachie la rendait confortable et à l'aise.  Elle poussa un léger soupir languissant et croisa ses mains sur ses genoux, la mine pensive.  Elle avait beaucoup à songer pour son retour dans sa terre natale et revenir avec un tableau sur les bras ainsi qu'une statue ne se ferait pas sans discrétion, mais c'était essentiel à la bonne mise en œuvre de son plan pour s'assurer de vieux jours confortables.  Elle n'avait appris que trop durement que dans la vie, il vaut mieux être prévoyant et anticiper.

« N'auriez-vous pas un peu de temps aujourd'hui pour un premier croquis?  J'espérais que les choses ne tardent pas. »
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyMar 14 Aoû 2018 - 23:55

Ah, si seulement il y avait moyen pour la peintre de presser son fournisseur ! Si seulement elle pouvait, magiquement, faire apparaître la toile exacte dont elle avait besoin ! Le tableau qu’elle envisageait, là, dans son esprit – grandiose, sombre, éclatant – l’appelait déjà, la sommait d’y faire quelque chose. Le temps fuyait, coulait entre ses doigts, et ils lui sembleraient bien longs, les trois jours, sans pouvoir poser sur la toile la première des esquisses ! D’une âme éprise des belles choses et de la perfection dans les proportions, de l’esthétisme qui imprégnait les êtres, la jeune femme ne pouvait qu’être impatiente de se mettre au travail pour sa cliente ; il y avait dans les courbes que l’on devinait, chez la dame, même dans cet air impatient qui se contenait, une forme de beauté. Même le mécontentement le plus profond n’aurait pu altérer l’étrange impression d’harmonie de son visage.
Son air, à elle, resta quelque peu impénétrable, quoi que portant toujours ce même sourire. Elle ne saurait s’en départir. « J’irai visiter mon fournisseur de pigments dès ce soir, et il devrait avoir ceux qu’il me manque en stock. » Quelques onces d’ocre, notamment. Ca lui faisait souvent défaut. « Concernant la durée… Entre cinq et sept séances ? » Ils n’étaient pas tributaires de la lumière, et le décor serait majoritairement retouché sans la présence de sa commanditaire : pour l’effet qu’elle souhaitait y donner, si elle avait le droit, elle n’avait aucun besoin d’une présence humaine. « Je comprends parfaitement, et tâcherai de faire aussi vite que l’art me le permettra. » Elle hocha la tête, mordant un peu sa lèvre. Elle ne pouvait pas faire plus vite. La peinture devait sécher. Certaines conditions étaient essentielles à la réussite d’une œuvre.

Son emploi du temps défila devant ses yeux. Majoritairement, rien. Elle avait bien prévu d’aller se promener dans Lorgol pour voir, éventuellement, pour une nouvelle tenue, mais même si à ses yeux sa mise était importante, ce n’était rien comparé à l’envie presque fébrile de pouvoir enfin immortaliser la dame. Même si ce n’était que sous la forme d’un dessin, pour l’heure, c’était au moins pour se prouver qu’elle n’était pas devenue totalement dingue et qu’elle ne s’inventait pas des femmes magnifiques juste parce qu’elle était sans doute en manque de modèles admirables.

« Bien sûr, si vous avez du temps à m’accorder pour cela, je peux m’y mettre dès maintenant. »
Amarante se redressa, dans un bruit de froissement discret. Carnet à la main, elle alla doucement jusqu’à la fenêtre, jaugeant la lumière déjà pauvre qui filtrait par le rideau. Inutile. Le rideau retomba. La rousse, de sa démarche mesurée, se rapprocha du canapé, la tête quelque peu penchée. « Si vous... » Comment formuler cela élégamment. Comment inviter une personne à se déshabiller, autrement que dans l’intimité ? Certes, c’était elle-même qui l’avait proposé. Il fallait supposer, alors, que de se montrer nue ne poserait aucun problème. Mais quand même. La rouquine avait toujours du mal à dire ‘déshabillez-vous’.

Sa main s’agita doucement en direction d’un paravent de bois clair, tendu de tissu rose pâle « Si nous nous lançons dans la réalisation, je vais devoir vous demander d’ôter vos vêtements. » Elle avait peut-être un peu rougi. « Que le croquis soit le plus fidèle possible. »
Définitivement, elle avait du rougir. Elle le sentait. Sur sa peau parsemée ça et là de tâches de rousseur, ça devait se voir. Et dire qu’elle se pensait à l’aise avec la nudité.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyMer 12 Sep 2018 - 2:11

Séverine acquiesçait de contentement : l'artiste était précise et c'était exactement ce qu'elle désirait.  Cinq ou sept séances lui paraissaient trop longues, mais elle trouverait bien le moyen de faire varier les choses si c'était possible : après tout elle désirait être peinte avec splendeur et il fallait bien y mettre les moyens.  Mais ne pouvaient-elles point commencer maintenant?  Elle n'avait tout de même pas fait le déplacement pour repartir après si peu…  Ce serait fort honteux.  La Cielsombroise s'attendait visiblement à commencer le portrait dès la première journée, pas simplement parler de quelques détails auxquels elle comprenait si peu de choses.  Elle n'avait jamais eu d'attirance particulière pour la peinture, pas l'exécution en tout cas, donc ses connaissances étaient limitées sans qu'elle n'en éprouve non plus la moindre honte.  Elle avait perfectionné son apprentissage dans un autre domaine qui demandait une réflexion encore plus importante que l'art pour l'art.  L'observation des étoiles étaient quelque chose de lent, mais rapide aussi.  D'un jour à l'autre, le ciel n'était pas toujours le même et Séverine soutenait l'hypothèse que les astres se mouvaient.  En une nuit, il fallait avoir terminé une carte, car la suivante, il ne serait plus possible de la compléter avec la même exactitude.  N'était-ce point pareil en art?  Ne serait-elle pas plus laide demain qu'aujourd'hui, une nouvelle tare de la vieillesse n'apparaîtrait-elle pas sur son visage?  Séverine craignait de vieillir et de devenir indésirable, ignoble.  Que lui arriverait-il quand les rides de la vieillesse sillonneraient son visage comme des marques indélébiles d'une vie qui s'est échappée.  Il fallait se dépêcher, immortaliser la jeunesse d'aujourd'hui, nier l'existence d'une autre image d'elle-même.  Elle devait rester jeune et belle indéfiniment.  Du moins jusqu'à ce qu'elle soit vengée, jusqu'à ce que Castiel ne soit tombé.  Ce portrait serait une preuve, un rappel de qui elle était et il lui tardait de le recevoir enfin, alors même qu'il n'était pas entammé.

Au cœur de ces réflexions songeuses, la peintre su ramener à elle l'attention de sa visiteuse.  Soudainement, les yeux de Séverine brillèrent avec plus d'intensité.  Elle retrouvait ses joues rosées, teintées par le plaisir de voir ses desseins se réaliser.  Elle acquiesça d'un signe de tête : là où la Lagrane semblait éprouver quelque gêne, elle ne connaissait aucune inhibition.  Les vêtements tomberaient certainement bien une fois que les moult rubans en seraient dénoués, relâchés.

« Certes, c'est tout naturel, » répondit Séverine qui posa sa bourse finement décorée sur une petite table basse.  D'un geste lent et calculé, elle glissa ses mains hors de ses gants qu'elle lissa avec soin avant de les déposer sur le petit sac de velours.  D'un geste habile et expert, elle retira les épingles qui retenaient son chapeau à plumes sur sa tête qu'elle laissa trôner avec le reste.  Ainsi défaite de ses atours de l'extérieur, il ne restait plus qu'à lui retirer la robe, les jupons et les bas de cachemire.  Elle s'approcha de quelques pas de son hôte.

« Il me faut toutefois vous demander votre aide afin de dénouer les rubans de ma tenue et éventuellement desserrer mon corset. »

Séverine n'avait plus de moyens et elle avait vécu une bonne partie de sa vie d'adolescente à l'Académie où elle n'avait pas droit aux mêmes traitements de faveur que chez elle.  Depuis son arrivée à Lorgol, elle avait toutefois pris l'habitude d'avoir l'aide d'une petite soubrette de l'auberge où elle logeait pour se vêtir et cette dernière avec une force superbe quand il venait le temps de tirer sur les lacets et de créer une taille parfaite, bien que la silhouette de Séverine, fine et élancée, ne nécessitait pas beaucoup de modifications de la sorte.

D'un signe du menton, elle désigna la première boucle au bas de son dos qui refermait avec élégance et détail sa robe.  « Si vous seriez assez bonne pour m'obliger, » ajouta-t-elle d'une voix douce mais quelque peu impérative : elle n'accepterait certainement pas le refus.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyVen 28 Sep 2018 - 23:21

Au moins, la Cielsombroise n’allait pas se mettre à pousser des cris étranges et à s’indigner que la peintre lui demande de se mettre nue. C’était elle qui l’avait désiré, déjà, et ensuite… Même si deviner les formes et les corps sous les mouvements de sa tenue – qui était des plus agréables à l’oeil, déjà – était un art en soi et aurait sans doute donné un tableau étonnant, ce n’était pas sa commande. Ce n’était pas, non plus, ce qu’il faudrait laisser transparaître d’elle. Comment pouvait-on vouloir la représenter uniquement ainsi ? Non. Assurément, et Amarante se le répèterait et le redirait de nombreuses fois à elle-même, dans son esprit : il n’y avait rien de plus révélateur et sublimant, pour la femme en face d’elle, que de s’offrir ce nu.

C’était pour l’art, se raisonnait-elle. Et personne ne pouvait, vraiment, deviner qu’elle avait un passé plutôt mouvementé et secret avec les tenues féminines. Un passé et un présent, certes chaotique, certes peu peuplé – la faute à l’Ansemarienne –, mais un passé et un présent cachés.
Même Lorgol ne savait pas. Les cercles d’artistes qu’elle fréquentait, peut-être, à la limite ! Là où elle était libre, mais toujours dans la discrétion. Là où elle savait que les jugements ne pleuvraient pas, sous peine de se les voir retournés. Là où les secrets s’affrontaient et se connectaient quand les corps se perdaient, derrière des volets et des portes closes, dans des sons étouffés pour que personne ne suspecte rien.

Et personne ne suspectait jamais rien. Parce que tout ce qu’elle faisait, c’était pour l’art, pour faire ressortir la vérité que chacun voulait voir, et si elle ne pouvait berner tous avec maestria, elle pouvait au moins sans ciller mentir chaque jour sur ce qu’elle était.
Aussi ne cille-t-elle pas plus que ça, quand sa cliente lui demande quelque aide. « Bien entendu. » laissa-t-elle échapper. Son regard se posa sur les rubans, en s’approchant. Simple. Elle en suivit le tracé, glissant le long des crochets discrets, des nœuds presque invisibles, réfléchissant un peu. Simple… Pour une robe cielsombroise. Il lui était arrivé de se retrouver avec les doigts attachés dans le dos d’une amie, en voulant la délester de sa tenue devenue trop encombrante.
Bon. Là, ça allait aller un peu mieux.

Agiles, elle glissa ses mains le long du tissu léger, sans tirer plus que nécessaire afin de libérer la dame. Rapidement, elle en vint à bout. Habitude incertaine, mais certainement sûre dans les gestes. « Voilà pour la robe. » souffla-t-elle. Nul besoin d’élever son ton de voix, alors qu’elle n’avait pas reculé. La rousse ne voulait pas lui abîmer son audition, après tout.
La vérité, se serina Amarante. La vérité qu’elle veut voir. Elle doutait fortement que la dame Belastre veuille voir une jeune peintre aux yeux pleins de curiosité et d’intérêt caressant – intrigué, doux, tendre, joueur, interdit – qui suivaient les courbes du corset. « Je m’occupe également de votre corset. » En avait-elle besoin ? Songea la rousse aux idées vagabondes retenues loin. Ses doigts encore vierges de peinture glissèrent sur le tissu alors que son esprit analysait la taille forcée à une courbe excentrique par les baleines. Elle semblait déjà si fine… C’était presque trop.
C’était beau. Mais trop. Desserrer le corset ne fut pas non plus une étape des plus compliquées . Leur vérité, à elles, celle qui se peignait à l’instant, c’était celle de deux femmes. Un modèle et une peintre.
Et l’admiration dans la manière dont Amarante fixait la silhouette de Séverine n’était que purement artistique. - En un sens, oui.
Un « Installez-vous. » glissa dans la pièce chauffée, en même temps que le tissu s’effondrait en un tas au sol, qu’elle se pencha pour ramasser, histoire de ne pas tout abîmer non plus.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyJeu 15 Nov 2018 - 0:15

Séverine éprouva un sentiment de satisfaction en voyant la peintre s'exécuter sans protester et avec beaucoup de complaisance.  Son idée qu'elle avait fait le meilleur choix possible en s'adressant à Amarante de Nacarat pour compléter cette commission se renforçait avec le temps et elle était déjà très impatiente de voir le tableau final.  Ce serait une œuvre d'art digne du plus beau et élégant des palais.  Son observatoire deviendrait avec le temps un logis fort agréable et son utilité dans l'étude des astres contribuerait rapidement à lui faire oublier rapidement le désagrément d'avoir perdu le manoir où elle avait grandi.  Elle le regretterait toujours, avec ses murs chargés de souvenirs, son confort modeste mais élégant.  Elle s'était toutefois fait une raison et évitait de penser trop régulièrement à cet endroit qu'elle ne verrait plus que par sa mémoire encore trop vivement écorchée par la douleur d'avoir tout perdu.  Cette honte, cette humiliation que lui avait imposé Castiel était encore fraiche et elle ne pouvait tout simplement pas l'oublier complètement, surtout quand ce qu'elle avait perdu lui revenait en tête, créant un nuage de noirceur sur le cœur.  Néanmoins, elle ne pouvait rester abattue.  Non, elle devait montrer à ce cousin cruel que quoi qu'il fasse pour l'atteindre, ça ne fonctionnerait jamais, que rien d'autre que la haine qu'il avait attisé dans son cœur ne pourrait la troubler.  Qu'elle était toujours vivante et libre et qu'elle continuerait à vivre pleinement sa vie sans regrets tant et aussi longtemps qu'elle serait de ce monde.

Le froissement du vêtement qui glissait, rubans dénoués un à un avec une habileté presque surprenante,  rappela Séverine au moment présent.  Elle acquiesça lorsqu'on lui proposa de défaire son corset, noué avec fermeté autour de sa taille fine pour accentuer ses formes.  Tout en longueur et en angles, cet élément de tenue changeait la fille filiforme en femme séduisante.  Elle n'avait point honte de son corps, elle le savait beau et désirable.  Ce qu'elle aimait, c'était de préserver une part de surprise à ceux qui la verrait dans ses plus beaux atours, ceux que la nature lui avait donné.  Elle pouvait sentir le regarde de la Lagrane posée sur elle, un regard qui faisait d'elle presqu'un objet, une œuvre d'art et la Cielsombroise ne pouvait que se rengorger de susciter un tel intérêt, un intérêt si flatteur.  Serait-elle l'espace d'un moment une muse?  Elle aimait à être célébrée, à inspirer le talent.  N'était-ce pas le rôle qu'elle arrivait à tenir si souvent auprès d'Appoline?  Elle avait écrit de fort jolis poèmes à son sujet et l'astronome les chérissait tous avec un plaisir non dissimulé.  S'il n'en tenait qu'à elle, tous les artistes du continent devraient la rencontrer et faire d'elle leur source d'inspiration commune, car qui d'autre qu'elle-même pouvait tenir aussi bien un pareil rôle?

Les vêtements glissèrent, Séverine en sortit comme un serpent sort de sa peau, plus beau encore qu'auparavant.  Ses cheveux entouraient son visage et lui servaient désormais de seule parure.  Elle se dirigea vers le canapé et s'y installa avec abandon.  Elle regarda Amarante placer avec délicatesse sa robe, avec un soin particulier pour éviter qu'elle ne se froisse ou qu'elle ne s'abime.

« Faites de moi la plus belle femme qui ait jamais été peinte.  Je sais que vous le pourrez, » déclara-t-elle avec une assurance sans faille.  Elle détourna le regard pour observer encore un peu la pièce, curieuse.  Quels éléments de ce petit boudoir seraient-ils reproduits dans le tableau?  Lesquels seraient ignorés pour ne pas oblitérer sa propre splendeur en lui faisant compétition d'un riche passé, d'un ouvrage délicat et soigné?

« Ne viendrez-vous pas d'abord m'aider à prendre la pose qui conviendra le mieux?  Je désire voir mon corps représenter dans une perfection digne des dieux. »

Un peu plus, elle aurait demandé d'être à l'image de Mirta, déesse sensuelle et magnifique.  Appuyée mollement contre le fauteuil, la peintre n'aurait qu'à la guider légèrement afin qu'elle puisse prendre la meilleure position, celle qui mettrait en valeur chacun des beautés de ce corps qui était sien, celle qu'elle pourrait tenir pendant des heures sans souffrir.  Elle voulait que ce tableau, une fois accroché, suscite toujours le bonheur en elle parce qu'il célébrerait sa beauté naturelle, sans artifice et sans sacrifice.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyVen 30 Nov 2018 - 15:08


Il y eut un changement. Un déclic, presqu’indiscernable, alors que la jeune peintre posait son regard sur son modèle. Quelque chose qu’elle avait attendu, elle-même, depuis le début. Ce changement interne, cette étincelle secrète que personne ne pouvait voir. Le départ de l’imagination, enflammée par la personne qu’elle était. Peut-être mettait-elle un peu d’elle-même, la rousse, dans son tableau. Peut-être, sans doute, ne réussirait-elle pas à transcrire l’admiration profonde de la beauté qui émanait du corps sculpté de sa commanditaire - et modèle. Peut-être pas, non… Mais elle en ferait assez pour que d’autres le ressentent, pour que d’autres l’adulent, l’aiment, la révèrent. Elle en ferait assez pour que sa vision de la dame Belastre, aussi intime qu’elle puisse rester, soit de celles qui s’impriment au fer rouge dans votre esprit à jamais.

Il y eut un changement. L’envie née sous ses doigts qui avaient effleuré à peine sa peau s’était métamorphosée en besoin purement artistique - mais infiniment plus quémandeur. Un petit sourire glissa sur ses lèvres, en la suivant du regard vers le canapé, et elle inclina la tête. Que de compliments qui flattaient bien aisément Amarante ! Elle aimait ça - les caresses des mots faux et sirupeux, qui traînaient des mensonges finissant par coller un vernis d’orgueil sur l’esprit. Quelque peu imbue d’elle-même et surtout convaincue de son propre mérite, flattez son apparente suffisance et elle était encline à vous donner le monde. Ou à vous peindre.  
La Lagrane fit un pas en avant, la tête légèrement penchée. Elle n’était plus réellement intéressée par Séverine - son trouble était relégué à l’arrière de ses pensées, seul l’art importait. L’art mêlé d’intérêt était le plus puissant, celui qui laisserait ressortir la justesse de cette vérité que l’on lui demandait. La sienne ? Quel intérêt.

Il y eut un changement, et dès lors, Amarante eut la certitude que l’oeuvre serait de celles qui resteraient, si ce n’était dans l’histoire, au moins dans sa propre mémoire. Elle lança un regard vers son carnet aux pages encore vierges, aux différents crayons déposés là par habitude, prêts à servir. Bientôt. Ses pas furent légers, sur le sol de bois, résonnant à peine. Il y avait du bon, dans la posture naturelle qu’elle adoptait, Amarante l’avait déjà constaté. Mais il manquait l’invite, d’une certaine manière, il manquait l’appel au culte.
La rousse se mit à mordiller sa lèvre tout en réfléchissant, son regard d’ambre sombre glissant sur la peau comme le feraient ses traits, ses pinceaux plus tard. Elle était invulnérable, dans cette posture que instinctivement elle s’était choisie - et, pour inviter et pour dominer, pour instiguer respect, désir, vénération. Quelques ajustements et…

Elle la rejoignit doucement, avec dans les yeux cet air légèrement rêveur, la scène se superposant en filigrane par-dessus la réalité. « Puis-je ? » demanda-t-elle, les doigts juste au-dessus de sa peau. Elle attendrait qu’on lui laisse le droit pour réellement la corriger. Toujours, cependant, ses gestes se paraient d’une douceur et d’une révération sous-jacente - pour l’art ou pour elle, personne ne saurait vraiment le dire. Elle modifia, à peine de manière perceptible, l’alignement de ses jambes, accentuant leur galbe, jouant sur l’infime. La différence serait presque invisible, mais le rendu... Invitation. Dans le soyeux rendu, on voudrait y glisser.

Ici, c’était sa main qu’elle déplaçait, découvrant la peau où dansaient les lumières ; là, elle faisait courir ses doigts sur son visage, tournant son regard vers elle, vers l’extérieur et l’existence.
«Regardez-moi… » souffla-t-elle, prenant le temps de se perdre dans son regard, avant de reculer. « Est-ce inconfortable, ainsi ?   »
Parce que pour elle, tout, dans sa posture, était parfait. Si elle pouvait tenir… Elle laissa ses yeux glisser à l’arrière. Plus tard, mais la grande tenture, là, servirait de toile sombre où se devinaient les reflets du feu. Quelques objets, ça et là - or et nuit. Le grand miroir, qu’elle avait déjà rapproché. Un fauteuil vide. Le tapis à leurs pieds.
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Message Sujet: Re: Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais   Couche-moi sur la toile, plus belle que jamais EmptyMar 15 Jan 2019 - 17:35

Plus que de considérer le confort ou l'inconfort de la position, Séverine jouissait simplement de se savoir admirer, regardée avec une telle lueur dans les yeux.  Ses muscles dussent-ils la faire souffrir atrocement, elle n'aurait pas bouger d'un millimètre tandis que la peintre traçait de son crayon les premières courbes de ce qui serait un jour prochain un portrait magnifique, un chef d'oeuvre.  Elle se laissait manipuler avec mollesse, laissant toute la liberté du choix de mouvement à l'artiste qui savait diriger ses bras, ses hanches avec une habilité teintée d'un bon goût sans pareil.  On avait très bien conseillé Séverine sur les talents de la Lagrane et elle se ferait un plaisir de la recommander à ses quelques amies, notamment Appoline qui apprécierait très certainement son sens artistique.  Il faudrait d'ailleurs qu'elle l'invite admirer le tableau : très certainement, elle trouverait quelque inspiration pour de fort charmants vers à son sujet que Séverine pourrait faire plaquer sur une tablette en-dessous du tableau.  Cela rendeait très bien pour recevoir ses invités intime et donnerait le ton sur le comportement à adopter avec elle.

« C'est très bien comme ceci, commencez je vous prie. »

Elle ne pouvait bouger pour appuyer l'ordre, bien qu'elle aurait certainement su reprendre d'elle-même la position imaginée par Amarante.  Le portrait devait être parfait et Séverine ne tolérait aucun délai dans la réalisation de celui-ci, fut-il causé par elle-même.  Ses yeux suivaient chaque mouvement des mains et du fusain de l'artiste.  Chaque arrêt, chaque hésitation, Séverine n'en manquait pas un seul moment.  Quand elle se lassait d'observer des traits qu'elle ne pouvait voir apparaître sur le papier, elle se concentrait sur le visage, point vilain, d'Amarante.  Ses expressions tantôt sérieuses quand elle s'appliquait, tantôt admirative quand elle prenait le temps de regarder de nouveau son sujet, peut-être un peu plus longtemps qu'un léger coup d'oeil – ou était-ce l'imagination de Séverine et son orgueil qui lui laissaient voir le temps s'arrêter l'espace d'un instant.  Elle perdit rapidement le fil du temps, mais des heures passèrent et quand elles eurent terminé à la satisfaction l'une de l'autre, la nuit était déjà tombée et les lunes jumelles éclairaient les rues pavées de Lorgol.

Immobile depuis une longue période, Séverine appela à l'aide la Lagrane et se glissa à nouveau dans ses vêtements.  Avec langueur et fatigue, elle exigea de voir le croquis.  Un sourire satisfait étira ses lèvres : ce n'était qu'un croquis, mais déjà on pouvait en sentir émaner ce que recherchait Séverine : sensualité, puissance, grandeur.  Amarante n'eut pas peinte Mirta mieux encore.  Après quelques remerciements pour l'attention constante que lui avait porter l'artiste pour s'assurer de son confort et quelques compliments sur le résultat de cette journée de travail, Séverine prit son congé.  Avant de partir, emmitouflée dans sa cape de fourrure, elle s'approcha d'Amarante et fit glisser ses doigts gantés le long de sa mâchoire.

« À bientôt donc, j'attendrai un mot de vous dans les plus brefs délais à l'auberge du Carillon Rouge. »

Séverine esquissa une révérence accompagné d'un sourire qui ne cachait pas du tout les sous-entendus tendancieux qu'elle avait glissé à l'oreille de la rouquine et elle quitta l'appartement sans jeter un seul regard derrière elle.
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