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 Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos

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La Noblesse
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Séverine de Bellifère
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Je suis : duchesse de Bellifère, autrefois astronome à l'Observatoire de Val-du-Ciel, mon observatoire.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyVen 29 Déc 2017 - 8:01

Les pièces bougeaient tranquillement sur l'échiquier géant et Séverine n'était pas certaine de la stratégie à adopter.  La voix intérieure persistait à lui souffler que la couronne devait être remise à Lauriane.  Seulement, elle n'avait pas l'impression qu'il lui était possible de bouger les pièces blanches pour libérer le passage.  Tout ce qu'elle pouvait donc faire, c'était passer à l'offensive donc.  En éliminant des pièces il y aurait moins d'obstacles dans le chemin et voilà, la reine blanche pourrait atteindre la couronne.  Qu'elle lui déroberait subtilement après.  Si la Agathe (Mélodie) qu'elle voyait là-bas avait réussi à lui voler son jupon alors qu'elle le portait sous une couche de vêtements, elle ne voyait pas pourquoi elle ne pourrait pas réussir à s'emparer d'une bête couronne.  Quoique brillante et rutilante de pierreries.

Séverine ne réfléchit pas trop et se décida donc à envoyer les pièces au hasard en espérant que ça fonctionnerait.  Ils avaient une tour, un cavalier et un fou déjà.  Elle pourrait peut-être… oui.  C'était le premier pas à faire très certainement.  Ignorant que son époux avait peut-être élaboré un plan plus intelligent, la duchesse de Bellifère se décida à agir promptement et sans trop se casser la tête.  Le plus vite cela serait terminé, mieux cela vaudrait.  Il y avait quelque chose qui clochait dans toute cette histoire et elle comptait bien le découvrir au terme de cette partie.  Elle interrogerait Martial et Sixtine, voir s'ils n'avaient pas les mêmes doutes qu'elle.

« Sixtine, veuillez avancer jusqu'à mettre hors-jeu la première pièce blanche qui croisera malheureusement votre route, » ordonna-t-elle avec la politesse nécessaire pour parler à la sœur du futur empereur d'Ibélène.  Une princesse impériale ne se brusque pas.  L'idée lui était venue de tenter de se déplacer elle-même, mais ça ne semblait pas possible.

Elle entendit une voix ordonner qu'on la bouge.  Puisque vous le demandez si poliment, songea-t-elle avec un sourire carnassier.

« Vous le cavalier, vous me faites un petit L vers la droite et libérez-moi le chemin.  On vous enverra détruire des pièces plus tard. »

Elle regarda à nouveau le plateau de jeu et posa ses yeux sur un être qui semblait être fort mal en point.  Ils pourraient sacrifier cette pièce, cela lui ferait un très grand bien d'aller s'asseoir sur le côté plutôt que de tenter de tenir de debout.  Elle attendit un instant et remarqua qu'il ne semblait pas nécessaire d'attendre que chaque côté aie bougé ses pièces pour commander aux suivantes.  Tant mieux, cela irait plus vite donc.

« Vous, la presque mourante, avancez de deux cases, on va vous sacrifier pour la bonne cause. »

Fière de son travail, elle chercha du regard une nouvelle pièce à déplacer.  Non, ça n'allait pas, les pions avançaient trop lentement.  Ce qu'il fallait c'était… un autre fou.  Il était tout désigné là, cette femme qui ressemblait à la femme agonisante.  Alors même qu'elle se faisait la réflexion, la pièce était transformée.  Parfait.

« Chère second fou, mêmes instructions que pour la princesse Sixtine, avancez jusqu'à ce que vous rencontriez une pièce blanche. »

Finalement, les échecs ce n'était pas aussi ennuyeux qu'elle ne le croyait de prime abord.  Ses yeux se posèrent à nouveau sur une pièce.  Tiens un autre Erebien si on se fiait à son apparence.  Elle allait se former une armée d'Erebiens, c'était tout parfait.

« Vous l'Erebien là!  Avancez de deux petites cases et rejoignez vos camarades! »

Maintenant, il ne fallait pas abuser et laisser la chance à quelques autres personnes de s'amuser à leur tour.  

Spoiler:


Dernière édition par Séverine de Bellifère le Sam 30 Déc 2017 - 16:35, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyVen 29 Déc 2017 - 9:26

C’était n’importe quoi. Purement n’importe quoi. Qu’est-ce que ça pouvait lui faire, qu’une Faë essaye de rentrer à l’Académie ? Une jeune femme, une mage visiblement, qui avait survécu à l’Épidémie. Si Grâce avait craint pour ses proches mages, le sort des autres l’indifféraient. Ne s’était-elle pas battue contre eux, n’avait-elle pas essayé d’en tuer, parce qu’ils envahissaient son empire, son duché ? Si. Et ils avaient été au devant d’un danger plus grand, en se réfugiant dans un endroit dangereux en Erebor. Elle n’avait pas oublié les vouivres et le mystère caché dans les entrailles du temple. Elle avait encore envie d’y retourner, malgré tout. Mais était-ce seulement possible de survivre à ces vouivres ? Elle haussa les épaules, et passa les portes, comme tout le monde, non sans jeter un regard à Aubrée. Elle avait bien appris, s’était réellement émancipée. Mais devait-elle pour cela ravager ce qui les liait ? Visiblement. Et Grâce n’appréciait pas du tout.

Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 Reindeer_divider_by_lagomorphas-d8b2cx2

Elle appréciait encore moins la situation dans laquelle elle se trouva après avoir passé les portes, pieds et mains liés, ayant une apparence de… pion ? Elle aurait tant voulu se débattre, mais elle était incapable du moindre geste, comme figée. Était-ce donc cela, qu’elle vivait, enchaînant les cauchemars ? Son mari mort revenu à la vie pour récupérer Aubrée, sa fille qui l’insultait, être une marionnette aux mains de qui le voulait bien, comme en Bellifère ? Et pour couronner le tout, elle avait l’insupportable pirate positionné devant elle. Cet imbécile qui s’amusait à dénigrer tout le monde, et donnait une bien piètre image de l’Audacia. Car il y appartenait, n’est-ce pas ? Il lui semblait l’y avoir vu, en tout cas, même si elle n’en avait qu’un vague souvenir. À raison, vu la personne qu’il semblait être.

« Un crétin qui menace de donner ma fille en pâture à ses bourreaux, qui se croit très beau et meilleur que les autres alors qu’il empeste la stupidité et le ridicule, n’est pas en droit de me tutoyer. Vous êtes tellement idiot et exaspérant que vous avez trop provoqué une personne présente ici, et qu’elle vous a jeté dans des flammes, vous regardant rôtir lentement. Un bon choix, si j’en crois votre attitude, et le fait que vous sembliez vous croire meilleur que tous. Mon ailière, que vous avez insultée et qui pourtant pourrait vous mettre en pièces sans que vous n’ayant le temps de vous enfuir, a bien plus de valeur que vous. Mais c’était un spectacle fort plaisant que vos cris et votre agonie. Mais continuez donc à agir stupidement, c’est très divertissant. »

Elle s’était emballée, plus qu’elle ne le pensait, mais elle ne pardonnait que rarement, et quand on s’en prenait aux gens qu’elle aimait… presque pas du tout. Même quand il s’agissait d’une fille traitresse qui avait voulu la vendre. Elle ignorait totalement ce qui se passait alentours, mais décida d’imiter les autres, et d’interpeller les gens. « EH ! SORTEZ MOI DE LÀ ! DÉFAITES CES LIENS ! ET LE NOIR LÀ, À CÔTÉ DE MOI, EST UN TRAÎTRE. IL A RENIÉ IBÉLÈNE DEPUIS LONGTEMPS, ET SILLONNE LES MERS POUR DÉTRUIRE ET ASSASSINER ! IL NE PENSE QU’À LUI, ET VEUT NOTRE MORT À TOUS ! »

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyVen 29 Déc 2017 - 15:09

Bouger Agnès avait été un peu précipité. Cela ne lui ressemblait pas d’agir ainsi… Lauriane observa la tractation des fils emmenée la nouvelle Fou Blanc plus loin. Il lui fallait la mener aussi près possible de la couronne. Elle-même ne pouvait pas bouger, et ignorait pourquoi… A priori, la logique voudrait certainement que seul Gaëtane, le Roi, pouvait le faire. Mais était-ce bien sage de le faire maintenant ? Gaëtane devait sûrement pensé de la même manière. Avant qu’elle ne put procéder à un autre mouvement d’Agnès, son regard fut attiré par l’agitation que produisirent les pièces noires. La Reine et le Roi noirs semblaient avoir à cœur de bouger leur pion… Etait-ce ce qu’il fallait ? Lauriane… n’était plus sûre de rien. Surtout que ceux qui venaient d’être bougés, la nouvelle Cavalier et quelques autres pions noirs semblaient perturbés arrivés sur leur nouvelle case…

Lauriane n’eut guère le temps de s’appesantir dessus, l’un des pions blancs venait de l’interpeller. Qui était-il ? Elle ne l’avait pas aperçu depuis le début de leur sombre voyage. L’impératrice acquiesça néanmoins à sa demande. Peu importe qui il était, s’il voulait se rendre utile, Lauriane ne pouvait qu’agréer. Elle estimait les gens de cette trempe. Elle observa alors à nouveau la situation. La Reine noire avait donné de nouveaux ordres bien radicales, qui avait-il dans sa tête pour qu’elle soit si inutilement vindicative ? D’où avait-elle vu venir une quelconque menace de la part des pièces blanches ? Cela l’agaça profondément. Elle voulait éviter les pertes mais cette idiote ne lui laissait guère d’autres choix.

- Très bien. Devenez un Cavalier, finit-elle par ordonner. C’était implicite, elle aurait pu ne pas le dire, mais voilà que celui qui l’avait interpellé l’était devenu.

Avant de continuer, il lui fallait néanmoins faire des modifications. Le Fou Noir, Sixtine, se rapprochait d’une pièce blanche (Tyr). Alors Lauriane la bougea suffisamment pour lui éviter d’être prise.

- Cavalier, rappelez à cette femme qu’elle n’est pas au-dessus des autres, argua-t-elle, plus agressive qu’elle ne l’aurait voulu. L’attitude de la Reine noire l’insupportait.

Ainsi, elle déplaça le nouveau cavalier pour se rapprocher de la Reine Noire, afin qu’il soit en position de la menacer (c’est-à-dire qu’au prochain déplacement il pourrait la prendre). Elle qui avait fait avancer tant de pièces vers le sacrifice devrait essayer de relativiser les choses. Ils n’étaient pas dans de vrais échecs. Les déplacements et les tours étaient plus aisés. La partie n’avait rien à voir avec le fait de faire échec et mat. Pour lui permettre de plus facilement atteindre sa destination, il lui fallait néanmoins créer plus de menace. Elle ne pouvait se permettre de laisser les siens se faire prendre, quand bien même elle avait au départ voulu minimiser les pertes.

- Vous ! (Mélinda, Aaron, Mélodie)

Les femmes furent changées en Tour et le dernier en un second Cavalier. Les deux Tours furent envoyées menacer certaines pièces adverses. Quant au Cavalier, elle l’envoya rejoindre non loin le premier car elle ne voulait pas que le Fou Noir ou le Roi Noir se prennent d’envie subite héroïque. Il fallait créer suffisamment de menace pour les obliger à réfléchir. Malheureusement, l'une des pièces noires (Victorine) qu’ils avaient envoyé en avant était trop menaçante alors elle ordonna à l’une des Tours de la prendre (Mélinda).

- Je ne laisserai pas les miens se faire tuer mais nous n’avons aucune raison de nous battre les uns contre les autres, éleva-t-elle la voix, à l’adresse du Roi Noir et de la Reine Noire. Jusqu’ici, toutes les menaces que nous avons rencontrées nous menaçaient tous, il n’y a pas de raisons que cela soit différent ici ! Il faut que nous atteignions tous cette couronne. Ce n’est PAS une partie d’échec.

L’impératrice de Faërie était bien raisonnée, elle avait parlé sans doute et avec les pointes de colère que lui apportait ce genre de situation. Surtout lorsqu’elle avait vu la Reine Noire vouloir sacrifier l’une de ses pièces parce que celle-ci était déjà bien mal en point. Même Grâce de Somgregemme lui avait porté sur les nerfs quand elle avait parlé de sacrifier le pirate. Le fait que ce dernier soit encore en vie prouvait toute la relativité des situations qu’il vivait. Pourtant… un affreux sentiment rongeait l’intérieur de ses pensées. Difficile. Dur. Qu’elle ne souhaitait pas voir émerger, de crainte de s’en laisser envahir. Tout ce qui se passait… était anormal et trop y penser ne ferait que mettre en avant le drame qu’ils vivaient peut-être. Lauriane se sentait menacée plus que jamais, sans savoir d’où, sans savoir par qui. Pas par les gens présents… mais ça ne voulait pas dire qu’un drame ne pouvait pas survenir s’ils agissaient n’importe comment.

- On ne s’en sortira pas sans s’entraider.

Résumé :


Dernière édition par Lauriane de Faërie le Sam 30 Déc 2017 - 0:59, édité 10 fois
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyVen 29 Déc 2017 - 16:28

La réponse du duc de Bellifère ne lui plait pas, à Aubrée. Le ton employé ainsi que ses mots l’insupportent. Croit-il parler à une idiote sans cervelle ? Sûrement, il est Belliférien après tout. Et cette manière de lui rappeler qu’elle n’est qu’une femme du peuple, et que jamais, jamais elle ne pourra prétendre au trône l’agacent. Oh, elle n’en veut pas, du pouvoir, Aubrée. Elle assiste de loin au jeu politique des têtes couronnées par le biais de Ljöta, et ça lui suffit amplement pour savoir qu’elle n’aura jamais la finesse d’esprit nécessaire pour ce genre de choses. Mais tout de même. Il n’est pas obligé de creuser volontairement un fossé entre lui, duc, et elle, rien du tout à côté. Ils sont tous embarqués dans la même illusion tordue, à égalité. Cependant, elle se contente de serrer les dents. Pas la peine d’en faire des tonnes non plus.
 
Autour d’elle, les ordres fusent, et les premières pièces se déplacent. Non loin d’elle, Grâce remballe le pirate sèchement. Quand elle parle d’elle, de « sa fille », ses yeux s’agrandissent doucement, un mince éclat d’espoir au fond de ses prunelles. Alors, peut-être que… Que tout n’est pas perdu. Peut-être qu’elle tient encore à elle, au moins un peu… Mais elle est rapidement attirée vers une autre scène. Pas très loin, c’est Victorine qui change soudain d’apparence pour prendre celle d’un cavalier, et avancer sur le plateau, sur ordre du duc. Comme si elle ne pouvait rien y faire, les fils la tirant vers l’avant. Les deux Lames échangent un bref regard, avant que l’Adepte ne découvre avec horreur l’état de son ventre. Aubrée écarquille les yeux. Enceinte. Elle est enceinte. Comment est-ce que… Son gémissement l’empêche davantage de réfléchir à la situation. Elle a mal. Comme si elle allait accoucher. « Victorine ! » Le cri est sorti tout seul. Elle aimerait courir vers elle, l’aider, faire n’importe quoi, mais elle ne peut pas, les fils l’en empêchent. Et elle n’est pas la seule. Un coup d’œil d’un côté, et elle remarque la jeune Erebienne qui lui a parlé dans la Tour s’agiter dans tous les sens. Et un Voltigeur, pas loin non plus, pâlir en voyant des tas de bestioles de Bellifère lui grimper sur les jambes. Aubrée serre davantage les dents. Alors, c’est ça ? Les couronnes manipulent des pions et les font souffrir, tout ça pour… Une couronne ? Ce n’est pas juste. C’est tout sauf juste.
 
Heureusement, il semble y avoir une personne lucide ici, et c’est l’Impératrice de Faërie. Bon. Au fond, Aubrée aurait peut-être préféré que ça soit un Ibéen ou un Lorgois, mais soit. Après tout, elle l’a défendue tout à l’heure, et elle a l’air d’être quelqu’un de censée. Et elle est d’accord avec elle. Alors, elle élève la voix, encore. Certains en auront peut-être assez de l’entendre parler, mais elle ne peut pas se taire. « Elle a raison, on n’est pas ici pour se battre. Et arrêtez de nous faire bouger n’importe comment ! Vous ne voyez pas qu’ils souffrent, tous, par votre faute ? Comme vous l’avez dit, ce n’est pas à nous de prendre la couronne. Alors ce n’est pas à nous de souffrir pour elle non plus. Si vous la voulez, allez la chercher comme des grandes personnes ! » Bon, ils se moquent sûrement de son avis, elle qui n’est personne pour les grands d’Arven. Avis sûrement naïf, aussi. Mais il allait qu’elle fasse quelque chose, puisque personne ne semble vouloir la faire bouger – tant mieux, d’ailleurs. Elle n’a pas envie de faire face à un danger, encore, quel qu’il soit.
 
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyVen 29 Déc 2017 - 17:57

Elle l'avait entendu ! Et elle avait fait de lui un cavalier ! Quelle chance ! Comme quoi, gueuler un bon coup était toujours utile, même quand il s'agissait d'un noble, même quand il s'agissait d'un membre de la famille impériale de Faërie. Elliott s'inclina, malgré les liens qui retenaient ses membres, pour la remercier. Au moins, en tant que cavalier, il pourrait faire un peu plus de dégats. Un déplacement en L, c'était toujours délicat à effectuer mais, quand on s'y prenait bien, on pouvait semer un peu de zizanie dans le camps adverse. Elliott se tourna vers le reste de l'échiquier. Y'en avait une, en face, qui commençait à semer les pièces un peu partout, et qui n'hésitait pas à en sacrifier certaines. Elliott déglutit. En voilà une qui pourrait surement gagner la partie si on ne l'arrêtait pas. Elle était intelligente, manipulatrice et donc, logiquement, dangereuse. Le pirate aux cheveux lisses vérifia sa ceinture. Bon, il avait toujours sa dague, c'était déjà ça. Il avait assez d'adresse pour pouvoir se défendre si on venait à l'attaquer. Une autre mèche vint se placer devant ses yeux, et c'est avec un grognement de frustration qu'il s'en débarrassa d'un mouvement de tête. Si seulement il pouvait se servir de ses bras... Il aurait pris sa dague pour se faire une petite coupe vite fait bien fait. Plutôt avoir le crane tondu que de ressembler à... à une jouvencelle. Heureusement pour lui, Lauriane de Faërie ordonna à ce qu'il bouge. Voilà qui lui changerait les idées. Elle l'envoya alors à un endroit où... Par les dieux ! Que c'était intelligent ! Sa nouvelle position lui permettait de menacer directement celle qui, plus tôt, avait envoyé plusieurs de ses pièces droit dans la gueule du loup ! Elliott, en arrivant à proximité de la femme, lui fit un grand sourire. Il lui dit :

"- Croyez moi, ma Dame, j'ai rien contre vous. Je fais que suivre les ordres de ma souveraine !"

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyVen 29 Déc 2017 - 18:47

Les portes de l’Académie finirent par s’ouvrir et le groupe put enfin se réfugier à l’intérieur, échappant ainsi aux flammes. Retrouver un lieu familier rassura Agnès, mais cela fut de courte durée. Les murs s’estompèrent pour laisser place à un nouvel environnement, sombre et… La mage remarqua la présence de cases noires et blanches, son regard parcourut ce qui ressemblait à un échiquier et repéra les autres membres du groupe. Puis elle vit les liens sur ses articulations et tenta de se dégager, sans succès. Que faisaient-ils sur cet échiquier ? Seules certaines pièces étaient identifiées et Agnès finit par voir la couronne au centre. Elle fronça les sourcils, se demandant si c’était le but à atteindre car cela ne ressemblait pas à une configuration qu’elle connaissait. La jeune femme savait jouer pourtant elle était indécise.

Quel était ce nouveau songe… Elle n’en avait aucune idée, mais son attention fut attirée par l’appel de Lauriane, incarnant la Reine blanche.

- Je  m’appelle Agnès, répondit-elle avant d’être transformée en fou et avancée de quelques cases, devenant la première pièce blanche à être bougée.

La couronne se trouvait maintenant à proximité d’elle, mais l’attention d’Agnès  restait rivée sur ses habits devenus guenilles. La noble avait perdu de sa superbe devant l’image qu’elle renvoyait. La crainte de choir dans l’échelle sociale se révélait à elle, comme un dur rappel suite à son désir d’ascension. Une peur inavouée. Pourtant une envie de se révolter sembla grandir en elle. Elle tira sur ses liens avant d’observer plus attentivement le jeu. Certains s’invectivaient, d’autres étaient bougés pour se confronter, chacun semblait victime d’une circonstance parfois douloureuse. Néanmoins Lauriane eut un discours qui plut à la jeune femme. Agnès n’était pas pour le combat et l’idée d’une entraide lui plaisait. Mais sans possibilité de mouvement que pouvait-elle faire ? Elle restait tributaire des ordres du Roi et de la Reine blancs si elle avait bien saisi l’histoire. Elle se demanda si elle serait utilisée pour aller jusqu’à la couronne, mais que tous y parvienne ? Etrangement, cela la chiffonnait car elle restait attachée aux règles du jeu, cependant une coopération serait une belle image en contradiction avec la guerre qui opposait les deux empires, et un espoir.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyVen 29 Déc 2017 - 18:51

Le discours d’Agnès avait été comme un baume sur mon cœur meurtri et ma confiance lacérée, et la voix de la duchesse de Cibella fut sans doute la plus belle chose que j’aie jamais entendue depuis la mort de mon frère. Si une personne de son rang prenait la peine de me soutenir – même si c’était pour ouvrir une porte et sauver sa propre vie – je ne pouvais que me sentir… digne. Une joie sans bornes m’envahit lorsque je vis les portes s’ouvrir, comme pour m’accueillir. L’émotion me noua la gorge et je sentis les larmes couler sur mes joues, ces larmes que j’avais retenues alors même que je me sentais inutile et destructrice. Ce fut sur des jambes tremblantes que je franchis le seuil de l’Académie. Tout allait bien se passer, maintenant, tout…

Que…

Que se passait-il ? J’aurais pu croire qu'on m'avait encore effacé la mémoire, mais mes joues étaient humides, comme pour me prouver que je venais bel et bien de verser quelques larmes devant l’Académie. Comment m’étais-je retrouvée ici, sur ce plateau d’échecs ? Il faisait sombre et... malsain. Moi qui n’avais jamais eu peur de l’obscurité ne me sentais pas à l’aise, dressée là sur une case, à attendre, sans doute, que quelqu’un s’empare de cette couronne, là-bas, sur son pilier. C’était un bel objet, je ne pouvais le nier, mais il ne m’intéressait pas. Je préférais encore partir d’ici, où que soit cet « ici ». Je tentai de quitter ma case, mais quelque chose comme des fils s’enfoncèrent dans ma peau. Je levai la tête, cherchant ce qui pouvait bien me retenir. Une étourdissante obscurité me rendit mon regard.

Ce n’était pas normal. Effarée, je les entendis, des deux côtés, donner des ordres. Je vis les pièces bouger, des pièces humaines, se déplacer à la place des figurines de bois avec lesquelles je m’étais parfois aventurée à jouer. Je frissonnai, songeant que je ne voulais pas qu’une telle chose m’arrive. Et que se passerait-il si l’un d’entre nous venait à être écarté du plateau ? Allait-il mourir ? Je fronçai les sourcils. Que les hommes se battent librement lors d’une guerre sanglante s’ils le voulaient, mais il était cruel de les forcer à lutter les uns contre les autres.

Je frissonnai lorsque la reine blanche tourna son regard vers moi. J’aurais voulu ne pas obtempérer, mais ses mots agirent plus efficacement sur moi que tous mes efforts pour bouger. Mon corps, contre ma volonté, se déplaça jusqu’à un point de l’échiquier, à la façon d’une tour. J’ouvris la bouche, prête à protester, mais les mots que j’aurais pu dresser pour me défendre ne vinrent pas. A la place, je me contentai de rester là, muette, incapable de parler. Je crispai les poings jusqu’à enfoncer mes ongles dans les paumes de mes mains. Mon souffle s’était fait court, paniqué. Il fallait… il fallait que je dise quelque chose. N'importe quoi.

Par chance, je n’eus pas l’occasion de m’attarder plus longtemps sur le fait que le secours des mots m'avait abandonnée. A nouveau, un ordre retentit, et je me déplaçai vers une case déjà occupée. J’écarquillai les yeux, comprenant ce que cela signifiait. La femme était déjà pliée en deux, visiblement souffrante. Si nécessaire, je n'étais pas contre attaquer une femme souffrante mais je ne pouvais pas blesser quelqu’un sans raison, simplement pour suivre un ordre.

— Je suis désolée ! m’exclamai-je en fermant les yeux, tous les muscles tendus, dans l’attente de ce qu’il allait se produire, sans même me rendre compte que la voix m’en était revenue.

Je ne voulais pas participer à ce jeu. Je ne voulais pas blesser quelqu’un de cette façon. Et le discours unificateur de la reine blanche sonnait comme une belle hypocrisie à mes oreilles, devant l’ordre assassin qu’elle avait donné.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyVen 29 Déc 2017 - 22:14

Séverine reprit le contrôle, face aux jérémiades incessantes et aux bruits autour, et Martial eut un regard presque surpris. Elle les éparpillait tous, autour, avec une forme d'incohérence qui lui semblait dangereuse... D'autant plus qu'à chaque mouvement d'une pièce, ceux-ci semblaient souffrir mille morts. Métaphoriquement, bien sûr. Etait-ce juste ? Non.
Certainement pas. "Calmez-vous. " siffla-t-il entre ses dents, quelque peu mécontent. "Ce--"
Il fut coupé dans son élan par la voix de l'impératrice faë, voix qu'il n'avait que peu entendue dans sa vie mais qu'il estimait... Comment dire ? presque intelligente. Pour une femme, bien entendu.
Ce n'était pas une partie d'échecs. Sans blague.

Martial laissa échapper un soupir, presque soulagé. "Séverine, vous ne touchez plus à rien. Si votre manière de vous en sortir est de sacrifier absolument tout le monde pour accéder à la couronne, c'est totalement stupide et indigne. " La colère commençait à poindre, mais il se contint. Sa voix s'éleva à nouveau. Questionnant, en face, l'homologue de sa Reine. "Nous pouvons coopérer sans mal, mais que devons-nous faire ? Qui doit atteindre cette couronne ? Un blanc et un noir ? Ou seulement l'un d'entre nous ? "
Blanc, lui souffla sa conscience, cette petite voix qui, autrefois, lui disait qu'il savait. Juste un blanc.  

Il jaugea d'un oeil vif le plateau. C'était une pagaille abominable, et, le pire, aucun chemin n'était praticable pour aucune pièce jusqu'au piédestal, blanc ou noir. Un souffle. "Je vous apprendrai à jouer, si on s'en sort." murmura-t-il, plus pour lui-même que pour la brune duchesse décidément plus intéressée par le massacre que par la survie de tous. Ils étaient leurs meneurs, leurs chefs : jamais ils n'auraient du les envoyer au massacre de cette manière. Quels dirigeants pouvaient se laver les mains tranquillement dans le sang de leur propre peuple ?
Il suffisait de quelques mouvements pour dégager un chemin. Mais pour cela...
"Vous, là. Le grand brûlé." Il devait s'en débarasser. Un simple pion.
Et puis, pour une fois que la Martel serait utile... "Avancez d'une case."
C'était un rêve, pas vrai ? Un simple rêve. Les règles ne s'appliquaient pas forcément... Et puis il avait été déclaré traître. Il gênait, quoi qu'il fasse.
"Martel. Prenez ce pion. Ne vous questionnez pas, faites-le juste."
Le chemin se libérait, juste un peu. Quelles gêneuses, tout de même, ces femmes Martel, là. Sa fille aussi était sur le chemin ! Il devait absolument s'en débarrasser pour assurer un accès à la couronne. Elle était beaucoup trop près.  Et c'était un pion, elle ne pouvait que se rapprocher encore plus.
Ah, non, elle devenait la seconde Tour. "Vous aussi, jeune Tour. Déplacez-vous latéralement jusqu'à rencontrer le bord." C'était stupide, de les bloquer toutes deux. Tant pis. Il devait dégager le passage. A tout prix.

Et puis, finalement, son regard acier tomba sur Séverine, pratiquement à la merci d'une espèce de jeunot aux cheveux serpillière. Quelle horreur. S'il avait pu le prendre, il l'aurait fait. "Bouge, femme*. Un pas avant."
Pour une fois qu'elle obéissait.
Le plateau s'était légèrement éclairci, du moins les environs de la couronne.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyVen 29 Déc 2017 - 23:48

Tu assistes au carnage qui s'étale devant tes yeux. Face à toi, les pièces bougent et se déplacent selon le bon vouloir de la noblesse, offrant ainsi un reflet parfait de la société actuelle. En tout cas, nul doute n'est permis. Seule la noblesse peut faire avancer les autres. Et un noble peut aussi faire avancer un autre noble. L'enjeu de cette partie semble être cette magnifique couronne et tu comprends bien vite qu'elle ne ressemble en rien aux parties d'échec auxquelles tu as pu jouer. Celle-ci semble avoir un but tout autre. Séverine change quelques pions en pièces plus fortes et Martial envoie certains prendre des pièces ennemies. Avec un mélange de fascination et d'horreur tu te rends aussi compte que les pièces tuent les autres. Comme aux échecs. En version plus violente. Tu es sur le point de donner un autre ordre lorsque tu sens ton corps bouger malgré toi, obéissant à la demande de Séverine. Tu t'offusques dans ta tête. Comment ose-t-elle t'ordonner quelque chose à toi, la princesse impériale d'Ibélène ? Puis tu sais qu'il n'y a pas d'autres choix. Comme dans les autres rêves, vous semblez tous avoir quelque chose à faire pour en sortir. Tu te déplaces donc en diagonales, aussi dignement que te le permettent tes liens jusqu'à te retrouver face à une pièce blanche. Tu te sens soulagée de voir qu'elle a été déplacée également, t'ôtant la possibilité de te battre pour la tuer. Tu n'es pas une combattante et ce n'est pas ici que tu vas commencer. Même en rêve. Mais la case où tu t'es arrêtée ne te permet pas de réfléchir plus longuement. Tu te retrouves aussitôt assaillie par une réalité terrifiante. Devant toi ton frère, un sourire hautain, arrogant, un visage impérieux qui te contemple de haut. Sur sa tête, une couronne. Il ne parle pas mais tu ressens ce qu'il te dit. Tu l'entends dans ta tête. Que tu n'es qu'une petite femme sans aucun pouvoir. Une simple noble, une petite princesse de pacotille. Et tu vas te marier. Oh oui, il te le dit, te le susurre. Tu vas te marier avec un noble belliférien. Il va te posséder totalement, te battre, t'enfermer quelque part où tu n'auras de prise sur rien. Il te raconte tout ça ton frère. Tu es blême. Frissonnante de peur. Blanche d'appréhension. Non... non... ce n'est pas possible...

Bien sûr que ce n'est pas possible. C'est un rêve. Ce n'est PAS la réalité. Relèves la tête ! Sixtine ! Et tu relèves la tête. En effet, ce n'est pas possible. Mais il ne part pas. Il reste là à te murmurer des choses que tu ne veux pas entendre. Qui te terrifie au plus profond de toi. Tu as vu des situations similaires arriver aux pions déplacés sur les cases. Comme s'ils sont confrontés à leur pire peur. Tu ne dis rien toi. Tu fais comme si tu n'entends pas la voix. Comme si ton frère n'est pas là. Tes lèvres tremblent toujours un peu mais ton visage est relevé, ton expression est digne et tu te tiens fièrement écoutant avec attention ce qui a lieu autour de toi. Tu entends cette gourgandine de Lauriane de Faërie minauder qu'il faut s'unir et tout le bavardage inutile qui s'en suit. S'unir à des Faës ? Ça te répugne. Pourtant, même si tu préfères mourir plutôt que de l'avouer, tu admets qu'elle a raison. Tu l'as pressenti aussi. Pourquoi se battre entre vous ici alors que dans toutes les autres situations vous avez été unis face à l'adversité ? Les choses ne tiennent pas la route. Tu supposes que le but est que l'une des têtes couronnées parviennent à cette couronne mais qui ? Martial ? Séverine ? Lauriane ? Toi ? Tu aimerais. Mais tu sais que ce n'est pas toi. Comme toutes les autres couronnes, aucune ne doit te revenir. Ainsi est ton Destin. Même en rêve la couronne t'échappe. Ton frère enchaîne sur ton état d'esprit pour te le rappeler encore et toujours mais tu fais la sourde oreille. Martial décide de collaborer et même si l'idée ne te plaît pas, tu ne vas pas faire n'importe quoi et proclamer une guerre aux Faës sur un plateau d'échec. Tu sais pertinemment que ta place n'est en rien supérieure à celle de Martial, même si une couronne trône sur ta tête. Il a décidé de collaborer. Ainsi soit-il. Tu réfléchis quelques minutes et reporte de nouveau ton choix sur le cadet Voltigeur kyréen, songeant en faire un cavalier. Aussitôt pensé, aussitôt fait et tu t'empresses de le faire bouger plus loin.

-Toi là, avances par là, ordonnes-tu, impérieuse.

Tu te désintéresses aussitôt de lui, regardant l'espace qui commence à se libérer. Ne sachant pas à qui doit choir la couronne, tu préfères donc libérer le chemin pour toutes les personnes nobles. Tu réfléchis encore, contemplant le plateau. Tu évites de regarder en direction de Lauriane, voulant refouler tes pulsions meurtrières envers elle. Tes yeux se posent alors sur une petite Erébienne.

-Quant à toi, déplaces toi de deux cases en avant, poursuis-tu sur le même ton.

Tes ordres sont aussitôt suivis à la lettre et tu contemples d'un air satisfait ton travail. Il ne reste quelques pièces barrant le chemin vers la couronne mais le terrain est encore plus dégagé. Et, au moins, tu n'as encore envoyé personne à la mort.

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Rejwaïde Sinhaj
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptySam 30 Déc 2017 - 0:40

Entravée.
Enchaînée.
Ligotée.
Reja bascule d’un rêve à l’autre sans vraiment comprendre l’enchaînement de ses idées. Comment est-elle arrivée là, après avoir pénétré dans l’Académie de Magie et du Savoir ? Que se passe-t-il exactement autour d’elle ? Impossible de parvenir à saisir la signification de tout ce qui l’entoure. Ses articulations sont alourdies par des fils tombant des cieux, et elle ne parvient pas à bouger – que se passe-t-il, par Valda, est-ce vraiment un rêve, ou plutôt un piège orchestré par des mages ennemis ? « Qui est responsable de ce qui se passe ici… ? » marmonne-t-elle par-devers elle, sans vraiment espérer de réponse.

Elle n’a pas vraiment le temps de s’appesantir sur la question. Sur l’échiquier géant où ils sont tous enchaînés, une voix autoritaire qu’elle n’identifie pas vient de faire d’elle une tour ; et même si elle ne sait pas jouer aux échecs, Reja effectue le déplacement demandé. À peine s’est-elle arrêtée sur la case d’arrivée que soudain, voilà Sirocco qui apparaît devant elle ! Voir ainsi surgir son compagnon de nulle part lui procure une vague de soulagement indicible, et la Voltigeuse en pleurerait presque. Cela ne dure qu’un instant – jusqu’à ce que leur lien mental lui transmette dégoût et colère, révolte et haine ; et que la grande silhouette de l’ébène ne s’envole pour disparaître, laissant derrière une femme qui n’est plus Voltigeuse, rejetée une fois de plus par un être cher, confrontée de nouveau à la cruelle morsure de l’abandon. Crainte affreuse, concrétisée dans ce rêve, ce délire, cette illusion – Reja ne sait pas vraiment, mais les larmes dévalent son visage et elle s’efface un peu plus encore, tandis que les contours de sa silhouette deviennent un peu plus flous.

Des ordres résonnent dans son dos. La femme étrange. Elle doit être sacrifiée. Ignorante des règles du jeu, Reja interprète la consigne pour elle et suit les directives qu’elle pense avoir reçues : d’un pas souple de prédatrice, elle obéit à la poussée de ses fils, avançant de quelques cases vers la cible désignée par ceux qui commandent sa moitié de l’échiquier, se dressant dans son dos comme Sithis lui-même venu réclamer son dû. Et là, rejointe par Sifaï qui a visiblement elle aussi pris pour elle le commandement émis par la jolie dame de l’autre côté du plateau, et qui maintient fermement les mains de Quinine dans son dos, Reja entoure le cou fragile des siennes et serre, serre, serre encore ; comptant les râles étranglés de poumons qui luttent pour capter de l’air sans succès, les battements frénétiques d’un cœur qui manque d’oxygène, les secousses de ces membres qui tentent de se débattre pendant de longues secondes ; jusqu’à ce que les soubresauts de sa victime cessent, et que son corps se détende. Alors, avec sa cousine, elles saisissent chacune une extrémité du sari aux couleurs de tartan et portent le corps sans vie au bord de l’échiquier pour le jeter en-dehors sans autre forme de procès. Elles retournent à leur case respective ; et c’est lorsque Reja termine sa mission et attend les ordres suivants que le cauchemar suivant frappe sans crier gare.

Alméïde.
Mayeul.
Mariés.
Il n’y a pas de doute possible, aucune possibilité de se méprendre : le sari de mariage sur la silhouette évanescente de sa sœur, le turban de cérémonie qui enserre les tempes de cet homme qu’elle a aimé et que, au fond d’elle, elle aime encore ; et cet air réjoui, ce regard tendre et complice, la manière dont il l’enlace et dont ses yeux pétillent lorsqu’il les pose sur elle… Oh ! Cruelle torture ! Dans son cœur déjà bien malmené, une épine glacée vient se ficher, tandis qu’une larme s’échappe au coin de ses cils pour glisser le long de sa joue qui se fait de plus en plus transparente.

Seule.
Toujours seule, perpétuellement.
Nul échappatoire à ces tourments.


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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptySam 30 Déc 2017 - 3:05

Une fois encore, le décor se disperse pour laisser place à une nouvelle scène, bien moins réaliste que les deux précédentes mais bien plus oppressante. Attaché à des fils aussi fin que ceux d’une cithare et aussi solide que des chaines de fer, Shahryar observe d’un œil inquiet le nouveau ballet qui se joue sous ses yeux. Plus toute cette mascarade avançait, moins il était persuadé que ce n’était que les fruits d’un rêve. Et pourtant, ce plateau d’échec et cette couronne scintillante en son centre, ces entraves et ces pions d’un jeu mesquin, oui tout ça n’avait rien de réel. De qui étaient-ils les marionnettes cette fois ? Des hauts couronnés qui sont les seuls à posséder un statut qui semble différent du leur ? Il semblerait. Mais l’assassin ne peut se le confirmer, lui qui n’est guère familier de ce jeu. Il sait seulement que bien vite, sous les ordres fermes d’une jeune femme, les premières pièces avancent tirées par ces fils invisibles qui dominent tous les mouvements. Tentant de s’y soustraire, l’Adepte n’en ressent qu’une gêne plus lancinante à chaque fois qu’il tire sur les fils. Et plus il force, plus il sent que ses entraves pénètrent la chair de ses bras, mélangeant au sang qui macule sa tenue son propre sang. Ainsi, même briser les chaines était impossible, à moins d’en payer le prix.

Cette situation le révolte, le libre et farouche erebien qui n’accepte pas de se laisser poser des liens qu’il n’a jamais acceptés. Au fond de lui pourtant, il devine qu’une fois encore, toutes ces étrangetés demanderaient à ce qu’une épreuve soit accomplie. Quelqu’un devait récupérer le trésor au centre. Quelqu’un. Une couronnée. Cette femme qui domine les pièces blanches et qui tente de se frayer un chemin jusqu’au trésor supposé. Impuissant, Shahryar observe toutes ces personnes qui sont déplacées, là où lui demeure encore à cette même place de pion. Il ne souhaite pas particulièrement bouger, refusant catégoriquement d’être la marionnette d’un autre. Et pourtant, son attention est captée plus que de raison, quand il découvre que son homologue de la Lame, déplacée contre son gré, se retrouve le ventre gonflé d’un enfant sur le point de naitre.

« Mais qu’est-ce qu… »

Devait-il leur arriver à tous quelques horreurs s’ils se déplaçaient ? Oh il en aurait bien vite le cœur net, l’erebien, car à son tour, il entend les ordres d’une femme qui l’oblige à avancer. Deux cases. Et même s’il voudrait refuser, il sait que forcer pour désobéir le blesserait. Mais quand il arriva sur sa case, il regretta presque de ne pas avoir bataillé plus. Dès l’instant où Shahryar cessa d’avancer, une silhouette se matérialisa devant lui. Une femme. Shéhérazade. Entre mille, il l’aurait reconnu. Que faisait-elle là, illusion éphémère, évanescente même, qui s’avance vers lui un sourire aux lèvres ?

« Shéhé… »


Mais il ne peut terminer sa phrase murmurée qu’elle est étouffée d’un baiser enthousiaste et aimant. Un baiser qui éveil tant de culpabilité en lui, de peur même. Un cauchemar en l’instant, mais un rêve fou aussi, il le sait. Un songe qui au cœur de la nuit le dévore tout entier. Cette illusion cherchait-elle à le blesser, le briser même, en lui soumettant un désir qu’il refusait de voir un jour se réaliser ? Un amour qu’il possède pour sa sœur et que celle-ci lui rendrait ? Par tous les puissants dieux, jamais ! Non. Jamais ceci ne devait arriver.

Reprenant ces esprits, Shahryar à juste le temps d’observer une pièce blanche foncer sur Victorine affaiblie par son illusion. Un cri de rage s’élève de sa gorge, alors qu’il observe une jeune fille tirer hors du plateau le corps sans vie de l’Adepte de la Lame, jeté comme un vulgaire objet. Une pièce sacrifiée.

« Une telle utilisation de nos volontés finit toujours par être chèrement payée… »

Gronde-t-il surtout pour lui même, observant ces têtes couronnées qui n’hésitaient visiblement pas à sacrifier des pions, même de leur propre camp, pour avancer vers l’objectif. Des pertes inutiles. Et s’il a l’œil attiré un instant par l’assassina de Reja sur une autre pauvre victime, la colère tempête chez l’erebien, rancunier jusqu’à l’os.  

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptySam 30 Déc 2017 - 10:03

Elle ne comprend pas tout. N'est pas sûre de comprendre, pas sûre de le vouloir non plus. Devenue pièce noire - est-ce réellement le cas ? - elle semble piégée dans un univers irréel. Est-ce un rêve ? Elle n'en sait rien. Le fait d'être dans l'Académie, dans un environnement qu'elle pensait connaître, mais dont les murs et les pièces ne lui disent rien, ne la rassure pas. Où est Eponine ? Qu'est-il arrivé à sa fille ? Pourquoi ne la voit-elle pas ? Elle ne comprend pas ce qu'il se passe.. Cherche à reprendre contact avec la réalité avant, sans comprendre comment ni pourquoi, d'avancer en diagonale. Les fils qui entourent ses articulations lui sont invisibles, mais elle sent bien, à chaque intersection entre ses membres, la matière étrange qui la maintient. Est-ce un fil ? La pression, la tension qui l'attire et la pousse à marcher la surprend.
Fatiguée par les derniers événements, par la panique qui a submergé son corps et par la magie qui a prit le contrôle, elle n'a ni la force, ni l'envie de résister. Ses pieds avancent et la guident vers un destin qu'elle ne maîtrise pas, qu'elle ne comprend pas et auquel elle ne résiste pas.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptySam 30 Déc 2017 - 13:48

Impossible de bouger, mais en avais-je vraiment envie ? En avais-je également la force ? Je constatais mes vêtements intactes, mais j'avais l'horrible sensation que j'aurai pu me consumer de mon vivant et cette fois, bien conscient. L’écho du souvenir était cuisant, assez pour me faire gémir depuis la case où j'étais. Cela étant, repoussant l'idée que je pouvais reprendre feu à tout instant, repoussant les ordres qui fusaient au-dessus de ma tête, repoussant les hurlements déchirant que j'entendais, je posais finalement questions à la prisonnière non loin. Je me libérais de cette oppression rien qu'en la questionnant bêtement et en sentant le parfum de l'acharnement me répondre.

C'était Grâce de Sombregemme. Allez savoir pourquoi je ne l'avais pas reconnu avant, mais c'était bien elle... la voltigeuse que j'avais vu une fois ou deux sur l'Audacia... et qui me répondait avec mépris. L'écorcheuse était sa fille ? La pauvre ! Elle avait failli être écorchée par son propre sang ! J'aurais pu être peiné pour elle de mon regard si je ne m'offusquais pas de la suite. Elle m'insultait et se disait trop bien pour moi et mes tutoiements. Elle révélait l'horreur et le bien être ressenti des autres, dont elle, de me voir périr. J'avais des frissons partout le corps devant tant de méchanceté ! J'aurais même pu en vomir si je n'avais pas l'impression d'avoir la gorge bien trop sèche pour subir cet assaut.

Mon mode loque à terre ne cessa guère. Et lorsque je l'entendis beugler, je lui jetais un regard assassin. J'avais bien envie de me dresser de toute ma nouvelle hauteur pour l’assommer !

« Vous ne valez pas mieux en ce cas ! À demander l'aide des pirates de l'Audacia ! Vieille mégère plate et sénile ! Espèce de vieux pissenlit puant ! Siphonnée du ciboulot va ! Krichtpeuh* ! »

Et j'en crachais par terre du même mépris qu'elle m'affichait. Et là, les espèces de fils m'aidèrent à me redresser de toute ma taille et je pu la regarder de haut malgré l'absence de force dans mes jambes. Jambes qui cédèrent sous mon poids aussitôt le déplacement exécuté - et je m'effondrais dans mon crachat, joli.

Mon agonie devait paraître de courte durée vu les ordres lancés, mais elle me sembla durer une éternité. Ma détresse avait deux odeurs, ma détresse avait deux visages, ma détresse avait deux voix puis trois. J'entendais le crépitement du feu au devant, je sentais ma chair doucement calcinée. Et derrière, des doux bras m’enlaçaient, des bras lacérés, ensanglantés, l'odeur d'Ortie me chatouillait les narines, ses cheveux me chatouillèrent les oreilles et sa voix me fendit le cœur en deux. J'avais fuis. Je ne l'avais pas aidé, je ne l'avais jamais aidé et je ne pourrais jamais lui venir en aide à présent. Elle me susurrait ma culpabilité et tout ce que je lui devais, et j'en étais malade d'imaginer celle qui devait ronger Adonis. Et la voix d'Adonis s'ajouta pour se plaindre à celle d'Ortie. Pourtant j'avais été le voir en Lagrance, je lui avais soufflé de l'espoir... l'avais-je seulement cru et rêvé ? N'avais-je rien fait au final.

Je gémissais, je pleurnichais, je suffoquais alors que déjà misérable être au sol, j'arrivais à demander grâce à Grâce entre deux hoquets. Non, je lui demandais une délivrance. C'était son ordre de toute manière. Qu'elle se réjouisse, je le voulais également !

« Grâce, pitié, tue moi. »

Et je n'avais certainement pas à me répéter deux fois de toute manière. Je la tuerais elle aussi. Je les tuerais tous s'il le fallait pour avoir osé jouer ainsi avec ma vie non pas à une reprise, mais à deux. Je les détestais tous.

Et la vie me quitta une nouvelle fois.

HRP:
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptySam 30 Déc 2017 - 15:01

La douleur est forte et Victorine perçoit à peine ce qu'il se passe autour d'elle. Non, elle n'a pas fui Bellifère pour tout de même finir de cette façon, il n'en est pas question ! Elle s'avance, cherche à sortir de sa case mais les fils qui la maintiennent l'en empêchent. Frustration. Colère. Son regard se reporte sur ceux qui peuvent la sortir de là, trop occupés à faire n'importe quoi sur cet échiquier sans queue ni tête. Et c'est à cet instant qu'elle la remarque, la jeune femme qui s'est placée face à elle.

« Je suis désolée ! » Et elle en a vraiment l'air. Malgré la peine, Victorine se redresse face à elle, affrontant la mort dans les yeux. Elle en oublie qu'il ne s'agit que d'un rêve, ou d'une illusion. Elle en oublie que le pirate qu'elle a tué est revenu parmi eux. Elle lève le menton fièrement. Que le Sans-Visage l'emporte, si c'est là ce qu'il a décidé.

Devant elle, la jeune femme s'empare de l'épée que l'Adepte porte à sa ceinture. Cette même épée qui ne voulait pas sortir de son fourreau il y a un instant. La lame luit sous ses yeux, juste un instant, avant de lui transpercer le coeur d'un geste net et précis. Aucun cri ne passe ses lèvres, uniquement ce dernier soupir, comme un soulagement face à cette douleur qui la quitte enfin. Elle s'affaisse, marionnette désarticulée dont les fils ont été coupés. Son corps sans vie est traîné le long de l'échiquier et déposé sur le côté.
Une tache écarlate scintille encore sur la case blanche où elle se trouvait un instant plus tôt.


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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptySam 30 Déc 2017 - 18:03

Soudain entouré d'une étrange pénombre, Aaron ne compris pas comment il était arrivé là. S'il ne se souvenait pas exactement de ce qui s'était passé avant, il était pourtant certain de s'être trouvé devant les portes de l'Académie. Or, il n'avait absolument aucune idée du lieu où il se trouvait désormais. Au sol, d'immenses dalles blanches et noirs réverbéraient le peu de lumière qui provenait d'une source non identifiable. Et au dessus de lui, il n'y avait rien, ou du moins, Aaron ne distinguait rien d'autre. Un objet brillant attira son regard. Au milieu de la pièce - si tant est que c'en était une - trônait une couronne sur laquelle la lumière reflétait son éclat. Et tout autour de cette couronne, il retrouvait les mêmes personnes qu'il avait aperçu plus tôt. Drôle d'endroit, vraiment.

Le jeune chevaucheur voulu s'approcher pour tenter de comprendre où il se trouvait ; pour tenter d'engager la conversation, mais rien n'y fit. Il ne pouvait pas bouger. Alors, il se rendit compte que d'étrange filins retenaient chacun de ses membres, et que plus il cherchait à échapper à leur étreinte, plus les fils enserraient ses membres, rendant la chose presque douloureuse. Aaron ne comprenait pas ce qu'il se passait, jusqu'à ce que certains commencent à élever la voix. D'après les bribes qu'il parvînt à capter, la couronne paraissait être l'objectif final ; le but. Mais le but de quoi ? Les liens se firent dans son esprit, et réalisa brusquement que tout cela ressemblait fort à un jeu d'échec. Lui qui détestait cela quand il était petit, voila qu'il se retrouvait coincé sur un échiquier géant. Et soudain, une voix résonna plus fort, et un premier personnage s'avança ; teinté de noir. Et peu à peu, certains d'entre-eux - Aaron ne savait réellement qui ils étaient - commencèrent à faire mouvoir les autres autour d'eux. Si certains le demandaient poliment, les « pièces » n'avaient de toute manière pas le choix. Que se passerait-il lorsque deux pièces entreraient en conflit ? Aaron préférait ne pas le savoir.

Les meneurs devaient jouer avec habileté pour parvenir à mettre fin à tout ceci, car Aaron en était persuadé, désormais. Quoi qu'il se passe, tout ça n'avait rien de normal, et il se tramait quelque chose. Seulement, il n'arrivait pas à mettre la main dessus. « Vous ! » Tournant la tête, l'aîné des Sombreval vit qu'on s'adressait en parti à lui, et à Melinda. C'était l'un des seuls visages connu pour lui ; car si les autres lui disaient parfois quelque chose, il ne parvenait pas à mettre un nom ou un rang dessus - outre les uniformes spécifiques. « Je ne laisserai pas les miens se faire tuer mais nous n’avons aucune raison de nous battre les uns contre les autre. Jusqu’ici, toutes les menaces que nous avons rencontrées nous menaçaient tous, il n’y a pas de raisons que cela soit différent ici ! Il faut que nous atteignions tous cette couronne. Ce n’est PAS une partie d’échec. » C'était au Roi et à la Reine noire qu'elle s'adressait, mais elle n'avait pas tort. Pourquoi ne pas simplement la laisser atteindre la couronne ?

Devenu cavalier à son tour, Aaron fut déplacé jusqu'à une case proche de celle du premier cavalier, qui semblait pressé d'en découdre. Tous deux se trouvaient non loin de la Reine noire, et Aaron comptait bien saisir l'occasion de sortir de cette mésaventure si la possibilité lui en était donné. Tant pis pour la Reine, qui qu'elle soit. « Croyez moi, ma Dame, j'ai rien contre vous. Je fais que suivre les ordres de ma souveraine ! ». L'autre cavalier semblait également pressé d'en découdre. Tant mieux pour eux. Plus chacun y mettait du sien, plus vite ils s'en sortiraient. Pourtant, sur les ordres d'un autre, la Reine Noire s'avança à nouveau, se mettant ainsi hors de leur portée. Avec un grognement de frustration, Aaron grommela pour lui-même : « Je déteste les échecs »

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptySam 30 Déc 2017 - 21:40

« Et je pense qu’il faut juste… essayer de rester en vie, en attendant que… Que cette illusion se dissipe. » Les mots de la jeune femme t'apaisent et t'aident à prendre un certain recul sur la situation. Rien n'a de sens, ici. Tu commences à douter du fait qu'il s'agisse d'un rêve. Tu ne pousses cependant pas la réflexion plus loin car tu es prise d'un grand état de faiblesse, de vertiges. Tu fermes les yeux ; tu te sens valser vers l'arrière. Tu les rouvres avant de les écarquiller. Qu'est-ce qui t'arrive ? Tes instincts te soufflent de te diriger vers la porte, seulement, tu t'effondres en chemin. Appuyé sur un bras, ton regard trouve celui d'une femme au sol, en panique. Tu entrevois son visage et ton cœur fait un bon. Tu la connais. Dans quelle mesure ne les connais-tu pas tous ? S'agit-il d'une illusion à laquelle vous avez été tous contraints ?

Tu perds la notion du temps et n'as à nouveau conscience de ton environnement que lorsque deux mains t'aident à te relever. Les portes de l'Académie sont ouvertes. Que les dieux soient loués. Tu souffles un merci à la personne avant que tes yeux ne soient attirés par la femme en panique. Tu réalises que tu éprouves un amour infini pour elle. Qu'elle est…

Le décor s'efface sous tes yeux.

***

Tu les rouvres sur un échiquier géant, une luminosité limitée et des cases qui luisent assurément par magie. Tu te sens toujours aussi mal, seulement, tu tiens debout. Un regard à droite, à gauche, et tu réalises que tu es retenu par des fils : ils sont l'unique raison pour laquelle tu ne t'es pas effondré. Tu tentes de bouger, mais les fils t'entravent. La panique revient à la charge. Un scintillement au milieu du plateau attire tes yeux et tu y découvres une couronne, mise en évidence. Quelque chose, quelque part dans ton esprit, te souffle que vous devez l'obtenir. Il vous faut sûrement jouer pour l'atteindre.

Des cris retentissent en fond. Tu constates qu'il n'y a aucun horizon. Rêve ou pas, c'est définitivement trop long, trop détaillé, trop glauque pour que ce soit normal. C'est forcément artificiel, d'une manière ou d'une autre. Les gens s'interpellent, mais tu n'as pas la force de faire quoique ce soit. Puis, finalement, certains se déplacent et, à chaque arrêt, ils ont l'air terrifié. Tu te sens de plus en plus mal.

Finalement, vient ton tour de bouger : « Vous, celui presque mourant, avancez de deux cases, on va vous sacrifier pour la bonne cause. » La greluche dédaigneuse te fixe et tu constates que ton corps bouge sans ton accord. Les mouvements t'épuisent d'autant plus, le souffle te manque et tu tournes presque de l'œil. Une fois arrêté, une femme apparaît. Tu la reconnais : elle était au sol, tout à l'heure. « C'est de ta faute, ce qui m'est arrivé. » Tes yeux captent un mouvement derrière et cette même femme se déplace sur l'échiquier. Doublement là. Que… ? Puis, un vieil homme apparaît, les traits durs, détestables. « Merci, tu m'as laissé faire. C'est grâce à toi, mon fils. » La haine t'envahit alors que tu craches au visage de l'homme sans réfléchir. Il disparaît derrière toi. La femme te sourit ; ses doigts se referment sur ta gorge, impitoyables. Ils serrent et serrent. Tu es incapable de protester, de te débattre.

Soudain, tu la reconnais. Ta sœur. Face à toi et sur l'échiquier. Les larmes te montent aux yeux ; l'air commence à te manquer. Des souvenirs te reviennent, plus précis. Des noms, de gens ici notamment. Ta sœur sourit davantage. Puis, son image se superpose à celle de l'Erebienne ; regard froid, sans émotion. Comme si te tuer était un acte négligeable. Ta sœur revient. Rejwaïde à nouveau. Avec sa complice dans ton dos. La toute jeune Erebienne, te souffle ton esprit. Celle-ci murmure des mots apaisants à ton oreille, parfois avec sa voix, parfois avec celle de Géraud, ton père. Car tu es fils de monstre. La mort te le rappelle vicieusement.

Finalement, ton corps cède à la pression de Sithis et tu n'es plus.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyDim 31 Déc 2017 - 15:30

Tu es ravie, convaincue que c'est ta parole qui a permis aux massives portes de l'Académie de s'ouvrir. Tu baisses la tête doucement pour remercier Lauriane de te laisser passer en premier. Gracieusement, tu lèves les mains en l'air pour ramasser les quelques pétales de fleurs qui pleuvent sur toi. Tu es aux anges et l'aide apportée à Mélinda est déjà bien vite oubliée et déjà derrière toi...

***

La suite ne te plu guère, bras et autres membres liés par des fils comme une marionnette, un pion. Cela ne te plaisait pas de ne pas être maîtresse de toi-même, même si tu représentais la pièce du roi blanc - une tête couronnée, heureusement ! Quand bien même, tu restais attachée comme tous les autres, prisonnière d'un échiquier géant. Tu observais la scène, les différents protagonistes transformaient en différentes pièces eux-aussi. Un frisson d'effroi te traversa le dos, la pénombre avait envahi toute la pièce et tu ne voyais pas grand chose...

« Oui, Votre Altesse. » acquiesças-tu, il fallait en effet atteindre la couronne... Mais, nous étions tous attachés, contraints et forcer de jouer aux échecs. Lorsque Lauriane en donna l'ordre, tu avanças d'une case. Machinalement. Ton corps se mouvait tout seul. Prise un peu de stupeur sur le moment, ton regard inquiet croisa celui de Lauriane. Quel fil du destin aviez-vous tiré pour vous retrouvez ainsi esclave d'un jeu mortel. Vous n'aviez pas le choix, il fallait jouer à ce jeu-là avec les Ibéens en face. Un instant, la duchesse en toi pensa qu’il fallait arriver la première, toi le roi blanc, avant les pièces noires, avant toutes les autres pièces.

Une sorte de règlement de compte commença orchestrée par la reine noire qui s’était mise en tête d’éradiquer la moindre pièce blanche du plateau. « Mais... »  laisses-tu échapper quand tu comprends les manœuvres de la reine noire à l'égard de tes pièces. Tu regardais le spectacle, les pièces avançant les unes après les autres, se détruisant au passage sous les ordres de la reine noire. Lauriane prit les choses en main, tu attendais ton moment. Tu faisais particulièrement attention à ses ordres et ses paroles ; après son discours sur l’entraide, tu n’avais pas d’autre choix que de suivre ses dires. Elle avait raison et tu l’avais bien compris : l’entraide était le maître-mot ici, comme lors du tableau précédent où il fallait soutenir la jeune mage.

« Reine blanche, avancez de trois cases en diagonale. » Pendant un instant d'accalmie, tu donnas l’ordre de faire avancer Lauriane, petit à petit, pas à pas, carré par carré tu comptais la faire avancer vers sa destinée.

Tu laissas Lauriane, ton impératrice, menait la partie et les autres pièces d’une main de fer. Dans un moment pareil, il n'y avait qu'elle qui importait réellement. Les pièces se déplaçaient tour à tour. Le roi et la reine noire ne pouvaient arriver les premiers à la couronne au centre de l’échiquier, quelque chose toi ne le voulait pas, et à défaut de détruire des pions noirs, tu ferais en sorte que ça soit ta reine qui arrive en premier. Cela ne pouvait être le roi noir. Il fallait que ça soit ton Impératrice, c’était à elle que revenait la couronne représentant le continent dans son entièreté. Nul autre ne pouvait l’obtenir. Tu faisais avancer la Reine blanche à des moments stratégiques en alliant ses mouvements à ceux ordonnés par la reine blanche, noire et le roi noir.

« Reine blanche, avancez à nouveau de trois cases sur votre gauche. » La voie était dégagée alors tu en profitas pour assainir le coup fatal à cette partie endiablée d’échec en faisant avancer Lauriane au centre. Tu retenais ton souffle, les yeux rivés sur elle pourvu que tu n’aies pas envoyé ton Impératrice à la mort. Tu espérais que cela soit bien ce qu’il fallait faire, ce que l’on attendait de toi pour finir cette partie et que tout le monde soit libéré de ses chaînes et enfin libres de cette roue infernale qui faisait défiler des tableaux différents sous vos yeux et vous mettant à l’épreuve, testant votre bravoure et votre empathie.

« Échec. »  laisses-tu échapper en direction du plateau de jeu lui-même et peut-être aussi, un peu, un tout petit peu, envers les pièces noires.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyDim 31 Déc 2017 - 17:00

Séverine était outrée.  Comment cette gueuse osait-elle s'adresser ainsi à elle!  Elle cherchait à l'aider à atteindre cette couronne en libérant le passage.  Elle n'essayait pas de gagner une partie d'échec – elle ne savait même pas y jouer elle-même – mais simplement en ayant moins de pièces sur le jeu, ce serait forcément plus facile.  D'ailleurs, est-ce que quelqu'un savait avant qu'elle n'ordonne à des pièces de s'éliminer qu'elles s'attaqueraient de façon sauvage?  Elle n'aurait pas agi avec autant de légèreté si elle avait su qu'ils ne s'écarteraient pas tout simplement sur le côté en attendant que la partie ne soit terminée.  De son éducation Cielsombroise, ayant en plus grandi à la limite des terres lagranes, la duchesse n'était nullement prompte à la violence qu'elle désapprouvait.  Bon, elle devait admettre que si Abigaïl ou Castiel avait été des pièces, elle aurait peut-être éprouvé un peu moins d'horreur à la vue de leur démembration violente et sanguinaire, mais voilà.  Personne sur ce tableau n'était l'objet de sa haine et peut-être, peut-être, que même devant ses ennemis elle aurait eu quelques réserves avant de les bouger si elle avait su.  Dédaigneuse comme tout, Séverine n'aimait pas le petit peuple, il dégageait une odeur pestilentielle qui lui empestait le nez pendant plusieurs jours après leur contact.  Même du bout de sa case, elle se sentait nauséabonde, parmi tous ces gueux répugnants.  Pourtant elle avait fait un effort pour aider le clan adversaire.  Et tout ce qu'elle récoltait, c'était la haine des autres.  Elle ne put s'empêcher de protester malgré tout.

« Navrée d'avoir cru que les échecs étaient un jeu un peu plus distingué et que les éliminés se rangeraient seulement sur le côté.  On essaie de rendre service aux gens et voyez avec qu'elle ingratitude ils vous traitent, il fallait une voie libre pour atteindre la couronne, je la dégageais en toute innocence… »

Ce fut l'ordre de Martial qui l'interrompit dans son discours infernal avant qu'elle n'aie le temps de commencer à insulter tout le monde. Elle avait ignoré le reste des directives pour geindre et se plaindre, pour une fois qu'elle avait l'impression qu'elle pouvait s'apitoyer sur son triste sort.  Elle n'avait pas entendu l'ordre qui l'obligeait à aller de l'avant, mais les fils qui la reliaient eux savaient.  Ils savaient et son corps avança sans qu'elle ne puisse rien faire pour y résister.

La scène devant ses yeux devint flou.  Elle sentit un liquide visqueux se répandre entre ses cuisses.  Rapidement, l'odeur du fer monta jusqu'à son nez à l'odorat délicat, couvant même la puanteur ambiante causée par la réunion de tous ces gens.  Du sang.  Déjà, une flaque s'étalait sur le sol sous ses jupes.  Elle poussa un cri d'horreur, coupé par une douleur violente à l'abdomen.  Elle sentit ses jambes faiblir sous son poids, mais les liens qui la tenaient l'empêchaient de s'écrouler au sol.  Elle ne remarqua qu'alors que son ventre avait pris une horrible forme rebondie.  Elle était enceinte.  Non pire que cela, le bébé arrivait et elle allait mourir.  Elle le sentait, son sang s'étendait déjà à toute la surface de jeu.  Personne ne voyait-il qu'elle était en train d'agoniser?  Mais même s'il le voyait, ils étaient tous contre elle.  Elle voyait les doigts pointés vers elle, les rires gras et moqueurs.  Bon débarras de la Cielsombroise!  Bellifère ne sera plus couvert de honte à cause de sa ridicule duchesse.  Elle éclata en sanglots, terrifiée.  Elle ne pouvait pas mourir, pas maintenant.  Elle n'avait pas encore fini tout ce qu'elle désirait.  Et Matial n'avait-il pas dit un jour que sa mort n'apporterait de profitable?

« Dépêchez-vous de prendre cette couronne, » souffla-t-elle dans un souffle probablement inaudible pour quiconque était loin d'elle.

Elle serait bientôt morte.  Plus de Séverine.  Que des gens contents.  Un Castiel radieux.  Non, elle ne devait pas.  Il ne fallait pas que cet outrageux homme connaisse le bonheur de s'être débarrassé de toute la famille.

« Martial…  Sauvez-moi, » appela-t-elle à l'aide, prise au désespoir, incapable de se tirer de l'illusion de la peur qui l'envahissait de toute part, incapable de savoir si cette partie allait enfin prendre fin.  Elle ne pensait même plus à s'emparer de la couronne pour elle-même.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyDim 31 Déc 2017 - 17:25

A la suite de ses propres dires, c’est le discours de la fameuse Aubrée qui attira les pensées de l’Impératrice. Pas de la manière qu’elle l’attendait. Avaient-elles elle-même fait souffrir les pièces blanches, ses sujets, en les déplaçant ? Ses lèvres, qui se pincèrent légèrement, en dire longs sur ce qu’elle pensait. Probablement… elle ne pouvait le nier. Elle le voyait sur le visage de la Tour qu’elle avait envoyé prendre l’une des pièces noires. Elle le sentait dans les membres tendus de toutes les pièces confondues du plateau. Une partie d’échec… d’une certaine manière, le jeu des grands de ce monde n’était guère différent. Devait-elle s’en sentir coupable ? Une partie d’elle n’y résistait pas… mais là était leur rôle. Elle ne pouvait s’excuser pour cela, quand bien même cela la rongeait… Heureusement, les paroles du Roi Noir la ramenèrent à la réalité.

Effectivement, que faire… Lauriane n’eut pas le temps de beaucoup y réfléchir que celui, qu’elle devina être Martial de Bellifère (en raison de la nommée Séverine), se mit à faire jouer ses propres pièces contre elles-mêmes, les éparpillant. Cela ne lui plut pas mais elle ne pouvait s’élever contre tout. Alors, elle accepta de reprendre ce début d’entraide. Mais il fallait encore savoir qui irait jusqu’à cette couronne en effet…

- Je vous propose que cela soit la princesse Sixtine d’Ibélène et moi-même qui nous y rendions. Cela me semble le plus équitable. Après tout, elles étaient les deux seules représentantes de chaque empire dans leur globalité.

C’était dit. Elle fit un léger mouvement de tête en direction de Gaëtane, qui la déplaça. Lauriane aurait voulu lui accorder un sourire qui se voulait confiant, mais les traits de son visage étaient de glaces car… intérieurement, elle n’était sûre de rien, mais jamais une impératrice ne pourrait le montrer. Proposer que Sixtine s’y rende également ne lui plaisait pas mais… elle avait elle-même proposé une trêve et se devait de montrer sa bonne volonté. Pourtant, ça ne lui plaisait pas. Et ça n’allait pas s’arrêter là. Arriver sur la dernière case de son déplacement, ce fut comme si ses pensées se concrétisèrent. Pourquoi cela ne lui plaisait pas ? Parce que – le redoutant autant que s’en enivrant – elle avait un goût pour le pouvoir. Sa respiration se bloqua quand d’un coup, elle se vit contrôlant les deux empires, le sang sur ses mains, les morts à ses pieds, et le malheur de tous dans son regard. Lauriane suffoca, son corps s’arqua légèrement en deux – toute sa retenue travaillait à ne pas se déshonorer. Ses yeux se crispèrent jusqu’à ce que des larmes y naquirent face à la souffrance. Elle souhaitait le pouvoir, le contrôle, mais pas… jusqu’à disséminer le malheur. A l’instant où une brise lumineuse s’engouffra dans son esprit, elle fut à nouveau déplacée pour son plus grand soulagement. Elle n’était pas certaine qu’elle aurait pu aller jusqu’au bout de cette peur.

La voilà… Gaëtane l’avait menée jusqu’aux pieds de la couronne. Pourquoi la sensation que plus rien d’autre n’existait mis à part elle et cette couronne ? C’était… infiniment désagréable. Cette fois, c’est face à son esprit songeur, son visage attristé, que naquirent ses peurs. Celle de ne pas réussir à agir correctement. Elle souhaitait faire de son mieux mais… Toutes les décisions prises apportaient leur lot d’infortunes et de malheurs. Malgré tous ses efforts, elle ne parvenait pas à être une impératrice suffisamment éclairée pour améliorer le sort de son peuple… La pensée fut comme un coup de poignard dans son ventre. Elle se vit un instant impuissante face aux décisions de l’Ordre, impuissante face aux agissements des têtes couronnées Ibéennes, incapable de comprendre ce que souhaitait son peuple. Ses doigts se crispèrent si fort dans le creux de sa main que ses ongles y produisent un sourd lancinement.

La vérité… était que rien n’était blanc ou noir. Qu’aucune de ses décisions ne pourrait jamais faire l’unanimité… Que rien, jamais, ne lui permettrait de savoir si la décision qu’elle prenait était la bonne. Jamais elle ne pourrait anéantir cette peur, elle pouvait seulement… être suffisamment forte pour en accepter le poids. Cette couronne… C’était ce pouvoir, cette fonction, qui était sienne, et qu’au fond, elle rejetait, car elle impliquait forcément de, parfois, mal agir… malgré toutes les bonnes volontés du monde.

C’était évident. Au fond, elle l’avait su depuis le début. Un échiquier… Elle adorait les échecs, elle y jouait souvent. Et les jeux d’échecs étaient une métaphore du pouvoir des nobles. Cette couronne était pour elle, et personne d’autres. Avec une douceur trop précautionneuse, elle attrapa la couronne entre ses deux mains et se retourna vers Sixtine. Après tout, elle devait quand même une explication.

- Cette couronne… symbolise mes craintes et mes aspirations. C’est à moi qu’il revient de la ceindre si nous voulons nous échapper de ce monde. Maintenant, je le sais. Le croyait-elle. Elle avait toujours une légère appréhension au fond mais… non. C’était ainsi. Alors, avec une infinie douceur, l’impératrice garnie son front de la couronne et inspira un bon coup. Elle était impératrice maintenant, et se devait de toujours l’assumer. Elle termina néanmoins à l’adresse de Sixtine dont elle devinait certaines douleurs. Sixtine, ce n’est pas parce que vous n’avez pas de couronne sur la tête que vous ne pouvez pas vous conduire en véritable impératrice. Un léger sourire engageant.

Elle-même ferait au mieux. Elle le promettait.

Résumé :
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyDim 31 Déc 2017 - 18:37




Intrigue 3.1

D'Accord et de Chaos

31 janvier 1003



Intrigue animée par Aura·








Quatrième Tableau

Le rêve d'Octavius le Rouge



Échec !
Mais réussite.
Malgré les pions sacrifiés, malgré les corps sans vie empilés sans égard sur les côtés de l’échiquier, malgré les terreurs et les regrets venus tourmenter les joueurs de cette partie singulière par l’ampleur de sa cruauté, l’objectif est atteint : Lauriane coiffe la couronne étincelante qui scintillait au centre du plateau de jeu, et la brume opaque alentour s’intensifie de plus en plus, noyant les participants dans les méandres d’un rêve qui se dissipe. Les morts s’éveillent dans le brouillard, à temps pour le sentir s’insinuer dans leurs poumons comme pour les étouffer ; les fils entravant les membres des prisonniers se détachent, et les malheureux rêveurs se téléscopent en tentant de se regrouper. C’est Géralt qui titube jusqu’au piédestal où se trouvait la couronne, percutant au passage une femme en pleurs, un enfant appelant sa mère, un homme aux longues boucles blondes, et qui sent sous ses doigts le métal froid d’une clé minuscule qu’il empoche, juste avant que le rêve ne se dissolve totalement.

L’heure du réveil est-elle enfin arrivée ?
Que nenni.

La transition est brutale : d’un coup, le soleil illumine les alentours, le vent siffle aux oreilles, les cheveux volent et s’emmêlent ; et surtout, il n’y a pas de sol sur lequel poser les pieds.
Ou du moins, très, très bas.

Les voilà basculés dans le rêve d’Octavius le Rouge.
Dans les airs !

Dans les airs, il y a cinq griffons : Cobalt, partenaire de celui qui fut jadis Fer-Vaillant ; Corail, Sirocco et Simoun de la division impériale où ils volent avec Grâce, Rejwaïde et Sifaï ; et le petit Nuage, équipier de Mayeul. Sur leurs dos, leurs cavaliers respectifs ; dans chacune de leurs serres, un rêveur effarouché. D’autres griffons sans cavalier volent alentour, portant eux aussi un ou deux malheureux passagers cramponnés à leurs serres : le petit Iode et son frère de couvée Sable ; Samiel, sœur de couvée de Simoun et Sirocco ; et la douce Cristal, naguère de la Rose Écarlate.

Le voyage pourrait être simple et agréable, si des bourrasques folles ne venaient tenter sans cesse de désarçonner les cavaliers et leurs passagers. Impossible de savoir où ils se dirigent dans ces rafales violentes. Ils ne vont pas vers quelque chose, non : ils fuient. Ils fuient ce qui vole derrière eux, ils fuient ce qui les poursuit : la Chasse Sauvage a trouvé moyen d’infiltrer le rêve bancal, et les cors résonnent derrière eux, et les aboiements s’entendent de plus en plus près. Les chevaux spectraux n’ont pas besoin de sol pour courir, ils chevauchent l’air lui-même ; fuyez, malheureux ! Fuyez pour survivre et surtout – ne vous retournez pas. Quiconque aperçoit la Chasse est condamné à la rejoindre…






Tour 4

Consignes


IRL : du 1er au 7 janvier (18h).
IRP : 31 janvier 1003, 23h.

• Ce topic concerne les personnages inscrits avant la MàJ.

• Il s'agit du quatrième rêve que vous faites après vous être endormis. (Oui, le Destin sait que le décalage horaire est fort important entre vos personnages, mais c'est magique. Voilà.  :hihi:)

• Votre être onirique est différent de votre apparence réelle. Il peut, si vous êtes une personne positive et optimiste, globalement heureuse et satisfaite, traduire vos aspirations et vos ambitions. À l'inverse, si vous êtes plutôt négatif ou pessimiste, déprimé ou frustré, il mettra en relief ce qui vous obsède et vous afflige. Il correspond à la manière dont vous vous voyez, ou bien à ce qui vous fait le plus peur. Vous devez bien y réfléchir, car vous ne pourrez pas modifier cette apparence tant que vous rêverez. Le Destin est à votre disposition dans le QG pour en discuter.
(→ Les morts du tableau précédent sont de nouveau en vie et potentiellement un peu traumatisés. On s'accroche ! Toute chute est fatale, et si vos yeux se posent sur la Chasse Sauvage, vous êtes foutus.)

• Vous êtes donc dans le rêve d'Octavius. Il se déroule loin, très loin dans le ciel, et c'est un genre de Fast & Furious : Griffon Edition. Octavius va devoir surmonter sa crainte, ses regrets, sa mauvaise opinion de lui-même, et mener son groupe vers un refuge caché derrière un banc de nuages, qu'il est le seul à pouvoir localiser s'il écoute un peu son copain plumeux. :sisi: Le vent est contre vous, la faune locale est contre vous, les chiens de la Chasse Sauvage sont en train de vous rattraper, le ravin est grand ouvert sous vos orteils. :fan:
ATTENTION : Vous ne pouvez pas PNJiser de personnage joué.

• Les griffons sont lourdement chargés et les acrobaties seront compliquées. Pour certains de grand gabarit comme Sirocco, cela ne posera pas vraiment de problème ; par contre les plus petits spécimens risquent d'avoir de grandes difficultés à manœuvrer. Mettez-vous d'accord dans le QG pour savoir qui transporte qui, lorsqu'il s'agit des griffons de personnages présents l'accord du propriétaire est requis (Cobalt, Corail, Sirocco, Simoun et Nuage) ! Pour les griffons PNJisés (Samiel, Cristal, Iode et Sable), pas besoin de l'accord du Destin, mais pensez à demander à Marianne pour le sien.

• Les Voltigeurs doivent emmener leurs ouailles dans un refuge voguant dans les nuages, en protégeant à la fois leur griffon et les autres passagers. (C'est un rêve, on a jamais dit que ça devait être crédible. :geu:). Les passagers ont une liberté de mouvement restreinte, donc... pendouillez joliment ? :keu: Vous pouvez aider le griffon qui vous porte à manœuvrer en accompagnant ses mouvements. Ce sont des griffons de combat pour la plupart, ils transportent un arsenal dans leur harnais de vol, et des sacoches sous leur ventre, n'hésitez pas à piocher dedans.

Quelques personnages présents peuvent influencer le rêve et aider Octavius à mener le groupe en manipulant les vents, les nuages et autres vols de goélands. Il s'agit des Voltigeurs présents : Grâce, Reja, Sif et Mayeul. Le Destin vous rappelle de ne surtout pas regarder les Cavaliers et l'innocent qui va devant ! (Cette restriction ne s'applique pas aux chiens de la meute qui viennent grignoter vos mollets : battez-vous avec eux, cela ne vous enchaînera pas !)   :miguel:  :geu:  :keu: :eheh:

• Le Destin abandonne fermement toute idée d'auto-régulation. :stare:
Octavius et ses assistants (Grâce, Reja, Sif, Mayeul) : vous pouvez poster 3 fois d'ici la fin du tour, avec une limite de 900 mots par message.
Autres participants : vous pouvez poster 2 fois d'ici la fin du tour, avec une limite de 700 mots par message.
ATTENTION : Pour tout développement personnel entre deux participants, merci de créer un sujet de RP à part, pour ne pas envahir l'intrigue, elle n'est pas faite pour ça !

• On pense au résumé sous spoiler, petits dragonnets jolis, le Destin vous en remercie. :keur:

POINT MISSIONS : Elles seront envoyées quand le Destin saura qui vole avec qui.




Dernière édition par Le Destin le Dim 7 Jan 2018 - 22:49, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyLun 1 Jan 2018 - 12:43

Elle ne sait pas si c’est à cause de son petit discours que le duc de Bellifère ordonne sa transformation en Tour et son déplacement, mais ça en a tout l’air. Elle serre les dents alors que ses fils actionnent ses membres et la décalent vers un bord du plateau, et l’appréhension se fait de plus en plus forte au fil de son avancée. Finalement, ce sont deux visages lui apparaissent. Agathe, d’abord, qui la regarde avec mépris. « Tu m’as déracinée et blessée. Tu n’es plus ma sœur. J’ai une autre famille, de toute façon. » Et Grâce, de la même manière. « Tu as voulu me rendre à ton père. Tu n’es plus ma fille. Je n’ai jamais voulu de toi, de toute façon. » Les larmes affluent, sans qu’elle ne puisse rien y faire. Se faire rejeter par sa famille, par les personnes qui lui sont le plus chères… Elle sait qu’elle a fait des erreurs, beaucoup, même, mais elle ne pensait pas… elle ne voulait pas… « Non… Non, ne me laissez, pas ! Ne m’abandonnez pas ! » Elle sanglote de plus belle. « Pardon, pardon ! Agathe, Maman, revenez, ne me laissez pas toute seule… Maman. Maman ! » Elle ne fait plus attention à ce qui se passe autour d’elle. Plus rien n’en vaut la peine, de toute façon. Elle est toute seule. Toute seule…
 
Elle remarque à peine que les fils se sont détachés, et s’avance avec les autres vers le centre de l’échiquier, en gardant les yeux rivés au sol, le corps encore secoué de sanglots incontrôlables. Elle ne regarde pas où elle va, elle s’est sûrement heurtée à deux ou trois personnes, dont peut-être sa mère, mais elle s’en moque. Et puis, se sentant soudainement honteuse de pleurer ainsi, elle plaque ses deux mains sur son visage pour ne pas qu’ils voient les larmes et qu’ils remarquent que la jeune femme qui a tué son père, l’Affranchie, n’est encore qu’une fillette, une pleurnicheuse.
 
Et le décor change à nouveau.
 
C’est le contact avec l’air soudainement froid et le vent qui la réveille, tout d’un coup, et qui lui fait prendre conscience qu’elle se trouve… suspendue. Dans l’air. Et que sous ses pieds se trouve le vide. Elle gémit d’effroi et enserre le plus fort possible la patte à laquelle elle est accrochée. Elle ne cherche pas à comprendre le pourquoi du comment, essayant de maîtriser sa respiration, pas exactement à l’aise. Parce que parmi toutes ses craintes, il y a la peur du vide. Aubrée a le vertige. Elle se souvient l’avoir raconté à Arsène, et lui disant qu’elle ne monterait jamais sur un griffon. Raté.
 
Mais il n’y a pas que ça. Et Aubrée blêmit davantage en entendant derrière elle des aboiements féroces et des sons de cors. La Chasse Sauvage. La blondine se pétrifie, et n’essaie même pas de se retourner. Elle le sait, les rumeurs l’ont dit. Quiconque aperçoit la Chasse Sauvage est perdu. De toute façon, elle a trop peur de tourner la tête. Ça pourrait la déstabiliser encore plus que ces bourrasques folles et la faire tomber. Et ça, même si d’autres ont ressuscité, elle ne le veut pas. Qui sait si les règles du jeu n’ont pas changé entre temps ? Alors elle ne bouge pas ; ça ne servirait à rien, de toute façon.
 
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyMar 2 Jan 2018 - 12:11

Ma conscience me revint, douloureuse tout autant que me paraissait mon corps de nouveau en état, mais sans once d'énergie pour autant – ou trop faible pour faire quoique ce soit. Je revenais de loin. D'un cauchemar odieux duquel on m'avait arraché sans sentiments pour l'être que j'étais en m'ôtant la vie. Grâce de Sombregemme, vieux pissenlit puant, que j'avais enfin reconnu, ne valait pas mieux au final que ce qui servait de duc à son duché, Martial de Bellifère, lequel avait joué avec moi et m'avait livré en pâture à la mort – encore une fois. Ils le paieraient tous les deux. Ils le paieraient tous. Et l’échiquier disparu. Le voile se leva d'une certaine manière pour en lever un autre, celui des airs.

Et l'angoisse reprit de plus belle. Je ne l'avais pas vécu personnellement, mais je l'avais pensé, imaginé et à présent elle était là : La Chasse. Quelque chose me disait de ne pas chercher à me retourner pour voir qui était à la tête, et ce malgré ma folle envie. De toute façon, à part ma tête, j'étais privé de quasi tous mes mouvements. Une serre s'accrochait à moi comme la vie elle-même, m’empêchant de sombrer dans le néant, m’empêchant de me faire dévorer par ces chiens beaucoup plus gros que dans mes pires histoires ! Et j'étouffais un demi sanglot alors que je tentais de remonter mes jambes en les pliants dans un douloureux effort alors que les chiens volaient eux-même. Pas comme Ortie. Pas ça.

Et je fut soudain prit de nausée, encore, lorsque d'un battement le griffon sembla remonter un peu trop brusquement à mon goût. Je n'avais pas le vertige et j'aimais de beaucoup la hauteur et l'escalade, mais là, la situation était différente et ce n'était pas agréable du tout. Surtout après deux morts. J'avais l'impression que les autres se débrouillaient mieux que moi.

« Mais voltiger mieux que ça ou on va tous mUrir ! »

M'avait-on donner au pire voltigeur ? Je levais les yeux pour n'y découvrir qu'une paire de bottes sans nom. J'avais du mal à voir de qui il s'agissait, en tout cas soit lui était débutant et pas doué, soit c'était son griffon qui était nul à chier. À moins que...

« Vous là ! Arrêtez de gigoter comme un asticot,  vous allez finir par nous tuer ! C'est comme ça qu'il faut faire, pas comme çaaaaaa. Ou abstenez de tous mouvements pour l'amour du ciel ! »

C'est vrai que j'avais un voisin. Peut-être était-il davantage à l’origine de nos difficultés à voler que le voltigeur et le griffon lui-même ainsi que de ce fichu vent violent ! Voisin sur lequel je posais à présent mes mirettes incendiaires avant de retrousser le nez devant son identité.


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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyMar 2 Jan 2018 - 20:20

« Toi là, avances par là », chante son souvenir. La voix de la jeune impératrice résonne encore, alors que les fils se délient de ses poignets, de son cou, de ses chevilles, alors que devant ses yeux de cavalier, la silhouette mille fois tuée de Maelys se dissipe. Il préférait encore les serpents que la vue de la brune transpercée encore et encore, ses yeux noirs fixés sur lui, la trahison lisible dans ce dernier regard. Une illusion, une simple illusion. Un rêve, juste un rêve, au diapason de la voix de l’impératrice d’Ibélène. Octavius titube, gourd, et la prochaine chose qu’il sent sous ses doigts est le lisse de plumes. Plumes dorées qu’il voit partout où il regarde, qui s’accrochent à ses mains, alors qu’il les caresse avec hébétude. Le vent siffle dans ses oreilles et son ventre se tord, alors qu’il se plaque sur le corps vivant, bien vivant, sous lui. Il sent le coeur de Cobalt battre à l’unisson avec le sien, leurs émotions se mêler, pour former un tout étourdissant.

« Non, non, non, non, non, non, non », répète le Voltigeur impuissant, accroché aux plumes du griffon doré. L’altitude lui fait tourner la tête et il doit fermer les yeux, pour ne pas vomir, ou pire : s’évanouir. Pire moment pour ce faire. Ça ne peut pas être vrai. Ce n’est pas un rêve, c’est un cauchemar. Poursuite effrénée. Terreur. Que fuient-ils ? Homme tue un cerf. Couronne. Chiens qui tuent un cerf. Enfant. Il ne comprend pas. Le griffon doit lui répéter plusieurs fois les mêmes images pour qu’Octavius comprenne ce qu’il veut lui transmettre, et un frisson glacé le fait claquer des dents. Chasseur. Chasse. Ils fuient la Chasse sauvage. Plus haut. Lunes qui se rapprochent. Nuages. « Non ! » Ce n’est pas une plainte, cette fois : c’est un ordre. Voler plus haut encore, frôler la voûte céleste, ce n’est pas ce qu’ils doivent faire. Puis, la Chasse sauvage peut galoper partout, sans avoir besoin du sol pour les attraper. Ils doivent fuir… mais il ne sait pas où. Ses yeux bleus s’entrouvrent à peine et le soleil transforme les plumes de Cobalt en mer de flammes. Il baisse la tête. Dans les serres de Cobalt, deux femmes. Victorine, coiffée de tresses guerrières, et la demoiselle brune qu’il a vue réclamer entrée à l’Académie. Son bras gauche toujours de cendres. Octavius se râcle la gorge. Elles n’ont pas entendues. Il crie quasiment, mais sa voix est si étranglée qu’elle lui semble un filet : « Si vous, vous, si vous fouillez dans les sacoches, et, et autour, il y a des, des, des armes », transmet-il à ses deux pauvres passagères. Elles n’ont pas une grande liberté de mouvement, mais si elles peuvent attraper quelque chose pour se défendre des chiens géants à leurs trousses, ça les aidera considérablement. Son jeune corps se plie aux gestes qu’il pensait oubliés, mais qui rapidement lui reviennent alors qu’il est forcé de se soumettre au vol. Une simple pression de ses jambes, une inclinaison de son torse, et le griffon tourne, pique, remonte ; un seul effleurement de sa pensée et celui-ci perçoit tout, jusqu’au point de la nausée. Il a mal au coeur, les poumons trop emplis d’air, et la tête lui cogne de tout ce qu’il perçoit sans jamais pouvoir cesser de percevoir.

Qui sont ses autres camarades de vol ? Il les perçoit, du coin de l’oeil, sans pouvoir les identifier. Le guerrier regarde autour de lui avec prudence, afin de ne pas regarder le sol, ou la Chasse Sauvage par accident. Ce serait fâcheux… Maelys n’en serait pas très contente. Il y a une demoiselle vêtue à l’erebienne, aux traits étonnamment familiers. Grâce Martel. Mayeul. Rejwaïde. Et d’autres griffons sans cavalier, dont Cobalt tente de lui faire deviner l’identité. Coupe au verre délicat et fin. Écume qui roule sur la mer. Dunes d’Erebor. Vent du désert. Les images et les sensations se succèdent, sans qu’il les associe à des mots, et son instinct engourdi se bute au mur de son esprit rébarbatif, incapable de se plier à cet exercice auquel il n’a jamais été doué. Ça a été son erreur, n’est-ce pas ? Sa chute. Sa déchance. Ses prunelles captent les couleurs d’un tissu à carreaux. Celui-ci, contre toutes attentes, allume dans son esprit un souvenir, et d’instinct, le guerrier sait immédiatement qui est la jeune femme enveloppée étroitement dans l’étoffe typique d’Outrevent. « Prince-cesse Rejwaïde ! », crie-t-il dans le vent, espérant que sa voix grave porte jusqu’à la Voltigeuse translucide. Il voulait l’appeler mademoiselle, elle lui a déjà dit ne pas être princesse, mais au vu de ses atours… non, c’est bien une princesse. « Vous, vous voulez bien dire à, à, à la m’dame de Rivepierre que, que son tar-tartan prend l’vent ? » Ça va les ralentir, voyons, c’est la seule raison. Ce n’est pas du tout parce que d’un coup d’oeil, il a pu voir jusqu’au creux de sa chemise, générant chez lui une gêne fabuleuse. Doux Levor, il ne pensait pas que Lionel, si rigide et si droit, épouserait une demoiselle aussi dévergondée, quand même !

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyMer 3 Jan 2018 - 12:27

La mort. Martial leur apportait la mort. Bien à l'abri derrière les lignes, il n'avait pas compris, encore, comment se passait la prise. Il avait juste pensé que, peut-être, ils seraient mis hors-jeu et, certes, condamnés aux ténèbres vindicatives qui semblaient les entourer mais certainement pas ça. Un meurtre, puis deux. Les cris qui résonnaient de plus en plus douloureusement à ses oreilles. Il n'avait pas été bougé par sa Reine, qui s'offusquait encore, il ne pouvait pas savoir ce que renfermaient les chemins devant eux. Les peurs les plus affreuses, il ne les affronterait pas.
Devant lui, la duchesse cibellane avait réussi à rapprocher l'impératrice de la couronne, et celle-ci avait pu la ceindre. Moment presqu'émouvant.
Sauf qu'il entendait les suppliques de la brune, devant lui. Les larmes, qu'il ne savait toujours pas gérer. Et même si ce n'était qu'un rêve, son coeur se serra - un peu trop sans doute -. Il voulut articuler, commença se battre contre les liens qui le retenaient encore, tenta de répondre à sa supplique...

Et le rêve changea.
Et Martial se prit une claque de vent glacée, de plein fouet. Terminé, la douce sensation de pouvoir - dévorante, intrigante, les fils lui répondant -, la lueur malsaine de l'échiquier. Ils étaient suspendus dans les airs, visiblement, et sentait autour de lui l'étreinte de quelque chose. Mais cette sensation, là, n'était rien quant à celle qui le paralysait. Bien plus puissante que la vue, plus bas, des nuages et d'une vague forme sombre - un ravin ? - entre eux. Les aboiements, et la cavalcade derrière.
La Chasse Sauvage étaient à leurs trousses. Son coeur s'emballa. Ne pas se retourner, même si l'envie de contempler l'ennemi était forte, le sang battant à ses tempes. Ainsi donc, même leur sommeil n'était plus sûr. Quand il se réveillerait, il veillerait à s'entretenir avec ses médecins pour forcer la dose de ce filtre somnifère.
S'il se réveillait.

Le duc réalisa où il se trouvait, alors qu'une bourrasque les portaient plus haut. Entre les serres d'un griffon, vraisemblablement mené par un Voltigeur - avec un peu de chance, il se rêvait émérite et ils s'en sortiraient sans égratignure. Et, à ses côtés, un truc se tortillait.
Et par truc, il entendait l'espèce de pirate grand brûlé qu'il avait sacrifié sans vergogne pour assurer un passage à Lauriane de Faërie à la couronne. Qui semblait en proie à des démangeaisons intenses, et braillait décidément bien fort.
"Vous êtes le seul à vous tortiller." grogna-t-il.
La peur au creux du ventre, et guère capable de se dégager d'une quelconque manière, Martial resta totalement immobile si ce n'était sa tête qui tentait désespérément de voir qui était plus haut, ou plus avant.
Et derrière, la Chasse, à laquelle il n'accorderait pas un regard. Les aboiements des chiens, prêts à les dévorer, si près, et les sabots des cavaliers qu'il imaginait décharnés, translucides, aux yeux vides et à la bouche grande ouvertes. Créatures de cauchemar.
Assurément, s'ils mouraient, jamais il ne sortiraient de ce rêve.
Que deviendraient-ils, alors ?
Et plus important : comment se battre quand vos mains pouvaient se mettre à trembler à n'importe quel moment ? Il ne savait pas se battre avec les pieds. Dommage, ç'aurait été un talent fort utile.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos   Intrigue 3.1 • D'Accord et de Chaos - Page 4 EmptyMer 3 Jan 2018 - 18:08

La mort frappait les pièces prises et peu importait leurs couleurs. Les personnages exécutaient les ordres des têtes couronnées à la lettre, sans réflexion, jouant parfois contre leur propre camp. Agnès était désemparée par ce jeu dont les règles différaient et dont les déplacements généraient craintes et peurs incontrôlables. Certaines mettaient ses nerfs à rude épreuve car elle était dans l’incapacité de venir en aide à ces gens, même ceux qu’elle ne connaissait pas. La succession des situations donnait l’impression d’un cauchemar ce qui conforta Agnès dans son idée qu’ils étaient victimes d’un rêve étrange ou d’une illusion facétieuse. Finalement, Lauriane parvint à rallier la couronne et à la ceindre suite aux différents mouvements de pièces libérant le chemin jusqu’au centre. Suite à cette action, l’environnement changea et elle crut se noyer dans la brume envahissante.

- Par Aura !

Lorsqu’elle reprit ses esprits, Agnès ne put retenir un juron devant l’abîme qui s’ouvrait devant ses yeux. Elle voyait la terre à une distance inattendue, défilant à toute vitesse, le vent fouettant son visage. Paniquée, elle s’agita en tout sens avant de prendre conscience qu’elle se trouvait entre les serres d’un griffon. A cet instant, la jeune femme marqua un temps d’arrêt, son attention fixée sur l’animal.

- Oh misère… souffla-t-elle en remarquant l’absence de voltigeur. Souffle court, elle essaya de faire un point de la situation. Autour d’elle se trouvait d’autres griffons transportant également leur lot de passagers. Par contre, son sang se figea lorsqu’elle perçut les aboiements et elle manqua de se tourner vers leur origine avant de se rappeler les risques liés à la Chasse sauvage. La peur au ventre, Agnès se tourna vers la femme qui se trouvait à proximité après avoir remarqué la présence de sacs.

- Hé !  Il faudrait regarder ce qu’il y a dans ces sacs. Il y aura peut-être quelque chose pour ralentir nos poursuivants. Parler lui permettait d’oublier pendant quelques instants le fait qu’elle était en plein ciel, à la merci des éléments. D’ailleurs, son estomac se tordait et lui donnait la nausée, celle-ci étant accentuée par les bourrasques, mais Agnès essayait de calmer ce trouble, une grimace déformant sa bouche. Bien qu’elle ait peur de tomber si elle bougeait trop, Agnès décida de fouiller les sacoches qui lui étaient accessibles. En soit, elle se sentira plus rassurée si elle s’était retrouvée sur le dos du griffon et non en dessous.

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